Bien-être animal
Etude expérimentale
Introduction et hypothèses
Nous avons parlé précédemment des problèmes de bien-être animal pour les PNH de laboratoire, notamment en quarantaine, en raison des conditions de captivité loin de leur environnement naturel (environnement physique et social), des manipulations humaines nombreuses et souvent négatives. Nous avons plus particulièrement étudié les conditions sonores rencontrées dans ces milieux de vie.
Les études déjà réalisées par d’autres auteurs (Cf. chapitre 3) ont permis de mettre clairement en évidence que les singes sont stressés par les bruits environnementaux dans les laboratoires (Pfaff et Stecker, 1974). Mais le contrôle des bruits en laboratoire reste difficile (Tromborg et al, 1993) en raison des conditions physiques (ventilation,…) et de l’activité humaine nécessaire mais aussi en raison de productions sonores inévitables par les animaux eux-mêmes. Le problème du son reste donc souvent négligé ou traité de façon empirique sans données objectives. C’est pourquoi nous allons nous attacher à apporter quelques données supplémentaires pour mieux connaître et ainsi pouvoir améliorer les conditions sonores subies par des PNH lors de leur quarantaine d’importation.Pour limiter le stress sonore, la diffusion de musique est fréquente dans les installations de recherche. Peu d’études ont été menées pour objectiver les effets de cette pratique sur les animaux mais des auteurs rapportent que les singes étaient subjectivement plus calmes avec de la musique diffusée dans leur environnement (Howell et al, 2002 et 2003 ; Harvey et al, 2000 ; Brent et Weaver, 1996).Nous allons donc étudier l’effet de la diffusion d’un fond sonore dans une animalerie de PNH sur les comportements des animaux afin de déterminer si cela influe sur leur bienêtre. D’après la littérature, nous pouvons émettre l’hypothèse que la présence de fond sonore peut calmer et déstresser les animaux, au moins par un effet d’atténuation vis-à-vis des bruits extérieurs (activité humaine, conditions d’hébergement, bruits des singes dans les volières voisines), voire par des mécanismes plus complexes d’effet réel du fond sonore diffusé. Si cela est effectivement le cas, nous devrions observer des évolutions comportementales favorables (diminution de l’agressivité, des réactions de fuite, augmentation des contacts sociaux positifs (toilettage, jeu), etc.).Il est évident que le choix du niveau sonore diffusé a une importance et que des niveaux sonores trop élevés sont inacceptables. Spontanément, les niveaux sonores choisis seront adaptés à l’oreille humaine, ne serait-ce que pour le bien-être des soigneurs. A BioPRIM, il est arrivé qu’une erreur de manipulation entraîne la diffusion d’un niveau sonore trop élevé pendant quelques heures : les soigneurs ont rapporté que les singes ont été trouvés complètement prostrés dans leur volière, n’ayant pas touché à leur nourriture.
Le choix du type musique diffusé peut également avoir son importance même si nous pouvons supposer que cela est secondaire par rapport à la sélection du niveau sonore.
Certaines musiques sont reconnues comme calmantes, déstressantes que d’autres pour les humains (Cf. ch.3, § II.1) et nous pouvons donc penser que cela peut se retrouver chez les PNH.
Nous allons donc également tenter de mettre en évidence les variations des effets selon le type de musique diffusé. Pour cela, nous avons choisi de suivre les effets de quatre types de fond sonore différents : de la musique classique, de la radio de variété (diffusée habituellement dans la structure), un fond sonore reproduisant les bruits de la nature et du « silence » (absence de diffusion de fond sonore).La diffusion des sons naturels devrait reproduire le milieu de vie sauvage des animaux et donc favoriser les comportements naturels (fourrageage, exploration…) mais aussi peut-être les rendre plus vigilants, sur leur garde (augmentation de l’observation, de l’activité, des réactions de fuite,…).La musique classique et la radio devraient avoir au moins un effet masquant de l’environnement sonore extérieur, voire des effets plus particuliers à chaque type de musique. Mais il est possible qu’ils s’avèrent non adaptés au bien-être des Primates et entraînent au contraire des réactions telles que de la prostration, une diminution des contacts sociaux ou un évitement de la source sonore.
Si les fonds sonores s’avèrent utiles pour le bien-être des singes, l’absence de fond sonore devrait entraîner des comportements de stress lié au manque d’effet d’atténuation des bruits extérieurs, à moins que les fonds sonores ne se soient montrés inadaptés et dans ce cas, l’évolution comportementale en l’absence de fond sonore sera plutôt positive.
Matériel et méthode
Les animaux
L’étude a été réalisée sur un groupe de 30 jeunes Macaca fascicularis mâles vivant en groupe dans un module de quarantaine. Les singes du groupe ont entre 21 et 27 mois à leur arrivée à BioPRIM
Origine des animaux
Ce groupe de Macaques est importé de l’élevage de l’île Maurice Novéprim. Ils sont nés et ont été élevés en captivité jusqu’à leur exportation pour BioPRIM.
Ces Macaques ne sont pas natifs de l’île (Cf. Chapitre 1, §II.4) mais ils ont parfaitement su s’adapter à ce milieu (climat : température élevée l’été, hygrométrie >80% toute l’année ; relief ; flore,..). Les conditions climatiques et environnementales sont donc naturellement adaptées pour leur élevage en extérieur.
Le centre Novéprim est un centre d’élevage de Macaca fascicularis destinés à la recherche biomédicale, surtout à destination de l’Europe et des USA. Il compte plus de 16000 singes, répartis sur quatre sites différents ; chaque site abrite environ 1700 femelles reproductrices, issues de capture ou de 2ème génération de captivité. Le centre s’occupe de la capture d’individus dans le milieu naturel sur l’île, de leur acclimatation, de leur élevage et de leur reproduction, ainsi que des procédures d’exportation (quarantaine…). Plus de 3000, macaques sont ainsi exportés chaque année de Novéprim.Les animaux y sont élevés en milieu ouvert dans des volières extérieures de 40 individus en moyenne, disposant de cabanes et de zones ombragées pour s’abriter.Dans chaque site d’élevage, les animaux sont répartis dans différentes zones bien distinctes pour la quarantaine des animaux d’élevage destinés à l’exportation, pour la quarantaine des animaux de capture destinés à l’exportation, pour la quarantaine des animaux de capture introduits dans l’élevage et pour la zone d’élevage où se trouvent les animaux reproducteurs.Les singes reçoivent une alimentation nutritionnellement équilibrée, appétente et non contaminée, à base de granulés et de fruits et légumes frais (pour l’apport vitaminique et pour éviter la monotonie).Ces singes ont un très bon statut sanitaire. Les animaux issus de cette île sont naturellement exempts de virus herpèsB (zoonose mortelle). Même si les conditions d’élevage pourraient favoriser les maladies (confinement, proximité de l’homme), notamment en raison de l’introduction d’animaux de capture et l’élevage en extérieur (Maladies de l’extérieur (oiseaux,…)), les mesures d’hygiène (pédiluves, entretien,…), la qualité de l’alimentation, les mesures de prophylaxie médicamenteuse des parasitoses, les dépistages rigoureux de la tuberculose pratiqués dans cet élevage assurent une qualité sanitaire certaine (aucune helminthose et aucune tuberculination positive depuis 1996 (Dufour, 2005)) avec un minimum d’intervention humaine.Les Macaques ont subi une quarantaine avant leur exportation, avec deux IntraDermoTuberculination, conformément à la législation française. Pendant cette quarantaine, des coprocultures, obligatoires depuis 2001, ont également été réalisées (entérobactéries pathogènes négatif). Ils ont reçu des traitements de déparasitage interne et externe ainsi qu’une complémentation vitaminique. Et deux ou trois jours avant le départ, ils ont subi un examen clinique et ophtalmologique.
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Table des matières
Introduction
Chapitre 1 : Besoins Primates Non Humains ; Spécificités du Macaca fascicularis
I. Les besoins naturels des Primates Non Humains
I.1. Des besoins sociaux
I.1.1. Une organisation sociale fondamentale
I.1.2. Un besoin de communication important
I.2. Des besoins environnementaux
I.2.1. Habitat et caractéristiques physiques du milieu
I.2.2. Besoin d’un milieu varié et dynamique
I.2.3. Besoin d’un certain niveau de contrôle sur l’environnement
I.3. Des besoins alimentaires
I.4. Conclusion
II. Présentation du Macaca fascicularis
II.1. Classification
II.2. Généralités sur le M. fascicularis
II.3. Caractéristiques physiques
II.4. Origine du Macaque mauricien
II.5. Niche écologique du Macaca fascicularis
II.6. Alimentation
II.7. Organisation sociale
II.8. Principales activités du M.fascicularis
III. Conclusion
Chapitre 2 : A la Recherche du Bien-être pour les Primates Non Humains en Captivité
I. Introduction
II. Vers une définition du Bien-être animal
II.1. Définitions
II.1.1. Notion de Souffrance
II.1.2. Notion de Stress
II.1.3. Approche de la notion de Bien-être
II.2. Intérêt de promouvoir le bien-être
II.2.1. Intérêt éthique
II.2.2. Intérêt écologique
II.2.3. Intérêt médiatique
II.2.4. Intérêt législatif
II.2.5. Intérêt financier éventuel
II.3. Evaluation du bien-être
II.3.1. Santé physique
II.3.2. Critères de production et de reproduction
II.3.3. Répertoire comportemental
II.3.4. Réaction au stress
II.3.5. Compétence
II.3.6. Préférences des Primates
II.3.7. Analogie avec l’être humain
II.3.8. Approche intégrative
II.4. Conclusion
III. Contraintes engendrées par les conditions de captivité en laboratoire et conséquences sur les animaux
III.1. Contraintes réglementaires sur le territoire français
III.2. Contraintes physiques en laboratoire
III.2.1. Contraintes de l’environnement physique
III.2.2. Contraintes sociales
III.2.3. Contraintes liées à la présence humaine
III.3. Conditions particulières de la quarantaine ; exemple de BioPRIM®
III.4. Conséquences sur la vie et le bien-être des animaux
III.4.1. Conséquences de la captivité
III.4.2. Troubles comportementaux en captivité
IV. Comment améliorer la vie des Primates en laboratoire
IV.1. Considérations générales sur l’amélioration du bien-être animal et les enrichissements de milieu
IV.2. Stratégies pour les programmes d’enrichissement de milieu
IV.2.1. Approche théorique
IV.2.2. Evaluation de la situation sociale
IV.2.3. Choix et mise en place de l’enrichissement
IV.2.4. Implication nécessaire de tous les acteurs
IV.2.5. Evaluation des résultats
IV.3. Catégories d’enrichissement de milieu
IV.3.1. Enrichissements sociaux
IV.3.2. Enrichissements des logements
IV.3.3. Enrichissements physiques
IV.3.4. Alimentation et recherche alimentaire
IV.3.5. Manipulation d’objets
IV.3.6. Autres enrichissements
IV.4. Conséquences de l’amélioration du cadre de vie
V. Conclusion
Chapitre 3 : Environnement Sonore et Effets de la Musique sur les Primates Non Humains Captifs
I. Audition et environnement sonore des animaux de laboratoire
I.1. Introduction
I.2. Audition et tolérance au bruit
I.2.1. Notions d’audition et de son
I.2.2. Critères acoustiques pour l’homme
I.2.3. L’audition chez les animaux
I.3. Effets du bruit sur les animaux
I.3.1. Effets selon la stimulation sonore
I.3.2. Effets sur les organismes
I.4. Le bruit dans les animaleries de laboratoire
I.4.1. Niveau sonore dans les installations
I.4.2. Les sources de bruit
I.4.3. Conclusion
I.5. Conséquences
I.5.1. Intérêt d’une législation pour le contrôle du bruit en laboratoire
I.5.2. Réglementation et recommandations actuelles sur le bruit
I.5.3. Recherche de solutions
I.6. Conclusion
II. Effets de la musique sur les animaux
II.1. Effets de la musique sur l’être humain
II.1.1. Comparaison des effets des différents types de musique sur l’être humain
II.1.2. Utilisation de la musique en thérapie ou dans le contexte hospitalier
II.2. Effets de la musique et des sons chez les animaux
II.2.1. Des études sur les animaux de ferme
II.2.2. Des études sur les chiens en chenil
II.2.3. Bilan
II.3. Etude particulière de l‘enrichissement par la musique chez les Primates Non Humains
II.3.1. Effets de la présence de musique dans l’environnement
II.3.2. Influence du type de musique utilisée
II.3.3. Cas de l’utilisation de sons naturels
II.3.4. Effets d’un contrôle possible de la musique par les animaux
II.3.5. Effets de la musique sur les performances intellectuelles des singes
II.4. Conclusion
Chapitre 4 : Etude expérimentale
I. Introduction et hypothèses
II. Matériel et méthode
II.1. Les animaux
II.1.1. Origine des animaux
II.1.2. Conditions physiques de captivité à BioPRIM®
II.1.3. Traitements et suivi médical reçus pendant les Observations
II.1.4. Relations entre les soigneurs et les Primates Non Humains
II.1.5. Les individus observés pendant l’étude
II.2. Le matériel
II.2.1. Le système stéréo
II.2.2. Les appareils de mesure
II.2.3. Pour l’observation
II.3. La procédure
II.3.1. Entraînement de l’expérimentateur et recueil de données comportementales
II.3.2. Arrivée du groupe de singes
II.3.3. Habituation des singes à l’observateur
II.3.4. Phases de tests
II.3.5. Les observations relevées
III. Résultats
III.1. Analyses statistiques
III.1.1. Données recueillies
III.1.2. Analyses statistiques
III.2. Résultats sur la fréquentation des différentes zones de la cage
III.2.1. Bilan général
III.2.2. Modèle statistique
III.2.3. Résultats selon le fond sonore
III.3. Résultats des différentes catégories de comportements
III.3.1. Bilan général
III.3.2. Modèle statistique
III.3.3. Résultats selon le fond sonore
IV. Analyses des résultats
IV.1. Fréquentation des zones de la cage
IV.2. Catégories de comportements
IV.2.1. Comportement alimentaire
IV.2.2. Comportement sociaux « positifs »
IV.2.3. Comportements agonistiques
IV.2.4. Comportements auto-dirigés
IV.2.5. Repos
IV.2.6. Comportement exploratoire
IV.2.7. Activité locomotrice
IV.2.8. Observation passive
IV.2.9. Comportements par rapport à l’environnement
V. Discussion
V.I. Bilan
V.2. Effet d’un fond sonore
V.3. Effet des différents types de fonds sonores étudiés
V.3.1. La diffusion de radio de variété
V.3.2. La diffusion de musique classique
V.3.3. La diffusion de fond sonore naturel
V.4. Discussion sur les autres paramètres ayant des effets possibles sur les résultats
VI. Conclusion
Conclusion générale
Liste des figures
Liste des tableaux
Liste des photos
Annexes
Références
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