Les acteurs et les criteres de la qualite architecturale et urbaine a montreal

« La qualité urbaine ne s’apprécie plus au seul critère du regard mais à travers de nouveaux attributs du paysage tels que le cadre de vie, l’environnement, la santé publique, l’accessibilité, l’attractivité, l’équité sociale et territoriale, la durabilité » . En effet, dans un contexte de mondialisation croissant, la concurrence entre les villes incite ces dernières à se démarquer en développant un cadre de vie de « qualité » pour leurs habitants. En matière de production de l’espace habité, la notion de qualité recouvre bien des domaines : on parle de qualité de l’environnement, de l’habitat, d’un urbanisme et d’une architecture de qualité, etc. La qualité est un élément central dans la conception et l’évaluation d’un projet d’aménagement. C’est la recherche d’un « produit » de qualité qui guide la conception du projet.

L’évaluation du projet fait partie intégrante du processus de recherche de qualité architecturale et urbaine dans la ville. Elle permet de reconsidérer les choix initiaux et d’éventuellement les modifier pour améliorer la qualité du projet. Elle nécessite que chaque acteur qui évalue le projet définisse préalablement la qualité idéalement recherchée. Cette définition de la qualité peut différer selon la position de celui qui juge et selon les objectifs de l’évaluation. Rainier Hoddé, architecte et chercheur français, affirme qu’« il n’y a de qualités reconnues uniquement par ceux qui vivront et feront vivre le projet réalisé » . Ainsi, les personnes ou organismes « extérieurs » au projet, telles que les instances qui remettent des prix pour récompenser les projets de « qualité », comme cela se fait couramment dans ces domaines, ne lui reconnaitraient pas les mêmes qualités que ceux qui sont « impliqués » dans son élaboration et sa réalisation, c’est-à-dire les acteurs locaux, incluant les habitants. C’est cette hypothèse de recherche qui est exploitée dans notre travail, prenant Montréal comme terrain d’étude.

LE CONTEXTE GENERAL DE LA RECHERCHE

Le thème de recherche et le terrain d’étude

Le thème de cette recherche, initialement intitulé « Les critères de la qualité architecturale et urbaine au Québec », renvoie aux notions de perception (plutôt subjective) et d’évaluation (plutôt objective) de la qualité d’un espace urbanisé. Ce travail s’inscrit dans un programme de recherche intitulé « L’architecture de la grande échelle» (AGE). Le terrain d’étude qui a été choisi lors de la réponse à l’appel d’offre de ce programme est le val de Loire. L’objectif du programme est alors d’étudier et de comprendre le processus de transformation de l’espace architectural à l’échelle territoriale du corridor fluvial, considéré comme une entité paysagère comprenant à la fois des espaces naturels et des villes et villages qui émergent du paysage. Il s’agit ici d’explorer ce thème sur un autre terrain, le Québec, et plus particulièrement Montréal. La problématique posée par le programme AGE, transposée à la ville de Montréal, est abordée à une autre échelle. La question de la qualité architecturale et urbaine se pose ici à l’échelle intermédiaire du fragment de ville.

Cependant, notons que les deux territoires choisis pour explorer le thème de recherche présentent le point commun d’être tous les deux inscrits par l’UNESCO pour leur intérêt morphologique ou patrimonial. Le val de Loire est inscrit au titre du patrimoine mondial de l’humanité depuis 2000 et Montréal a été classée ville UNESCO de design en 2006. « Pour la ville de Montréal, le design est une activité d’idéation, création, planification, production et gestion qui façonne la qualité de son cadre de vie, contribue à la compétitivité de son économie, participe à son expression culturelle, renforce son identité et celle de ces entreprises » . Il peut être pertinent de s’intéresser à la manière dont le programme de recherche est abordé sur ces deux territoires en effectuant par la suite une éventuelle comparaison entre les travaux menés sur ces deux terrains d’étude.

L’échelle intermédiaire et les acteurs du design urbain 

Ce travail de recherche ne porte pas sur les critères de la qualité de la ville dans sa globalité, ni au contraire sur ceux de la qualité architecturale d’un bâtiment. Il porte sur une échelle intermédiaire. Il s’agit plutôt ici de considérer l’ensemble architectural et urbain comme une entité à part entière, formant un tout, un paysage « construit ». Cet ensemble est caractérisé par l’articulation de l’architecture (le cadre bâti) avec le reste de l’espace (les espaces publics, les rues, mais aussi la topographie…). Cet ensemble est définit par la relation entre le bâti et le non bâti. La notion de paysage construit ou paysage urbain traduit le fait que tout bâtiment est inscrit dans un contexte, un environnement urbain. Le terme anglo-saxon approprié pour désigner cet intermédiaire (ou articulation) entre l’échelle de l’architecture (échelle du bâtiment) et l’échelle de l’urbanisme (échelle de la ville ou du quartier) est le « design urbain », très utilisé en Amérique du Nord, notamment à Montréal. Son équivalent français est la composition urbaine. Le design urbain est défini comme l’architecture à grande échelle : c’est l’articulation entre le bâtiment et l’espace public. Le design urbain traite de la compatibilité d’un projet d’architecture avec son contexte environnant. Ce critère de compatibilité au lieu fait partie intégrante de la définition du design urbain. Dans son ouvrage Urban Design Review, Hamid Shirvani soulève la problématique des acteurs du design urbain : qui fait le design des villes ? Qui décide de ce qu’est le bon design pour la ville : L’architecte ? L’urbaniste ? Le promoteur ? Les utilisateurs et les habitants ? Les financeurs ?

LA QUALITE EVALUEE ET PERÇUE SELON DES CRITERES

La qualité : notion subjective non mesurable

Etymologiquement, la qualité désigne un état, une caractéristique, qu’elle soit «bonne » ou « mauvaise ». Cependant, nous utiliserons dans ce travail le terme qualité tel qu’il est employé aujourd’hui pour définir une valeur connotée positivement. La qualité est une caractéristique subjective qui, par opposition à la quantité, n’est pas mesurable. La qualité est perçue, évaluée, appréciée, mais pas mesurée quantitativement. Ceci nous amène à nous interroger sur la possibilité et la pertinence d’évaluer la qualité architecturale et urbaine à partir de critères et de normes. Actuellement, les démarches qualité telles qu’elles sont instaurées notamment dans le milieu de la production industrielle se traduisent par des normes, comme les normes ISO , qui répondent à des critères très précis, parfois quantifiables. « Les démarches « qualité » ne répondent pas directement à la question de la qualité, mais sont des principes de contractualisation généralisée, avec l’instauration de normes, de produits conformes *…+ » . Peut-on, comme pour un produit industriel, instaurer des normes généralisées pour évaluer et assurer la qualité d’un projet de design urbain ?

Evaluation et perception

En termes de démarche de projet, l’évaluation fait partie intégrante du processus de recherche de qualité. Elle consiste à porter un jugement objectif sur un objet (un bâtiment, un ensemble urbain…), un projet ou une action (mise en œuvre du projet), selon des critères et une méthodologie définis. Il s’agit d’évaluer la pertinence, l’efficacité, la cohérence, la viabilité, les impacts, etc., du projet. Pour que l’évaluation soit objective et qu’elle puisse être effectuée par plusieurs acteurs qui n’ont pas forcément la même position par rapport au projet, elle nécessite d’établir préalablement une grille de critères relativement précise, partagée par les différents évaluateurs. Cela doit permettre d’encadrer l’évaluation et d’éviter les jugements de goût personnel. Les critères utilisés pour évaluer le projet peuvent être les mêmes que ceux qui sont utilisés pour concevoir le projet : dans ce cas le dialogue est favorisé entre les acteurs (concepteurs et évaluateurs).

Cependant, à la différence d’un produit industriel, un projet d’architecture et d’urbanisme ne peut pas se contenter de répondre à des normes et des critères précis. Quand il s’agit d’évaluer la qualité d’un projet en termes de design urbain, il reste toujours une part de subjectivité qui est liée à la perception. Par exemple, pour juger si un bâtiment s’intègre bien dans son environnement, il ne suffit pas de «vérifier » si les matériaux, les formes, les couleurs…sont conformes aux critères qui sont inscrit dans les règlements. Un tel jugement fait nécessairement et parfois inconsciemment appel à nos sens, notre perception et notre interprétation. Rappelons entre autre la théorie du genius loci de Christian Norberg Schulz, selon laquelle toute intervention dans un milieu urbain doit respecter l’esprit du lieu qui est ressenti. Pour reprendre l’exemple précédemment cité, l’évaluation de l’intégration d’un bâtiment dans un lieu dépend de la façon dont celui qui juge interprète l’identité et le caractère du lieu. Elle dépend plus particulièrement du regard porté sur le lieu et sur le projet. L’évaluation implique en effet « une qualification des formes [du territoire] par le regard, un regard investi de sens, d’expériences,  d’expressions, de valeurs individuelles et collectives, résultant d’une distanciation plurielle et complexe.»  .

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Table des matières

Introduction
Partie 1 : Les critères : des outils d’évaluation, de conception, de dialogue et le reflet de valeurs
I. Le contexte général de la recherche
II. La qualité évaluée et perçue selon des critères
III. Connaissances visées et objectifs de la recherche
IV. Cadre d’analyse et variables
V. Problématique et hypothèses de recherche
VI. Démarche de recherche
Partie 2 : La différence d’approche du projet reflétée dans les critères utilisés pour l’évaluation
I. L’évaluation des projets récompensés par les instances : utilisation de critères pour promouvoir des valeurs exemplaires et des professions
II. La procédure d’évaluation des projets à Montréal : intervention des acteurs locaux dans le processus de design review
III. L’évaluation des projets soumis en consultation publique : utilisation de critères fidèles aux caractéristiques locales
Conclusion
Bibliographie
Table des matières
Table des illustrations
Glossaire
Annexes

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