Les adaptations culturelles
L’auteur Domingo Villar
natif de la petite ville galicienne de Vigo, est un critique culinaire pour la radio et collaborateur de plusieurs revues gastronomiques. Par ailleurs, il utilise son temps libre à l’écriture de scénario pour la télévision et le cinéma. Il fait ses débuts en tant qu’auteur en 2006, avec son premier roman galicien Ollos de auga, récompensé par le prix Frei Martin Sarmiento. Son premier livre, appartenant au genre du roman policier, met en scène l’inspecteur Leo Caldas et son adjoint Rafael Estévez. Suite au succès de ce premier roman, l’auteur traduit lui-même, alors, son oeuvre en espagnol : Ojos de agua et obtient alors le Premio Sintagma en 2007. Trois ans plus tard, il publie un deuxième roman des aventures de Caldas, La playa de los ahogados, (A praia dos afogados en galicien), traduit en français en 2011 par Dominique Lepreux, sous le titre La plage des noyés. Une troisième aventure est actuellement en cours d’écriture et qui paraitra en Espagne devrait se faire en octobre 2015, sous le titre Cruces de piedra.
Le roman
Ojos de agua nous relate l’histoire de Leo Caldas, un inspecteur solitaire et timide qui collabore, sans grand enthousiasme, avec un programme radiophonique. Il est accompagné par Rafael Estévez, son adjoint venu de Saragosse, brutal, sans-gêne et qui éprouve des difficultés à comprendre les Galiciens et leur ironie. Ce couple étrange et singulier est alors chargé d’enquêter sur le meurtre d’un jeune saxophoniste, Luis Reigosa, et sera conduit la nuit dans les tavernes et les clubs de jazz. Ce roman se distingue, entre autre, par la modernité de l’arme du crime. Alors que dans les premiers romans policiers, les meurtriers utilisaient la pendaison, le couteau, le poison, ou le classique revolver, Domingo Villar semble adapter l’arme de son roman en fonction de la société actuelle, c’est-à-dire plus cruelle et moins humaine. Ce procédé nous fait tout de suite penser à l’horreur que l’on peut lire et voir dans les médias de nos jours, et nous fait nous demander jusqu’où peut aller la barbarie.
La découverte J’ai fait la découverte de ce roman il y trois ans, en troisième année de licence que j’ai effectuée en Espagne, comme étudiante Erasmus. Une de mes professeurs de l’université de Vigo avait conseillé aux français de son cours, pour découvrir un peu la littérature locale, de lire Domingo Villar. C’est en suivant ses conseils que j’ai donc acheté son premier roman. J’ai immédiatement été transportée par ce livre. Le style tout en simplicité de l’auteur et son naturel dans sa façon d’écrire m’ont éblouie. À travers son récit, j’ai ressenti l’attachement qu’il éprouve pour cette région et cette ville. Cette manière de nous montrer Vigo à travers ses yeux donne une tout autre dimension à ce lieu. Par ailleurs, j’ai aussi beaucoup apprécié la particularité qu’ont tous les chapitres de commencer, non pas par un numéro et/ou un titre, mais par un nom commun et les différentes définitions et sens qu’on lui attribue. D’autant plus que les mots qui débutent chaque chapitre ne sont pas choisis au hasard : l’auteur les a soigneusement sélectionnés pour qu’ils aient un rapport avec l’ensemble du chapitre ou avec un moment précis dans ce dernier. Ce détail, qui a néanmoins son importance, a représenté un certains nombres de difficultés durant la traduction ; des problèmes dont j’expose les solutions plus précisément dans le point IV de l’introduction.
La construction du corpus
Afin de former les quatre-vingt pages du corpus, j’ai dû évidemment relire le roman pour sélectionner et découper les meilleurs passages, sans oublier de varier les styles et, en même temps, de montrer les particularités narratives, présenter une partie des personnages et donner envie au lecteur d’en connaitre un peu plus. La difficulté de la construction d’un corpus dans un roman policier est de choisir plusieurs éléments mais sans dévoiler la fin de l’enquête, ni le nom de l’assassin. Je devais donc présenter les éléments principaux : l’inspecteur (le plus important), l’adjoint, la victime, l’arme du crime, les premiers indices, quelques lieux et quelques personnages secondaires.
Le roman de mon mémoire se distingue aussi par la grande présence de dialogue (seuls le premier et le dernier chapitre n’en ont pas) et il m’était alors impossible de soustraire les dialogues du corpus, sans quoi il aurait été décousu et dénué de sens. Je dois admettre que la quantité notable de dialogue dans le roman m’a enthousiasmée : je me suis sentie toujours plus à l’aise dans la traduction de ce style, peut-être grâce à la spontanéité, l’humour et le sarcasme qui règnent dans les prises de parole de plusieurs des personnages. Pour mon corpus, j’ai opté pour un « encadrement » ; c’est-à-dire que j’ai, comme pour la totalité du roman, utilisé le premier et le dernier chapitre. Ils sont à la fois liés et opposés. Plus précisément, le premier chapitre est celui qui nous présente implicitement la victime et les derniers instants de sa vie, le tout en une seule page, avec le mot « obscur » et ses définitions. Ce nom est lié à la fin de la vie de Luis Reigosa, donc lié à la mort et au côté sombre de l’enquête à venir. Aussi, le chapitre « obscur » s’oppose aux premiers mots du roman : « lumière » et « éclat », pour mettre l’accent sur l’obscurité dans laquelle vont plonger soudainement la victime et le lecteur. Mais ce nom se rapporte aussi à l’obscurité du dehors, une « obscurité » qui cachera le crime.
Le dernier chapitre, quant-à lui, aussi en une seule page, nous montre l’inspecteur dans les rues de la ville, l’enquête terminée. Le mot qui domine est « clair », pour indiquer que tout est fini et que la lumière a été faite sur cette histoire, même si on lit les premiers mots « pluie » et « onze heures » qui font référence à la nuit. Finalement, ces chapitres se terminent tous deux par les quatre premières phrases d’une chanson d’Ella Fitzgerald, The Man I Love, une similitude qui nous indique que toutes choses commencent, se terminent un jour, et recommencent, qu’il n’y a jamais vraiment de fin. Je voulais donc conserver cette idée de miroir et de désaccord à la fois en les incluant dans mon corpus.
La suite de l’extrait choisi suit plus ou moins le fil conducteur du récit. Le deuxième et le troisième chapitre présentent au lecteur l’inspecteur Leo Caldas, puis son adjoint, Rafael Estévez. On est ici exposé directement aux caractères des deux personnages principaux et on découvre que malgré leur opposition, ils doivent travailler ensemble. Cette discordance entre Caldas et Estévez me paraissait intéressante pour la traduction car je devais alors alterner une façon de traduire, de rédiger, avec une autre lorsque l’un ou l’autre prenait la parole, pour conserver la façon de parler et le caractère propre à chacun : la politesse de Caldas et la brutalité d’Estévez. Le quatrième chapitre est majoritairement narratif. Je les mis dans mon corpus pour deux raisons : la première pour contrer un peu les dialogues des deux chapitres précédents et varier les styles de lecture ; la deuxième car il est, pour moi, un chapitre de mouvement, c’est-à-dire que les personnages principaux se déplacent dans Vigo pour aller sur les lieux du 11 crime, et c’est à ce moment précis qu’on commence à découvrir la ville natale de l’auteur. Il illustre parfaitement ce que j’expliquais précédemment sur cette « visite guidée » littéraire que nous fait Domingo Villar ; lorsque Caldas se déplace, le lecteur le fait aussi et apprend à connaître Vigo.
Le chapitre cinq, toujours dans le sens de lecture, est celui de la découverte du corps de la victime, ici Luis Reigosa. Un moment des plus importants dans un roman policier, et, en toute logique, il m’était impensable de ne pas intégrer cette partie à mon corpus ; c’est, d’ailleurs, très souvent à ce moment-ci que l’histoire commence vraiment. On y fait aussi la connaissance de deux personnages secondaires qui auront une certaine importance dans la suite du livre : l’agent Clara Barcia et le médecin légiste Guzmán Barrio. Le sixième chapitre de mon corpus ne suit plus l’ordre du roman mais reste malgré tout dans la logique de l’histoire. Comme le quatrième, je lui ai trouvé deux arguments à l’instaurer. Concernant le récit, il s’agit du premier interrogatoire et il me paraissait intéressant de mettre des passages composés de termes techniques, ici autour d’une enquête et de la justice, cela m’a forcée à effectuer des recherches et demander autour de moi les bons mots pour traduire au mieux.
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Table des matières
A. Introduction
I. Présentation générale
a) L’auteur
b) Le roman
c) Une fiction dans la réalité
II. Découverte et construction du corpus
a) La découverte
b) La construction du corpus
III. La traduction
a) Le titre
b) Le corpus
IV. Difficultés et solutions
a) Les chapitres et leurs définitions
b) Les temps verbaux
c) Les adaptations culturelles
d) Les notes de bas de page
V. Le mot de la fin
B. Traduction
C. Annexe
D. Bibliographie
I. Ouvrages
II. Sites Internet
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