L’entrée progressive dans le XXe siècle avec la famille Falcon de Longevialle 

Des sires de Beaujeu du XIIe siècle à la Révolution française

De très nombreux châteaux du Beaujolais d’époque médiévale revendiquent avoir été bâtis pour être des rendez-vous de chasse des puissants sires de Beaujeu. Même s’il n’existe aucune certitude à ce sujet, plusieurs indices tendent à confirmer que Vaurenard aurait bien été construit à cet effet.

Un rendez-vous de chasse

Les seigneurs de Beaujeu « contrôlaient l’un des principaux axes de communication entre le Sud et Paris, via le Bourbonnais ». Depuis le Xe siècle, ils ont étendu peu à peu leur domination sur les régions du Lyonnais, du Mâconnais, du Forez et de la Dombes. Ce pouvoir a été instauré par des guerres autant que par des alliances politiques. Certains de ces seigneurs ont pris la tête de l’armée royale, comme Humbert V, quand d’autres ont participé aux croisades. Le mariage de Guichard IV16 avec Sybille de Hainaut et de Flandres en 1195 fit entrer les Beaujeu dans la famille royale, le sire de Beaujeu devenant le beau-frère du roi Philippe-Auguste. A la fin du XIVe siècle, Édouard II de Perreux refusa de rendre hommage pour ses possessions en Bresse. Le roi Charles VI le déposséda alors de ses biens. Le Beaujolais perdit ainsi son autonomie et la lignée des Beaujeu, tout comme la ville éponyme, n’eut plus qu’une importance de second ordre.
Il n’existe pas de document mentionnant Vaurenard comme un rendez-vous de chasse des sires de Beaujeu du XIIe ou du XIIIe siècle, mais seulement une tradition orale. Le bâtiment était entouré de forêts, les vignes n’étant alors que rares dans la région beaujolaise.
Le nom du site de Vaurenard trouverait une explication dans son étymologie : vau évoquant une modification du relief, et renard faisant référence aux mammifères qui peuplaient les forêts. « La simple racine du nom de la localité ne prouve-t-elle pas d’ailleurs surabondamment que les rusés mammifères carnassiers […] devaient foisonner dans les fourrés environnants ? » Les formes Vaulxregnard, ou Vaulx-Regnard, apparaissent sur les documents d’archives antérieurs à 160019. L’orthographe de Vaurenard ne varie plus à partir du début de XVIIe siècle. À partir de cette période, les différentes variantes Veaurenard, Vauxrenard, Vaulxrenard et Vaulx Regnard se rapportent en effet à la petite commune de Vauxrenard, qui existe toujours dans le département du Rhône, à environ trente-cinq kilomètres de la commune de Gleizé, au nord-est du département du Rhône. Il n’existe pas de lien historique connu entre cette commune et le domaine homophone.
La seigneurie de Beaujeu possédait un château à Montmelas et un à Pouilly-le-Chatel, sur l’actuelle commune de Denicé, situé à un peu plus d’un kilomètre de Vaurenard. Toutefois, selon H. Peyrelongue, les sires de Beaujeu « habitaient celui de Pouilly de préférence car il était entouré de bois giboyeux ». Les riches seigneurs auraient construit au XIIe ou XIIIe siècle un rendez-vous de chasse à proximité de cette résidence, au coeur des forêts, sur le chemin menant à la nouvelle ville de Villefranche. Il s’agit en tous cas de l’hypothèse donnée par Maurice de Longevialle en 1945, expliquant ainsi la présence de « vieilles pierres qui constituent la solide chaussée », en parlant de l’allée qui traverse le parc du château de Vaurenard d’est en ouest. Le tracé en effet correspond à une ligne droite rejoignant le centre-ville, Vaurenard et Pouilly-le-Chatel.
Nul ne sait en revanche quel seigneur aurait pu faire bâtir Vaurenard. On trouve trace de Pouilly-le-Chatel sous Humbert III de Beaujeu (1130-1193). Pour Louis Falcon de Longevialle (1866-1936), Guichard IV le Grand, seigneur de Montpensier (1160-1216) et petit-fils de Humbert III, connût le domaine. L. de Longevialle s’appuie pour cela sur le récit évoquant la rencontre de Guichard et de saint François d’Assise : revenant de Constantinople vers 1209 où il fut accueilli en tant qu’ambassadeur de France auprès du pape Innocent III, Guichard traversa l’Italie et rencontra saint François à Assise. Convaincu de la piété et des préceptes de ce dernier, il ramena en France trois frères « nommés Michel, Dreux et Guillaume, qu’il mena en ses terres sur la fin de l’année 1210 ». Il les installa à Pouilly-le-Châtel, puis à Villefranche où ils fondèrent un couvent franciscain, « censé [être] le premier couvent de l’Ordre de St-François en France »33. Des fouilles archéologiques préventives ont mis à jour en 2006 les vestiges de l’église conventuelle des Cordeliers datant du XIIIe siècle. Toutefois, pour certains historiens, cet épisode de la vie de Guichard IV pourrait n’être qu’une légende issue d’un manuscrit « fabriqué au XVe siècle par les Cordeliers de Villefranche pour attester l’antiquité de leur monastère »36. Louis de Longevialle était quant à lui persuadé de la véracité de ces faits, comme en témoignent les écrits qu’il a légués à son fils Maurice : « C’est en mémoire de cette fondation que mon père fit entourer de la cordelière de Saint François les initiales de notre nom et le vol de faucons qui décorent la voûte du chartrier ». Une représentation de cette cordelière est également visible dans les vitraux de la chapelle.
La tour sud-est du château de Vaurenard est la partie la plus ancienne. Son architecture prouve une construction médiévale : la croisée d’ogives forme une voûte quadripartite dont la base est carrée. La surface de cette pièce, relativement exigüe, est un carré d’environ 3,5 m de côté. Elle aurait été édifiée au XVe siècle, et est ornée à la retombée des ogives de « culots amusants, d’un art naïf » selon M. Méras. Cette pièce était l’oratoire du château, qui servit de lieu de prière pour les générations qui se sont succédé à Vaurenard, comme en témoignent les quittances de messes44 présentes dans les archives du domaine. Au premier étage de cette pièce se situe le cabinet de la chambre Louis XIV. Sur chacun des murs nord et sud, à environ un mètre du sol, se situe une meurtrière. Ces archères, de relativement faibles dimensions, sont dites archères canonnières, ou canonnières à fente45 car elles sont percées à leur base d’un trou pour l’usage d’armes à feu de petit calibre. Ces éléments architecturaux ne permettent pas de dater précisément la construction du château, d’autant que les archères canonnières étaient souvent des transformations d’archères simples aux XIVe et XVe siècles.
À la lignée des seigneurs de Beaujeu à la tête du château de Pouilly, succéda celle des Bourbon jusqu’au XVIe siècle. En effet, Édouard de Perreux avait hérité de la seigneurie de Beaujeu à la fin du XIVe siècle, de son cousin Antoine sans héritier. Quelques années auparavant, il avait épousé Éléonore de Turenne et de Beaufort, nièce du Pape Grégoire XI. Il alliait alors fortune et terres. « Mais, enivré sans doute par sa trop rapide fortune, il se crut tout permis ». D’un tempérament belliqueux, M. Méras souligne sa « personnalité brutale et tourmentée »47, il refusa l’hommage dû au comte de Savoie pour ses terres de Bresse. Un conflit armé éclata, pour lequel Édouard dû capituler. Le colérique seigneur cumula les démêlés avec les bourgeois de Villefranche, ainsi que d’importantes dettes. Pour M. Méras, « depuis longtemps déjà, Édouard II entretenait d’excellentes relations avec le duc de Bourbon ; le 15 octobre 1391, il instituait son héritier Louis de Bourbon, fils aîné du duc »48. En échange, le duc paya les créances d’Édouard, et en 1400, année de la mort du dernier seigneur de Beaujeu, le territoire passa aux mains de Louis II de Bourbon. Beaujeu fut réuni au domaine royal en 1531.
Durant toute cette période médiévale, Vaurenard resta sans doute un bâtiment rattaché à Pouilly-le-Châtel, sans connaître de changement structurel. À partir du XVe siècle, les propriétaires du château nous sont connus.

Une succession de propriétaires à partir du XVIe siècle

Durant deux siècles, les familles propriétaires de Vaurenard se succédèrent très rapidement49 : le domaine fut légué deux fois seulement en héritage, mais racheté à cinq reprises. Philibert du Crozet fut propriétaire de Vaurenard au milieu du XVe siècle. Il vendit le château à un membre de la riche famille La Bessée, qui le vendit à son tour à Jean Gayand. On sait qu’un certain Laurent Billonnat en donna reconnaissance en 1529 puis en 1532. Puis le domaine fut acquis par Louis Gaspard et transmis à son fils Guillaume. Vaurenard fut racheté en 1597,par Jehan du Sauzay, dont le fils le revendit en 1672 à Claude Corteille. Dès lors, une longue succession familiale débuta, qui perdure jusqu’aux propriétaires actuels de Vaurenard.

Claude Corteille, ou le début d’une longue succession familiale

Anne et Pierre de Beaujeu, régents de France, étaient un couple très populaire dans la ville de Villefranche devenue capitale du Beaujolais, depuis que la région était passée à la Maison de Bourbon à la place des Beaujeu. Leur fille Suzanne avait épousé Charles III de Montpensier. Lorsque ce dernier, connétable de France et seigneur du Beaujolais, trahit le roi François 1er en 1523, ses biens furent confisqués, et le Beaujolais fut gouverné par la mère du roi, Louise de Savoie, jusqu’à sa mort en 1530. Le Beaujolais devint alors un bailliage royal, et Villefranche, ville prospère devenue représentation locale du pouvoir royal, attira une population de commerçants. Ces bourgeois habitèrent dans « les premiers hôtels particuliers de Villefranche (qui) apparurent, témoignant de cette prospérité ».
Parmi ces nouveaux arrivants se trouvait l’arrière-grand-père de l’acquéreur de Vaurenard, Claude, prénommé également Claude Corteille. Il s’était installé à Villefranche au XVIe siècle, quittant La Mure59, dans la haute vallée d’Azergues, dont il était originaire. Son fils Antoine possédait des propriétés, acquises ou héritées, à Lamure, Grandris, Saint-Nizier d’Azergues, etc. Marchand drapier, Antoine fut élu échevin de la ville en 1634. Il épousa Françoise Dortans avec qui il eut dix enfants, dont Claude, le père de l’acquéreur de Vaurenard. Il est à noter qu’Antoine a pris soin très tôt de préparer son fils aux affaires de la famille. En effet, de nombreuses transactions ont été effectuées aux deux noms d’ « Antoine et Claude Corteille, père et fils ». Avec Charlotte Coillet, Claude eut onze enfants, dont quatre filles religieuses au couvent des Ursulines ou au monastère de la Visitation de Villefranche. Acquéreur d’un domaine sur Ouilly en 1636, il vivait ainsi une grande partie de l’année à quelques centaines de mètres de Vaurenard. Son fils Claude II acquit donc Vaurenard en 1672.
Son père et son grand-père, qualifiés respectivement de « marchand bourgeois de Villefranche » et de « marchand bourgeois de Lyon » avaient accumulé une fortune certaine, permettant à une « honorable famille de l’ancienne France, issue du peuple, de s’élever à la bourgeoisie d’abord, puis à la noblesse ». Claude fut anobli grâce à l’obtention en 1676 de la qualité d’écuyer, de la charge de conseiller secrétaire du roi ainsi que de trésorier de France au bureau de finances de la généralité de Lyon.
Claude mourût en 1687, et sa veuve, Françoise Chappuy de la Faye, poursuivit les travaux qu’il avait initiés. L’ajout sur les façades de « créneaux propres à pointer le canon », la construction de murs empiétant sur les chemins et l’édification de « plusieurs colombiers » lui valurent des procédures judiciaires intentées par le duc d’Orléans : Françoise fut condamnée, ainsi que son deuxième époux Aymé Janin, à « abattre les marques de fortification et [à verser] deux mille livres de dommages et interest » . Parmi les communs, une glacière fut construite, puis Françoise remplaça la pièce d’eau « dont subsistent quelques vestiges au sud du bois », par une nouvelle. Il existait sans doute déjà un système orographique d’acheminement d’eau depuis le Nizerand. La terre creusée pour la pièce d’eau fut utilisée en remblai pour créer la terrasse sud. L’entrée du château fut modifiée : jusqu’alors, on pénétrait dans la cour par le sud, sous la voûte au seuil de la chapelle actuelle. La nouvelle entrée fut située à l’ouest, face au bâtiment principal. De ce fait, l’orientation du château se trouva modifiée : de sud-nord, l’édifice fut alors orienté ouest-est. Les Corteille ont ainsi créé le parc de quarante-trois hectares, clos par un mur, et comprenant une pièce d’eau. De nombreuses acquisitions autour de ce parc formèrent une propriété de deux-cents hectares.

La famille Corteille face à la Terreur

Toutefois, François-Gabriel et sa famille vivaient principalement à Lyon, au 12 rue Saint-Joseph, dans le quartier d’Ainay, comme en atteste l’inventaire de ses biens en 179197. Alexandre, le fils cadet de François-Gabriel, avait suivi jusqu’en 1791 des études à l’école royale militaire de Tournon, se destinant au Génie militaire. Les courriers que lui envoya son ami Roquefeuil attestent qu’il était un excellent élève, et tout particulièrement la lettre du 26 août 1790 mentionnant les nombreux prix obtenus par Alexandre en fin d’année. Il conserva de très bonnes relations avec certains de ses enseignants, notamment le père Demore qui ne tarit pas d’éloges et de conseils sur son avenir. Il servit parmi les rebelles lors du siège de Lyon du 4 août au 9 octobre 1793100. Dès la fin de la rébellion, la répression fut mise en place. Alexandre fut arrêté par Benoît Renard, sous-lieutenant de la septième compagnie du bataillon des patriotes de Ville Affranchie, puis incarcéré à la prison militaire des Recluses. « La tradition des siens, dit Louis de Longevialle, rapporte qu’on lui offrit la vie et la liberté à condition de renoncer à ses principes religieux et politiques en acceptant un brevet d’officier dans l’armée révolutionnaire, et qu’à ce reniement le noble jeune préféra la mort ». Aucune trace écrite n’atteste toutefois de cet acte de bravoure. La commission révolutionnaire de Lyon le condamna le 1er nivôse de l’an II comme « Grenadier et contre-révolutionnaire ». Alexandre mourut fusillé ce même jour dans le marais des Brotteaux. Le cas d’Alexandre est « exemplaire du caractère expéditif de la justice révolutionnaire ». En effet, il fut condamné sous le nom de son frère aîné, Antoine-Elisabeth. À la requête de sa mère le 14 floréal an VII, le tribunal civil du département du Rhône constata l’erreur et rectifia ainsi « Il a été procédé en l’audience du 27 germinal dernier, qu’Alexandre-Jean-Baptiste Corteille-Vaurenard, fils puiné, est bien celui qui est décédé en suite du jugement de la Commission Révolutionnaire… ».
Seuls deux Caladois furent arrêtés pour s’être engagés physiquement dans la rébellion : Alexandre Corteille et Philibert Gutton. Tous deux furent exécutés. Gutton lui aussi vivait principalement à Lyon, mais était propriétaire d’un domaine à Ouilly (commune de Gleizé). C. Auberger distingue ces défenseurs de Lyon de ceux qui ont participé financièrement à l’insurrection. Il s’agit de Louis-François Bottu de la Barmondière, qui « utilisa sa fortune personnelle pour inciter des hommes à combattre aux côtés des Lyonnais », et de François-Gabriel Corteille de Vaurenard, le père d’Alexandre. Tous deux furent condamnés et guillotinés à Lyon.
Le 20 septembre 1793, à Lyon, le même citoyen Renard arrêta François-Gabriel sur dénonciation, pour avoir « invité le comité de surveillance de la section d’été de Marseille à désarmer un patriote ». Il fut lui aussi emprisonné aux Recluses. Comme son fils, il fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Lyon le 21 décembre 1793 (1er nivôse An II). Le jour même, il fut guillotiné place des Terreaux. Ce jour-là, soixante-sept personnesfurent condamnées à mort, soit cinquante et une fusillées et seize guillotinées. François-Gabriel fut en plus « contre-révolutionnaire (condamné) à donner 1 000 livres pour le siège »
115, et ses biens furent confisqués. Avant leur exécution, le père et le fils emprisonnés ensemble écrivirent de nombreuses lettres à leur famille, conservées dans les archives de Vaurenard. Les corps d’Alexandre et de son père furent enterrés dans une des fosses où furent ensevelis plus de mille huit cents rebelles du siège de Lyon.
Antoine, le fils aîné de François-Gabriel, s’était engagé dans l’armée d’Italie, comme le prouve l’attestation demandée au service des armées pour rectifier l’identité d’Alexandre . Il mourut le 11 nivôse an VIII (1799), à l’âge de 27 ans, à Castellane. Les biens de François-Gabriel furent séquestrés afin d’être vendus comme biens nationaux. Toutefois, son épouse Marie-Bonne-Fabre du Vernay, leur fille Antoinette-Catherine, et Marie-Magdeleine Corteille, sa soeur cadette, logeaient toujours au château, sous surveillance. Elles réussirent à échapper à la vigilance de leur garde et s’enfuirent en Suisse. Louis de Longevialle rapporta un courrier envoyé par Madame de Vaurenard depuis Assens près de Lausanne. Cette lettre, datée du 21 juillet 1794, était adressée au marquis de Maclas, propriétaire du domaine de la Vènerie. Elle précise que « la difficulté était grande, à cause des scellés chez moi et d’un gardiateur qui ne sortait pas de la cuisine. Cependant j’ai pu le jouer. » Plus loin, elle s’inquiète pour l’avenir financier de sa famille : « L’argent que je faisais passer dans ce pays me sera tout enlevé, je n’ai plus de ressources à Lyon parce que mon père est en prison chez lui et que le séquestre est sur tous ses biens. Il est très infirme et très âgé. La nation, selon les apparences, sera son héritière. » Le domaine, malgré l’absence de ses propriétaires, a échappé à la confiscation et à la vente comme bien national, comme la plupart des châteaux du Beaujolais. Cela est sans doute dû au fait que « Villefranche, ville immédiatement le citoyen d’Apchier, lors de la Commission révolutionnaire de Lyon du 5 avril 1794 . Louis-Charles retrouvait le jour même son épouse, la fille qui l’avait sauvé, et son fils Louis.
Vaurenard fut ainsi occupé durant le premier quart du XIXe siècle par Antoinette-Catherine et Louis d’Apchier. La noblesse avait été abolie en 1790, mais, à la faveur du Premier Empire qui instaurait une nouvelle noblesse, le couple se fit à nouveau appeler par son titre dès 1804. Ainsi, plusieurs documents des archives du château concernent le comte ou la comtesse d’Apchier.

Depuis la comtesse d’Apchier jusqu’au XXe siècle

Vaurenard et la comtesse d’Apchier

Le comte Louis d’Apchier fut nommé à la mairie de Gleizé de 1813 à 1815, puis de 1816132 jusqu’à sa mort en 1830. Ses livres de comptes fournissent de nombreux renseignements sur le personnel employé par le couple, et sur le monde du travail du début du XIXe siècle. Entre 1818 et 1830, trente-deux personnes ont été embauchées. Certaines pour de courtes durées, notamment « Henriette, garde-vache, fille de Claudine Sanlaville, femme de bassecourt ». Les familles, afin de maintenir leur salaire, étaient sollicitées en cas d’absence d’un employé. On apprend par exemple que François Brunet a remplacé son frère Jacques, « qui, malade, n’a pas travaillé ». Il en est de même pour « la petite Roche (bergère), fille de Lamonery ». Les gages étaient généralement versés annuellement, pour des montants variant entre 150 et 288 francs par an, auxquels était ajoutée pour certains « une année de vin »
138. Parmi les postes pourvus, Morel, homme d’affaire, Pierre Vion, le jardinier en chef, accompagné de quatre employés, ainsi que les cuisinières, les domestiques, un cocher, une portière, etc. Le couple d’Achier était à la tête d’un vaste domaine139, couvert en majorité par les vignes. Le vigneron Monnery était aidé à l’année de cinq personnes, auxquelles s’ajoutaient de nombreux vendangeurs en automne.
Le « grand salon » de Vaurenard est orné des portraits de la comtesse et de son mari, ainsi que de ses beaux-parents Joseph et Jeanne du Vernay.

L’édification d’une chapelle néo-gothique

Pour édifier une chapelle digne de ce nom, la comtesse fit appel en 1846 à Tony Desjardins. L’architecte en chef de la ville de Lyon dirigea de très nombreuses restaurations à Lyon et dans les environs, tant d’édifices religieux (église Saint-Pothin à Lyon, église de Salles-Arbuissonnas, chapelle de Brouilly, etc.) que de bâtiments laïcs (Hôtel de ville de Lyon, fontaine Morand, palais Saint-Pierre, mairie du quatrième arrondissement de Lyon, etc.) ou privés (caveaux de cimetières lyonnais, maison particulières). La même philosophie qu’Eugène Viollet-le-Duc l’animait, à la fois dans ses ouvrages de restauration que de création. En effet, il fut très inspiré par l’architecture médiévale, et nombre de ses oeuvres sont de style néo-gothique. L’exemple local de la collégiale Notre-Dame des Marais à Villefranche-sur-Saône est ainsi révélateur de cette approche. Le clocher édifié en 1514, avait été détruit par un incendie en 1566. En 1840, l’église fut inscrite au titre des Monuments historiques. Tony Desjardins fut mandaté pour diriger la restauration de l’édifice en 1862, et, comme Viollet-le-Duc à Notre-Dame de Paris en 1843, il créa une flèche telle qu’elle aurait pu avoir été édifiée au XVIe siècle.
Ainsi, il conçu sa première chapelle, qui fut celle de Vaurenard, avec des caractéristiques empruntées aux églises gothiques. La voûte étoilée sur fond bleu n’est pas sans évoquer la Sainte-Chapelle de Paris. Les murs sont habillés de colonnettes peintes et de tentures en trompe-l’oeil. Les peintures sont de Jean-Baptiste Beuchot (1821-1884), comme l’atteste la signature qu’il a laissée au fond de la chapelle. L’artiste a travaillé à plusieurs reprises avec T. Desjardins, notamment sur le grand chantier de l’hôtel de ville de Lyon. Beuchot est plus connu pour ses peintures décoratives, comme à Vaurenard, que comme artiste peintre.
Dans le choeur, trois baies ont été prévues afin d’accueillir les six vitraux représentant les saints patrons importants aux yeux de la comtesse d’Apchier. Leurs noms en latin sont inscrits au bas de chaque lancette. Ils sont chacun représentés dans une niche au fond coloré de rouge, encadrée de colonnettes grises à la base dorée et aux chapiteaux bleus, et surmontée d’éléments architecturaux gothiques : pinacles, clochetons, arcs, etc. polychromes. L’auteur de ces vitraux est inconnu.
Les deux lancettes centrales figurent l’Annonciation, avec à gauche l’archange Gabriel, qui porte un lys, symbole de la Vierge. À droite se trouve la Vierge Marie, qui tourne son visage vers Gabriel. Dans le tympan, l’oculus est occupé par une colombe auréolée, symbole de l’Esprit-Saint. L’oiseau est entouré de quatre angelots.
Dans la troisième baie du choeur, sur la droite, on peut identifier saint Jean, l’évangéliste, accompagné de l’aigle qui le symbolise. Saint Jean figurait parmi les apôtres de Jésus. Il a une place de choix dans les différents Évangiles149. De plus, il rédigea le dernier des quatre Évangiles canoniques. À sa gauche, l’archange saint Michel est représenté en train de terrasser le démon dont il perce le flanc de sa lance. Pour l’Église catholique, saint Michel est le plus puissant de tous les anges. C’est sans doute pour cette raison que la comtesse d’Apchier a souhaité le voir apparaître dans cette chapelle, au côté de saint Jean. Dans l’oculus qui les surplombe figurent les armoiries des deux familles réunies dans un losange. La première représente le blason de la famille d’Apchier : d’or au château donjonné de trois tours crénelées de gueule, celle du milieu plus élevée et accotée de deux haches d’armes (ou hallebardes) d’azur plantées en pal de chaque côté de la tour150. Le second, d’azur à la bande ondée d’or chargée de trois tourteaux de sable, est celui des Corteille de Vaurenard. Le losange est entouré de la cordelière de saint François d’Assise151, et l’ensemble est surmonté d’une couronne comtale à neuf perles.

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Table des matières

SOMMAIRE 
REMERCIEMENTS 
LISTE D’ABRÉVIATIONS 
INTRODUCTION
CHAPITRE I : HISTOIRE DU CHÂTEAU DE VAURENARD
I.A – Des sires de Beaujeu du XIIe siècle à la Révolution française
I.A.1 – Un rendez-vous de chasse
I.A.2 – Une succession de propriétaires à partir du XVIe siècle
I.B – Depuis la comtesse d’Apchier jusqu’au XXe siècle
I.B.1 – Vaurenard et la comtesse d’Apchier
I.B.2 – L’entrée progressive dans le XXe siècle avec la famille Falcon de Longevialle
CHAPITRE II : PATRIMONIALISATION DU CHÂTEAU 
II.A – Diagnostic de la médiation actuelle de Vaurenard
II.A.1 – Le domaine de Vaurenard dans son environnement culturel
II.A.2 – Étude des attentes du public
II.B – Les médiations envisageables à Vaurenard
II.B.1 – Des acteurs de la médiation nombreux et bien différenciés
II.B.2 – Les conditions d’accueil de Vaurenard
II.B.3 – Les médiations proposées
CONCLUSION
SOURCES
BIBLIOGRAPHIE 
TABLE DES FIGURES
TABLE DES MATIERES
ENGAGEMENT DE NON PLAGIAT 
RÉSUMÉ DU MÉMOIRE

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