LES APPROCHES FAMILIALES EN PSYCHIATRIE
LA THEORIE DES GROUPES
La théorisation des groupes a également apporté une pierre importante à l’édifice d’une approche familiale. Un des pionniers de l’approche homme-société, par une analyse des phénomènes de foule, est G. Le Bon ; son ouvrage controversé Psychologie des foules, en 1895, recevra une audience importante parmi laquelle figure S. Freud qui consacrera à cet ouvrage un chapitre dans Psychologie collective et analyse du moi. Pour G. Le Bon, la foule ravale l’individu dans sa mentalité et dans son comportement. Dans la foule, les sentiments sont exacerbés avec, conjointement, un abaissement du niveau intellectuel. La foule est suggestible, crédule, impulsive, autoritaire, subissant un effet de contagion. De cet ouvrage ressort l’ébauche du concept d’inconscient collectif.Les recherches sur les groupes concernent d’abord les groupes artificiels, avec notamment J.L. Moreno, psychiatre, et K. Lewin, psychologue, dans des objectifs aussi divers que le management, la thérapie ou à visée expérimentale. Ces études sur les groupes ont suscité un engouement important, et de ces pratiques basées sur « l’ici et maintenant », quelques thèmes vont se dégager et avoir une importance pour les thérapies familiales. Les théories groupales fourniront les fondements de la thérapie familiale psychanalytique.Dès la fin de la seconde guerre mondiale, en Grande-Bretagne, W.R. Bion et S.H Foulkes vont fournir les assises d’une véritable thérapie des groupes non familiaux. Pour Bion, « en fait, aucun individu, aussi isolé soit-il dans le temps et dans l’espace, ne peut être considéré comme n’appartenant à aucun groupe et ne manifestant aucune activité issue de la psychologie collective37». Pour J. Bleger, psychiatre psychanalyste, l’identité est toujours en partie groupale.
A. Ruffiot, qui cite D. Anzieu, décrit des obstacles qui ont freiné les recherches sur le petit groupe, d’une part à cause de préjugés individuels -risque d’aliénation, de perte du moi individuel- et d’autre part, à cause de préjugés collectifs : le petit groupe évoque une minorité dangereuse pour la collectivité. Il semble exister également un tabou culturel faisant de la famille un lieu privé.
Avec D. Anzieu et R. Kaës est introduite la notion d’appareil psychique groupal. Il correspond à la réunion des psychés individuelles des membres qui vont se constituer une réalité psychique partagée, commune, régie par des processus spécifiques et exerçant une influence sur leurs attitudes, émotions et sentiments. Cet appareil est en prise avec, d’un côté, une tendance à l’isomorphie, qui vise à rabattre le psychisme groupal sur le psychisme individuel avec enchevêtrement des appareils psychiques individuels, et d’un autre côté, une tendance à l’homomorphie, qui concoure à l’autonomisation des psychés individuelles par rapport à la psyché groupale. « L’appareil psychique groupal constitue un espace « intermédiaire, ternaire, médiateur » (ayant les caractéristiques d’un espace transitionnel) entre la réalité psychique interne et la réalité sociale externe ».
THEORIES DE SYSTEME DE COMMUNICATION
C’est avec la théorie des systèmes et des communications que la thérapie familiale systémique se constitue, entrainant une rupture épistémologique nette dans l’approche de la maladie mentale. Dans les années 1950, avec l’anthropologue G. Bateson, des chercheurs- J. Haley, Don D. Jackson- d’orientations professionnelles variées, vont former l’école de Palo Alto. Leurs travaux se sont centrés sur l’étude de la famille des patients ayant une schizophrénie, afin de trouver une cause à cette dernière, dont découlerait une nouvelle approche thérapeutique. Leur volonté était d’aborder l’ensemble, c’est-à-dire l’environnement familial et non plus seulement l’individu malade, en faisant le lien entre la problématique d’un membre et celle de l’ensemble familial. L’idée était ainsi de défier la croyance en l’autodétermination, en considérant que le patient psychotique est un individu adapté à un contexte qui ne l’est pas.La famille apparaît comme un système ouvert, composé de sous-systèmes interagissant entre eux par des boucles de rétroactions afin de maintenir une homéostasie, c’est-à-dire un équilibre. Dans une famille, les crises sont inéluctables, elles font partie de son évolution naturelle ; de ce fait, des changements doivent s’opérer pour trouver un nouvel équilibre.L’approche systémique s’est construite à partir de plusieurs théories issues de diverses disciplines : anthropologie, cybernétique, communication… La théorie générale des systèmes et la théorie des communications ont une place centrale dans la théorisation systémique.La théorie générale des systèmes a été élaborée en 1947, par Von Bertalanffy, biologiste. Elle est basée sur quatre concepts. Le premier est la totalité : la totalité n’est pas la somme des parties, elle détient des propriétés particulières que n’ont pas les éléments lorsqu’ils sont séparés. Le deuxième concept est la circularité : systèmes et sous-systèmes sont toujours en interaction réciproque avec d’autres, donc en évolution constante. Si un élément change, alors l’ensemble du système changera. Le troisième est l’équifinalité : le même événement peut produire des effets différents. Les conséquences d’un changement sont aussi bien dues aux conditions initiales qu’aux processus et caractéristiques propres du système. Le dernier est l’homéostasie : l’équilibre est maintenu par des mécanismes auto régulateurs dans un environnement changeant. Cette théorie va alors intégrer la deuxième cybernétique, dont l’objectif est de faire passer la famille d’une vision statique à une vision dynamique. La famille prend alors forme dans sa tendance au maintien d’équilibre, ainsi que dans sa capacité à évoluer et à créer de nouvelles structures.
A partir de cette théorie des systèmes, s’est développée une conception systémique des communications au sein de la famille. Les postulats de cette théorie des communications, sont abordés par P. Watzlawick, philosophe formé à la psychanalyse et pionnier de la thérapie familiale, dans Une logique de la communication :
– lors d’une interaction, les messages émis et reçus comportent une composante digitale et une composante analogique. La digitale est représentée principalement par le verbal, l’analogique par le non-verbal, attitudes corporelles, intonations…Chaque message est constitué d’une fonction, transmise sur le mode digital, et d’une relation sur le mode analogique.
– il n’est pas possible de ne pas communiquer. Une « non-communication » est une communication.
– la nature de la relation entre les communicants va dépendre de la ponctuation des séquences des faits perçus par chacun. Les communicants ont tendance à concevoir leur position comme réaction à ce qui est perçu dans les comportements de l’autre.
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Table des matières
Introduction
I) EVOLUTION DE LA FAMILLE OCCIDENTALE
A) La première modernité
B) La seconde modernité
C) Concept d’une nouvelle personnalité de base
II) LES APPROCHES FAMILIALES EN PSYCHIATRIE A TRAVERS LES COURANTS DE PENSEE CLASSIQUES
A) Historique
B) Apport de la psychanalyse
1) Psychanalystes d’adultes
2) Psychanalyse d’enfants
3) Les psychanalystes aux États-Unis
C) Théorie des groupes
D) Théorie des systèmes et des communications
E) Antipsychiatrie
III) PLACE ACTUELLE DE LA FAMILLE DANS LA THERAPEUTIQUE DU PATIENT
A) Dans la pratique au quotidien
1) Stigmatisation
2) Vécus et témoignages des familles
3) Les premiers temps des soins
4) Aide aux aidants
B) Les thérapies formalisées
1) Approches systémiques
2) Approches psychodynamiques
3) Approches d’inspiration cognitivo-comportementale
4) Approches multifamiliales
5) Vers de nouvelles tendances
a) Approche multisystémique
b) La résilience familiale
c) Courant des thérapies brèves
d) Approche narrative
C) Des cas plus spécifiques
1) Autour de la personne âgée
2) Autour de la crise suicidaire
Conclusion
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