Le tabagisme restait encore en 2019 la 1ère cause de mortalité évitable en France . Devant l’augmentation de l’espérance de vie, la diminution de la morbi-mortalité est un enjeu de santé publique afin d’éviter une perspective démographique catastrophique. Le tabagisme a persisté malgré les thérapeutiques de sevrage existantes. Les coûts des soins et sur le travail en lien avec le tabagisme ont été non négligeables. La cigarette électronique (e-cigarette) a fait son apparition en France depuis une dizaine d’années. Les premiers dispositifs étaient assez basiques. Ils n’avaient pas obtenu un grand succès auprès de la population. Une amélioration technique a été réalisée afin de répondre plus précisément aux attentes des utilisateurs.
C’est un système sans combustion. Lorsque l’aspiration est détectée, la résistance se déclenche. Elle chauffe un liquide (e-liquide) qui produit de la vapeur. L’aérosol peut être inhalé . Le liquide est composé de propylène-glycol, de glycérine végétale et parfois de nicotine à concentrations variables.
Des normes de fabrication n’ont pas été définies pour les produits de vapotage. Ceux vendus sur internet n’étaient pas toujours conformes à ce qui était écrit sur la boîte. En France depuis 2014, selon une directive européenne, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) est chargée de surveiller les produits de vapotage. Les déclarations des fabricants concernant la composition, les émissions et les données toxicologiques des ingrédients sont recueillis et analysés avant leurs commercialisations. Cette analyse est faite avec les connaissances scientifiques actuelles. Ils sont considérés comme des produits de consommation courante. La e-cigarette et leur recharge pourraient relever de la règlementation du médicament (selon l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) mais aucun fabricant n’a déposé de demande d’autorisation de mise sur le marché. Depuis 2015, les nouvelles e cigarettes sont commercialisées dans des boutiques spécialisées. Selon le baromètre santé de l’Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé (INPES) de 2014 incluant des personnes de 15 à 75 ans qui utilisaient la cigarette électronique depuis au moins 1 mois : 6% de la population utilisait la e-cigarette (3 millions de personnes) ; 57,3% l’utilisait quotidiennement. Les fumeurs de tabac ont été les principaux utilisateurs. Selon l’INPES, 75% des utilisateurs étaient des fumeurs réguliers, 8,4% étaient des fumeurs occasionnels et 0,9% des anciens fumeurs qui utilisaient exclusivement la e-cigarette. Le but était d’effectuer un sevrage tabagique soit en réduisant ou en arrêtant le tabac.
En 2014, des premières recommandations ont été établies par les autorités sanitaires françaises. La Haute Autorité de Santé informait que la e-cigarette n’était pas recommandée comme outil d’aide au sevrage tabagique. Son efficacité et son innocuité n’avaient pas été suffisamment évaluées. Elle considérait que sa toxicité était beaucoup moins forte qu’une cigarette. Son utilisation chez un fumeur qui avait commencé à vapoter et qui voulait arrêter de fumer ne devait pas être découragée (6). Le Haut Conseil de la Santé Publique précisait que la e-cigarette pouvait être considérée comme un outil d’aide au sevrage tabagique pour les populations fumeuses désireuses d’arrêter leur consommation de tabac. Elle constituait un outil de réduction du risque lié au tabac si elle était utilisée sans être associée au tabac (4). En 2016, l’Institut National du Cancer précisait que passer du tabac à la e cigarette réduisait substantiellement les principaux risques pour la santé.
Depuis des études à court terme ont été réalisées.
Un article publié en 2017 par une polyclinique universitaire suisse précisait que les e-cigarettes contenaient des substances potentiellement cardio-toxiques. Ces concentrations étaient inférieures à celles des cigarettes classiques. L’effet cardiovasculaire était difficile à évaluer et dépendait du type d’appareil utilisé et de son mode de consommation.
En 2018, deux articles sont parus. Une revue de la littérature faite par un laboratoire universitaire de biologie chinois a analysé des études in vitro sur les conséquences de l’exposition aux composants de la e-cigarette. L’analyse de l’exposition des systèmes d’organes rapportait des risques mutagène, cancérigène et génotoxique. La revue a rappelé que comme les cigarettes, les e-cigarettes pouvaient induire des effets toxiques sur le corps humain, en particulier sur le système respiratoire (9). Une autre étude américaine a publié le cas d’une patiente de 40 ans atteinte d’une pneumonie franche lobaire aigue liée à l’utilisation de la cigarette électronique (PFLA). Une revue de la littérature a aussi été effectuée. Neuf autres cas d’effets indésirables sur le système pulmonaire en lien avec la cigarette électronique ont été retrouvés.
La communauté scientifique médicale est divisée sur l’utilisation de la cigarette électronique. Les organisations gouvernementales sont en attente pour rédiger des recommandations. La majorité des études se sont concentrées sur la sécurité de la e-cigarette et son efficacité dans le sevrage tabagique comparée aux substituts nicotiniques (11). Les habitudes comportementales sont restées des composantes importantes de l’utilisation de la cigarette classique (gestuelle, production de fumée). Un besoin de nouveaux substituts pour arrêter de fumer a persisté. Ils devraient cibler les composantes physiologiques et comportementales du tabagisme. Les aspects positifs de la cigarette électronique seront aussi à prendre en compte dans la balance bénéfices-risque.
L’objectif de cette étude était de comprendre les éventuels bénéfices ressentis de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique chez les patients qui avaient une forte ou moyenne dépendance au tabac.
Discussion
Résultat principal
La cigarette électronique montre à ses utilisateurs plusieurs bénéfices dans leur sevrage en tabac. L’odeur de la cigarette classique perçue très souvent comme désagréable disparait. Dans un contexte d’augmentation du prix du paquet de cigarette, la e-cigarette est une alternative beaucoup plus économique. Ce nouveau dispositif est perçu comme plus efficace que les substituts nicotiniques. Il ressemble plus à la cigarette classique. Les effets bénéfiques sur la santé sont surtout ressentis sur le plan respiratoire et otorhino-laryngé. La gêne occasionnée habituellement par les cigarettes pour l’entourage disparait.
Cette étude est réalisée sur un sujet d’actualité de santé publique. Les recherches sur la cigarette électronique sont en cours et encore insuffisantes. L’enjeu dans le sevrage tabagique est important à étudier (15). Cette étude est faite 4 ans environ après le développement des nouvelles cigarettes électroniques. Des analyses peuvent se faire sur un court terme. Aucune étude sur ce sujet et avec cette méthode a été retrouvé dans la littérature.
Pertinence de l’échantillon des participants
Les femmes interrogées ont été moins nombreuses. Les adolescents ont été exclus de l’étude car ce n’était pas la population ciblée. Les personnes avec une dépendance faible au tabac sont aussi exclues car elles ont moins recours à des substituts nicotiniques. La répartition des durées d’utilisation de la cigarette électronique est variée et équitable. Le recrutement est réalisé parmi des patientèles ambulatoire de médecine générale et hospitalière de pneumologie afin d’avoir une variation maximale dans les antécédents liés au tabac (broncho-pneumopathie chronique obstructive, insuffisance respiratoire chronique. Des patients présentant d’autres pathologies, cardio-vasculaires par exemple, auraient pu être explorées.
Une validité interne a été obtenue avec la relecture et la standardisation du questionnaire. Les entretiens s’étant déroulés dans les cabinets médicaux, il est possible que les personnes interrogées aient eu l’impression d’être en consultation médicale. Une gêne a pu être parfois observée. Cela peut constituer un biais externe. Les entretiens ayant été semi-dirigés et réalisés avec un guide d’entretien standardisé, les biais d’investigation ont été limités. Un biais de désirabilité peut être identifié.
En s’intéressant aux bénéfices ressentis par les patients qui utilisent la e-cigarette, cette étude apporte des compléments d’informations à la littérature sur son utilisation à court terme dans le sevrage en tabac. On peut néanmoins constater dans les entretiens qu’il y a beaucoup de bénéfices ressentis par l’arrêt du tabac et pas spécifiquement de la cigarette électronique.
Les bénéfices de la e-cigarette sont à prendre en compte afin d’établir des recommandations claires dans le sevrage tabagique. Les médecins généralistes, acteurs centraux dans la prévention des complications du tabac, doivent pouvoir fournir une information éclairée à leurs patients.
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Table des matières
Introduction
Matériel et méthode
Résultats
Discussion
Conclusion
Références bibliographiques
Figure
Tableaux
Annexes
Test de Fagerström
Formulaire d’information
Verbatims d’entretiens