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Buts de maîtrise et buts de performance
Ces deux buts sont à distinguer des précédents (voir 1.1.3). Les buts de maîtrise et de compétition sont des buts de nature supérieur et correspondent à des orientations motivationnelles. Ces buts ont pour objectif premier de démontrer à autrui ou à soi-même son niveau d’habileté.
Les buts spécifiques, difficiles mais réalistes, etlibrement acceptés, stimulent donc les accomplissements des sportifs. De tels buts sont généralement assignés par l’entraîneur. Mais les sportifs peuvent eux-mêmeschoisir leurs buts, définir leurs objectifs, et retenir les moyens qui permettront de les atteindre. Dans ce cas, leur motivation à réaliser l’activité sera sans doute démultipliée.
Mais les sportifs comme les entraîneurs peuvent également choisir les critères de comparaison en fonction desquels seront évalués leurs apprentissages et leurs performances. Lorsqu’ils évaluent leurs conduites en fonction de standards personnels, on dira que les individus sont animés par des buts de maîtrise ; à l’opposé, lorsqu’ils comparent leurs conduites à celles d’autrui, on considérera que celles-ci sont régulées par des buts de performance.
Deux protocoles d’entraînement ou de performance
Au cours de sessions d’entraînement ou de tests, le s sportifs peuvent simplement s’efforcer d’améliorer leurs apprentissages et leurs performances, de maîtriser des aspects plus ou moins complexes de leur tâche, de c omparer leurs réalisations actuelles à leurs réalisations passées. Lorsque les sportifs procèdent ainsi, ou que l’entraîneur leur donne de tels buts, on dit que leur comportement est régulépar des buts de maîtrise, appelés aussi « buts d’apprentissage ».
Dans de telles situations, et quel que soit leur niveau, les sportifs essayent d’améliorer leur habileté, de découvrir de nouvelles facettes de leur activité et de maîtriser celle-ci sans considérer les performances des autres. Leur motivation est d’ordre intrinsèque.
À l’opposé, les sportifs peuvent s’efforcer de prog resser plus vite que les autres, ou chercher à réaliser des performances plus élevées que leurs pairs. Lorsque les sportifs se fixent de tels buts, ou que les entraîneurs assignent de tels buts à leurs protégés, on dit que les comportements sont régulés par desbuts de performance.
Dans ce cas, la tâche est considérée comme unmoyen de surpasser ou de battre les autres ; les individus recherchent auprès des autres des jugements favorables sur leur compétence. Leur motivation est donc plutôt de nature extrinsèque.
Par des buts de maîtrise, les sportifs cherchent à améliorer leurs habiletés ou leur compétence. Par des buts de performance, les portifs cherchent à démontrer aux yeux d’autrui leurs habiletés ou leur compétence.
Si telle est alors la nature de ces deux types de buts, qu’en est-il de leurs effets ?
Des effets contrastés
Les buts de maîtrise et de performance ont des effets très différents sur l’état émotionnel des sportifs, par exemple l’anxiété, lestress, la concentration ; sur leurs conduites, comme la persistance après l’échec, les performances ; et sur l’esprit sportif.
Cury10 et ses collaborateurs ont à cet effet mené une étude, en 1997, pour étudier les effets contrastés des buts de maîtrise et de performance d’une part, et des perceptions d’habileté d’autre part, sur la persistance dans les activités. Pour ce faire, ils ont proposé à 99 élèves de 13 ans de réaliser un exercei de dribble de basketball sur un parcours. Préalablement, ils ont mesuré à partir de deux test :
(a) les buts de maîtrise ou de performance que ces élèves spontanément se donnaient ;
(b) et leurs perceptions d’habileté dans cet exercice.
Quatre groupes ont donc été constitués sur la basede ces mesures. À l’issue d’un premier parcours individuel, les auteurs ont commenté négativement chaque parcours individuel et proposé aux élèves de se préparer pour le second parcours le temps qu’ils voulaient, tout en notant leur croyance en leur efficacité. Par la suite, deux autres mesures de la persistance ont été réalisées, et qui confirmentces résultats à l’issue du premier parcours.
Ainsi, les adolescents animés par des buts de performance et à faibles habiletés, réagissent négativement à l’information d’échec en réduisant fortement leur temps de préparation. Par contraste, les élèves guidés paresd buts de maîtrise persisteront dans leurs exercices après l’échec, quel que soit leur niveau d’habileté, parce que cet échec avait été analysé par un manque d’effort.
Au vu de ces résultats, on ne peut que recommander aux entraîneurs de privilégier les buts de maîtrise dans leurs programmes d’entraînement. Ce qui ne veut pourtant pas dire qu’il faut bannir les tests et les situations de compétition lors des entraînements. Il convient en effet d’aguerrir les sportifs dans des situations qui se rapprochent le plus des compétitions, et cela, au fur et à mesure que l’on se rapproche de celles-ci. Mais, en cas de performances insuffisantes ou d’échecs, l’entraîneur devra se focaliser sur les façons d’y remédier et non sur le manque de capacités de ses poulains.
Une bonne gestion des buts : les principes
L’effet des techniques de fixation de buts sur la performance a d’abord été étudié dans le contexte de la psychologie industrielle et organisationnelle. Pour Locke & Latham11, les hypothèses habituellement validées dans ce domaine doivent se vérifier dans celui de la performance sportive. Ainsi, la situation de compétition est censée augmenter les performances. Des buts spécifiques et difficiles doivent s’avérer plus efficaces que des buts vagues et faciles. Des buts à court terme doivent f aciliter l’atteinte de buts à plus long terme. L’efficacité des buts s’accroît lorsque ceux-ci sont partagés par l’athlète et lorsque des informations relatives à ses progrès lui sont fournies. Ces caractéristiques des buts influenceraient certains déterminants motivationnels de la performance en jouant sur la quantité d’effort consentie, la persévérance, la volonté de rechercher des stratégies efficaces ainsi que sur l’orientation de l’attention.
A partir de leur méta-analyse relative aux nombreuses études publiées sur la fixation de buts dans les activités physiques ou sportives, Kyllo et Landers12 concluent que ce ne seraient pas les buts élevés mais les buts de difficulté moyenne qui amélioreraient le plus les performances. De même, il apparaît que si l’intérêt des buts spécifiques serait vérifié, ceux-ci ne s’avéreraient pas plus efficaces que desbuts vagues. En revanche, la compétition, l’association de buts à court terme et de buts à lo ng terme ainsi que leur acceptation par le sujet conduiraient bien aux plus grands progrès de performance. Quoiqu’il en soit, de nombreux entraîneurs sportifs ainsi que les spécialistes en préparation mentale participent à l’élaboration des programmes d’objectifs en s’inspirant des modèles cognitivo-comportementaux13. Voici donc quelques repères qui peuvent servir de guide à la détermination des objectifs sportifs.
Préférer les buts de maîtrise
Un but de performance se concentre sur l’obtention d’un résultat. Le gain d’un match, un bon classement, une victoire aux points ou l’amélioration d’un classement, correspondent à d’autres buts de performance. Or, d e tels buts ne sont pas contrôlables par le sportif, car les résultats dépendent d’un certain nombre de facteurs : la performance des équipiers, l’organisation et l’agressivité de la partie adverse, l’arbitrage, etc. De plus, la confiance du sportif en son efficacité et en sa valeur personnelle dépendra du niveau d’adresse des autres. Elle aura tendance à fluctuer en raison de l’incertitude qui caractérise fondamentalement les situations de compétition.
Quant au but de maîtrise, il s’agit d’un but spécifique qui ne dépend pas des actions des autres, partenaires ou adversaires. Ici, l’accent n’et pas mis sur le résultat brut à atteindre, mais sur les conditions requises qui optimisent un résultat : le démarquage, la proximité du but. Le sportif dispose alors d’un meilleur contrôle sur le résultat, car son adresse dépend moins des facteurs externes. De plus, la confiance que le sportif va avoir en son efficacité personnelle ne dépendra pas des comparaisons qu’il établira avec les autres ; c’est sa propre amélioration qu’il vise. Enfin, en formulant des buts de maîtrise, l’entraîneur sait que son joueur peut avoir confiance en son adresse personnelle, mais pas forcément en la victoire.
Proposer des buts à court terme
Ils se situent en fin d’un cycle de travail de 8 semaines et doivent, si possible être quantifiés ou visualisés sur un graphique. Cesbuts doivent porter sur tous les domaines à travailler : la technique, le physique, les aspects stratégiques, le mental. Les buts aident donc les entraîneurs et les sportifs à opérer des choix. Plus les buts se situent à court terme, plus ils doivent être spécifiques, quantifiables et concrets.
Les buts à court terme correctement choisis et prog rammés, et à plus forte raison les buts quotidiens d’entraînement, sont par définition des buts de maîtrise, spécifiques, réalistes et stimulants. Les buts à moyen terme, particulièrement les buts à long terme, ne répondent pas à des caractéristiques essentielles. La raison à cela est que de nombreuses conditions non prévisibles vont affecter les événements futurs. Ni l’entraîneur, ni le sportif ne sont en mesure de prévoir les blessures, les crisesou conflits, la disponibilité des uns ou des autres, les possibilités matérielles. Bref, toutes les conditions qui vont influencer la préparation dans l’avenir. Autrement dit, les buts à court terme ne s’avèrent pas seulement spécifiques, réalistes, stimulants et librement acceptés, mais également plusmotivants.
Les buts d’entraînement à court terme s’avèrent plu s motivants, parce qu’ils sont fixés quotidiennement en fonction d’erreurs techniques, stratégiques ou mentales à rectifier, ou d’habiletés à développer en fonction de diagnostics récents. Les nouveaux comportements à acquérir constituent donc des challenges. Mais surtout, ces buts sont facilement acceptés par les sportifs, surtout si l’entraîneur leur demande de disposer d’un cahier d’entraînement où ils pourront consigner à c haque entraînement les erreurs commises et la façon dont ils entendent y remédier.
Mise en place de stratégies d’atteinte des buts
Il s’agit de choisir les moyens en termes de procédures à utiliser lors des entraînements pour atteindre les objectifs. Les stratégies adoptées déterminent les tâches à accomplir dans leurs aspects qualitatifs et quantitatifs. Une certaine flexibilité des stratégies est souhaitable afin de proposer des manières différentes de parvenir au même but.
Prise en compte de la personnalité du sportif
Si les challenges sont bien acceptés par les personnes orientées vers la maîtrise des tâches, il n’en va pas de même pour les sujets trop ou exclusivement orientés vers la comparaison sociale. Ces derniers chercheront plutô t à fuir les défis au profit de buts très faciles à atteindre ou au contraire présentant une difficulté extrême. Pour ces sportifs, il convient donc, avant toute chose, de souligner l’intérêt des buts auto-référencés et de mettre en valeur l’atteinte de ce type de buts ainsi que les progrès personnels.
Les autres catégories de buts
Les objectifs à long terme
Ils correspondent aux objectifs ultimes du sportif ou de l’entraîneur. En général, ils se planifient sur dix ans, à raison devingt heures de travail par semaine. Élaborer des objectifs sur dix années apparaît donc une opération difficile, puisque de nombreux facteurs, non prévisibles, peuvent affecter la carrière d’un sportif. De plus, il s’avère nécessaire de faire la part entre les rêves et lesréelles possibilités. Une meilleure connaissance
– de la discipline sportive choisie, des qualités physiques, techniques ou psychologiques à développer pour accéder au haut niveau, de la quanti é d’effort engagée par des sportifs reconnus – permet néanmoins de rendre plus concretun projet sportif.
De surcroît, les jeunes sportifs doivent prendre conscience que leur projet sportif s’inscrit dans un cadre de vie dans lequel les projets de formation scolaire, professionnel, familial et social, imposent une organisation et des choix de vie essentiels qui ne sont pas toujours agréables.
Les buts à moyen terme
Ils se situent à la fin d’une saison sportive ou so nt fixés pour une année. La définition rigoureuse d’un choix de vie intervient au seuil de chaque saison sportive. C’est à ce moment que l’entraîneur, le sportif, et la famil le, doivent fixer les contenus d’un agenda d’entraînement. Or, l’élaboration de ce dernier dépend de l’importance que le sportif accorde à sa préparation sportive, par rapport à d’autres p rojets considérés également importants, comme les projets scolaire, professionnel ou social. Dans des cas plus favorables, des horaires aménagés permettent à d’autres de s’investir pleinement dans le perfectionnement sportif.
Au début d’une saison sportive, l’entraîneur devra donc tenir compte de l’importance relative de différents domaines qui, pour un sportif donné, définissent son style de vie. Lorsqu’il s’agit de préciser les buts à moyen terme, de préférence en les quantifiant, il convient de différencier : les objectifs physiques, les objectifs techniques, les objectifs tactiques, et enfin les objectifs psychologiques.
Après avoir fait un bref tour d’horizon sur la notion de but et ses implications sur la performance notamment, nous allons maintenant parler d’un autre facteur de performance qu’est la cohésion, sur laquelle nous baserons également notre recherche.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CADRES DE REFERENCE
Chapitre I. Les buts comme déterminants de la performance
1.1 Le concept de but en psychologie du sport
1.1.1 Qu’est-ce qu’un but ?
1.1.2 Caractéristiques des buts
1.1.2.1 La spécificité du but
1.1.2.2 La difficulté du but
1.1.2.3 Le libre choix
1.1.2.4 La dimension du but
1.1.2.5 L’intensité du but
1.1.3 L’origine du but
1.1.4 Les effets des buts
1.2 Buts de maîtrise et buts de performance
1.2.1 Deux protocoles d’entraînement ou de performance
1.2.2 Des effets contrastés
1.3 Une bonne gestion des buts : les principes
1.3.1 Préférer les buts de maîtrise
1.3.2 Proposer des buts à court terme
1.3.3 Mise en place de stratégies d’atteinte des buts
1.3.4 Prise en compte de la personnalité du sportif
1.4 Les autres catégories de buts
1.4.1 Les objectifs à long terme
1.4.2 Les buts à moyen terme
Chapitre II. La cohésion
2.1 Définition
2.1.1 L’attraction des groupes
2.1.2 Les buts communs
2.1.3 Cohésion sociale et cohésion instrumentale
2.2 Le modèle conceptuel de la cohésion
2.3 De la cohésion à la performance d’une équipe
2.3.1 Le type de sport
2.3.2 Le niveau de compétition
2.4 Les corrélats de la cohésion
2.4.1 Les corrélats situationnels
2.4.2 Les corrélats personnels
2.4.3 Les corrélats en matière de leadership
2.4.4 Les règles non écrites du groupe
2.5 Avantages et inconvénients de la cohésion
2.5.1 Les avantages collectifs
2.5.2 Les avantages individuels
2.5.3 Les inconvénients potentiels de la cohésion
2.6 L’évaluation de la cohésion
2.7 Les performances individuelle et collective
2.7.1 La performance potentielle et réelle
2.7.2 La flânerie sociale
2.7.3 Implications pour les sports collectifs
Chapitre III. L’entraînement
3.1 Le planning de l’entraînement
3.1.1 La programmation de l’entraînement
3.1.1.1 La fréquence : F
3.1.1.2 L’assiduité : A
3.1.1.3 L’intensité : I
3.1.1.4 La durée : T
3.1.1.5 La progressivité : P
3.1.1.6 L’alternance : A
3.1.1.7 La spécificité : S
3.2 La périodisation de l’entraînement
3.2.1 Le cycle annuel d’entraînement
3.2.1.1 L’inter saison
3.2.1.2 La reprise officielle de la saison d’entraînement
3.2.1.3 La phase d’affûtage
3.2.1.4 La période des compétitions les plus importantes
3.2.2 Les mésocycles
3.2.3 Les microcycles
DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIES ET SUGGESTIONS
Chapitre IV. Historique du club V.A.
4.1 Évolution des clubs dans la préfecture d’Ambatondrazaka
4.2 La vie du club V.A
4.2.1 Origine du nom
4.2.2 La charge symbolique des couleurs
4.2.3 L’appartenance
4.3 Les dirigeants
4.4 Les joueurs
4.5 Palmarès
4.6 Objectifs
4.7 Organisation du club
4.7.1 Organisation bureaucratique
4.7.2 Organisation financière
4.8 Synthèse
4.8.1 La culture d’appartenance
4.8.2 La culture de performance
4.8.3 Fondement philosophique
Chapitre V. Analyse de contenu.
5.1 Démarche méthodologique
5.1.1 Contexte de l’étude
5.1.2 Formulation de la question de recherche
5.1.3 Questions spécifiques de recherche
5.1.4 Cadres de référence
5.1.5 Hypothèses opérationnelles
5.2 Opérationnalisation de la question de recherche
5.2.1 Choix des unités d’observation
5.2.2 Méthode de collecte
5.2.3 Description des outils de collecte
5.2.4 Nature du savoir recherché
5.2.5 Passation
5.2.6 Type de recherche
5.3 Présentation et interprétation des résultats
5.3.1 Au niveau des entraîneurs
5.3.1.1 A propos de l’hypothèse 1
5.3.1.2 A propos de l’hypothèse 3
5.3.2 Au niveau des joueurs
Chapitre VI. Suggestions
6.1 Sur l’utilisation des buts comme facteurs de performance
6.1.1 Proposer des buts stimulants, réalistes et spécifiques
6.1.2 Proposer des buts à court terme
6.1.3 Concilier buts individuels et buts collectifs
6.1.4 Fixer des buts de maîtrise
6.2 Concernant la cohésion
6.2.1 La consolidation d’équipe
6.2.2 Le renforcement de la cohésion
6.2.2.1 Établir un profil de performance de l’équipe
6.2.2.2 Fixer les objectifs de l’équipe
6.2.2.3 Développer la clarté et l’acceptation des rôles
6.2.2.4 Valoriser chaque contribution individuelle et les rendre visibles
6.2.2.5 Reconnaître et récompenser équitablement les contributions de chacun
6.2.2.6 Augmenter la coopération intragroupe
6.2.2.7 Une communication efficace
6.3 Sur la planification des entraînements
6.3.1 Sur l’organisation des microcycles dans une saison
6.3.1.1 Sur le choix des séances dans un microcycle
6.3.1.2 Sur l’alternance des séances pour de meilleurs effets
6.3.1.3 Sur le nombre de séances à haute intensité à programmer
6.3.1.4 Sur l’alternance des différents microcycles
6.3.1.5 Sur l’élaboration du contenu des séances
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
ANNEXES
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