Les associations d’immigres peuls de la guinee a dakar

Phénomène très ancien, la migration qui se définit généralement comme étant le déplacement d’individus ou de groupes dans l’espace géographique, est un fait présent au Sénégal depuis plusieurs décennies. L’histoire nous montre que de tout temps, les hommes à la recherche de meilleures conditions d’existence se sont déplacées dans l’espace géographique sénégalais.

Ces mouvements de populations qui se faisaient généralement pour des raisons politiques ou religieuses durant la période des grands empires ont connu différentes formes de mutations au cours des années.

A l’époque coloniale déjà les migrations commencent à revêtir un aspect économique avec l’introduction des cultures de rente dans le milieu rural sénégalais, l’arrivée de personnes à la recherche d’un travail rémunéré dans les grandes villes comme Dakar, mais aussi le départ de migrants pour la France. Toutefois, les plus grandes mutations qui ont affecté les flux migratoires au Sénégal sont apparues au cours des années 90. Cette période a correspondu à l’émergence de différents évènements qui ont secoué le système capitaliste mondial car comme l’a montré Alan B. Simmons dans « Migrations internationales et capitalisme global : Examen critique des théories »,«Une série de récessions économiques internationales, les fameux chocs pétroliers, la fin de la guerre froide et depuis vingt cinq ans l’endettement croissant et la hausse de la pauvreté dans beaucoup de pays du tiers monde ont perturbé et modifié les structures migratoires » . Aussi avec la mondialisation des modes de production, au Sénégal comme partout ailleurs, les hommes à la recherche d’un travail rémunéré se dirigent vers les grandes villes, les grandes puissances économiques et les régions économiquement développées. A cet effet, on assiste à l’accélération de la mobilité internationale et à la hausse de la migration de travail, vu que en 1997 l’OIT ( Organisation Internationale du Travail ) a estimé à prés de 150millions d’individus le nombre de personnes vivant hors de leur pays d’origine et parmi ces derniers, 80 millions sont des travailleurs migrants.

De fait, le Sénégal à la fois zone de départ, zone de transit et zone d’arrivée a connu un regain de dynamisme des flux migratoires. A coté de l’affluence massive et continue des populations rurales vers les grandes villes et particulièrement à Dakar et de l’accélération de la mobilité internationale avec le phénomène modou-modou, nous notons une forte présence de migrants venus d’horizons divers. Ces migrants qui représentent 1,5 % de la population totale, installés pour l’essentiel à Dakar, sont en majorité originaires de la sous région. Dans « L’Espace migratoire de l’Afrique de l’Ouest : Panorama Statistique « , Nelly Robin soutient que « le Sénégal constitue le centre de gravité d’une circulation migratoire qui corrèle le Mali, la Mauritanie, la Gambie, la Guinée Bissau et la République de Guinée» .

Par ailleurs, la capitale sénégalaise, pôle attractif pour les migrants venus d’horizons divers constitue un terrain propice de propagation du mouvement associatif dans la mesure où l’histoire des mouvements de populations a montré que partout où des hommes se sont retrouvés en situation de minorité, ils se sont réunis selon les affinités afin de défendre leurs intérêts. Cette dynamique associative très fréquente chez les communautés immigrées se manifeste par la formation de groupements qui œuvrent pour le maintien de l’identité, le renforcement des liens de solidarité entre les migrants et pour le développement de la localité d’origine. De fait, Dakar, qui abrite à elle seule 63,2% du total des étrangers présents au Sénégal, compte un nombre important d’associations d’immigrés. C’est dans cette logique que s’inscrit la fréquence du phénomène associatif dans la communauté des immigrés peuls de la Guinée à Dakar.

En effet, nous avons travaillé sur cette communauté. Et au terme de l’étude , nous avons constaté que le phénomène associatif est très présent chez ces migrants. Les Peul de la Guinée qui sont issus pour la plupart de communautés villageoises où l’individu est fortement intégré dans la société, une fois arrivés à Dakar, se regroupent au sein d’associations d’immigrés considérées comme des espaces de reproduction de leur environnement social d’origine. Ces migrants ont mis sur pied différentes associations remplissant chacune une fonction bien définie au sein de la communauté immigrée.

Ainsi, nous avons choisi de travailler sur les Associations d’immigrés peuls de la Guinée à Dakar pour comprendre les motivations profondes qui sont à l’origine de la fréquence du phénomène chez les immigrés peuls de la Guinée mais également le rôle de ces associations sur la vie de ces migrants dans la presqu’île du Cap Vert et sur leurs rapports avec le milieu d’origine.

Problématique, Objectifs et Hypothèses de l’étude

PROBLEMATIQUE 

Phénomène très ancien, la migration ne cesse de prendre de l’ampleur dans la capitale sénégalaise. Dakar avec son secteur informel très développé, la relative stabilité politique interne du Sénégal et sa position stratégique de « porte de l’Afrique » pour le reste du monde connaît une affluence massive et continue de migrants venus de l’intérieur du pays mais également de la sous région et particulièrement des pays limitrophes. Cette forte présence de communautés différentes les unes des autres dans la capitale sénégalaise n’est pas sans s’accompagner de phénomènes de natures différentes qui interpellent l’attention de la communauté des chercheurs et particulièrement des spécialistes des sciences sociales.

C’est ainsi que les chercheurs de différentes branches des sciences sociales ont essayé chacun à sa manière de se pencher sur les manifestations du phénomène migratoire à Dakar. Les uns ont travaillé sur les flux migratoires entre le milieu rural et la capitale, tandis que les autres se sont penchés sur les communautés étrangères installées dans la presqu’île du Cap Vert, alors que d’autres encore se sont intéressés aux émigrés sénégalais. Malgré leur multiplicité, ces études ont porté essentiellement sur les motifs du changement de résidence, les conditions de vie des migrants dans le milieu d’accueil, la vie socioprofessionnelle et/ou économique des migrants, etc.

Tout de même, nous avons constaté que dans la bibliographie des études réalisées sur la migration à Dakar rares sont les travaux qui ont porté sur les communautés étrangères. Les chercheurs ne se sont pas beaucoup intéressés à la présence d’immigrés transnationaux dans la capitale sénégalaise, source d’interrogations multiples. Et c’est pour palier à cette situation que nous avons décidé de travailler sur les immigrés peuls de la Guinée à Dakar et précisément sur leur vie associative. Le travail que nous avons réalisé sur ces migrants nous a poussé à nous intéresser davantage sur cet aspect du phénomène migratoire à savoir la fréquence des associations au sein des communautés immigrées.

Les résultats de l’étude précédente (Mémoire de Maîtrise) nous ont permis de voir que les Peul de la Guinée qui occupent une place importante sur l’échelle des migrations dans la capitale sénégalaise accordent une importance capitale au phénomène associatif. En effet, les immigrés peuls estimés en 1977 à 70000 individus qui sont passés aujourd’hui à prés de 600000 personnes rien qu’à Dakar, constituent une des communautés étrangères les plus anciennement installées dans la presqu’île du CapVert et par là même la plus nombreuse. Les Peul se rencontrent également à tous les niveaux de la vie économique car ils sont fonctionnaires dans l’administration sénégalaise, transporteurs, chauffeurs de taxis, commerçants de gros ou détaillants (vendeurs de fruits, de légumes, de charbon, boutiquiers, etc ), blanchisseurs, restaurateurs, bouchers … .

En plus de cette importance numérique et de la place importante qu’ils occupent dans l’économie sénégalaise, les enquêtes de terrain dans le cadre du Mémoire de Maîtrise nous ont montré l’importance que ces migrants accordent au mouvement associatif. Car, nous avions constaté que la quasi totalité des individus de notre échantillon ont intégré des associations d’immigrés guinéens. C’est ainsi que nous nous sommes posé les questions suivantes :
-quelle est la nature des associations d’immigrés ?
-quels rôles jouent les associations sur la vie des migrants aussi bien dans le milieu d’origine que dans le milieu d’accueil ?
-pourquoi les Peul de la Guinée une fois arrivés à Dakar intègrent-ils les associations d’immigrés ?
-le fait que ces migrants se regroupent en fonction des régions d’origine ne risque-t-il pas de ralentir leur intégration à la société dakaroise ?

CADRE METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE 

Les Cadres de l’étude

En Sociologie, la théorie va de pair avec la pratique qui se fait dans un cadre bien défini appelé champ de l’étude.

Le champ de l’étude encore appelé terrain ou « field work » en anglais est le milieu physique où s’exerce l’enquête. C’est ainsi que dans le cadre de ce mémoire nous avons porté notre choix sur Dakar et particulièrement sur des zones comme les Parcelles assainies, le marché Sandaga et la Commune d’Arrondissement de Grand Yoff. Le choix de ces zones s’explique par le fait que nous travaillons en continuité avec notre sujet de mémoire de maîtrise. Ce qui fait que mis à part Grand Yoff, nous avons mené nos enquêtes dans certaines des zones que nous avions investi lors de l’étude précédente.

Les Parcelles Assainies

Issues d’un programme financé par la Banque Mondiale pour aider les populations dakaroises, qui ne pouvaient accéder aux logements de la SICAP, à acquérir une habitation, les « Parcelles Assainies » sont situées dans la banlieue nord de la ville et disposent d’une importante frange maritime de l’Océan Atlantique. Initié en 1973, le projet « Parcelles Assainies » est devenu effectif à partir de 1976 car entre le mois d’Août de cette année et 1984, 14000 logements furent attribués aux personnes économiquement faibles. Aussi durant cette période les Parcelles assainies étaient peu peuplées. Les propriétaires de parcelles issus des couches sociales défavorisées n’avaient pas les moyens de construire aussitôt.

Mais à partir des années 90, la population des « Parcelles Assainies » a considérablement augmenté et est évaluée par le dernier recensement de 2002 à prés de 127947 habitants. Cette augmentation rapide de la population aux « Parcelles Assainies » s’explique par le fait que la zone accueille un nombre important de migrants venus de l’intérieur du pays mais également de la sous région.

Aussi comme cette zone faisait parti de notre champs d’étude lors de nos enquêtes précédentes nous avons décidé, de par le nombre d’immigrés peul de la Guinée qui s’y trouvent et la qualité des informations que nous y avions recueillies, d’y mener à nouveau nos enquêtes de terrain. C’est également le cas de la rue Sandiniéry.

La Rue Sandiniéry 

La Rue Sandiniéry située aux abord du marché Sandaga est à nouveau intégrée dans notre champ d’étude vu qu’elle occupe une place importante dans la vie socio-économique de ces migrants. Non seulement les premiers migrants qui ont pris la place des Lybano-Syriens dans la vente de fruits se sont installés sur cette rue mais aussi au fil des années leur commerce ont fructifié et Sandiniéry abrite désormais le plus grand marché de fruits de la capitale. Les camions venus de l’intérieur du pays mais également de la sous région (Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Guinée Conakry, etc) y déchargent une quantité importante de fruits alors que des conteneurs s’occupent de l’acheminement des produits en provenance de pays tels la France et le Maroc. En outre, ce qui fait la particularité de cette rue, c’est que d’une part on y rencontre à la fois toutes les catégories de commerçants (grossistes employeurs, demi grossistes, détaillants et même des employés de commerce) et d’autre part le commerce de fruits y est essentiellement géré par des immigrés peuls de la Guinée.

En plus de ces deux zones qui ont été réinvesties parce que faisant déjà parti de l’étude précédente, nous avons porté notre choix sur la Commune d’arrondissement de Grand Yoff.

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Table des matières

Introduction
Première Partie: Cadre Général et Méthodologique de la recherche
Chapitre I :Cadre général de la Recherche
Chapitre II: Cadre méthodologique de la recherche
Deuxième Partie: Présentation des données, analyse et interprétation des résultats de l’enquête
Chapitre III: Présentations des données de l’enquête de terrain
Chapitre IV: Analyse et interprétation des résultats de l’enquête
Conclusion

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