Ces dernières décennies ont été marquées par l’émergence au Sénégal d’associations de défense et de promotion des droits de la femme, d’organisations féminines de développement local…etc. Ces organisations sont une action collective émergente résultant également de la décision collective d’acteurs sociaux de sortir de leur état de passivité pour devenir des éléments actifs. En effet la présence d’organisation de femmes exprime la volonté des femmes d’agir pour le changement. Cette tendance constitue la preuve que les femmes ont désormais prise conscience de la nécessité, non seulement de faire valoir leurs droits, mais encore de contribuer au développement de leur pays.
Cependant ces associations se créent au niveau des quartiers et dans les milieux professionnels. C’est à ce dernier lieu que nous avons décidé de consacrer note mémoire. Ainsi les femmes de la profession médicale ou les femmes de l’hôpital Aristide Le Dantec s’organisent en associations spécifiques. Quels sont les différents types d’associations féminines en milieu hospitalier ? Quelles sont les activités de ces associations, autrement dit quels sont ses objectifs, ses secteurs d’intervention, ses moyens d’action et ses réalisations ? Quelles représentations les femmes ont-elles de ces associations ?
PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE
Problématique
La profession de sage-femme a toujours été le monopole des femmes, mais pas de médecins. Depuis les choses ont bien changé. Les femmes sont aujourd’hui infirmières, sages femmes, médecins…etc. Les femmes se retrouvent dans presque toutes les activités jusque là exercées par les hommes. Il a fallu ainsi plusieurs années de luttes à la femme pour commencer à conquérir des statuts et des rôles qu’elle n’avait pas, et pour affirmer sa personnalité. C’est ainsi que des actions ont été menées pour améliorer leur condition sociale dans les domaines de l’instruction, de la santé, de la régulation ou l’abolition de certaines pratiques coutumières. En effet les femmes ont franchi les barrières et investi la profession médicale, malgré toutes les difficultés liées à celle-ci à savoir la croissance démographique, la résistance des populations, l’insuffisance du personnel et des infrastructures. Aujourd’hui leur champ d’action s’est ouvert, leurs responsabilités se sont accrues. Elles s’organisent en association spécifique. Ainsi les femmes de la profession médicale ne se contentent pas seulement d’intervenir de manière technique dans l’environnement médicale mais elles organisent des activités sociales très vivantes à savoir des groupements professionnels, des associations de secours mutuels, des associations religieuses et des groupements politiques. Ces associations génèrent des relations de natures très diverses et leur permettent de se mobiliser pour promouvoir et défendre des intérêts féminins. Selon Tocqueville, pour concilier égalité et liberté, il faut des associations. Les associations permettent aux citoyens de prendre une vue collective des problèmes, d’éprouver concrètement que l’union fait la force, que la liberté de l’un a pour limite la liberté d’autrui . La liberté d’association est considérée comme une des caractéristiques essentielles des sociétés démocratiques. Les femmes, dans le milieu professionnel, développent ainsi de nouveaux contacts et d’une ouverture au monde extérieur. De ce fait les milieux professionnels sont toujours le produit de situations, d’interactions, de négociations. En particulier la profession médicale ne se résume pas en un ensemble d’individus disposant d’un capital de connaissances scientifiques et dont l’objectif principal est de tout mettre œuvre pour soigner les malades, mais il y a la diversité et la richesse des formes sociales que prend l’organisation de cette profession. En effet comme tous les acteurs sociaux, les femmes du corps médical ont des comportements stratégiques, poursuivent de façon consciente ou non des intérêts, sont en conflit autour de la recherche de pouvoir et de légitimité qui s’inscrit dans un ensemble de contrôles et de pressions économiques, politiques, sociales liées au contexte d’organisation et d’exercice de la profession. Cela revient également à postuler que les pratiques des femmes (sages-femmes, infirmières et médecins) sont plus complexes que ne laisse paraître une description en terme de pratique scientifique. Comme le dit Pierre Bourdieu « l’univers ‘pur’ de la science la plus ‘pure’ est un champ social comme un autre, avec ses rapports de force et ses monopoles, ses luttes et ses stratégies, ses intérêts et ses profits, mais où tous ces invariants revêtent des formes spécifiques » .
APPROCHE THEORIQUE
Analyse conceptuelle
Le concept est un élément fondamental à toute recherche . L’analyse conceptuelle permet la délimitation du sujet et du champ de recherche en cela précisément qu’elle permet non seulement de définir mais aussi de désigner les phénomènes. Dans le cadre de notre étude, nous jugeons nécessaire de définir les principaux concepts employés : organisation, association, action, rôle et statut.
Organisation
Le mot organisation vient de la biologie. Initialement (XIV), organiser c’est « rendre apte à la vie ». Par analogie l’organisation désigne un mode de fonctionnement : celui d’une action ou de l’entité qui en résulte . Toute organisation comporte des éléments invariants. C’est un ensemble d’acteurs doté d’une structure d’autorité, de rôles, et d’un système de communication permettant la coordination et le contrôle des activités afin de réaliser un (ou des) buts. Autrement dit « on peut définir une organisation comme la forme sociale qui, par application d’une règle et sous l’autorité de leaders, assure la coopération des individus à une œuvre commune, dont détermine la mise en oeuvre et répartit des fruits » . Dans le cadre de notre étude, nous partageons la définition de François Bourricaud qui est très pertinente pour le besoin de notre recherche. Elle nous permet d’identifier les associations des femmes, connaître leur structure, leur objectif et leur fonctionnement.
Association
Le terme (association), employé depuis le milieu du XVIII siècle, désigne l’action de se réunir durablement et, par extension, tout groupement d’individus unis dans un but déterminé (association politique, syndicale, professionnelle…etc.). La notion générale d’association, l’adjectif « volontaire », l’idée de contrat renvoient ainsi la question associative aux grands problèmes de la sociologie. En outre le dictionnaire de sociologie définit l’association « regroupement structuré d’individus en vue de promouvoir des fins qui ne correspondent pas nécessairement à des intérêts personnels : défense des droits de l’homme, lutte contre le racisme…etc. » L’association est une action collective émergente résultant également de la décision collective d’acteurs sociaux de sortir de leur état de passivité par des ruptures sociales et culturelles d’avec certaines idées et donc certains comportements pour devenir des éléments actifs collectivement par la réalisation d’actions concrètes.
Action
L’action est pensée comme produit d’un acteur doté de ressources, qui effectue des choix finalisés et qui use pour ce faire de moyens matériels et symboliques ». Selon Parsons, l’action humaine c’est-à-dire l’ensemble de toutes les conduites (comportements, objectifs, mais également les pensées, sentiments, aspirations et désirs) se situe toujours et simultanément dans quatre « contextes » :
-biologique
-psychique
-social, celui des interactions qui se déroulent entre les individus et les groupes, étudiées par la sociologie.
-culturel .
structure de ces associations
Les associations de secours mutuels ou les tontines
Les femmes du personnel médical et paramédical (médecins, infirmières et sagesfemmes) organisent dans le milieu professionnel des tontines depuis plus de dix ans. Ces derrières sont un système traditionnel de capitalisation monétaire. Ainsi ces tontines sont de taille moyenne, c’est-à-dire que chaque tontine compte 20 à 30 adhérentes. Et chaque tontine est dirigée par un chef , la cotisation est mensuelle et varie entre 5000 à 10000 francs .En effet le mode de fonctionnement dominant des tontines est celui du tirage au sort, mais les femmes adhérentes en bénéficient quand elles en ont un besoin immédiat et urgent.
Les associations religieuses ou les dahiras
Les femmes organisent aussi des associations religieuses. Deux dahiras ont été créés dans l’hôpital Aristide Le Dantec : le dahira tidjane et le dahira mouride. Ces derniers ont été organisés depuis 1998 et dirigés par des présidentes. Chaque dahira compte une centaine de personnes et elles tiennent des réunions en cas de besoin. En outre les femmes versent chaque mois une somme de 1000 francs à la caisse et vendent aussi des carte de membres à 1000 francs.
L’union des femmes de l’hôpital Aristide Le Dantec (ufhald)
L’ufhald a été créée en 1962 par les femmes de l’hôpital Aristide Le Dantec. Au niveau du bureau il y a une présidente, un vice présidente, une secrétaire administrative, une trésorière générale, une secrétaire à l’information, une secrétaire chargée des affaires sociales et une secrétaire à l’organisation. Au début il y avait 33 membres, mais aujourd’hui le nombre d’adhérentes dépasse la quarantaine. Elle tient une réunion à chaque mois et un sujet d’étude est abordé. Ce dernier peut être un sujet social ou matériel. En outre les membres versent une cotisation annuelle d’un montant de 5000 à 10000 francs. Il faut noter que le montant de la cotisation n’est pas régulier, cela dépend de la somme voulue. Il y a aussi la vente des cartes de membres à 1000 francs pour alimenter la caisse.
L’association des femmes médecins du Sénégal (afems)
L’afems a été depuis 1990 par les femmes médecins du Sénégal (récépissé de déclaration d’association du 01 mars 1990 n°6121 M.INT- DAGAT). L’afems est une association nationale, apolitique et laïque, ouverte à toute femme médecin résidant au Sénégal. Nous notons que dix de nos enquêtées c’est-à-dire dix femmes médecins font partie de l’afems à l’hôpital Aristide le Dantec. A ce jour l’association compte plus de cent cinquante adhérentes et s’est récemment ouverte aux internes et étudiantes en fin de cycle. Les femmes membres de l’association cotisent dix milles francs chaque année, et pour être adhérente il faut acheter une carte de membre à deux milles cinq cents francs. Ensuite le premier bureau a été crée en 1989 à 1992, le deuxième bureau en 1992 à 1996, le troisième bureau en 1996 à 2000, le quatrième bureau en 2000 à 2003 et le cinquième bureau en 2003 à 2005. En effet le bureau est renouvelable à chaque trois ans ou quatre ans. En ce moment elles sont entrain de programmer un assemblé pour élire un autre bureau.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE
Section 1 : Problématique
Section 2 : Objectifs de la recherche
Section 3 : Hypothèse
Section 4 : Justification de la recherche
CHAPITRE II : APPROCHE THEORIQUE
Section 1 : Analyse conceptuelle
Section 2 : modèle théorique
Section 3 : revue critique de la littérature
CHAPITRE III : METHODOLOGIE DE LA
Section 1 : univers de l’étude et population ciblée
Section 2 : la procédure de la recherche
2. a. La recherche documentaire
2. b la consultation des personnes ressources
2. c. Echantillonnage
2. d. Déroulement de la recherche
2. e. Méthodes et techniques
Section 3 : les difficultés rencontrées
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES DES FEMMES
Section 1 : leur identité
Section 2 : leur statut professionnel
CHAPITRE II : ASSOCIATIONS FEMININES
Section 1 : type d’associations féminines en milieu hospitalier
Section 2 : structure de ces associations
2. a Les associations de secours mutuels ou les tontines
2. b Les associations religieuses ou les dahiras
2. c L’union des femmes de l’hôpital Aristide Le Dantec (ufhald)
2. d L’association des femmes médecins du Sénégal (afems)
CHAPITRE III : ACTIVITES ET REPRESENTATIONS
Section 1 : activités des associations
Section 2 : représentations
TROIXIEME PARTIE
CHAPITRE I : ACTIVITES DES ASSOCIATIONS
Section 1 : tontines
Section 2 : associations religieuses
Section 3 : union des femmes de l’hôpital Aristide le Dantec
Section 4 : association des femmes médecins du Sénégal
4. a Objectifs de l’afems
4. b Secteurs ou domaines d’intervention de l’afems
4. c Les moyens d’action de l’afems
4. d Réalisations de l’afems
CHAPITRE II : REPRESENTATIONS QUE LES
Section 1 : avantages de ces associations
Section 2 : limites de ces associations
CLONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE