Examen microbiologique
Nous avons effectué un prélèvement cornéen chez tous les patients nécessitant une hospitalisation plus précisément ceux ayant un ou plusieurs facteurs de risque de gravité (10 cas). Parmi ces patients, un examen bactériologique, mycologique et amibien des lentilles de contact et/ou leurs étuis a été réalisé dans 90,90%. L’examen microbiologique n’a pas été réalisé dans 9,1% de cas car ils ont déjà perdu leurs lentilles de contact ou a déjà jeté leurs étuis.
Traitement médical
Dans tous les cas, un traitement antibiotique était instauré par voie topique associé ou non à un antibiotique par voie intravitréenne et/ou par voie générale. Les médicaments topiques utilisés étaient des produits d’officine et/ou de collyres renforcés.
Traitement local Notre traitement consistait en une antibiothérapie topique à large spectre associant fluoroquinolones et/ou aminosides dans la majorité des cas (81,81% soit 45 cas). Dans 18,18% (10 cas) les fluoroquinolones étaient associés à la rifamycine, et dans 9,09% (5cas) les quinolones n’étaient pas utilisées.
Antifungiques collyres : Les antimycosiques collyres à type de fungizone (amphotéricine B) étaient administrés dans 3,63% (2 cas).
Antiseptiques collyres : Les collyres desomedines étaient utilisés dans 41,81% (23 cas). Antiamibiens collyres comme PHMB Ils étaient administrés chez une patiente soit 1,82%.
Corticoïdes collyres : Les corticoïdes collyres étaient administrés dans 63,63% des cas (35 cas). Les collyres corticoïdes étaient seulement instaurés après contrôle de l’infection (quand le test à la fluorescéine devient négatif), après au moins 48 heures de traitement antibiotique, et en cas de persistance de l’inflammation.
Antibiotique en injection intravitréenne On a effectué une injection intravitréenne de vancomycine et de ceftazidine chez une patiente.
Traitement général Antibiotiques par voie générale ( fluoroquinolone ) : Ils sont administrés dans 3,63% des cas (2 cas).
Antifongiques par voie générale (kétoconazole) : Ils sont administrés dans 3,63% des cas
Le genre
Une prédominance féminine a été observée dans notre étude. Selon la littérature, l’abcès de cornée sous lentilles de contact semble toucher les deux genres. Par ailleurs, Une prédominance féminine est retrouvée chez plusieurs auteurs. Lam D et Al [18], en analysant l’incidence et les facteurs de risques de kératite microbienne à Hong Kong, a remarqué que 66% de ses patients sont de genre féminin. Edwards K et al [21], en Australie, révèlent 54,5% des femmes contre 45,5% des hommes. Harchali S [23], sur une statistique portant sur 33 patients du mois de janvier 2007 à novembre 2012 au Maroc, retrouve un pourcentage très élevé de genre féminin (93,94%). Cette majorité féminine peut s’expliquer par le nombre important de femme utilisant des lentilles de contact à visée esthétique.
LES FACTEURS DE RISQUE
Des facteurs de risque de complications infectieuses étaient retrouvés dans la majorité des cas (81,81%) : 38,18% se baignent en piscine ou prennent leur bain ou leur douche avec leurs lentilles, 30,91% gardent leurs lentilles la nuit, le lavage et le séchage des mains avant la manipulation des lentilles ne sont pas systématiquement pratiqués par 12,73% de ces porteurs, 12,73% des patients utilisent l’eau du robinet pour le nettoyage , 3,64% des porteurs utilisent les lentilles ou les boitiers d’une tierce personne. Ces facteurs de risque ont été retrouvés dans les études effectués par plusieurs auteurs. D’après l’étude réalisée en Hong-Kong par DSC Lam, les principaux facteurs de risque sont : le port permanent et nocturne, une mauvaise observance des procédures de nettoyage des lentilles et le tabagisme [18]. Pour A Sauer et al [30], les principaux facteurs de risque mis en évidence lors de leur étude cas – témoins sont comme suit : notion de dépassement du délai de renouvellement dans 20% des cas, une hygiène des mains défectueuse dans 40% des cas et 55% des patients ne rincent ni ne massent leur lentilles avant la pose ou au retrait. Pour les facteurs de risque environnementaux potentiels, 65% des cas déclarent travailler sur écran pour une durée moyenne quotidienne de 05 heures, 40% fument ou subissent un tabagisme passif. Dans l’étude effectuée par JP Colliot et al, en 2008 à Paris, révèle un port durant le bain dans 76%, défaut d’hygiène dans 21%, un port nocturne de 10%, manque d’information dans 25%. [31] Ces résultats pourraient être liés au manque d’information et à la prédominance des jeunes atteignant cette pathologie. Les jeunes, mal informés et par raison esthétique, oublient que les lentilles de contact ne peuvent pas remplacer les lunettes mais elles sont utilisées en complément de leur lentille, ils commettent également des erreurs dans le maniement et l’entretien des lentilles. Ils sont aussi liés au fait que les lentilles cosmétiques sont très facilement accessibles en France (hypermarché, vendeurs de produits cosmétiques, internet…), car non reconnues comme dispositifs médicaux. Dans notre série, des facteurs de risque généraux comme le diabète, le cancer pulmonaire ont été retrouvés dans 7,72%, les sujets âgés sont les plus incriminés. Par ailleurs l’âge constitue un facteur de mauvais pronostic : la durée d’hospitalisation se prolonge chez les patients de plus de 70 ans, et reste moindre pour les moins âgés. Cette même constatation a été faite par bon nombre d’auteurs [18, 24], et peut s’expliquer par la déficience des défenses immunitaires chez le sujet âgé.
L’ADAPTATION MEDICALE
Pour diminuer les effractions épithéliales, il faut : éliminer les rares contre –indications à l’adaptation : anomalie de la surface oculaire, contexte inflammatoire local ou loco régional, certains contextes pathologiques, traitements locaux ou généraux en cours. évaluer les besoins du patient en se basant sur son profil (âge, hygiène, métier, loisirs) mais aussi sur ses attentes et sa motivation. choisir une lentille adaptée : lentille souple ou rigide, à haute perméabilité à l’oxygène, à port diurne et à renouvellement fréquent si elle est souple (journalière, bimensuelle ou mensuelle). sélectionner une géométrie adaptée à la cornée, quel que soit le type de lentille choisie. Pour diminuer la contamination microbienne, il faut : traiter toute blépharite chronique avant l’adaptation. une manipulation et un entretien irréprochable des lentilles. Tout ophtalmologiste doit s’assurer des bonnes règles d’adaptation, il peut si besoin solliciter l’avis d’un confrère contactologue.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE:METHODOLOGIE ET RESULTATS
I.PATIENTS ET METHODES
I.1.OBJECTIFS DE L’ÉTUDE
I.1.1.L ‘OBJECTIF GÉNÉRAL
I.1.1.LES OBJECTIFS SPÉCIFIQUES
I.2. CADRE D’ETUDE
I.3.CRITÈRES D’INCLUSION
I.4.CRITÈRES D’EXCLUSION
I.5.LES PARAMÈTRES ÉTUDIÉS
II.RESULTATS
II.1.CARACTÉRISTIQUES DE LA POPULATION ÉTUDIÉE
II.2.EPIDÉMIOLOGIE DES ABCÈS DE CORNÉE SUR LENTILLE DE CONTACT
II.2.1. Fréquence globale
II.2.2. Répartition selon le genre
II.2.3. Répartition selon l’âge
II.2.4. Répartition selon le délai de consultation
II.2.5. Répartition selon le motif
II.2.6. Répartition selon les facteurs de risques
II.2.7. Facteurs de risque associés
II.2.7.1.Facteurs de risque locaux
II.2.7.2.Facteurs de risque généraux
II.2.8.Répartition selon l’œil atteint
II.3.DONNÉES CLINIQUES
II.3.1. Répartition de l’acuité visuelle initiale
II.3.2. Répartition des abcès de cornée sur lentille de contact selon les signes fonctionnels
II.3.3. Répartition selon la situation de l’abcès cornée
II.3.4. Diamètre de l’abcès
II.3.5. Réaction dans la chambre antérieure
II.4.EXAMENS PARACLINIQUES
II.4.1. Examen microbiologique
II.4.2. Résultats
II.5.TRAITEMENT
II.5.1. Traitement médical
II.5.1.1.Traitement local
II.5.1.2.Antibiotique en injection intravitréenne
II.5.1.3.Traitement général
II.5.2. Traitement chirurgical
II.5.3. Remarque
II.6.EVOLUTION ET COMPLICATIONS
II.6.1. Evolution fonctionnelle
II.6.2. Complications
DEUXIEME PARTIE:DISCUSSION
I.DISCUSSION
I.1.EPIDEMIOLOGIE
I.1.1. Fréquence
I.1.2. L’âge
I.1.3. Le genre
I.1.4. L’œil atteint
I.1.5. Délai de consultation
I.2.LES LENTILLES DE CONTACT
I.2.1. Motif de port des lentilles
I.2.2. Les types des LC
I.3.LES FACTEURS DE RISQUE
I.4.ASPECTS CLINIQUES
I.4.1. Signes fonctionnels
I.4.2. Signes physiques
I.4.2.1.L’acuité visuelle
I.4.2.2.Diamètre de l’abcès
I.5.EXAMENS MICROBIOLOGIQUES
I.6.LE TRAITEMENT
I.7.L’EVOLUTION- PRONOSTIC
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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