L’école maternelle est la toute première expérience de l’enfant à l’école. Cette entrée vise plusieurs objectifs : donner à l’enfant le goût et l’envie d’apprendre, le rendre curieux, le voir s’épanouir… L’organisation de la classe, pensée par le professeur des écoles, doit prendre en considération toutes ces dimensions afin d’offrir aux élèves les meilleures conditions pour débuter leur scolarité. L’un des enjeux importants est de favoriser les apprentissages de tous les élèves. L’enseignant doit alors veiller à proposer des situations de découverte et de recherche, des situations d’apprentissage, des situations de réinvestissement motivantes afin de mettre tous les élèves dans les conditions les plus favorables pour les apprentissages. Pour répondre à cette exigence, en cycle 1, le professeur des écoles s’appuie sur des temps où il prend en charge lui-même des élèves. Il s’appuie également sur la présence d’une ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles) qui mène des ateliers, avec quelques élèves, dont les consignes sont indiquées par l’enseignant. Ce fonctionnement dans une classe de cycle 1 permet de mettre en œuvre des temps de travail en autonomie pour les élèves qui ne sont pris en charge ni par l’enseignant ni par l’ATSEM. Ces temps d’autonomie ne doivent pas être considérés comme des temps de délestage mais bien comme des moments où les élèves réinvestissent les compétences didactiques propres aux différents domaines d’apprentissage. Ces temps permettent de développer l’autonomie et la prise d’initiative de chaque élève. La construction de l’autonomie est essentielle pour chaque élève. C’est ainsi que l’enseignant rend les élèves acteurs des savoirs et des apprentissages.
Des temps qui suscitent l’intérêt sont des moments où les élèves se montrent curieux, sont motivés utilisent leurs compétences pour répondre à la situation proposée par l’enseignant. La motivation des élèves est au cœur des préoccupations des enseignants. La motivation ne doit pas être subie mais au contraire doit être l’un des moteurs de chaque élève.
Cadre théorique
Les ateliers autonomes en cycle 1
Les classes en double niveau en cycle 1 nécessitent une organisation spécifique : des temps d’apprentissage avec l’enseignant, des temps d’ateliers dirigés avec l’ATSEM et des temps de travail en autonomie. Utiliser les ateliers autonomes permet de répondre à des soucis d’organisation dans la classe. En effet, prendre en charge une partie des élèves nécessitent de penser à une organisation particulière afin que tous les élèves soient en situation de travail. L’utilisation d’ateliers autonomes instaure également en classe un climat et une ambiance propices aux apprentissages. Des ateliers autonomes dans le domaine « Construire les premiers outils pour structurer sa pensée » peuvent être mis en place au cycle 1. En fin de cycle 1, des attendus de cycle sont indiqués dans les programmes d’enseignement de l’école maternelle (2015).
L’élève doit être capable de :
Utiliser les nombres
– Evaluer et comparer des collections d’objets avec des procédures numériques ou non numériques,
– Réaliser une collection dont le cardinal est donné, utiliser le dénombrement pour comparer deux quantités, pour constituer une collection d’une taille donnée ou pour réaliser une collection de quantité égales à la collection proposée,
– Utiliser le nombre pour exprimer la position d’un objet ou d’une personne dans un jeu, dans une situation organisée, sur un rang ou pour comparer des positions,
– Mobiliser des symboles analogiques, verbaux ou écrits, conventionnels ou non conventionnels pour communiquer des informations orales et écrites sur une quantité.
Etudier les nombres
– Avoir compris que le cardinal ne change pas si on modifie la disposition spatiale ou la nature des éléments,
– Avoir compris que tout nombre s’obtient en ajoutant un au nombre précédent et que cela correspond à l’ajout d’une unité à la quantité précédente,
– Quantifier des collections jusqu’à dix au moins, les composer et les décomposer par manipulations effectives puis mentales, dire combien il faut ajouter ou enlever pour obtenir des quantités ne dépassant pas dix,
– Parler des nombres à l’aide de leur décomposition,
– Dire la suite des nombres jusqu’à trente et lire les nombres écrits en chiffres jusqu’à dix.
Explorer des formes, des grandeurs, des suites organisées
– Classer des objets en fonction de caractéristiques liées à leur forme,
– Savoir nommer quelques formes planes (carré, triangle, cercle ou disque, rectangle) et reconnaître quelques solides (cube, pyramide, boule, cylindre),
– Classer ou ranger des objets selon un critère de longueur ou de masse ou de contenance,
– Reproduire un assemblage à partir de modèle (puzzle, pavage, assemblage de solides),
– Reproduire, dessiner des formes planes,
– Identifier le principe d’organisation d’un algorithme et poursuivre son application.
Pour réaliser la mise en œuvre de ces ateliers, nous nous intéressons aux ateliers autonomes issus de la pédagogie Montessori. Cette pédagogie est très souvent utilisée par les enseignants du cycle 1. Il est intéressant de comprendre en quoi la pédagogie Montessori inspire le fonctionnement des classes de maternelle. En 1906, Maria Montessori crée la toute première maison des enfants à Rome, dans le quartier San Lorenzo. Dans un premier temps, elle propose à ses nombreux élèves de manipuler différents types de matériels. Elle constate qu’ils parviennent à se concentrer facilement et manipulent très rapidement le matériel mis à disposition. Elle relève les progrès réalisés par ses jeunes élèves. Toutefois, un oubli permet de faire une nouvelle découverte. Après avoir oublié de refermer à clé l’armoire à l’intérieur de laquelle elle rangeait le matériel pédagogique, elle trouve le lendemain la majorité de ses élèves occupés à manipuler l’ensemble du matériel. Elle en tire alors une conclusion intéressante : « les enfants sont capables de choisir ce qui les intéresse parmi le matériel pédagogique ; et ce choix se traduit par une recrudescence d’activité. (Missant, 2001, p. 18).
Ce double constat fait partie des principes fondateurs de la pédagogie nouvelle, présente dans de nombreuses classes du cycle 1. Au début des années 1920, Ovide Decroly, neuropsychiatre belge, met en œuvre une école expérimentale. Deux éléments inspirent sa pédagogie. « L’enseignement doit répondre aux centres d’intérêt de l’enfant : les connaissances à acquérir sont organisées par thèmes et dispensées au sein d’ateliers réservant une large place aux jeux éducatifs et aux activités manuelles. En respectant les centres d’intérêt des élèves, on entretient leur motivation. » (Ibid., p 26). Mc Combs et Pope (2000) soulignent que l’enseignant a un rôle important à jouer dans cette configuration de classe. L’enseignant est un « facilitateur, concepteur de contenus et de modèle expert plutôt que source de savoir » et l’élève « placé au cœur des commandes des apprentissages » (Mc Combs et Pope, 2000, p. 99). Les ateliers conçus par l’enseignant répondent aux exigences des Instructions officielles. Le fonctionnement de ces ateliers nécessite autonomie et responsabilité. Les élèves doivent donc savoir de quelle manière utiliser le matériel mis à leur disposition et développer le sens des responsabilités. Les ateliers, mis en œuvre sur le principe de l’autonomie, obligent l’élève à devoir se prendre en charge. Pour ce faire, il est nécessaire de prendre du temps afin d’expliciter les consignes, le fonctionnement, le rangement des ateliers autonomes. Les programmes d’enseignement de l’école maternelle de 2015 indiquent « Apprendre en s’exerçant ». « Les apprentissages des jeunes enfants s’inscrivent dans un temps long et leurs progrès sont rarement linéaires. Ils nécessitent souvent un temps d’appropriation qui peut passer soit par la reprise de processus connus, soit par de nouvelles situations. Leur stabilisation nécessite de nombreuses répétitions dans des conditions variées. » (Bulletin officiel, 2015). Les Instructions officielles évoquent l’idée de répétition afin que les élèves aient le temps d’apprendre, de s’approprier les notions et ce dans des situations variées. La mise en œuvre d’ateliers autonomes permet le réinvestissement des apprentissages travaillés en amont avec l’enseignant. En répétant encore et encore, un élève poursuit ses apprentissages.
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Table des matières
Introduction
I – Cadre théorique
1 – Les ateliers autonomes en cycle 1
2 – Curiosité ou intérêt ?
3 – La motivation intrinsèque
a – Les travaux de Deci et Ryan (2000)
b – Les propositions de Viau (2003)
c – La posture de l’enseignant
4 – Problématique et hypothèses
II – Méthodologie
1 – Population étudiée
2 – Modalités
3 – Procédures et outils
4 – Méthode d’analyse
III – Résultats
1 – La fréquence d’utilisation des ateliers
2 – La répartition des ateliers par élève
3 – L’analyse des entretiens des élèves
4 – L’analyse des livrets de réussite des élèves
IV – Discussion
1 – L’utilisation des ateliers
2 – La motivation
a – La motivation du point de vue des élèves
b – La motivation à la lecture de la recherche
3 – Les progrès réalisés par les élèves
a – Les compétences du domaine Construire les outils pour structurer sa pensée
b – Les autres compétences développées par les élèves
4 – Les limites de l’expérimentation
Conclusion
Bibliographie
Annexes
Annexe n°1 : Autorisation d’enregistrement de l’image/de la voix (très jeune enfant)
Annexe n°2 : Les ateliers autonomes des périodes 2 et 3
Annexe n°3 : Grille de participation aux ateliers
Annexe n°4 : Questionnaire
Annexe n°5 : Retranscription des entretiens
Annexe n°6 : Livrets de réussite des élèves