L’équilibre et le renouvellement des énergies

L’équilibre et le renouvellement des énergies

« L’équilibre et le renouvellement des énergies assurent le bien-être physique et global. L’équilibre fait davantage appel au contrôle des énergies tandis que le renouvellement concerne l’emmagasinage de nouvelles énergies. L’énergie procure une bonne forme physique et permet l’ouverture d’esprit nécessaire à la santé globale et au fonctionnement général de la personne. » En effet, de lui-même l’enfant alterne ses activités afin de renouveler ses énergies, mais la vie en communauté et le respect des horaires font qu’il ne peut pas toujours « recharger ses énergies » comme il en aurait besoin. Ceci peut entraîner chez l’enfant une fatigue ou au contraire une excitation. Pour lui permettre d’être plus disponible et d’être en adéquation avec son environnement, l’enfant a besoin d’un certain bien-être. Son bien-être de base se constitue par une alimentation riche, variée et équilibrée, d’un soin corporel et d’élimination corrects et d’un temps de sommeil ou de repos de qualité et adéquat en fonction de son âge.

Il est important de « créer en permanence, […], une atmosphère sereine de bien-être, de calme, d’attention visuelle et auditive, de contrôle de soi, de confiance mutuelle, pour que la détente et la relaxation fassent vraiment partie de la vie quotidienne. » C’est pour cela que les EDE se doivent de faire attention aux besoins de l’enfant, ainsi que du groupe en général, et d’y répondre le mieux possible.

Mais pour ce faire, l’éducatrice doit elle-même pouvoir renouveler ses énergies afin d’être disponible en tout temps pour l’enfant et le groupe. « Il faut savoir que si nous voulons aider nos enfants à se détendre, il faut aussi nous y entraîner pour ressentir nous-mêmes, dans notre corps et notre esprit, ce que nous nous efforçons de leur faire ressentir, et le vivre avec eux pour que cela soit profitable aussi bien à l’enfant qu’à l’adulte. »29 Aussi, pour aller plus loin dans le bien-être de l’enfant, l’éducatrice se doit d’alterner les activités qui sont proposées durant la journée et de proposer les bonnes activités au bon moment. Par exemple, lorsque le groupe d’enfants paraît « excité, nerveux, tendu, peu concentré », il serait bien de proposer une activité de type dynamique libre pour leur permettre de décharger leurs énergies.

De même, si le groupe d’enfants semble fatigué, une activité calme, ressourçante serait la bienvenue. « Soulignons que les périodes de jeux moteurs très actifs (décharge motrice) doivent être suivies d’un moment de détente, afin que l’enfant se calme et retrouve réellement le contrôle de soi, caractéristique d’un bon équilibre des énergies. » Inspiré de la thèse de Jeannine Guindon, voici un tableau servant d’indice par rapport à la dépense ou au gain d’énergie liés à certaines activités.

Quelles activités proposer aux enfants ?

Le choix des activités a été réfléchi par les éducatrices après avoir fait des observations de l’évolution de l’enfant. Les activités proposées et mises en place sont là pour lui permettre d’exercer et de répéter ses habilités déjà acquises, d’acquérir de nouvelles compétences, d’explorer l’environnement qui l’entoure, de bouger et de renouveler ses énergies. II est nécessaire de permettre aux enfants de faire et refaire d’anciens exercices parce que ceux-ci leur apportent la sécurité, car ils connaissent l’exercice. La nouveauté met l’enfant dans l’insécurité et le déstabilise.

Il est donc important de varier les deux. Les activités permettent également aux EDE d’accompagner l’enfant dans ses découvertes et d’avoir un rôle préventif. Il existe trois types d’activités :

1. L’activité dynamique Elle est principalement de type moteur et permet à l’enfant de bouger librement. Les exercices proposés sont attrayants et ludiques. Dans ce genre d’activité, nous trouvons, par exemple, les parcours moteurs où l’enfant a la possibilité de sauter, de courir, de ramper, de grimper et de marcher en équilibre. Cette activité permet à l’enfant de prendre conscience de son schéma corporel, d’enrichir sa motricité globale et ses composantes et d’élaborer son organisation perceptive, du temps et de l’espace.

2. L’activité d’expression Ce sont les activités qui permettent à l’enfant de s’exprimer. On y trouve le graphisme (sous différentes formes : peinture, dessin), le théâtre, le chant, la danse, les jeux de rôles, le mime, etc. Les activités d’expression permettent à l’enfant d’explorer son imagination, son schéma corporel, sa coordination, son équilibre, son intellect, ses émotions, sa mémoire, grâce à l’imitation, à la représentation et à la symbolisation.

3. L’activité de détente Cette activité permet à l’enfant de se détendre, de se recentrer et de renouveler ses énergies. A travers des activités calmes et reposantes, en musique ou non, l’enfant participe à l’élaboration de son schéma corporel, à sa régulation tonique, à son image mentale, à un dialogue tonico-émotionnel, à sa confiance en soi, à l’écoute de soi et de l’autre, et à sa mémoire. Il apprend également à ressentir les choses, à prendre conscience de sa vie intérieure, à se détendre et à être touché ou à toucher quelqu’un d’autre. Chacune d’elles sont complémentaires et il est donc important de les varier. Je tiens à ajouter qu’il est important de laisser des moments de jeux libres44 et de ne pas proposer systématiquement des activités dirigées. En effet, lors du jeu libre, l’enfant peut explorer seul, même si l’EDE reste présente pour l’accompagner et lui offrir un climat sécurisant. Le jeu libre permet à l’enfant de développer sa confiance en lui, son autonomie et sa pensée créative. Il est le maître du jeu et peu prendre des initiatives. Dans cette activité, une des notions principale est le plaisir. L’enfant s’implique plus lorsqu’il ressent le plaisir de jouer.

Une psychomotricienne A.L. (de ses initiales) a fait sa formation à Genève au sein de l’école romande de psychomotricité. Au terme de sa formation, elle a été engagée à l’état du Valais et travaille depuis au CDTEA (Centre pour le Développement et la Thérapie de l’Enfant et e l’Adolescent) de Sion. Elle exerce son métier auprès des enfants et adolescents âgés de zéro à vingt ans. Dans sa profession, son travail est varié. Elle reçoit des enfants dans sa salle de psychomotricité pour travailler des points bien précis, mais elle a aussi un rôle préventif et peut répondre aux besoins des crèches.

Il lui arrive d’accompagner une éducatrice de l’enfance pour lui démontrer les exercices que nous pouvons faire pour favoriser telle ou telle compétence chez l’enfant. Il se peut qu’elle travaille en crèche, si elle a été mandatée par un parent. Selon elle, la psychomotricité se définit par la psycho comme étant le travail fait sur le psychisme et la motricité comme étant le mouvement. Ces deux aspects sont complètement liés. « Le mouvement est le langage qui exprime qui on est, dans le moment où l’on est et avec les moyens que l’on a. » Pour travailler sur le psychisme de la personne, elle passe par le mouvement.

Elle voit le corps et le mouvement comme une porte d’entrée. Car le corps est un moyen d’expression, de relation, de découverte de l’environnement. « Je passe donc par le jeu, le corps et le mouvement pour atteindre la personne dans son entier, pour l’aider à reprendre son développement de la manière la plus confortable possible. » Concernant la place qu’occupe la psychomotricité dans le développement d’un enfant de deux à cinq ans, A.L. me le décrit ainsi : « C’est l’âge de l’explosion psychomotrice ! Là où tous les outils se construisent. L’enfant construit son identité, son langage verbal et non verbal ainsi que qui il est. » Elle ajoute également que c’est un âge important au niveau de la construction de sa personnalité, de qui il va devenir. Car en plus des compétences motrices, il développe également celle de la relation à l’autre, à l’enfant et à l’adulte.

Lorsque je lui demande la différence qu’il y a entre le mouvement et la psychomotricité, elle m’explique qu’ils sont très liés. La motricité est un mouvement fonctionnel, c’est le fait d’arriver à faire juste un mouvement, « tandis que le mouvement, c’est plus expressif, plus relationnel. » Ce qui est intéressant dans le mouvement, c’est le lien qu’il y a entre ce que la personne fait et ce qu’elle communique à travers sa façon de bouger. Ensuite, je lui ai demandé ce que des exercices de type moteur pouvaient apporter à des enfants de deux à cinq ans. A cette question, elle soulève qu’un enfant de cette tranche d’âge est de toute façon dans le moteur.

Nous ne faisons que stimuler un développement qui se fait naturellement. Bien évidemment, en adaptant les activités, nous allons renforcer sa confiance en lui et ceci va lui permettre d’explorer encore plus. « Mais ça vient assez tout seul chez un enfant normalement. » A la question : « Pensez-vous que les enfants fréquentant une structure d’accueil ont plus besoin d’activités motrices que des enfants ne fréquentant pas ce type d’établissement ? » elle me répond : « Etant donné que l’enfant a plus de cadre, comme les horaires à respecter, qu’un enfant à la maison, il est important de varier les activités le plus naturellement possibles. » (Concentration, relaxation, mouvement, jeux à l’extérieur, etc.) Et selon A.L., il est essentiel que l’enfant puisse dépenser son énergie et qu’il puisse courir, bouger, crier, faire ce qu’il veut dans une salle suffisamment grande, spacieuse et lumineuse, car ceci est important pour son développement. Selon elle, une psychomotricienne et une éducatrice de l’enfance ont certainement une très grande complémentarité, car elles ont le même but. « En croisant nos regards, nous pourrions beaucoup apporter aux enfants. » Je termine mon interview sur cette phrase qui me fait écho.

En effet, je suis persuadée qu’une psychomotricienne aurait sa place dans une structure d’accueil et qu’elle pourrait beaucoup apporter tant aux EDE qu’aux enfants. Il serait intéressant de voir si dans un avenir proche, ces deux professions collaboreront au quotidien.

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Table des matières

1. INTRODUCTION
1.1. Le mouvement
1.2. La psychomotricité
2. METHODOLOGIE
2.1. Cadre de recherche
2.1.1. Illustration
2.1.2. Intérêt présenté par la recherche
2.2. Problématique
2.2.1. Question de départ
2.2.2. Précisions, limites posées à la recherche
2.2.3. Objectifs de la recherche
2.3. Cadre théorique
2.4. Cadre d’analyse
2.4.1. Terrain de recherche et échantillon retenu
2.4.2. Méthodes de recherche
2.4.3. Méthodes de recueil des données et résultats de l’investigation
3. DEVELOPPEMENT
3.1. Le développement de l’enfant de 2 à 5 ans
3.1.1. Du point de vue de Freud
3.1.2. Du point de vue d’Erikson
3.1.3. Du point de vue de Piaget
3.1.4. Du point de vue de la psychomotricité
3.2. La psychomotricité
3.2.1. Le développement psychomoteur chez l’enfant de 2 à 5 ans
La motricité globale
La motricité fine
Le schéma corporel
3.2.2. L’importance et le rôle des activités psychomotrices
3.2.3. L’équilibre et le renouvellement des énergies
3.3. Le rôle de l’éducateur/trice de l’enfance
3.3.1. Quel accompagnement ?
3.3.2. Les modes d’intervention
3.3.3. « La caisse à outils » de l’éducateur/trice de l’enfance
3.3.4. Quelles activités proposer aux enfants ?
3.3.5. L’intervention éducative à privilégier
3.4. Interview
3.4.1. Une psychomotricienne
3.4.2. Anouk Longchamp
Le programme Youp’ là bouge
La formation continue
Les directives cantonales
La prévention du mouvement faites auprès des structures d’accueil et des parents
3.4.3. Deux éducatrices de l’enfance
Leur formation continue
Leur pratique professionnelle au quotidien
4. CONCLUSION
4.1. Résumé et synthèse du travail
4.2. Limites du travail
4.3. Perspectives et pistes d’action professionnelle
4.4. Remarques finales
5. BIBLIOGRAPHIE

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