Les attitudes envers les animaux

Les attitudes envers les animaux : la combinaison complexe de nombreux facteursย 

Ces facteurs peuvent รชtre propres ร  l’individu, ร  l’animal ou bien ร  la relation entre les deux. Ainsi, l’attitude envers les animaux dรฉpend du genre de la personne. Le plus souvent, les femmes ont des attitudes plus positives vis-ร -vis des animaux (Herzog et al., 1991 ; Herzog 2007 ; Cailly Arnulphi et al., 2017). Elles sont par exemple plus nombreuses ร  รชtre engagรฉes dans la protection animale (dans la revue de 9 articles de Herzog en 2007, le pourcentage de femmes dans l’activisme en faveur des animaux varie de 67% ร  80%) tandis que les hommes sont plus susceptibles de chasser (dans un recensement de United States Census Bureau en 2004-2005, les ร‰tats-Unis comptaient 17 millions de chasseurs contre 2,6 millions de chasseuses) ou de maltraiter des animaux (Herzog 2007). Cependant, les hommes sont plus ร  l’aise avec l’idรฉe de toucher certains animaux gรฉnรฉralement perรงus nรฉgativement comme les araignรฉes, serpents, vers, crapauds, souris et chauve souris (Herzog et al., 1991). En effet, d’autres รฉtudes tendent ร  montrer que les individus de genre fรฉminin ont plus souvent peur de certains animaux comme les serpents (Prokop et al., 2009), les crapauds, les araignรฉes, les insectes ou les limaces (Zhang et al., 2014). Ceci serait dรป ร  une pression sociale exercรฉe sur les garรงons de la part de leurs semblables et de leurs parents qui les encourageraient ร  ne pas avoir peur de la nature, alors qu’au contraire les filles seraient poussรฉes ร  en avoir peur en รฉtant dรฉcouragรฉes ร  faire des activitรฉs extรฉrieures ou ร  รชtre des garรงons manquรฉs et la dรฉsirabilitรฉ sociale peut รชtre une force puissante (voir Crowne & Marlow, 1960 ; Holtgraves, 2004).

L’รขge entre aussi en compte. Par exemple, les rats, les chauve-souris, les escargots en Norvรจge (Bjerke & ร˜stdahl, 2004) ou le condor des Andes (Cailly Arnulphi et al., 2017) sont plus apprรฉciรฉs par les personnes les plus jeunes. Au contraire, d’autres espรจces animales sont plus apprรฉciรฉes par les personnes plus รขgรฉes : toujours en Norvรจge, les papillons, les pies, les mouettes ou les abeilles sont plus aimรฉs par les plus รขgรฉs (Bjerke & ร˜stdahl, 2004).

Le niveau d’รฉtude a รฉgalement un impact sur l’attitude envers un animal ; en gรฉnรฉral, les personnes ayant fait le plus d’รฉtudes ont tendance ร  plus aimer certaines espรจces animales comme les papillons, les hรฉrissons, les canards et les renards (Bjerke & ร˜stdahl, 2004) ou le condor des Andes (Cailly Arnulphi et al., 2017). L’endroit oรน vit l’individu a aussi son importance ; ainsi, les enfants chinois qui vivent ร  la campagne sont plus en contact avec la nature que ceux des villes, ce qui les rend plus biophiles (qui ยซ aiment la vie et les systรจmes vivants ยป ; Fromm, 1964) et moins biophobes (qui a ยซ peur des รชtres vivants ou [a de] lโ€™aversion ร  leur รฉgard ยป ; Simaika & Samways, 2010 ; Zhang et al., 2014). Le mรฉtier ou les รฉtudes suivies peuvent aussi avoir une incidence sur l’attitude. Les fermiers voient le condor des Andes plus nรฉgativement car ils craignent ร  tort des attaques contre leurs troupeaux (Cailly Arnulphi et al., 2017). Il en est de mรชme pour le loup qui reรงoit moins d’attitudes positives de la part des รฉleveurs que des autres personnes (Williams et al., 2002), mais cette fois les attaques envers les troupeaux sont bien rรฉelles. Les รฉtudiants en biologie ont une attitude plus positive envers les serpents que les autres รฉtudiants (Prokop et al., 2009) ce qui pourrait รชtre dรป ร  une meilleure connaissances de ces animaux ou ร  une affinitรฉ initiale avec les animaux qui les ont poussรฉs ร  sโ€™inscrire en biologie.

D’autres facteurs propres ร  l’individu (ou aux sociรฉtรฉs) peuvent influencer l’attitude visร -vis des animaux tels que la culture (Kellert, 1984a) qui comprend l’histoire, les croyances notamment religieuses, les pratiques et les reprรฉsentations culturelles (Serpell, 2004), le contexte local comme l’environnement immรฉdiat (Hunter & Brehm, 2004), l’orientation des valeurs notamment environnementales (Hunter & Brehm, 2004), etc…

Les caractรฉristiques propres ร  l’animal jouent aussi un rรดle dans l’attitude que les personnes ont envers eux. Diffรฉrentes espรจces reรงoivent gรฉnรฉralement diffรฉrentes apprรฉciations (Driscoll, 1995 ; Bjerke & ร˜stdahl, 2004 ; Batt, 2009 ; George et al., 2016). Leur physique a une influence sur l’attitude : la taille (gรฉnรฉralement les animaux les plus grands sont prรฉfรฉrรฉs) et l’esthรฉtique (comme les papillons qui sont apprรฉciรฉs pour leur beautรฉ ; Kellert, 1984a), le cรดtรฉ laid ou visqueux peut les rendre effrayant (comme les limaces et les vers ; Bennettโ€Levy & Marteau, 1984), mais aussi l’apparence visuelle de maniรจre gรฉnรฉrale, l’impression tactile et l’impression auditive (Merckelbach et al., 1987). Certaines caractรฉristiques physiques des animaux tels que les griffes ou les dents tranchantes peuvent mรชme les faire passer pour des ยซ mรฉchants ยป aux yeux des enfants (Lee, 2012).

Les รชtres humains ont aussi tendance ร  plus apprรฉcier les animaux qui leur ressemblent biologiquement (Batt, 2009) et/ou qui sont proches phylogรฉnรฉtiquement (i.e. dans l’arbre de parentรฉ du vivant ; Kellert, 1984a). C’est le cas du chimpanzรฉ qui est l’animal le plus aimรฉ dans une liste de 40 animaux (Batt, 2009) et qui ressemble beaucoup ร  l’homme du fait qu’il est son plus proche parent actuel. D’autre part, les animaux aux caractรฉristiques nรฉotรฉniques (qui conservent les caractรฉristiques des bรฉbรฉs ร  l’รขge adulte : tรชte et yeux proportionnellement plus grands comme chez les รฉcureuils, dรฉmarche instable comme celle des manchots…) reรงoivent plus d’intรฉrรชt de la part du public et mรชme des scientifiques (Estren, 2012). La nรฉotรฉnie serait un processus adaptatif qui permettrait d’inhiber l’agressivitรฉ des prรฉdateurs et/ou des compรฉtiteurs (Lorenz, 1943).

Bien sรปr, le comportement des animaux entre รฉgalement en jeu dans l’attitude que les humains ont envers eux. L’intelligence de l’animal, sa dangerositรฉ et son mode de locomotion (Kellert, 1984a), ses tendances prรฉdatrices (Kellert, 1984a ; Oli et al., 1994) et ses attitudes spรฉcifiques (Serpell, 2004) entrent en ligne de compte dans les attitudes que leur portent les humains. Leur rapiditรฉ et leurs mouvements soudains peuvent susciter la peur chez les hommes (Bennettโ€Levy & Marteau, 1984). Les rats et les araignรฉes font partie de ces animaux qui se dรฉplacent rapidement avec des mouvements soudains et qui suscitent la peur (Bennettโ€Levy & Marteau, 1984). Les comportements des animaux peuvent aussi induire en erreur les attitudes des รชtres humains : par exemple, le loup รฉtait plus craint que le puma alors que ce dernier รฉtait plus dangereux vis-ร -vis de lโ€™homme, ceci serait dรป au fait que le puma รฉtait plus discret et moins visible (Kellert et al., 1996). Les espรจces qui ont certains comportements (qui sont nรฉophiles, audacieuses, innovantes, ont une bonne mรฉmoire et ont des comportements flexibles) peuvent devenir nuisibles aux yeux des hommes (Barrett et al., 2018). En effet, ces caractรฉristiques leur permettent de vivre dans de nouveaux milieux tels que les villes et donc d’entrer en conflit avec les hommes (Barrett et al., 2018). Par exemple, la nรฉophilie pour les objets permet ร  la mรฉsange charbonniรจre (Parus major) dโ€™exploiter facilement des ressources nouvelles et parfois imprรฉvisibles en milieu urbain (Tryjanowski et al., 2016). Ou encore, les fourmis, Tapinoma sessile, qui font preuve d’un comportement flexible, en zones urbaines oรน elles changent de systรจmes dโ€™accouplement et forment des super-colonies, ce qui les rend nuisibles par rapport ร  leurs homologues rurales qui vivent dans des colonies uniques (Buczkowski, 2010).

La relation entre l’homme et une espรจce animale a aussi son importance dans l’attitude des hommes avec cette espรจce (Kellert, 1984a). Il y a tout d’abord l’histoire entre ces deux espรจces (Kellert, 1984a) comme, par exemple, le pygargue ร  tรชte blanche (Haliaeetus leucocephalus) qui est le symbole historique des ร‰tats-Unis ce qui fait qu’il est apprรฉciรฉ par la population de ce pays (Kellert, 1984a). L’expรฉrience d’un individu avec une espรจce particuliรจre compte รฉgalement (Serpell, 2004). En Suรจde, les ours et les loups sont vus plus nรฉgativement dans les zones oรน les gens ont des expรฉriences directes avec eux (Eriksson et al., 2015). La frรฉquence de rencontre joue aussi un rรดle : plus le renard nain de San Joaquin (Californie, ร‰tatsUnis) est rencontrรฉ par quelqu’un, plus cette personne apprรฉcie cet animal (Bjurlin & Cypher, 2005). L’affect (i.e. les rรฉactions affectives et/ou รฉmotionnelles des personnes ร  l’รฉgard des animaux) et l’utilitรฉ (i.e. la valeur instrumentale des animaux pour les personnes ; Serpell, 2004) sont aussi trรจs importants : par exemple, les enfants plus empathiques ont des attitudes plus positives ร  l’รฉgard des animaux de compagnie (Daly & Morton, 2006) ; les chiens ou les chevaux sont ร  la fois jugรฉs trรจs utiles et sont trรจs aimรฉs (Driscoll, 1995). La nuisance de l’espรจce pour l’homme a un impact sur l’attitude de l’รชtre humain envers cet animal : le raton laveur n’est pas trรจs apprรฉciรฉ aux ร‰tats-Unis oรน il est considรฉrรฉ comme nuisible notamment pour les cultures (George et al., 2016).

Aucun de ces facteurs n’est exclusif et ils se combinent de faรงon complexe pour influencer lโ€™attitude et la perception des individus et des sociรฉtรฉs vis-ร -vis des animaux. Il existe diverses dรฉfinitions de la perception en gรฉographie. L’une d’entre elle est la suivante : ยซ De maniรจre gรฉnรฉrale, la perception se dรฉfinit comme la fonction par laquelle lโ€™esprit, le sujet, se reprรฉsente, pose devant lui les objets. ยป (Duprรฉ, 2006). C’est un processus actif qui fait appel ร  tous les sens (Bailly, 1977). ยซ Le terme perception renvoie [donc] aux mรฉcanismes perceptifs et aux phรฉnomรจnes cognitifs qui rendent possible lโ€™รฉlaboration dโ€™images ยป (Gumuchian, 1991).

Les attitudes que les hommes ont vis ร  vis des espรจces animales peuvent avoir des consรฉquences concrรจtes, par exemple, dans la conservation (Sitas et al., 2009) ou la rรฉgulation de certaines populations animales. En effet, selon l’espรจce considรฉrรฉe, les personnes n’approuvent pas de la mรชme faรงon le contrรดle lรฉtal ; ainsi, lors d’un sondage au dรฉbut des annรฉes 1990 aux ร‰tats-Unis, 95% des sondรฉs รฉtaient pour le contrรดle lรฉtal des rats et des souris mais seulement 59% pour les รฉcureuils (Braband & Clark, 1991).

Une perception relative et รฉvolutive : elle varie selon les aires culturelles et รฉvolue dans le temps

Les perceptions sont extrรชmement diverses en fonction des rรฉgions culturelles et peuvent รฉvoluer dans le temps. Le rapport aux animaux diffรจre selon les cultures. Dans le monde occidental, ce rapport est trรจs hiรฉrarchisรฉ et l’homme est considรฉrรฉ comme une espรจce supรฉrieure qui peut ร  sa guise utiliser les autres espรจces qui lui sont, en quelque, sorte infรฉodรฉes. Ce rapport dรฉrive sans doute de la religion et notamment de la Bible. Dans la Genรจse, il est รฉcrit : ยซ Puis Dieu dit : Faisons l’homme ร  notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bรฉtail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. ยป. Mais, il existe, bien sรปr, d’autres types de relations entre humains et animaux. Philippe Descola, dans son livre Par-delร  nature et culture (2005), a par exemple distinguรฉ quatre types de relations entre humains et non-humains qui existent ร  travers le monde en fonction de la ressemblance et de la diffรฉrence entre les physicalitรฉs et les intรฉrioritรฉs (voir Tableau 1). Les physicalitรฉs correspondent ร  l’apparence extรฉrieure, mais aussi aux modes d’existence, aux rรฉgimes alimentaires et aux modes de reproduction. Les intรฉrioritรฉs correspondent, quant ร  elles, ร  la subjectivitรฉ, ร  la conscience notamment de soi, ร  la connaissance, ร  la mรฉmoire, ร  lโ€™intentionnalitรฉ, ร  la communication et ร  la mortalitรฉ.

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Table des matiรจres

Introduction
1. Les attitudes envers les animaux : la combinaison complexe de nombreux facteurs
2. Une perception relative et รฉvolutive : elle varie selon les aires culturelles et รฉvolue dans le temps
3. Les diffรฉrentes attitudes vis-ร -vis des animaux : l’รฉchelle de Kellert et Berry
4. L’utilitรฉ des animaux pour les รชtres humains : des services aux nuisances
5. Le milieu urbain : un รฉcosystรจme particulier
Problรฉmatique de la thรจse
Objectifs de la thรจse
Matรฉriel et mรฉthode gรฉnรฉral
Modรจles d’รฉtudes
Le pigeon
Le rat
Le hรฉrisson
Mรฉthodologies
1. Composition du questionnaire et dรฉroulement de lโ€™enquรชte
2. Test de lโ€™effet fertilisant du guano de pigeons sur diffรฉrentes espรจces cultivรฉes en ville
3. Confrontation des usagers de la ville avec les services rendus par les pigeons
Chapitre 1 : Perception de la faune urbaine spontanรฉe par les usagers de Paris
Appreciation and perception of spontaneous urban fauna by humans in a French city, Paris
Chapitre 2 : Un service รฉcosystรฉmique rendu par le pigeon urbain : lโ€™effet fertilisant de ses fientes dans lโ€™agriculture urbaine
Utilisation of pigeon guano as a fertilizer on cherry tomato plants in urban agriculture
Utilisation de guano de pigeons comme engrais sur des courgettes, des mรขches et des radis dans le cadre de lโ€™agriculture urbaine
Quantifying trace metals in pigeon guano-fertilized vegetables in an urban agriculture
context
Chapitre 3 : Peut-on amรฉliorer l’apprรฉciation et la perception d’un animal urbain en fournissant des informations sur les services qu’il rend ?
Can the appreciation and perception of an urban animal be improved by providing knowledge
about the services it provides?
Synthรจse et perspectives
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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