Les ateliers de potiers d’Ergué-Gaberic

L’existence d’ateliers de potiers sur la commune d’Ergué-Gabéric était déjà connue par des textes d’archives, comme l’aveu qui mentionne une carrière affermée à quatre potiers de cette commune en 1488 (Bernard, 1923). Mais avant la découverte du site de Park al Lann, où se situait un de ces ateliers, on ne connaissait pas les formes par eux produites. Cela empêchait qu’on puisse leur attribuer la facture d’une grande quantité de céramiques provenant de différents sites archéologiques finistériens. Ces formes étaient répertoriés, mais leur origine restait incertaine.

En 2015, le projet d’agrandissement d’une zone Industrielle que se situait au Nord Est de la commune, a demandé un diagnostic archéologique, puisque cette zone se trouvait au niveau d’un contexte archéologique sensible, car on connaissait un tumulus à sa proximité, à Saint-André (Le Roux, 1969), ainsi que d’autres vestiges néolithiques et protohistoriques à Squividan (Villard, 2011). Le secteur semblait donc favorable aux implantations humaines et d’un grand potentiel archéologique (Roy, 2015). Le site s’étendait sur une surface de 10,3 hectares, sur un flanc de plateau. Lors du diagnostic, d’importants vestiges protohistoriques d’un habitat de l’Âge du Bronze ancien et du premier âge du Fer ont été mis au jour, ainsi que des traces d’un atelier de potiers situé entre les époques moderne et contemporaine, dont des fosses d’extraction d’argile. La présence de cet atelier a été confirmé par les recherches documentaires entamées par Julie Cosseron, de l’Inrap. Des vestiges  d’un des ateliers d’Ergué-Gabéric étaient finalement mis au jour, mais le plus important serait découvert pendant les fouilles réalisées l’année suivante par Yvan Pailler, quand vidant à la pelleteuse le comblement d’un fossé parcellaire moderne il trouve une importante tessonière composée de plus de 1100 fragments de poteries. Ces rejets d’atelier étaient la preuve définitive que Park al Lann avait abrité un site de production céramique.

À la fin de l’année 2016, Yvan Pailler m’a proposé l’étude du mobilier céramique moderne et contemporain mis au jour lors des fouilles, dans lequel je devrais aussi aborder celui du diagnostic de 2015 réalisé sous la direction d’ Eddy Roy. Cette étude se ferait sous la forme d’un stage dans le cadre de l’INRAP qui devrait aboutir en un sujet de mémoire de master 2. Comme à l’époque je travaillais sur mon mémoire de master 1 sur les potiers de Lannilis et de Plouvien (29), ce stage s’avérait être une bonne opportunité d’approfondir mes connaissances sur les productions céramiques finistériennes.

Il a été réalisé pendant une période de trois mois, allant du 20 février au 20 mai 2017. La rédaction du rapport a été réalisée plus tard, car je devrais avant rédiger mon mémoire de master 1, qui a été soutenu le 22 septembre 2017. Le corpus à étudier était conséquent, car il s’agissait pour l’essentiel des rejets d’un atelier de potier qui a existé à Park al Lann entre la fin du XVe et le début du XIXe siècle. Afin d’avoir une vision globale de cette production et de la remplacer dans son contexte socio-historique, nous avons décrit les formes produites sur cet atelier et avons commencé à esquisser la diffusion de cette production.

L’étude historique a débuté par la lecture de quelques sources sur les ateliers de potiers d’Ergué-Gabéric publiées par l’Association Arkae. Elles ont donné les premières pistes pour les recherches bibliographiques et archivistiques. La base des recherches sur l’historique de la production est formée par des articles parus dans des publications spécialisées, des recherches dans les archives départementales du Finistère et dans les archives municipales de la commune d’Ergué-Gabéric et par les rapports de fouilles et diagnostiques de la bibliothèque numérique du SRA Bretagne.

L’étude du mobilier a été possible grâce à l’autorisation accordée par le SRA Bretagne de transfert de ce mobilier depuis les locaux de l’INRAP Grand-Ouest, Cesson Sévigné (35), à un laboratoire installé au Pôle Universitaire de Quimper. Le mobilier y a été entreposé et étudié dans de bonnes conditions. Dans un but pédagogique, des étudiants en licence d’Histoire de l’art et archéologie ont participé ponctuellement à cette étude en effectuant des travaux de décompte, inventaire et remontage. Les conseils prodigués par R. Pérennec, archéologue médiéviste, et par B. Grall, dessinateur, tous deux attachés au Centre départemental de l’archéologie du Finistère, m’ont guidé dans l’élaboration de mon rapport. Cette étude a débuté par une observation du mobilier provenant du diagnostic du site réalisé en 2015, déjà étudié et décrit par E. Coffineau (in Roy, 2015). Cela nous a permis de disposer de repères avant de commencer le traitement du mobilier provenant du fossé 1, lot composé de plus de mille tessons, issus de la même unité stratigraphique. Ces tessons ont été triés par forme, par couleur de pâte et par type de surface afin de permettre le recollage des pièces à reconstituer. Une fois ces formes triées ou reconstituées, elles ont été dessinées pour en dresser une typologie. Au cours de la post-fouille, un deuxième lot a rejoint le laboratoire en milieu du stage. Il était bien plus modeste et constitué de tessons provenant de différents faits dispersés sur l’ensemble du site.

Après avoir rendu le rapport, d’autres éléments se sont ajoutés à cette recherche, car j’ai pu exploiter une piste proposée par R. Pérennec concernant un éventuel rôle qui aurait pu être joué l’Abbaye de Landévennec dans la diffusion des céramiques issues des ateliers d’Ergué-Gabéric. Quelques pièces issues d’autres fouilles ont pu être aussi ajoutées à la typologie des céramiques de ce centre de production, car elles présentaient des marques de potiers analogues ou un type de pâte que les liaient à celles trouvées sur le site de Park al Lann. Elles ont été prises en photo dans le musée de l’ancienne abbaye de Landévennec ou dessinées au centre départemental de l’archéologie du Finistère.

La localisation des ateliers

Les ateliers de potiers d’Ergué-Gabéric se situent, pour la plupart, de part et d’autre de la route Quimper-Coray, dans la partie nord de la commune . Dans son ouvrage «Les Gabéricois aux XVIIe et XVIIIe siècles : population, économie, société », D. Collet (2015, p. 9-11) énumère quelques ateliers de potiers implantés dans la paroisse. Ces ateliers figurent dans le recensement de population de 1790 et sont situés à Beg-ar-Menez, Kervinic, Kervéguen et Meznaounic. Ces lieux-dits se trouvent à proximité de la route Quimper-Coray, dans la partie nord de la commune . Confrontant ces informations avec les sources d’archives qui nous avons exploitées sur toute la période qui couvre l’activité potière dans la commune, la liste comprend en plus des quatre lieux-dits susmentionnés ceux de Garsalec, Kervernic, Guillyvian, Keroulzoul, Quillyhuec, Kervoreden, Lenhesq, Lestonan Vian, Chevardiry (ou Servardiry) et Park al Lann .

L’axe routier autour duquel la plupart de ces ateliers de potiers sont installés reliait déjà à l’Antiquité l’agglomération de Quimper-Locmaria à la capitale de cité, Carhaix (Villard, 2011, p.9). À l’époque moderne, il été la route de cheminement de ces produits vers Quimper, capitale de l’évêché. L’implantation des ateliers autour de cet axe facilite le transport et la commercialisation des poteries, mais peut être aussi expliqué par la présence d’argile dans le secteur.

Les lieux d’extraction d’argile 

L’essentiel du secteur est constitué de granites et granodiorites d’âge hercyen (250 à 400 millions d’années) et de micachistes briovériens (600 à 650 millions d’années) dans lesquels sont situés les niveaux argileux en alternance avec des niveaux de grès (Roy, 2015, p.89). En plus des fosses repérées sur le site de Park al Lann lors du diagnostic de 2015, deux autres carrières sont localisables grâce à des sources écrites dans le secteur. Elles se situent dans une zone constituée d’orthogneiss migmatique avec enclaves de granodiorite anatectique de Quimper, comme nous montre la carte géologique du secteur .

Deux actes anciens attestent l’exploitation de l’argile sur les terres appartenant à des nobles à Ergué-Gabéric. Le premier est un aveu établi en 1493 concernant des terres dépendant de la seigneurie de Kerfors et l’autre, un aveu de 1652, concernant des terres qui dépendaient de Lezergué . Aucun indice ne permet de situer avec précision ces lieux d’extraction d’argile, mais Kerfors et Lezergué se situent près de Park al Lann.

Les actes notariaux 

La ferme de Park al Lann, lieu de la découverte de notre atelier, faisait partie des terres appartenant à la famille de Kerfors, dont le manoir, démoli au XVIIIe siècle (Le Guennec, 1984, p.514), se trouvait en fond de vallée, en contrebas du site. La première mention d’une production céramique dans le secteur se trouve dans un aveu de 1493 (ADLA, B2012) où est cité, entre autres biens, « item une migne (mine) de terre de laquelle on fait des potz » (Bernard, 1923, p.15-16). Cette carrière d’extraction d’argile dont la localisation n’est pas connue avec précision est, selon le document, affermée « anciennement » à quatre potiers, Jehan Le Dourgar, Jehan Guézennec, Geoffrey Poupon et Guion Le Baelegou, par la somme de dix livres par an, à payer au terme de la Saint-Michel. Selon Daniel Bernard, Geoffrey Poupon habite à Park al Lann en 1498. On peut donc déduire qu’une production de céramiques existait déjà à Ergué-Gabéric avant la rédaction de l’aveu et que l’atelier de Park al Lann existe aussi depuis cette même époque.

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Table des matières

Table des matières
Introduction
Première Partie : Cadres géographique et historique
Chapitre 1 : Cadre Géographique
1.1 La localisation des ateliers
1.2 Les lieux d’extraction d’argile
Chapitre 2 : Cadre Historique
2.1 Les actes notariaux
2.2 Les recensements
2.3 Les actes d’état civil après la Révolution
Chapitre 3 : L’activité des ateliers
3.1 Le statut social des potiers
3.2 L’organisation du travail dans les ateliers
3.3 Les productions des ateliers d’après les inventaires après décès
Deuxième partie : l’atelier de potier de Park al Lann et les informations livrées par les recherches archéologiques
Chapitre 4 : L’implantation du site
4.1 La micro-toponymie autour de Park al Lann
Chapitre 5 : L’étude des céramiques modernes et contemporaines
5.1 La distribution du mobilier céramique moderne et contemporain dans le site
5.2 Aspect général des céramiques
5.3 Les formes des pots
5.3.1 Les formes ouvertes
5.3.1.1 Les assiettes
5.3.1.2 Les plats
5.3.1.3 Galettière
5.3.1.4 Soucoupe
5.3.1.5 Les jattes
5.3.1.6 Les poêlons
5.3.1.7 Les couvercles
5.3.1.8 Les réchauds
5.3.2 Les formes fermées
5.3.2.1 Les pots
5.3.2.2 Les marmites
5.4 Les autres productions
5.5 Les décors et traitements de surface
5.6 Les marques de potiers
5.7 Proposition de Chrono-typologie pour les céramiques de Park al Lann
Troisième partie : quelques indices sur la diffusion de la céramique d’Ergué-Gabéric
Chapitre 6 : Les céramiques d’Ergué-Gabéric sur d’autres sites finistériens
6.1 L’abbaye de Landévennec : un rôle dans leur diffusion ?
6.1.1 Le mobilier céramique moderne mis au jour à Landévennec
6.1.2 Les possessions de l’abbaye de Landévennec à Ergué-Gabéric
6.2 Un aperçu de la zone de diffusion des productions d’Ergué-Gabéric
6.2.1 Lesquellen à Plabennec
6.2.2 La Roche-Maurice – Château de La Roche Morvan
6.2.3 Daoulas, l’Abbaye
Conclusion
Bibliographie
Index des Illustrations

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