LES APLOMBS NORMAUX
EXAMEN DES APLOMBS DU POULAIN NON SEVRE
La conformation des membres de tout poulain devrait être surveillée très régulièrement. Idéalement, on préconise le protocole suivant : un examen hebdomadaire de la naissance à un mois, puis mensuel jusqu’à six mois. Des photographies pourront être prises pour réaliser un suivi (3-4). Le poulain doit d’abord être observé en liberté, à côté de sa mère, sur une surface plane, dégagée de toute litière. Il convient alors d’examiner les membres de face, de profil et de derrière, et d’ en apprécier la morphologie, la direction, ainsi que la manière dont le poulain prend appui sur chacun d’eux. En se plaçant contre le poulain, tandis qu’un assistant immobilise, si possible, le jeune animal en le tenant par le cou, et en regardant du haut vers le bas, l’examinateur pourra visualiser l’axe des membres sur toute leur longueur et d’éventuelles rotations (65).En éloignant lentement la jument, on regarde le poulain marcher et trotter vers elle. Cela permet d’évaluer ses mouvements et d’objectiver une boiterie (85). Puis, la palpation des membres sur toute leur longueur permet de déceler une douleur, une chaleur anormale, un oedème, ou encore une déformation (85). La manipulation, enfin, est particulièrement importante chez le poulain, car elle permet de mettre en évidence une hyperlaxité ou une instabilité articulaire. Si une déviation est observée, il faut déterminer si elle est manuellement réductible ou non, car c’est un élément précieux pour le diagnostic (12).
EXAMEN DES APLOMBS DU JEUNE CHEVAL OU DE L’ADULTE
Tenu au licol par une tierce personne, le cheval est regardé à l’arrêt, sur un sol dur et horizontal, à l’appui sur ses quatre membres, sans qu’une attitude ne lui soit imposée, tête et encolure libres. On peut également l’observer « placé » , antérieurs et postérieurs, deux à deux, confondus vus de profil, mais cette position imposée peut parfois masquer des anomalies. L’examinateur se place d’abord à cinq mètres de distance environ pour apprécier l’ensemble, fait le tour de l’animal, puis se rapproche. Pour chaque membre, il faut deux postes d’observation : de face et de profil pour les antérieurs, de dos et de profil pour les postérieurs (1-26-28-66-85). La conformation des membres peut ainsi être jugée selon les règles d’aplombs. Si des déviations sont observées, il est important de rechercher les éventuelles conséquences, telles qu’une usure irrégulière ou une déformation de la corne des sabots, des lésions osseuses ou articulaires.Les aplombs des pieds peuvent être observés en levant le membre pour comparer les hauteurs des parois, ou la symétrie du pied avec la ligne des glomes (26). Il faut voir également le cheval au pas et au trot, de face et de derrière. La personne le tenant fait pour cela des aller-retours en ligne droite devant l’examinateur. Les allures peuvent ainsi être soigneusement étudiées et toute variation imputable à un défaut d’aplomb orientera le diagnostic. Enfin, la palpation des membres visera à déceler des déformations ou des régions douloureuses (1-26-28-66-85). Au terme de cet examen méthodique, on peut déterminer si les aplombs du cheval sont corrects ou non. Si une déviation est observée, il faut identifier son sens, sa localisation, ses répercussions fonctionnelles et lésionnelles.
IMPORTANCE DE BONS APLOMBS POUR LA STATION
Le corps du cheval, composé du tronc et du balancier cervico-céphalique, est soutenu au repos par les membres, que l’on peut comparer à quatre piliers. Le centre de gravité du corps se situe dans le plan médian, généralement un peu au dessus et en arrière de l’appendice xiphoïde du sternum. Les antérieurs, parce qu’ils se situent plus près de ce centre de gravité que les postérieurs, soutiennent, à l’arrêt, 60 à 65 % du poids du cheval (figure 16, page suivante) (1-50-66-79). Pour que l’équilibre soit le plus stable possible, il faut que le poids du corps se répartisse uniformément sur toutes les structures anatomiques des membres. Cette condition se réalise lorsque les axes directeurs des membres sont verticaux, dans le plan sagittal du membre, c’est à dire lorsque les aplombs sont corrects. En effet, il y a alors, pour chaque membre, autant de poids en région médiale que latérale, et autant en région crâniale que caudale. La station debout nécessite alors le minimum de fatigue, car le simple tonus musculaire et la tension des tendons et ligaments suffisent à maintenir les membres dans cette position, de sorte que, même pendant le sommeil, ils ne s’affaissent pas sous le poids du corps.
Dans ces conditions également, les charges imposées aux différents tissus du membre sont conformes à leur physiologie, leur architecture et leur résistance, si bien qu’ils remplissent parfaitement leurs fonctions et ne subissent aucune usure prématurée ni lésion. La longévité du cheval est ainsi optimisée (1-50-66-79). Par contre, dès qu’un membre est dévié de cet axe vertical, l’équilibre perd en solidité et le poids se répartit inégalement. Le cheval doit alors solliciter davantage sa musculature, afin de compenser le déséquilibre. En outre, certaines structures des membres subissent des surcharges localisées, qui peuvent occasionner des lésions.
IMPORTANCE DE BONS APLOMBS POUR LA LOCOMOTION
Il existera toujours des chevaux performants dont la conformation est défectueuse, mais qui ont une grande générosité, un « désir de vaincre » exacerbé. Néanmoins, la locomotion obéit à des lois mécaniques, et les défauts d’aplombs portent toujours préjudice au potentiel sportif de l’animal. Lorsque le membre est d’aplomb, son axe directeur, vertical, occupe la bissectrice de l’angle de locomotion. Le membre décrit alors des oscillations régulières, à la façon d’un pendule, également étendues en avant et en arrière, successivement autour de son point d’attache au corps et de son point d’appui au sol (figure 17, ci-dessous).L’angulation de l’articulation du boulet apporte l’élasticité indispensable à l’amortissement et à l’impulsion, sans pour autant excéder la résistance des structures mises en jeu. C’est ainsi que les foulées sont les plus amples, les plus régulières et les plus sûres. La verticalité des axes directeurs des membres est donc favorable, tant à l’appui qu’au soutien, et devra être recherchée chez tous les chevaux (1-28-50-66). Le pied d’aplomb quitte le sol par la pince, décrit une trajectoire en arc de cercle, et atteint le sommet de cet arc lorsqu’il dépasse le pied symétrique à l’appui. Les talons retrouvent le sol simultanément, juste avant la pince. Le poids du corps se centre sur la pointe de la fourchette, tandis que le corps se déplace vers l’avant et vers le haut. C’est ainsi que l’usure de la corne peut se faire régulièrement, autant en pince qu’en talons et autant latéralement que médialement.Au contraire, toute déviation se traduit par une usure irrégulière de la paroi (figure 19, ci-dessous) ( 1-28-50-66) . Il est certain que toute la valeur sportive d’un animal ne réside pas dans la seule conformation de ses membres, car de nombreux autres facteurs interviennent, tels que le caractère, l’entraînement, les potentialités cardio-vasculaires et respiratoires, l’alimentation, le cavalier…Toutefois, de la même manière qu’un édifice solide repose sur de bonnes fondations, il apparaît que des aplombs réguliers constituent un élément très favorable, voire indispensable, à la carrière sportive d’un cheval. Les règles d’aplombs que nous avons énoncées permettent de reconnaître les poulains et chevaux aux aplombs corrects, et de déceler des déviations des membres. Pour le vétérinaire, c’est la première étape du diagnostic d’un défaut d’aplomb. Il s’agit ensuite de préciser la nature linéaire, rotatoire ou sagittale de la déviation, la localisation, le sens, l’origine congénitale ou acquise et la gravité du défaut car, comme nous allons le voir, il existe une grande variété de déviations
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Table des matières
TABLE DES ILLUSTRATIONS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS ANATOMIE DES MEMBRES
1.Structures osseuses des membres
2.Muscles, ligaments et tendons des membres
2.1. Le carpe ou genou
2.2. Le doigt
2.3. Le tarse ou jarret
3.Pied et sabot
3.1. Enveloppes du pied
3.2. Structures internes
DEUXIEME PARTIE : LES APLOMBS NORMAUX
1.Les règles d’aplombs
1.1. Membres antérieurs
1.1.1. Examen de face
1.1.2. Examen de profil
1.2. Membres postérieurs
1.2.1. Examen de derrière
1.2.2. Examen de profil
1.3. Aplombs du pied
1.3.1. Examen de face et de derrière
1.3.2. Examen de profil
1.4. Cas du poulain
2.Examen des aplombs
2.1. Examen des aplombs du poulain non sevré
2.2. Examen des aplombs du jeune cheval ou de l’adulte
3.Importance de bons aplombs
3.1. Importance de bons aplombs pour la station
3.2. Importance de bons aplombs pour la locomotion
TROISIEME PARTIE : DEVIATIONS ANGULAIRES ET ROTATOIRES
1.Les déviations angulaires
1.1. Généralités
1.1.1. Les différentes déviations angulaires
1.1.2. Localisation des déviations angulaires
1.1.3. Fréquence d’apparition des déviations angulaires
1.2. Etiologie des déviations angulaires
1.2.1. Etiologie des déviations angulaires congénitales
1.2.1.1. Origine des tissus osseux des membres
1.2.1.2. Les anomalies de développement
1.2.1.2.1. Laxité des structures périarticulaires
1.2.1.2.2. Retard d’ossification endochondrale
1.2.1.2.3. Croissance osseuse déséquilibrée
1.2.1.2.4. Difformités du squelette
1.2.2. Etiologie des déviations angulaires acquises
1.2.2.1. Physiologie de la croissance osseuse
1.2.2.2. Apparition de déviations pendant la croissance
1.2.2.2.1. Troubles métaboliques
1.2.2.2.2. Charge excessive de la plaque de croissance
1.2.2.2.3. Traumatismes de la plaque de croissance
1.2.2.3. Apparition de déviations à l’âge adulte
2.Les déviations rotatoires
2.1. Généralités
2.1.1. Les différentes déviations rotatoires
2.1.2. Localisation des déviations rotatoires
2.2. Etiologie des déviations rotatoires
2.2.1. Etiologie des déviations rotatoires congénitales
2.2.2. Etiologie des déviations rotatoires acquises
2.2.2.1. Position du membre sur le thorax ou le bassin
2.2.2.2. Déviations angulaires
3.Conséquences des déviations angulaires et rotatoires
3.1. Conséquences fonctionnelles
3.1.1. Influence sur l’aplomb des pieds
3.1.2. Influence sur la biomécanique du cheval
3.2. Conséquences lésionnelles
3.2.1. L’ ostéochondrose
3.2.2. L’ arthrose
3.2.3. Autres lésions
QUATRIEME PARTIE : DEVIATIONS SAGITTALES
1.Généralités
1.1. Types de déviations sagittales
1.2. Localisation anatomique des déviations sagittales
1.2.1. Les défauts d’extension
1.2.1.1. Défaut d’extension de l’articulation interphalangienne distale
1.2.1.2. Défaut d’extension de l’articulation interphalangienne proximale
1.2.1.3. Défaut d’extension de l’articulation du boulet (articulation métacarpo- ou métatarso-phalangienne
1.2.1.4. Défaut d’extension de l’articulation du carpe
1.2.1.5. Défaut d’extension de l’articulation du tarse
1.2.1.6. L’arthrogrypose ou syndrome du poulain contracté
1.2.2. Les déviations en hyperextension
2.Etiologie des déviations sagittales
2.1. Etiologie des déviations sagittales congénitales
2.1.1. Etiologie des défauts d’extension congénitaux
2.1.2. Etiologie des déviations en hyperextension congénitales
2.2. Etiologie des déviations sagittales acquises
2.2.1. Etiologie des défauts d’extension acquis
2.2.1.1. Apparition de contractures chez le poulain en croissance
2.2.1.2. Apparition de contractures chez l’adulte
2.2.2. Etiologie des déviations en hyperextension acquises
3.Conséquences des déviations sagittales
3.1. Défauts d’extension et reproduction
3.2. Conséquences fonctionnelles
3.2.1. Influence sur l’aplomb des pieds
3.2.2. Influence sur la biomécanique du cheval
3.3. Conséquences lésionnelles
3.3.1. Risque septique6
3.3.2. Conséquences lésionnelles des défauts d’extension
3.3.3. Conséquences lésionnelles des hyperextensions
CINQUIEME PARTIE : TRAITEMENT DES DEVIATIONS
1.Traitement conservateur
1.1. Correction de l’alimentation
1.2. Confinement et exercice contrôlé
1.2.1. Le confinement
1.2.2. L’exercice contrôlé
1.3. Bandages, attelles et plâtres
1.3.1. Description des systèmes de contention
1.3.2. Indications des bandages, plâtres et attelles
2.Traitement médical
2.1. Les anti-inflammatoires
2.2. L’administration intraveineuse d’oxytétracycline
3.Parage et ferrures correctrices
3.1. Parage du pied
3.2. Ferrures correctrices du poulain
3.3. Ferrures correctrices du jeune cheval ou de l’adulte
4.Traitement chirurgical
4.1. Traitement chirurgical des déviations d’origine osseuse
4.1.1. Accélération de la croissance : les périostotomies
4.1.2. Retardement de la croissance : pontage transphysaire temporaire
4.1.3. Combinaison entre l’accélération et le retardement de la croissance
4.1.4. Ostéotomies correctrices
4.2. Traitement chirurgical des déviations d’origine tendineuse et ligamentaire
4.2.1. Traitement chirurgical de la contracture de l’articulation interphalangienne distale
4.2.1.1. La desmotomie de la bride carpienne
4.2.1.2. Ténotomie du tendon fléchisseur profond du doigt
4.2.2. Traitement chirurgical de la contracture de l’articulation du boulet
4.2.2.1. La desmotomie de la bride radiale
4.2.2.2. Autres techniques
4.2.3. Traitement chirurgical de la contracture du carpe
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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