L’accident vasculaire cérébral (AVC) se définit comme un déficit neurologique d’installation rapide, durant plus de 24h, lié à une dysfonction cérébrale focale, pouvant être mortel, dont la cause apparente est vasculaire (OMS) (42) Dans son rapport de statistiques sanitaires mondiales pour 2008, l’OMS déclare que les AVC constituent la 2ème cause de mortalité à l’échelle mondiale avec 9,7% du total des décès enregistrés. Les projections portent ce taux à 12% en 2030. C’est une affection cosmopolite avec une incidence annuelle de 145 nouveaux cas pour 100000 habitants en France, 2,5 pour 1000 au Vietnam (21) et 0,54 pour 1000 habitants en Tunisie (37). Les AVC constituent aussi un défi de santé publique dans les pays en développement. En effet, au Mali en 2005, ils constituaient le quart des admissions dans le service de cardiologie B du CHU du Point G (15). Ils représentent par ailleurs 45% de la mortalité globale du seul service de Neurologie d’Abidjan en Côte d’Ivoire, et constituent la première affection et la première cause de décès à la clinique de neurologie du CHU de Fann à Dakar au Sénégal. Les facteurs de risque des AVC sont à ce jour assez bien recensés. Il est actuellement possible d’influer avec efficacité sur la plupart d’entre eux. Le rôle des facteurs météorologiques dans la survenue des événements vasculaires, tels que les accidents vasculaires cérébraux a fait l’objet de plusieurs études dans les dix dernières années (14, 51, 52, 54). Les résultats de ces études ont été très divergents : tantôt une saisonnalité a été découverte (16,48,49), tantôt la distribution des AVC au fil des mois est ressortie comme aléatoire (27,44). La plupart de ces travaux ont été réalisés dans des climats tempères, peu d’études concernaient le climat tropical (26, 31).
Le poids économique considérable lié à la prise en charge en phase aigüe ou en phase chronique des patients présentant des AVC, incite à la recherche des facteurs de risque potentiels en vue de mettre en œuvre des mesures préventives visant à réduire l’incidence de cette pathologie grave et invalidante.
LES ACCIDENTS VASCULAIRES CEREBREAUX
Epidémiologie
Fréquences
Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) représentent un problème majeur de santé publique en termes de gravité, de coût et de fréquence. Ils constituent la troisième cause de mortalité après l’infarctus du myocarde et les cancers, la deuxième cause de démence et la première cause de handicap acquis de l’adulte dans les pays industrialisés(4) Au Sénégal, les AVC sont au premier rang des affections neurologiques, ils représentent plus de 30% des hospitalisations et sont responsables de 2/3 des décès dans le service de neurologie de Dakar (20). En Mauritanie les AVC occupent une place prépondérante dans l’activité hospitalière avec 35 pour cent des hospitalisations du service de neurologie de Nouakchott(35).
Morbi-mortalité
C’est la première cause de handicap chez l’adulte. Certaines études ont montré qu’en moyenne 25% des patients victimes d’AVC décèdent dans les jours ou mois qui suivent l’épisode initial, 50% gardent un handicap de sévérité variable avec une dépendance totale ou partielle et 25% récupèrent sans séquelles (47). En France, on a un taux de mortalité de 20 % à 1 mois en 2010(33). Au Togo, les AVC représentent la première cause de décès dans les services de Neurologie (60,7 % des décès toutes causes confondues) avec un taux de mortalité hospitalière à 33,77 %(18). Au Sénégal, à la clinique neurologique du CHU de Fann, les AVC sont responsables de 2/3 de la mortalité.
Coût socio-sanitaire
Les AVC représentent 5 à 7% des dépenses de santé dans les pays industrialisés (13). Dans l’Union européenne (UE), le coût de l’AVC est estimé à plus de 38 milliards d’euro par an (39). En 1996, le coût direct par patient au Sénégal, était évalué à 78426 francs CFA à la clinique neurologique du CHU de Fann(38).Près de 2/ 3 du budget social de l’hôpital et des démarches des assistants sociaux sont consacrés aux victimes d’AVC .
Facteurs de risque
Il existe plusieurs facteurs de risque, parmi eux il y’a certains qui sont modifiables et d’autres non.
Facteurs de risque modifiables
➤A-HTA : L’hypertension artérielle est le plus important facteur de risque modifiable d’infarctus et d’hémorragies cérébrales, quel que soit l’âge : il multiplie le risque d’infarctus par 4 et le risque d’hémorragies par 10 (40).
➤B-Diabète : Le risque d’AVC chez le diabétique est de 1 à 1,5% par an (7). Le diabète de type 2 est de loin plus fréquent que le type 1 : c’est le deuxième facteur de risque cérébral (22).
➤C -Dyslipidémie : Le cholestérol-total apparaît comme un facteur de risque global d’AVC faible selon la méta-analyse de 45 études totalisant 450 000 sujets (Prospective Study Collaboration) (43).
➤D – Obésité : Le rôle de l’obésité comme facteur de risque indépendant de l’infarctus cérébral est démontré avec un risque relatif multiplié par 2 (40), majoré par les facteurs de risque associés comme l’HTA, le diabète et l’hypercholestérolémie.
➤E – Sédentarité : La sédentarité est un facteur de risque bien établi des AVC (2,11). Dans les pays en développement notamment au Sénégal et en Mauritanie, la plupart des femmes ménagères, et même exerçant une activité professionnelle, sont en grande majorité sédentaires.
➤F – Tabac : (Le tabagisme est un facteur de risque indépendant, majeur et modifiable d’AVC essentiellement des IC) et l’on estime à 10 % la proportion d’AVC qui lui est directement et exclusivement imputable (2). Le risque relatif global est d’environ 1,5 (46).L’augmentation du risque est proportionnelle au nombre de cigarettes fumées (28). L’exposition passive serait aussi associée à un risque d’accident ischémique constitué .
Facteurs de risque non modifiables
A – Age : Les études ont démontré l’augmentation du risque d’AVC avec l’âge. En effet, 75% des patients ayant un AVC ont plus de 65 ans (52). Dans la population générale, le risque d’AVC est environ de 0,25% par an. Au-delà de 50 ans, ce chiffre double tous les 10 ans. A l’âge de 85 ans le taux d’incidence d’AVC atteint 3,5% par an (24).
B – Sexe : Les AVC sont 2 à 3 fois plus fréquents chez l’homme que chez la femme entre 55 et 64 ans. La différence entre les deux sexes diminue progressivement pour s’annuler après 85 ans .
Physiopathologie des AVC
Ischémie cérébrale
La suppression de l’apport circulatoire d’un tronc artériel aboutit, lorsque les suppléances ne sont pas parfaitement efficaces, à la constitution d’un infarctus dans le territoire correspondant. Les ischémies peuvent procéder de deux mécanismes différents :
– Thromboembolique ou thrombotique dans la quasi-totalité des cas : occlusion artérielle;
– Hémodynamique beaucoup plus rarement : chute de la perfusion cérébrale sans occlusion, à l’occasion d’un effondrement de la pression artérielle régionale (sténose artérielle pré-occlusive sur athérosclérose ou dissection) ou systémique (arrêt cardiaque). En cas de mécanisme hémodynamique, l’IC touche volontiers une zone jonctionnelle entre deux territoires (perfusion de « dernier pré »). En cas d’IC, il existe :
-Une zone centrale, où la nécrose s’installe immédiatement;
-Une zone périphérique dite « zone de pénombre » où les perturbations tissulaires sont réversibles si le débit sanguin cérébral est rétabli rapidement (premières heures). Cette zone constitue la cible des traitements d’urgence de l’ischémie cérébrale.
Hémorragie cérébrale
L’hémorragie cérébrale, qui représente 20 % des AVC, prend souvent la forme d’un épanchement de sang à l’intérieur de l’encéphale (hémorragie intracérébrale) (8,11). Le saignement responsable de l’HIS (hémorragie intracérébrale spontanée) est généralement attribué à la rupture d’artérioles endommagées par l’HTA (55). Il entraîne la destruction de cellules nerveuses ainsi que la formation d’un hématome et parfois d’un œdème (11). La principale cause de l’hémorragie intracérébrale est l’hypertension artérielle, qui fragilise les vaisseaux. Dès 1868, Charcot et Bouchard ont décrit l’existence de microanévrismes artériels d’origine hypertensive(10). Les travaux histologiques associés aux angiographies post mortem ont confirmé la grande fréquence de ces micro-anévrismes (300 à 900 µm de diamètre) au niveau des bifurcations artériolaires des noyaux de la base et de la capsule interne chez les patients hypertendus (55). Pour Fisher, les micro-anévrismes ne seraient qu’un des aspects d’une dégénérescence plus globale liée à l’HTA : la lipohyalinose qui correspond à une infiltration de la paroi artérielle par des lipides et du matériel hyalin.
DONNEES CLIMATIQUES DE LA MAURITANIE
Situation géographique
La République Islamique de Mauritanie est située en Afrique de l’ouest entre le 15ème et le 27ème degré de latitude nord et le 5ème et 17ème degré de longitude ouest, avec une superficie de 1.030.000 km² environ. Elle est limitée au Nord-ouest par le Maroc, au Nord-est par l’Algérie, à l’Est et au Sud-est par le Mali, au Sud-ouest par le Sénégal et à l’Ouest par l’Océan Atlantique. Son littoral s’étend sur plus de 700 Km. La Mauritanie, pays totalement désertique dans sa partie nord et sahélien dans sa partie sud, se caractérise par un climat généralement chaud et sec marqué par des hivers relativement doux (avec des températures minimales moyennes de 19 à 23°C) et des périodes d’hivernage très courtes (environ trois mois). En saison sèche, les températures dépassent le seuil de 40°C dans la quasi-totalité des régions du pays (exception faite de Dakhlet Nouadhibou). Le domaine sahélien connaît des précipitations annuelles comprises entre 150 et 600 mm, alors que le domaine saharien se caractérise par une pluviométrie annuelle comprise entre 50 et 150 mm.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. LES ACCIDENTS VASCULAIRES CEREBREAUX
I.1 Epidémiologie
I.1.1. Fréquences
I.1.2. Morbi-mortalité
I.1.3. Coutsocio-sanitaire
I.2. Facteurs de risque
I.2.1. Facteurs de risque modifiables
I.2.2. Facteurs de risque non modifiables
I .3. Physiopathologie des AVC
I.3.1. Ischémie cérébrale
I.3.2. Hémorragie cérébrale
II. DONNEES CLIMATIQUES DE LA MAURITANIE
II.1. Situation géographique
II.2. Types de climat
III. INFLUENCE DES FACTEURS METEOROLOGIQUES SUR LA GENESE DES AVC
III.1. Température
III.1.1. Définition et unités de la température
III.1.2. Influence de la température sur la santé
III.1.3. Influence de la température sur la genèse des AVC
III.2. Humidité
III.2.1. Définition et unités
III.2.2. Influence de l’humidité sur la santé
III.2.3. Influence de l’humidité sur la genèse des AVC
III.3. Vent
III.3.1. Définition et unités
III.3.2. Influence du vent sur la santé
III.3.3. Influence du vent sur la genèse des AVC
DEUXIEME PARTIE
I.METHODOLOGIE
I.1. Cadre d’étude
I.2. Type d’étude
I.3. Critères d’inclusion
I.4. Critères de non inclusion
I.5. Recueil des données
I.5.1. Données générales des AVC
I.5.2. Données climatiques
II.RESULTATS
II.1. DONNEES GENERALES DES AVC
II.1.1. Répartition de la population selon le sexe
II.1.3. Répartition de la population par année d’étude
II.1.4. Répartition globale des types d’AVC
II.2. VARIATIONS SAISONNIERES DES AVC
II.2.1. Répartition mensuelle des AVC
II.2.2. Répartition mensuelle des AVCselon les années
II.2.3. Répartition saisonnières des AVC
II.2.4. Répartitionsaisonnière selon le type d’AVC
II.2.4.1. Répartition mensuelle des types d’AVC
II.2.4.2. Répartitionsaisonnière proprement dite des types d’AVC
II.2.4.3. Répartition des types d’AVC par année d’étude
II.2.5. Corrélation statistiques des AVC aux différentes saisons
II.3. DONNEES METEOROLOGIQUES
II.3.1. Température
II.3.1.2. Variation de la température selon les différentes saisons
II.3.1.3. Variation de la température selon les différents mois
II.3.1.4. Variation de la température selon les mois dans les différentes années
II.3.2. Humidité
II.3.2.2. Variation de l’humidité dans les différentes saisons
II.3.2.3. Variation de l’humidité dans les différents mois
II.3.2.4. Variation de l’humidité dans les différents mois de chaque année
II.3.3. Vitesse moyenne du vent
II.3.3.2. Variation de la vitesse moyenne du vent selon les différentes saisons
II.3.3.3. Variation de la vitesse moyenne du vent dans les différents mois
II.3.3.4. Variation de la vitesse moyenne du vent dans les différents mois de chaque année
II.3.4. Corrélation statistique des AVC aux facteurs météorologiques
III. DISCUSSION
III.1. Variations saisonnières
III.2. Corrélations du nombre d’AVC et des paramètres météorologiques
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE