Les avantages et les inconvénients d’une entreprise familiale

L’entreprise familiale :

Les entreprises familiales constituent aujourd’hui la forme d’organisation la plus répandue dans le monde (Burkart et al., 2003; Zachary, 2011). Elle est l’une des structures de propriété les plus présentes partout à travers le monde, que ce soit aux États-Unis, au Canada, en Europe de l’Ouest et en Asie. Les entreprises familiales contribuent grandement aux économies de ces pays. Aux États-Unis, elles constitueraient le tiers des entreprises composant le S&P 500 (Anderson et Reeb, 2003) alors qu’elles seraient présentes à 44% en Europe de l’Ouest (Maury, 2005, Faccio et a/., 2002). Au Canada, plus de 80% des entreprises auraient un actionnaire dominant et 70% d’entre elles seraient contrôlées par une famille (Attig et Gadhoum, 2003). Au Québec, des entreprises telles que Saputo, Bombardier, Québécor, Chaussures Aldo, Kruger, Première Moisson, Résidences Soleil, Jacob Collection, Chez Cora, Groupe Hôtels Germain compteraient parmi les organisations familiales. Elles opèrent dans différents secteurs industriels et elles sont aussi bien de petites et moyennes entreprises que de grands conglomérats. De plus, les entreprises familiales jouent un rôle important dans la croissance économique québécoise et canadienne en général. Celles-ci sont, par ailleurs, confrontées aux changements provenant de leur environnement.

Il est difficile dans l’ensemble des études antérieures de trouver un consensus quant aux conclusions sur la performance financière des entreprises familiales. En effet, les conclusions sur les meilleures ou plus faibles performances des entreprises familiales varient en fonction de la définition qui leur est attribuée, des angles d’étude choisis, des variables et des ratios de performance retenus et des différentes périodes d’étude. Plusieurs auteurs concluent toutefois que les entreprises familiales se distinguent par rapport aux entreprises non familiales. Elles présenteraient, en effet, de meilleurs indicateurs de performance économique et financière ainsi qu’une meilleure situation financière en termes de liquidité et de solvabilité. Et même si les principales études portent majoritairement sur l’analyse des entreprises asiatiques et américaines, les recherches sur les entreprises canadiennes se sont ajoutées dans les dernières années.

L’objet de notre travail de recherche est d’examiner empiriquement la performance des entreprises familiales canadiennes et de la comparer à celle des entreprises non familiales. Notre étude se distingue des précédentes recherches sur les entreprises familiales canadiennes par l’analyse de l’impact de la crise financière de 2008 sur leur performance. Bien que ce sujet ait été abordé d’un point de vue qualitatif, par des firmes de conseil telles que Price Waterhouse Coopers et KPMG, nous apportons un éclairage quantitatif à la performance de ces entreprises durant la dernière crise financière. Très différente des autres crises économiques et financières qui ont marqué l’histoire, la crise de 2008 a considérablement perturbé le fonctionnement des entreprises. Survenue à la suite d’une crise des prêts hypothécaires à risque aux Etats-Unis en 2007 et conséquemment d’un crash boursier en 2008, la crise financière s’est rapidement transformée en une récession mondiale dont les répercussions se sont fait sentir jusqu’en 2011 à plusieurs niveaux. Confrontées à cette réalité, il est intéressant de connaître comment les entreprises familiales canadiennes ont performé financièrement durant la crise.

Notre étude permettra donc de répondre empiriquement à deux questions principales dans le contexte canadien :
1. Les entreprises familiales sont-elles plus ou moins performantes que leurs homologues non familiales ?
2. Quel est l’impact de la crise financière de 2008 sur la performance financière des entreprises familiales ? Ont-elles mieux performé que leurs homologues non familiales?
Notre recherche contribue à la littérature existante sur la performance financière des entreprises familiales de plusieurs façons. D’abord, les études précédentes examinent comment la propriété familiale affecte la performance dans des périodes économiques normales. Toutefois, nos connaissances sur la performance de l’entreprise familiale en période de crise est en quelque sorte limitée. Les conflits d’intérêts entre la famille et les actionnaires minoritaires peuvent être plus importants dans le cadre d’une crise financière qu’en contexte régulier. En raison du choc financier lié la crise, les actionnaires familiaux sont plus averses au risque et sont plus enclins à utiliser les actifs de l’entreprise pour combler leurs besoins de liquidité. Ainsi, la famille peut rejeter ou abandonner des projets de valeur et exproprier la richesse des actionnaires externes. Contrairement à King et Santor (2008) qui ont étudié la performance des entreprises familiales canadiennes en contexte économique régulier, nous contribuons au débat en analysant si les entreprises familiales performent mieux que celles non familiales durant la récente crise financière de 2007-2009 en utilisant un échantillon de 504 entreprise cotées sur la bourse de Toronto (TSX). Contrairement aux récents travaux de Lins et al (2012) et Zhou (2012), nous utilisons un échantillon d’entreprises provenant uniquement du marché canadien plutôt que d’utiliser des entreprises de différents pays. En effet, les entreprises provenant d’un seul pays font face aux mêmes réglementations attribuées spécifiquement au marché local. Une étude portant sur la performance des entreprises provenant de plusieurs pays ne peut pas donner une conclusion définitive pour un pays en particulier. L’environnement institutionnel est tout aussi important pour expliquer les différences internationales de la performance des entreprises. En considérant un seul pays, nous neutralisons cet effet. L’examen de la performance financière des entreprises familiales par rapport à celle des entreprises non familiales avant et durant la crise économique de 2008, dans le contexte canadien, ajoute une contribution aux recherches antérieures.

Notre échantillon est constitué d’entreprises cotées à la bourse de Toronto (TSX) sur la période allant de 2005 à 2010. Nous avons considéré trois définitions de l’entreprise familiale (contrôle, implication managériale, propriété). La première est basée sur les études de La Porta et al (1999), Miller et Le Breton-Miller (2006), Claessens et al (2002), King et Santor (2008) et Bozec (2008) qui qualifient une entreprise à contrôle familial si plus de 20% des actions votantes sont détenues par un ou plusieurs membres de la famille. La seconde se réfère à la définition de Villalonga et Amit (2006) qui définissent les entreprises familiales comme celles dont un ou plusieurs membres de la famille détiennent plus de 20% des actions et dans laquelle ils occupent un poste de gestion ou de direction. Enfin, la troisième considère la participation au capital des actionnaires familiaux détenant 20% et plus des droits de vote. La performance est mesurée en valeur de marché (ratio Q de Tobin) et en valeur comptable (Rentabilité de l’actif économique et Rentabilité des capitaux propres).

En se basant sur la participation au capital des actionnaires familiaux, nos résultats montrent que les entreprises familiales sont moins performantes (Q de Tobin) que celles non familiales. Toutefois, les résultats ne sont pas significatifs lorsque la performance est mesurée en valeur comptable (ROA et ROE). La performance n’est pas affectée par l’implication de la famille dans la gestion (Q de Tobin et ROA). Durant la crise financière de 2008, les entreprises contrôlées par une famille et celles qui sont aussi dirigées par un membre de la famille ont mieux performé en terme de valeur de marché (Q de Tobin). Les résultats ne sont pas significatifs lorsque la performance est mesurée en valeur comptable (ROA et ROE).

Notre travail de recherche est organisé de la façon suivante. La prochaine section est une revue de littérature portant sur les études antérieures et les différentes conclusions empiriques et théoriques quant à la performance des entreprises familiales incluant la période de la crise financière. Nous décrirons ensuite notre échantillon, nos variables et notre méthodologie. Subséquemment, nous discuterons de nos résultats empiriques. Le travail se terminera par nos conclusions et les voies de recherche future.

L’ENTREPRISE FAMILIALE : DÉFINITIONS ET CARACTÉRISTIQUES

L’entreprise familiale : quelques-unes des principales définitions

Jensen et Meckling (1976) définissent une firme non pas comme un individu mais comme une fiction légale, un processus complexe d’équilibre entre les objectifs individuels et les relations contractuelles. Dans le concept d’entreprise familiale, il est difficile de dissocier l’individu de l’entreprise. Toutefois, l’une des tâches les plus exigeantes dans un travail comme celui-ci est d’établir clairement une définition du concept d’entreprise familiale (Sharma, 2004). D’ailleurs, un large débat académique existe à propos de la définition des entreprises familiales sans pour autant arriver à un consensus. La définition donnée à une entreprise familiale peut être basée sur un seul critère (mono critère) ou plusieurs critères (pluri critère). En référence à la revue littéraire de Chua et al. (1999), les principales définitions répertoriées dans les recherches incluent trois combinaisons de propriété et de gestion :
• La famille est propriétaire et assure la gestion
• La famille est propriétaire mais n’est pas impliquée dans la gestion
• La famille est impliquée dans la gestion mais n’est pas propriétaire majoritaire
D’autres aspects sont aussi considérés tels que la source de revenu pour la famille et le transfert générationnel (Collins et O’Rêgan, 2011). Le concept de propriétaire contrôlant inclut :
• Un individu
• Deux personnes, non liées par le sang ou le mariage
• Deux personnes, liées par le sang ou le mariage
• Une famille nucléaire
• Plus d’une famille nucléaire
• Une famille étendue
• Plus d’une famille étendue
• Le public

Les avantages et les inconvénients d’une entreprise familiale

Plusieurs études ont jeté un éclairage sur les caractéristiques distinctives d’une entreprise familiale. En effet, le contrôle exercé par une famille dans une entreprise peut présenter certains avantages en raison de son engagement mais peut également engendrer des problématiques particulières en termes de gouvernance et d’efficience.

Les avantages du contrôle familial Les avantages d’une entreprise familiale comparativement à une entreprise non familiale est vue de deux façons dans la littérature, soit d’un point de vue de propriété ou d’un point de vue de gestion (Lee, 2006). D’abord, parce que le caractère unique d’une propriété familiale est que les membres de la famille détiennent un nombre substantiel d’actions de l’entreprise. D’autre part, parce que la gestion de l’entreprise familiale est la plupart du temps assurée par les membres de la famille eux-mêmes en occupant des postes de chef exécutif ou de dirigeant.

Demsetz et Lehn (1985) avancent que la propriété concentrée et l’implication dans la gestion attribuables à la présence des familles fondatrices permet une position avantageuse à la famille. Ceci lui permet de mieux contrôler son entreprise et de rechercher les meilleures ressources humaines pour la diriger. Ainsi, les conflits entre les propriétaires et les dirigeants sont réduits et la performance de la firme est maximisée. En raison de la concentration de la propriété, les membres d’une famille auraient aussi plus de pouvoir que les autres actionnaires à atteindre leurs objectifs. Aussi, les entreprises ayant une implication plus active dans la gestion tendent à une meilleure performance financière (Anderson et Reeb, 2003 ; Burkart et a/., 2003).

La présence à long terme des familles dans l’entreprise conférerait également un avantage puisqu’elles peuvent davantage connaître la performance des employés et auraient des horizons d’investissement à plus long terme (James, 1999; Carlock, 2009). Fama et Jensen (1983) soulignent que les entreprises familiales ont un avantage à contrôler le rendement des employés et gestionnaires ce qui conduit à une augmentation de la confiance des employés et de l’efficience de la gestion.

Les inconvénients du contrôle familial L’entreprise familiale n’étant pas libre des influences de la famille peut avoir à affronter quelques défis. L’équilibre entre l’équité et l’efficience et le problème de succession peuvent en faire partie (Lee, 2006). Le dilemme est principalement que comme membre de la famille, le dirigeant peut être altruiste face aux autres membres de la famille mais comme gestionnaire, il demeure motivé à suivre les pratiques d’affaires .

Shleifer et Vishny (1986, 1997) postulent que les entreprises caractérisées par une grande proportion d’actionnaires non diversifiés, telles que les membres fondateurs des entreprises familiales, peuvent se priver d’un maximum de profits quand ils sont incapables de séparer leurs propres intérêts financiers de ceux des autres actionnaires. Les propriétaires d’entreprises familiales pourraient même faire des choix non pécuniaires et donc s’éloigner des projets profitables (Demsetz et Lehn, 1985).

Dans son survol de littérature, Lee (2006) soulevait quelques convergences dans les études. L’entreprise familiale a plus tendance à limiter les positions de direction aux membres de la famille plutôt que chercher à embaucher des gestionnaires plus compétents et qualifiés. Mais la compétition et la structure du marché obligent les entreprises familiales à l’efficience.

D’autres constats sur les avantages et les inconvénients des entreprises familiales ont été plus récemment résumés par Miller et al (2010) qui comparent les firmes familiales aux entreprises à fondateur unique. Les auteurs concluent qu’il est nécessaire de distinguer les contextes sociaux des différents types de propriétaires et dirigeants et les effets que ces contextes peuvent avoir sur l’identité des rôles et les logiques institutionnelles. Tel que le résume le tableau 2 suivant, l’étude de Miller et al (2010) apporte des distinctions entre la gestion d’un fondateur unique et celle d’une firme familiale étant donné leur contexte respectif.

La théorie d’agence : Les problèmes et les coûts dans les entreprises familiales

Plusieurs recherches ont traité des problèmes d’agence et des coûts qu’ils génèrent pour l’entreprise. Ainsi, Jensen et Meckling (1976) définissent une relation d’agence comme un contrat par lequel une ou plusieurs personnes (le principal) engagent une autre personne (l’agent) pour accomplir quelques services en leur nom, impliquant la délégation d’une partie de l’autorité de prise de décision à l’agent. Principalement, la théorie de l’agence prévoit que la séparation de la propriété et la gestion augmente l’opportunisme de la part du dirigeant/actionnaire dominant, au détriment des petits porteurs, et rend bénéfique pour toutes les parties la mise en place de mécanismes afin de limiter une telle possibilité. Ainsi, les mécanismes de gouvernance efficaces devraient réduire les coûts associés aux conflits d’intérêts et, donc, maximiser la richesse des actionnaires.

De part sa nature, la relation d’agence pose donc problème dans la mesure où les intérêts personnels du principal et de l’agent peuvent être divergents. Aussi, il y aurait principalement deux types potentiels de problèmes d’agence répertoriés dans les entreprises familiales. Un premier problème est décrit par Berle et Means (1932) et Jensen et Meckling (1976) comme les conflits existants entre le dirigeant et les actionnaires. Lorsque la majorité des profits est destinée à aller aux propriétaires qui sont des individus autres que ceux qui dirigent F entreprise, il est plus que probable que les intérêts de ces derniers divergeront de ceux des actionnaires. Un second problème existe entre les actionnaires majoritaires et les actionnaires minoritaires. Il apparaît quand les actionnaires majoritaires maximisent leurs profits personnels au détriment des petits actionnaires. Quand les droits de vote détenus par les actionnaires majoritaires excèdent les droits de cash flow, les possibilités d’expropriation des petits actionnaires sont particulièrement élevées (Faccio et al., 2001). Dans les entreprises familiales, les coûts liés aux problèmes d’agence seraient créés quand les dirigeants poursuivent leurs propres intérêts et pas ceux des actionnaires (Chrisman et al, 2004).

Les principaux mécanismes de gouvernance Dans la théorie de l’agence, le système de gouvernance recouvre l’ensemble des mécanismes ayant pour objet de discipliner les dirigeants et de réduire les coûts d’agence. Par exemple, selon Shleifer et Vishny (1997), la gouvernance d’entreprise est définie comme les moyens par lesquels les fournisseurs de capitaux de l’entreprise peuvent s’assurer de la rentabilité de leur investissement. La structure de propriété est donc une variable susceptible d’influencer le contrôle des dirigeants. En ce sens, certains mécanismes de gouvernance permettraient de réduire les effets liés aux problèmes d’agence. Les différents travaux semblent retenir une typologie opposant les mécanismes internes aux mécanismes externes à la firme. Le contenu de ces deux catégories évolue selon les auteurs et s’est progressivement élargi avec l’avancement des recherches.

Les mécanismes externes de gouvernance qui ont pour but de réduire les coûts d’agence sont entre autres, le marché des biens et services, le marché financier, l’intermédiation financière, le crédit interentreprises, le marché du travail (notamment celui des cadres dirigeants), le marché du capital social, constitué des différents réseaux de relations sociales et l’environnement légal, politique, réglementaire, societal, culturel ou médiatique (Morck et al, 1989). Les mécanismes internes de gouvernance recouvrent entre autres, la surveillance mutuelle entre les dirigeants, la rémunération incitative des dirigeants, les contrôles associés aux structures formelles et informelles, la présence de conseils d’administration et la concentration de la propriété (Jensen et Meckling, 1976; Demsetz et Lehn, 1985) .

LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES FAMILIALES

Depuis les travaux de Berle et Means (1932), l’étude du lien entre la performance des sociétés ouvertes et la structure de l’actionnariat a suscité l’intérêt de nombreux chercheurs. Bien qu’une majorité des études provienne des États-Unis, là où le capital des sociétés est généralement dispersé, le champ d’études sur la performance des entreprises familiales couvre maintenant plusieurs pays. Ainsi, la littérature sur les types de gouvernance d’entreprise a suscité de nombreux débats quant à l’impact sur la performance des différents niveaux de concentration de propriété tel que souligné par Shleifer et Vishny (1997). Les différentes études ont abouti à des résultats différents d’une économie et d’un pays à l’autre ainsi que selon les périodes d’étude. D’un côté, certains travaux de recherche ont mené à une relation positive du contrôle familial sur la performance. Berle et Means (1932) notaient que la propriété concentrée ajoute de la valeur à une entreprise lorsque les conflits entre les propriétaires et gestionnaires sont contrôlés. Pour Anderson et Reeb (2003), les entreprises familiales en plus d’avoir une structure plus efficace, performeraient mieux si le propriétaire agit comme chef exécutif, président ou directeur général que s’il vient de l’externe. Ils ont conclu que les entreprises familiales ont de meilleures performances que les autres entreprises et particulièrement s’il y a une présence continuelle de la famille fondatrice. Lee (2004) arrive sensiblement à la même conclusion dans son étude des entreprises coréennes en montrant qu’une entreprise familiale dont la présence des propriétaires est forte dans la gestion augmente l’efficacité et la productivité. En 2006, Lee corrobore à nouveau ses conclusions en mettant en évidence également que les entreprises familiales ont tendance à croître plus rapidement que les autres et qu’en période de turbulence du marché, elles ne sont pas moins stables, leurs employés sont plus fidèles et ont moins tendance à quitter l’entreprise.

Plus récemment, au Royaume-Uni, Print et Reynolds (2011) suggèrent que les entreprises à contrôle familial ont une meilleure efficience dans leur forme d’organisation. En comparant le rendement de 18 entreprises de différentes industries (9 familiales et 9 non familiales), ils concluent que les entreprises familiales ont de meilleures performances financières d’un point de vue de l’attrait pour les investisseurs, surtout en périodes économiques difficiles. En France, Bouzgarrou et Navatte (2013) ont étudié  l’impact du contrôle familial sur la performance de 239 acquisitions à court et long terme entre 1997 et 2006. En considérant différentes définitions de firmes familiales basées sur les niveaux de droits de vote et de propriété détenus par les familles, leurs résultats montrent une meilleure performance des entreprises familiales quand elles acquièrent une autre entreprise et que ces résultats ne sont pas affectés par la façon de définir une firme familiale.

Au Chili, dans une économie émergente, Silva et Maljuf (2007), ont analysé deux dimensions d’entreprise familiale soit la concentration de propriété et les caractéristiques du contrôle familial et ont montré que la performance des entreprises familiales dépend de la concentration de propriété et de la relation avec les autres firmes. Ainsi, une faible concentration de contrôle affecterait favorablement la valeur des entreprises chiliennes et cela d’autant plus si la famille est impliquée dans la gestion. Le lien institutionnel favorable qu’entretiennent ces entreprises avec les autres firmes aurait aussi un effet positif sur la performance de l’entreprise.

Pour Bozec et Laurin (2004), la relation entre la performance des sociétés canadiennes et le pourcentage des votes contrôlé par l’actionnaire principal est de nature non linéaire démontrant ainsi les avantages de la concentration (alignement des intérêts) de la propriété et les inconvénients, en termes d’enracinement. Selon les auteurs, les sociétés ayant une séparation entre le capital et les votes auraient une performance positive mais ces effets positifs apparaissent légèrement plus faibles quand le principal actionnaire contrôle la société avec une participation au capital inférieure à 25 %. En revanche, de tels résultats ne sont pas observés dans le cas des sociétés canadiennes n’ayant aucune séparation entre le capital et les votes. Les auteurs concluent que la concentration de la propriété joue un rôle positif déterminant en vue d’atténuer les conflits d’intérêts entre l’actionnaire dominant et le reste des actionnaires, mais plus particulièrement en présence d’une séparation de la participation au capital/contrôle des votes. Aussi, toujours selon Bozec et Laurin (2004), le degré de séparation du capital et des votes qui définit les sociétés canadiennes ne contribuerait pas à accentuer les risques d’expropriation des actionnaires minoritaires. Comparativement à de nombreux pays, le Canada offre un cadre institutionnel permettant de protéger relativement bien les investisseurs. À l’instar des études européennes (Cronqvist et Nilsson, 2002), les résultats ont démontré que la performance des sociétés canadiennes n’est pas affectée par le degré de séparation capital/votes. Par contre, dans les cas où le principal actionnaire exerce le contrôle de la société avec moins de 25 % du capital, plus l’écart entre la propriété du capital et le contrôle de vote est grand, plus la performance des entreprises diminue.

CONCLUSION

La recherche empirique actuelle examine l’incidence du contrôle familial sur la performance des entreprises en utilisant un échantillon de 504 entreprises canadiennes listées sur la bourse de Toronto (TSX) sur la période allant de 2005 à 2010.

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Table des matières

Introduction
1. L’entreprise familiale : définitions et caractéristiques
1.1 L’entreprise familiale : quelques-unes des principales définitions
1.2 Les avantages et les inconvénients d’une entreprise familiale
1.2.1 Les avantages du contrôle familial
1.2.2 Les inconvénients du contrôle familial
1.3 La théorie d’agence : Les problèmes et les coûts dans les entreprises familiales
1.3.1 Les principaux mécanismes de gouvernance
2. La performance des entreprises familiales
3. L’impact de la crise financière sur la performance des entreprises familiales
4. Étude empirique de la relation entre la performance et le contrôle familial
4.1 Caractéristiques du contexte canadien
4.2 Données
4.3 Définitions des variables
4.3.1 Définitions des entreprises familiales
4.3.2 Mesures de performance
4.3.3 Les variables de contrôle
4.4 Modèles économétriques
5. Analyse des résultats :
5.1 Statistiques descriptives
5.2 Analyses univariées
5.3 Analyses de régression
Conclusion

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