LES ANIMAUX DANS LE FOLKLORE ARCHAÏQUE CHINOIS

LES ANIMAUX DANS LE FOLKLORE ARCHAÏQUE CHINOIS

LES ANIMAUX DANS LE FOLKLORE ARCHAÏQUE CHINOIS.

Nous allons commencer par raconter comment les chinois se sont expliqué la création du monde et des phénomènes naturels. Cela est d’autant plus important qu’il sera par la suite souvent fait allusion, pour notre travail, à des points ou d’autres de ces légendes.

La genèse du monde (sources : ALLAN et PHILLIPS (2), GRANET (6), TOURNIER (13) et ZHENG (14))

De nombreuses légendes relatent la création du monde chinois, qui diffèrent plus ou moins entre elles. Les érudits de la dynasties Han ont, à partir des Questions célestes ( IVè siècle avant J.C.), donné forme et structure à la masse des mythes légendes hérités du passé, en compilant légendaire et réel, comme nous l’avons vu, notamment en pratiquant l’humanisation des dieux ou la déification des souverains ou autres êtres humains pourvus de qualités que les Han voulaient donner en exemple au peuple.Mais il n’en reste pas moins que pour expliquer un fait, il existe souvent plusieurs légendes. Nous allons donc ici essayer de relater la genèse de l’Univers selon les légendes les plus fréquemment rencontrées, ou selon les plus simples.

LA CREATION DE L’UNIVERS

Dans la mythologie chinoise, l’acte de création ne relève pas de la production de matière ex nihilo, mais de la transformation de l’informe en une structure ordonnée. Au commencement, toute chose était contenue dans une vaste nuée moite, dans laquelle tout était un. A l’époque régnait le chaos, qui pris la forme de ténèbres moites à l’intérieur d’un œuf géant, dans lequel le créateur P’an-ku naquit peu à peu à la vie. Il grandit à l’intérieur de l’œuf pendant dix-huit mille ans, puis s’éveilla, et, muni qu’il était d’une hache et d’un burin, se mit à explorer les ténèbres de son œuf, puis fit éclater la coquille. Il envoya ainsi voler les éléments de la création à travers l’espace. Les plus légers et les plus purs (yang) volèrent vers le haut et formèrent le ciel, tandis que ceux qui étaient plus lourds (yi1368o m formr laterrce.Le chaos n’existait alors plus et, sa tâche accomplie, P’an-ku put mourir en paix. En mourrant, il fournit à la terre une multitude de formes nouvelles : le vent (son haleine), le tonnerre (sa voix), le soleil et la lune (ses yeux), les étoiles (ses cheveux) et la pluie (sa sueur). Certaines légendes en font enfin le créateur de l’espèce humaine, mais le plus fréquemment, c’est à la déesse- mère Nügua que ceci est rapporté.

LA CREATION DES PREMIERS HOMMES

La déesse- mère Nügua est considérée comme le premier ancêtre des hommes, mais elle est souvent représentée accompagnée de son frère (ou époux selon les sources) Fuxi, même si celui-ci apparut dans les légendes beaucoup plus tardivement. Nügua et Füxi sont les 2 premiers des 3 Augustes (cf. Fig.8). Elle est représentée soit sous la forme d’une femme, soit sous la forme d’un serpent à tête de femme. On retrouve donc ici le serpent comme symbole de fertilité et de genèse (symbolique qui n’est d’ailleurs pas propre à la Chine).Dans le monde enfin ordonné, elle se promenait et admirait les créatures animales qui vivaient toutes en harmonie dans la nature ; mais Nügua se sentait seule. Elle décida alors de créer des êtres à son image, et, ramassant de la boue, en fit les premiers êtres humains. Elle leur appris à se marier et à procréer ; à cette époque, les hommes, les animaux et la nature vivaient en parfaite harmonie, sans peur ni sentiments négatifs : c’était le paradis primitif, duquel les chinois essaieront par la suite de se rapprocher.

COMMENT LA TERRE ET LE CIEL ONT RETROUVE LEUR HARMONIE

Mais à la suite d’une dispute entre dieux, l’esprit des eaux, Gong Gong (un des ministres de Fuxi), se rua de colère contre le mont Buzhou, le pilier qui soutenait le ciel au nord-est, et le détruit :à cet endroit le ciel et la terre tendirent ainsi à se rapprocher. La terre se souleva donc au nord-ouest et bascula vers le sud-ouest : c’est pourquoi le soleil et les étoiles ont les trajectoires que nous leur connaissons et pourquoi les cours d’eau en Chine coulent vers le sud-est. Là encore, Nügua intervint et, coupant les pattes d’une tortue qu’elle vit, elle les dressa pour en faire des nouveaux piliers aux quatre coins de la terre carrée. C’est à cause de cette légende que la tortue est symbole de stabilité, et également l’animal représentatif de la théorie géomancienne chinoise (taoïste en particulier).Après cet acte, la paix sur terre était enfin revenue avec son harmonie naturelle, et Nügua put enfin mourir tranquille. On voit bien ici que les chinois ne vénéraient pas uniquement leurs dieux mais aussi (et surtout) leurs ancêtres. Nügua (et Fuxi par la suite) fut ainsi consacrée le premier ancêtre de l’homme et resta une des divinités les plus vénérées.

LES GRANDS SOUVERAINS ET LEURS APPORTS A L’HUMANITE

Fuxi est l’ancêtre et empereur mythique connu pour avoir appris aux hommes à chasser et à pêcher (inventant le filet de pêche après avoir observé longuement une toile d’araignée). Il créa en outre les huit trigrammes chers aux taoïstes.Son successeur, Shen Nong (ou Yandi, l’Empereur Rouge), le 3ème Auguste, appris quant à lui aux hommes le labour et la moisson, leur permettant ainsi de devenir sédentaires. Il fut alors vénéré comme le dieu de l’agriculture, et était représenté avec une tête de bœuf (animal symbole de la fertilité des terres). Il convertit les huit trigrammes de Fuxi en soixante-quatre hexagrammes.L’Age des 3 Augustes se termine avec l’arrivée de l’Age des Souverains mythiques.Le début de ce 2ème Age est marqué par le règne d’ un des empereurs mythiques les plus reconnus et vénérés par les chinois : l’Empereur Jaune Huangdi. Souverain éclairé et grand guerrier, on lui attribue notamment l’invention des maisons en bois, des roues, du bateau, des arcs et flèches, et de l’écriture. C’est d’ailleurs certainement à cause de cette dernière invention qu’il est aussi vénéré, eu égard à l’importance que les chinois ont toujours accordée à l’écriture et aux lettrés. Il eut à mener de nombreuses batailles pour que subsistent ordre et harmonie sur terre ; batailles qu’il livra toujours à contrecœur, car il détestait la violence. Il ne se battait que pour restaurer l’ordre partout où il était menacé. Par la suite, il endossa pour cela la responsabilité générale d’Empereur du Centre (l’orient le plus important pour les chinois).Dans cet Age ont succédé à Huangdi : Shaohao, dont le règne fut très court, Zhuangxu (Gaoyang), Ku (Gaoxin), Yao, et, enfin, Shun. Yao était le premier des trois Rois sages loués par Confucius pour s’être dévoués à améliorer le sort et à soulager les souffrances de leurs sujets. Ces rois choisissaient leurs successeurs en fonction de leur vertus et non par droit héréditaire. Yao choisit le vertueux Shun, qui, lui, choisit Yu le Grand.Après le règne de Shun, celui de Yu le Grand marque le début de l’Age des Trois Dynasties. C’est d’ailleurs là que mythologie et histoire chinoise commencent à ne plus se différencier car Yu est supposé être le fondateur de la première dynastie chinoise, celle des Xia. Or, si l’on a longtemps cru que cette dynastie était uniquement légendaire, de récentes découvertes archéologiques tendraient à montrer que cette dynastie aurait réellement existé. On ne le sait pas encore. Il faut également signaler qu’à partir des Xia, la monarchie devint héréditaire, et ce, pendant des millénaires.Après Yu et la dynastie des Xia, ont régné Tang, fondateur des Shang, puis Wen, fondateur des Zhou. Ces deux dernières dynasties sont, elles, avérées historiques. (cf. I/ 1).Nous avons maintenant vu les légendes relatant la genèse du monde, des hommes et des premières dynasties. Une autre légende est incontournable : celle qui a trait à l’un des éléments naturels les plus essentiels : le soleil. Cette légende est, de surcroît, l’une des plus populaires de la mythologie chinoise.

Table des matières

SOMMAIRE
TABLE DES ILLUSTRATIONS
INTRODUCTION
I/ L’INFLUENCE DE L’HISTOIRE DE LA CHINE SUR SON IDEOLOGIE ET SA SYMBOLIQUE
1) LA GEOGRAPHIE ET L’HISTOIRE DE LA CHINE
a- Géographie chinoise
. b- L’Histoire de la Chine
2) L’HISTOIRE RELIGIEUSE ET PHILOSOPHIQUE DE LA CHINE
a- L’évolution historico-culturelle de la Chine
b- Les trois grands courants de pensée chinois : le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme
b1) le taoïsme
b2) le confucianisme
b3) le bouddhisme
3) LES CHEMINEMENTS DE LA SYMBOLIQUE (EN PARTICULIER LA SYMBOLIQUE ANIMALE)
a- Les groupes zoologiques
b- Les résurgences archaïques
c- Les groupes d’emblèmes
d- Les collections animales
II/ LES ANIMAUX DANS LE FOLKLORE ARCHAÏQUE CHINOIS
1) LA GENESE DU MONDE
2) LE TOTEMISME ET SES MANIFESTATIONS
a- Le totémisme en Chine
b- Les manifestations du totémisme
c- Les clans dans la Chine primitive
3) LES RITES ARCHAÏQUES
a- Chamanisme et exorcisme
b- Les métamorphoses, les danses rituelles et les combats
c- Les sacrifices et rites agraires
III/ LES ANIMAUX DANS L’HERITAGE CULTUREL CHINOIS
1) LA RECHERCHE DE L’IMMORTALITE ET LA DIVINATION EN CHINE : UNE GRANDE INFLUENCE TAOÏSTE
a- Les bases de la pensée taoïste et la cosmologie
b- Les animaux dans la divination chinoise c- La recherche de l’immortalité
2) VESTIGES DES DANSES ET COMBATS : LES ANIMAUX DANS LES SPECTACLES ET ARTS MARTIAUX
a- Les arts martiaux et gymnastiques chinois
b- Les spectacles en Chine
c- Les fêtes traditionnelles
3) L’INFLUENCE DES COUTUMES ARCHAÏQUES LIEES AUX ANIMAUX SUR LE MODE DE VIE DES CHINOIS
a- La relation avec la nature : l’écologisme chinois
b- La symbolique animale : numérisation et classification animale
c- Les animaux dans les rébus chinois
CONCLUSION
ANNEXE 1 : LES ANIMAUX ET LEURS SYMBOLES
ANNEXE 2 : LE TAOTIE
ANNEXE 3 : TABLEAUX DES CORRESPONDANCES ZODIACALES
ANNEXE 4 : LES REBUS ANIMAUX
BIBLIOGRAPHIE

Télécharger le rapport complet