Rappels sur la leptospirose
Historique La leptospirose a été décrite pour la première fois en 1886, de manière claire et irréfutable, par le médecin allemand Adolf Weil[15]. Suite à la description de la forme grave de la leptospirose humaine causée par le sérogroupe Icterohaemorrhagiae, elle a été nommée Maladie de Weil[16]. Stimson, en 1907, a observé pour la première fois les leptospires sur des coupes histologiques de rein provenant d’un patient chez lequel avait été diagnostiquée par erreur la fièvre jaune. Il les a décrits comme des organismes spiralés, de couleur noire opaque, avec une ou deux extrémités en crochet et les a dénommés Spirochaeta interrogans en raison de leur forme en point d’interrogation. Il a aussi remarqué leur capacité à former des agrégats dans le tissu rénal[16]. Quelques années plus tard, Noguchi appellera le microorganisme Leptospira icteroides[17]. Les leptospires pathogènes ont été isolés pour la première fois en 1916 par le groupe d’Inada, au Japon, sur le milieu de culture de Noguchi. Dans une remarquable série d’études, le même groupe montrait, entre 1916 et 1918, l’infection expérimentale et la protection passive du cobaye, les modes d’infection, le rôle du rat comme réservoir, la distribution de la bactérie dans les tissus, son excrétion, ainsi que ses caractéristiques morphologiques. À la même époque, la maladie de Weil et l’infection expérimentale du cobaye ont été décrites en Europe par Huebener et Reiter, pendant la Première Guerre Mondiale[18]. Depuis le début du XXe siècle, quelques années après la découverte de l’agent de la maladie de Weil, ont été établis les concepts de base concernant la leptospirose, qui sont encore couramment utilisés aujourd’hui. Les années 1930 -1940 ont été marquées par la description d’autres formes de la maladie comme les formes ictériques, par la découverte d’autres types de Leptospira spp et de nombreux sérovars comme les sérovars Canicola, Pomona, Grippotyphosa et Bataviae, et par la mise en évidence de l’importance de la maladie chez les animaux[17].
Agent pathogène de la leptospirose Les leptospires sont des bactéries appartenant au sous-embranchement des Protozoobacteria, à l’ordre des Spirochétales, à la famille des Leptospiraceae et au genre Leptospira[1]. Il existe 2 espèces de leptospira dont l’une est saprophyte et l’autre pathogène[19]. L’unité de base de la taxonomie de leptospira est le sérovar. L’identification des sérovars est liée et basée sur des réactions sérologiques au lipopolysaccharide. Plus de 250 sérovars pathogènes, et au moins 50 sérovars non pathogènes, ont été identifiés[20]. Tous les sérogroupes et tous les sérovars pathogènes pour les animaux peuvent être également pathogènes pour l’homme [19].
-Morphologie : Les leptospires sont visibles directement au microscope à fond noir (figure 1) ou au microscope à contraste de phase sur préparation humide. Ce sont des bactéries hélicoïdales, mobiles, très allongées, flexibles, Gram négatives. Elles mesurent 6 à 20 μm de long et 0,1 μm de large. Les leptospires ont une forme qui dépend du milieu dans lesquelles elles croissent, et leur mobilité augmente avec la viscosité du milieu[21].
Signes cliniques de la leptospirose
Chez l’homme La contamination est liée au contact direct avec les animaux malades et leurs urines mais surtout avec l’environnement souillé. Elle se fait par contact des bactéries avec les muqueuses et la peau. La salive des animaux n’est pas contaminant. L’incubation dure de 7 à 12 jours [10]. Les formes graves peuvent s’observer avec tous les sérogroupes, même si le sérogroupe L. icterohemorrhagie est responsable des leptospiroses les plus graves [8]. La forme pseudo-grippale est la plus fréquente. Elle associe une fièvre élevée avec des maux de tête, des douleurs musculaires, articulaires, signes qui peuvent régresser en quelques jours puis réapparaître. Des complications viscérales peuvent apparaître au 3 eme jour (5% des cas) : atteinte hépatique avec « jaunisse », insuffisance rénale, manifestations hémorragiques, pneumonie, atteinte cardiaque, neuro-méningée. Le taux de mortalité est de 15 à 40%. Quelle que soit la forme, la mise sous traitement antibiotique précoce améliore le pronostic [10].
Chez l’animal La leptospirose chez les bovins est le plus souvent infra clinique. La proportion d’animaux infectés dépend des facteurs tels que l’âge, le sexe, l’immunité due aux premiers contacts avec les souches pathogènes. Les symptômes sont d’ailleurs d’une intensité différente en fonction des souches infectantes et de la sensibilité individuelle des animaux touchés[33]. Chez les bovins, il est nécessaire d’envisager l’infection par les Leptospira spp à l’échelle du groupe. Les formes subaiguës à chroniques vont dominer chez ces animaux. Cependant, des formes suraiguës, formes aigues, forme subaiguës, formes chroniques sont aussi mentionnées[33].
Traitement de la leptospirose
In vitro, les leptospires sont très sensibles à une grande variété d’antimicrobiens , mais le meilleur choix parmi les agents antimicrobiens testés reste incertain[52]. Selon le consensus de l’American College of Veterinary Internal Medicine (ACVIM) sur la leptospirose, les choix actuels de traitement de la leptospirose sont la pénicilline, la doxycycline, le céfotaxime, la ceftriaxone et l’azithromycine[52]. Pour traiter les êtres humains et les chiens contre la leptospirose, les antimicrobiens de choix sont la pénicilline et la doxycycline[52]. La pénicilline G est efficace cliniquement. Mais il existe des désavantages à savoir la courte durée d’action, la faible absorption gastro-intestinale et des problèmes d’allergie, cela entraine son utilisation moins populaire [52,53]. En pratique on utilise la pénicilline G, 4 fois par jour pendant 7 jours ou la doxycycline 100 mg, 2 fois par jour pendant 7 jours [52, 54]. Il existe certaines préoccupations sur la toxicité de la doxycycline pendant le traitement des femmes enceintes et les enfants[55]. Il semble que seule l’utilisation des antibiotiques qui sont éliminés par le rein permet d’obtenir la stérilisation des porteurs. Chez les bovins, de bons résultats ont été obtenus par l’administration de tétracycline ou d’un de ses dérivés à raison de 10 à 20 mg/kg par voie intramusculaire ou intraveineuse pendant 3 à 5 jours[56]. Cependant, la dihydrostreptomycine est généralement considérée comme l’antibiotique le plus efficace. Le traitement doit être appliqué à tout le troupeau et le milieu désinfecté avec soin afin d’éviter la réinfection des animaux guéris[57].
Discussion sur La prévalence de la leptospirose chez les bétails abattus dans les tueries d’Antananarivo et Moramanga.
Pour apprécier la valeur des résultats de l’étude, il est utile de les comparer avec ceux de la bibliographie, et entre eux-mêmes concernant en particulier les facteurs des risques dans le but d’en constater la différence ou la similarité. Dans les tueries d’Antananarivo et Moramanga, la prévalence globale de la leptospirose chez les bovins et porcins a été estimée respectivement à 25,71% et 11%. Ces taux de prévalence sont supérieurs à ceux d’une étude de la leptospirose en Afrique du Sud 19,4% chez les bovins [68] et en Tanzanie avec 4,42 % chez les porcs [69]. Cette différence peut s’expliquer de plusieurs façons. D’une part, les méthodes utilisées pour la détection la leptospira ne sont pas identiques : certaines recherches ont été réalisées par la mise en évidence la leptospira lors d’observation microscopique alors que d’autres se sont basées sur la détection des bactéries à l’aide de technique de qPCR [51]. D’autre part, le choix de la période de collecte des prélèvements et les facteurs de variation doivent être pris en compte dans l’interprétation des résultats car ces éléments constituent une influence majeure sur les résultats de l’étude [31, 45]. En 2001 une analyse par PCR a été réalisée à Madagascar pour détecter la présence de leptospire dans les reins de 115 rats, 50 zébus et 13 porcs dans un abattoir d’Antananarivo. Dans cette étude, aucun résultat positif a été observé[70]. Une étude menée à Moramanga en 2014 a révélé la présence de prélèvement de sangs positifs en qPCR, mais également des échantillons d’urines positifs :
Dix (10) urines positives par rapport aux 21 testées.
Un (1) sang positif par rapport 56 échantillons testés [14].
L’analyse par qPCR effectuée sur les reins et urine des bétails abattus dans les tueries d’Antananarivo et Moramanga confirme la présence de la leptospirose à Madagascar.
Chez les bovins :
16,19% soit 17 urines positives par rapport aux 105 testées
14,28% soit 15 reins positifs par rapport aux 105 testées
Chez les porcs :
9% soit 09 urines positives par rapport aux 100 testées
2% soit 2 reins positifs par rapport aux 100 testées
Les nombre de cas de leptospirose observé dans cette étude est supérieur à celui constaté en 2014 dans l’élevage des bovins et porcs à Moramanga. L’élévation du taux de portager est liée à la période de prélèvement ainsi que les facteurs de variation (humidité, inondation, climat des lieux d’origine des bovins et porcins) ne sont pas identiques[71].
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. Rappels sur la leptospirose
I.1. Historique
I.2. Agent pathogène de la leptospirose
I.2.1. Morphologie
I.2.2. Caractères culturaux
I.3. Espèces animales réservoirs
I.4. Cycle et mode de contamination
I.4.1. Transmission directe
I.4.2. Transmission indirecte
I.4.3. Voies de pénétration
I.5. Signes cliniques de la leptospirose
I.6. Etapes de l’infection
I.6.1. Phase d’invasion de l’hôte
I.6.2. Phase de dissémination
I.6.3. Phase d’excrétion
I.7. Diagnostic
I.7.1. Diagnostic clinique
I.7.2. Diagnostic différentiel
I.7.3. Diagnostic expérimental
I.8. Traitement de la leptospirose
I.9. Prophylaxie de la leptospirose
I.9.1. Prophylaxie Sanitaire
I.9.2. Prophylaxie médicale
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I. METHODES
I.1Méthodologie
I.1.1 Cadre de l’étude
I.1.2 Justification du choix des quatre tueries municipales
I.1.3 Type d’étude
I.1.4 Période d’étude
I.1.5 Durée d’étude
I.1.6 Population de l’étude
I.1.7 Taille de l’échantillon et mode d’échantillonnage
I.1.8 Limite d’étude
I.1.9 Analyse et traitement des données
I.2 Matériels
I.2.1 Matériels utilisés
I.2.2 Collecte des prélèvements et des données
I.2.3 Analyse au laboratoire
II. RESULTATS
II.1 Prévalence brute de la leptospirose
II.2 Description de l’échantillon
II.3 Effectifs des prélèvements par espèces
II.3.1 Répartition par origine
II.3.2 Répartition par sexe
II.4 Résultats de qPCR reins et de qPCR urines par espèces
II.4.1 Résultats de qPCR des urines
II.4.2 Selon l’état physiologique (Castré ou non castré)
II.4.3 qPCR des reins
II.4.3 Selon les tranches d’âge des bovins prélevés
II.4.4 Selon le mode d’abreuvement des bovins avant abattage
II.5 Résultat chez les porcins
II.5.1. Résultats de PCR en temps réel des reins
II.5.2. Résultats de PCR en temps réel des urines
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
1. Discussion sur La prévalence de la leptospirose chez les bétails abattus dans les tueries d’Antananarivo et Moramanga.
2. Discussion sur les facteurs des variations de la prévalence de la leptospirose chez les bétails
2.1 Chez les bovins
2.2 Chez les porcs
3. Discussion sur la méthodologie
4. Discussion sur la technique qPCR
5. Type de prélèvements
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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