L’entrée dans l’école et « devenir élève »

L’entrée dans l’école et « devenir élève »

Partie théorique:

La socialisation:

D’après le PER (2010), la socialisation est l’un des trois apprentissages fondamentaux du cycle 1. En intégrant l’école, le nouvel élève doit faire face à une nouvelle manière de vivre. Selon Dubar (2002), notre identité est ce que nous avons de plus précieux. L’identité humaine n’est pas donnée, une fois pour toutes, à la naissance ; elle se construit dans la confiance et, désormais, doit se construire tout au long de la vie. L’individu ne la construit jamais seul : elle dépend autant des jugements d’autrui que de ses propres orientations et définitions de soi (p.15). Alban-Arrouy, Marchesan et Schmitt (2009) rajoutent que « c’est tout l’enjeu de la socialisation : être soi-même dans un rapport aux autres qui préserve et garanti l’individualité » (p.28).
D’après Maulini (2015), La socialisation est le processus d’apprentissage au cours duquel un être humain devient membre de la société dans laquelle il vit. Elle implique donc l’acquisition de normes et de valeurs, mais aussi de savoirs, de savoir-faire, de comportements, de raisonnements propres à une culture donnée (Socialisation, para.1). La socialisation est donc un processus permettant à l’élève de s’intégrer dans la vie sociale. Chalon et Piton (2012) précisent que le rôle de l’enseignant est d’aider les élèves à s’intégrer dans ce nouveau milieu social. Selon ces mêmes auteures, « la socialisation se poursuit tout au long de la scolarité de l’enfant, l’objectif de l’école étant de donner à tous les élèves les outils nécessaires (intellectuels, relationnels) pour s’intégrer à la société à laquelle ils appartiennent » (p.30).
En se référant à Bourdieu, Chalon et Piton (2012) affirment que les parents transmettent à leur enfant une culture propre à leur idéologie. Celle-ci peut fortement varier d’une famille à l’autre et créer des inégalités « face aux apprentissages et à l’intégration scolaire. Le comportement social de l’enfant varie également sous l’influence de ces inégalités » (p.31). De plus, la socialisation du nouvel élève varie selon différents éléments comme les valeurs de la famille, les valeurs de l’école mais également son comportement face à son environnement. « Les deux premières années de la scolarité sont donc essentielles pour accompagner chaque élève en devenir, d’où qu’il vienne et quel que soit son bagage » (PER, 2010, présentation générale, p.24).

L’entrée dans l’école et « devenir élève » :

Les élèves de première année découvrent l’univers de l’école lors de leur première rentrée scolaire. Cette entrée dans l’école marque le passage dans une culture différente que celle de leur famille. Elle n’est donc pas anodine. En effet, comme le préconisent Perrenoud (1994) et Sirota (1993) cités par Bolsterli et Maulini (2007), l’entrée dans l’école est une entrée dans Une culture plus ou moins nouvelle, plus ou moins familière, plus ou moins étrange et étrangère. C’est découvrir un ensemble de pratiques, de tâches, de codes, de règles, d’usages, de coutumes dont la connaissance et la maîtrise caractérisent l’exercice qualifié du « métier d’élève » (p.7). Ces mêmes auteurs citent également Lahire (2000), Bautier, Charlot et Rochex (2000) en stipulant que l’entrée dans l’école demande aux élèves de s’approprier les savoirs, les compétences mais également les modes scolaires afin de permettre les différents apprentissages tout au long de leur scolarité.
En entrant dans le système scolaire, l’enfant passe par une autre transition qui est celle de passer du statut d’enfant à celui d’élève. Ce nouveau statut, considéré par de nombreux d’auteurs comme un métier, demande à l’élève de s’adapter et d’agir de manière différente qu’à la maison. Selon Perrenoud (1994), l’enfant apprend ce métier généralement « sur le tas ». Avant même d’avoir le guidage de l’enseignant-e, l’élève observe les autres camarades et les imite. « A l’exemple de tout étranger qui cherche à repérer les usages d’un nouveau milieu pour ne pas commettre d’impair » (p.173). L’élève apprend également son métier par « l’appropriation des représentations sociales du métier d’élève qui circulent parmi ses pairs aussi bien que parmi les adultes et par intériorisation de contraintes objectives qui induisent des réponses adaptées aux situations scolaires quotidiennes » (p.172).
Amendola (2016) explique qu’un enfant qui pleure lors de la séparation présente un comportement ordinaire. Il se trouve dans une situation stressante et doit se séparer d’une figure d’attachement qu’il lui procure la sécurité et la confiance. L’enseignant-e doit être présent-e pour le rassurer et lui montrer qu’il est en sécurité. Il faut cependant être vigilant avec les élèves qui sont tristes et qui pleurent durant une longue période.
Pour Chalon et Piton (2012), le premier objectif de l’école maternelle est de « devenir élève ». Par ce rôle, l’enfant apprend à maitriser ses pulsions, à respecter l’autorité de l’enseignant et à communiquer avec ses nouveaux camarades. Il apprend également à apprendre et à être curieux face à son environnement. L’enfant : Se découvre comme sujet capable de penser. Il va respecter l’autre et lui-même, parce qu’on l’aura respecté en tant que personne, qu’on aura développé sa confiance en lui, l’estime de soi, de tous et de chacun en prenant en compte les différences de quelque nature qu’elles soient. (p.17). Toujours selon les mêmes auteures, en devenant élève, l’enfant apprend à partager ses connaissances ainsi qu’à vivre sous les contraintes de la vie en société. Il ne peut plus se comporter de la même manière que dans son contexte familial. Ces propos rejoignent l’avis de Perrenoud (1994) qui affirme que l’enfant ne peut plus capter l’attention de l’enseignant-e comme il le fait avec ses parents. Il n’est plus le centre de l’attention et doit contenir ses frustrations ou émotions. « L’exercice du métier d’élève est alors le produit d’une socialisation implicite, voire invisible, d’un processus de régulation» (p.174). De plus, « l’élève investit son métier à partir de sa singularité, mais aussi de tout ce qu’il doit aux diverses facettes de sa socialisation » (p.172).
Amigues et Zerbato-Poudou (2009) confirment tous ces propos en stipulant que : En rentrant à l’école, ce dernier [l’enfant] va vivre un changement radical de statut, de relations sociales, de rapport au monde qui ne s’improvise pas. C’est dans et par les rapports sociaux qui vont s’établir au sein de chaque classe, au travers des situations d’apprentissage et dans un milieu spécialement conçu à cet effet, que l’enfant construira son métier d’élève. (p.198).
En résumé, l’entrée dans la scolarité est une période composée de grands changements pour l’enfant. Il doit apprendre à vivre avec un nouveau groupe de personnes qui ne se comporte pas de la même manière que celui de sa famille. De plus, il doit passer du statut d’enfant au statut d’élève. En entrant dans le système scolaire, l’enfant ne pourra plus se comporter de la même manière qu’à la maison.

Les routines et les rituels :

Selon Lacourse (2002), les routines sont un organisateur de la gestion de classe et peuvent contribuer à la qualité de l’apprentissage des élèves. Toujours selon la même auteure, les routines de communication permettent de réguler les interactions et de définir les comportements verbaux et non-verbaux durant les divers types d’échanges. Les routines ont aussi pour fonction de planifier les différentes transitions d’une journée : transition entre famille-école, transition entre les différentes activités et transition au moment de la récréation. Ces transitions facilitent le passage harmonieux entre le foyer familial et l’établissement scolaire car ces moments sont identiques chaque matin et deviennent donc un automatisme pour les élèves. Ils leur donnent des repères pour se préparer à leur journée.
Selon Lacourse (2009), il existe trois fonctions des routines professionnelles. La première se réfère aux « routines de gestion de l’enseignement ». Celles-ci concernent les manières d’enseigner, de transmettre les informations, les consignes, etc. La deuxième routine se réfère à la « gestion sociocommunicationnelle » qui définit les différents types d’interactions au sein de la classe par exemple, comment se déplacer en classe, comment prendre la parole, etc. Enfin, la troisième routine se réfère à la « gestion spatiotemporelle ». Celle-ci indique comment ranger le matériel, comment gérer les transitions entre les différentes activités, etc.

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Table des matières

1.Introduction
1.1 Le début du cycle 1 et les apprentissages fondamentaux
1.2 La rentrée scolaire
1.3 Explication du projet
2. Problématique
2.1 Question de recherche
2.2 Hypothèse
3. Partie théorique
3.1 La socialisation
3.2 L’entrée dans l’école et « devenir élève »
3.3 Les routines et les rituels
3.4 L’accueil des élèves
3.5 L’accueil des parents
3.6 Les règles de classe
3.7 La découverte de l’établissement
4. Partie expérimentale : dispositif
4.1 Classes
4.2 Déroulement et outils de récolte des données
4.2.1 Grille d’observation
4.2.2 Entretiens avec les élèves
4.2.3 Entretiens avec les enseignantes
4.2.4 Méthode d’analyse des données
5. Partie expérimentale : analyse des données
5.1 La rentrée scolaire de la classe 1
5.1.1 L’accueil des élèves
5.1.2 L’accueil des parents
5.1.3 Activités de présentation et constitution du groupe classe
5.1.4 Les règles de classe
5.1.5 La découverte de l’établissement
5.1.6 Les routines et les rituels
5.1.7 Vision globale de chacun
5.2 La rentrée scolaire de la classe 2
5.2.1 L’accueil des élèves
5.2.2 L’accueil des parents
5.2.3 Activités de présentation et constitution du groupe classe
5.2.4 Les règles de classe
5.2.5 La découverte de l’établissement
5.2.6 Les routines et les rituels
5.2.7 Vision globale de chacun
5.3 Synthèse et comparaison des deux classes
6. Conclusion
7. Références bibliographiques
8. Annexes
8.1 Grille d’observation des deux premières semaines pour les deux classes observées
8.2 Canevas d’entretien individuel avec l’élève
8.3 Pictogrammes des émotions utilisés lors des entretiens avec les élèves
8.4 Synthèse des réponses des élèves de la classe 1
8.5 Synthèse des réponses des élèves de la classe 2
8.6 Canevas d’entretien avec l’enseignante
8.7 Retranscription de l’entretien avec l’enseignante de la classe 1
8.8 Retranscription de l’entretien avec l’enseignante de la classe 2
Résumé
Mots-clés

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