L’entraînement annuel des cyclistes de compétition
CADRE THÉORIQUE
Les prochaines pages auront comme objectif principal de présenter les caractéristiques des cyclistes selon ce qui est connu dans la littérature scientifique. Nous ferons une présentation générale du cycliste de compétition et surtout des caractéristiques de ceux qui résident au Canada. De plus, nous décrirons les exigences de performance pour réussir en cyclisme de compétition . Finalement, nous examinerons un concept étroitement lié aux camps d’ entraînement, l’entraînement d ‘endurance à court terme, afin d’ exposer les adaptations physiologiques, biochimiques, métaboliques et psychologiques qui sont susceptibles de survenir après un camp d’ entraînement.
L’entraînement annuel des cyclistes de compétition
Les cyclistes professionnels évoluant en Europe peuvent rouler à l’ extérieur pratiquement toute l’ année, pour des distances totales variant entre 30 000 et 35 000 kilomètres (km) (voir annexe B, Jeukendrup et coll., 2000). Chez les femmes , à notre connaissance, il n’ existe aucune donnée sur le volume annuel d’ entraînement.
Jeukendrup et coll. (2000) estiment qu ‘ un cycliste de classe élite roulera en moyenne jusqu’ à 650 km par semaine, contre 250 km pour un cycliste de bon niveau. Bien qu ‘ à notre connaissance aucune donnée scientifique ne le confirme, le volume d’ entraînement annuel des cyclistes québécois et canadiens de haut niveau se rapproche probablement des cyclistes élites européens. Cependant, au Québec, les cyclistes et entraîneurs parlent davantage du volume d’ entraînement en nombre d’ heures et non pas en nombre de kilomètres (voir annexes C à F). Aussi sera-t-il probablement régi selon le nombre de courses auxquelles le cycliste participera durant une saison, associé à la classe compétitive à laquelle il appartient (Jeukendrup et coll., 2000).
La distribution annuelle de l’ entraînement et de l’intensité se fera en fonction de périodes précises dans le plan d’ entraînement. Par exemple, la dernière compétition du calendrier professionnel sur route de l’ Union Cycliste Internationale (UCI) en 2013 était le Tour de Beijing, du Il au 15 octobre l . De façon générale, après cette dernière course, les cyclistes s’octroieront quelques semaines de repos plus ou moins complet, en conservant un volume d’ entraînement très faible, majoritairement autour d’ une à deux heures par jour à des intensités en dessous de 60% du V02max (Sassi, Impellizzeri, Morelli, Menaspà et Rampinini , 2008). Ensuite, durant le mois de décembre , les cyclistes professionnels reprennent graduellement l’ entraînement en vue de la nouvelle saison cycliste qui débutera dès janvier (Sassi et coll. , 2008). Lors de la saison morte, certains paramètres physiologiques diminueront légèrement (V02max, PAM, seuils lactiques, économie d’ effort, etc.) en raison de la baisse d’ intensité de l’ entraînement lors de la phase annuelle de transition (Sassi et coll. , 2008).
Pour la plupart des cyclistes compétitifs du Québec et du Canada, l’ entraînement hivernal spécifique au cyclisme se déroule très souvent à l ‘ intérieur, sur un vélo stationnaire ou en salle de musculation (Thibault, 2010). Il y a aussi la possibilité de pratiquer une discipline sportive différente (cross-training) comme le ski de fond ou la course à pied, sans toutefois retrouver le principe de spécificité . Bien que le vélo stationnaire ou le « rouleau » à base fixe soient des outils qui répliquent très bien le mouvement du cycliste, il semble néanmoins légitime de croire que les conditions intérieures ne reflètent pas exactement les conditions réelles comme l’ ont déjà expliqué Bertucci, Grappe et Groslambert (2007). Ceci sera discuté au point 3.4, mai s il semble d’ abord important de définir et comprendre le camp d’entraînement.
Les camps d’entraînement
À notre connaissance, aucun article scientifique ne s’est penché précisément sur l’ observation des effets des camps d’ entraînement, bien que le terme soit utilisé dans quelques travaux (Levine et Stray-Gundersen, 1997; Jones et Carter, 2000; Hawley et Stepto, 2001 ; Faude, Meyer, Urhaussen et Kindermann, 2009; Sli vka, Hailes, Cuddy et Ruby, 2010). Or, il semble pertinent de le définir tel qu ‘ il est vécu par plusieurs cyclistes compétitifs canadiens. Il s’agit d’une période d ‘ entraînement d’ une durée précise, souvent comprise entre 7 et 21 jours, dans la phase précompétitive , où le cycliste quitte vers un lieu géographique propice à la pratique du vélo afin d’ accumuler un maximum de volume d ‘ entraînement (en heures ou en km). Le tout est réalisé dans le but de préparer le cycliste à la saison de compétition qui approche (Hawley et Stepto, 2001).
Bien qu ‘ ils soient souvent réalisés en plaine ou en terrain vallonné , voire en terrain montagneux, il arrive aussi que les camps d ‘ entraînement se réalisent en altitude pour des raisons physiologiques (Levi ne et Stray-Gundersen, 1997). De plus, si l’ objectif primaire est généralement de cumuler un grand volume d’ entraînement, il est fréquent d’ observer des camps plus « intensifs », dépendamment du temps de l’ année où ils seront pratiqués . Ultimement, le fait d’ augmenter son volume d’ entraînement permettra possiblement au cycliste d’ optimiser divers paramètres rattachés à la performance, comme la technique (le coup de pédale, la coordination gestuelle, etc.), de même que ses capacités physiques (Jones et Carter, 2000; Sassi et coll. , 2008; Grappe, 2009). En raison des fluctuations saisonnières des capacités physiques du cycliste, et pour l’ entraînement global du cycliste (Sassi et coll. , 2008), les camps d’ entraînement semblent être une pratique intéressante en début de saison. On remarque aussi que certains cyclistes participent à plusieurs camps d’entraînement lors de cette période de l’année.
Si l’ idée première des camps d’ entraînement est d’ offrir aux cyclistes une période de plusieurs jours où ils peuvent rouler et acquérir un grand volume d’ entraînement, d’ autres objectifs sont également poursuivis: des objectifs 1) physiologiques (améliorer la capacité d’ endurance aérobie , effectuer du travail en iritervalles de haute intensité, absorber un volume d’entraînement optimal, etc.), 2) techniques (améliorer la technique de pédalage et les gestes techniques propres au cyclisme de route ou de montagne, améliorer les comportements en peloton, etc.), 3) tactiques (développer des stratégies de course, lancer des attaques ou y répondre , etc.), 4) psychologiques (amener l’ athlète à travailler sur sa force mentale en situation difficile, à analyser des situations particulières , renforcer les liens entre coéquipiers , etc.), et 5) personnels (intégrer les nouveaux athlètes au groupe, offrir des cliniques éducationnelles sur différents sujets pertinents, etc.) (Hugues, 2011 , données non publiée s).
Le tableau 3.2 relate l’ entraînement typique effectué par des cyclistes professionnels européens de niveau mondial lors d’ un camp d’ entraînement pré-saison d’ une durée de 2 à 3 semaines (Hawley et Stepto, 2001). On peut observer que la plus grande partie du temps d’ entraînement se réalise à intensité faible à moyenne, rarement élevée. Aussi, il est intéressant de noter que le temps d’ entraînement est rarement sous trois heures par jour, ceci démontrant l’ objectif primaire du camp qui est d’ absorber un volume d’ entraînement en endurance relativement élevé .
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Table des matières
1. INTRODUCTION
1.1. Les obstacles des cyclistes canadiens (et leurs sol utions )
2. PROBLÉMATIQUE
3. CADRE THÉORIQUE
3.1 : L’entraînement annuel des cyclistes de compétition
3.2 : Les camps d’entraînement
3.3 : Déterminants de la performance d’endurance en cyclisme
3.4: Notions biomécaniques rattachées au cyclisme
3.5 : L’entraînement en endurance à court terme (Short-term endurance training)
3.5.1 : Entraînement d’endurance à court terme et paramètres maximaux
3.5.2 : Entraînement d’endurance à court terme, métabolisme musculaire et cinétique de production de lactate
3.5.3 : Entraînement d’endurance à court terme adaptations cardiovasculaires
3.5.4 : Entraînement d’endurance à court terme et oxygénation du muscle squelettique mesurée par spectroscopie proche infrarouge (SPIR)
3.5.5 : Limites des études sur l’entraînement d’endurance à court terme
3.6: L’état psychologique à considérer dans les camps d’entraînement
4. QUESTIONS DE RECHERCHE
5. HyPOTHÈSES
6. PHYSIOLOGICAL AND PSYCHOLOGICAL ADAPTATIONS OF TRAINED CYCLISTS TO A CYCLING TRAINING CAMP
6.1: Abstract
6.2: Introduction
6.3: Methods
6.4: Results
6.5: Discussion
6.6: Conclusion
6.7: Conflict ofinterest
6.8: References
7. DISCUSSION GÉNÉRALE
7.1 : Changements dans les paramètres d’économie d’ effort
7.2 : Liens entre la hausse des paramètres d’économie d’ énergie et le métabolisme musculaire
7.3: Les mécanismes d’ adaptation neuromusculaire comme voie potentielle d’amélioration des paramètres d’économie d’ effort
7.4 : Effets des camps d’ entraînement sur les capacités sous-maximales et maximales
7.5 : Effets des camps d’ entraînement sur le niveau de stress psychologique
7.6: Limites de l’étude
8. CONCLUSION
RÉFÉRENCES
ANNEXE A. Cycles d’entraînement annuels pour un sport d’endurance
ANNEXE B. Estimation de l’ inertie au pédalier pour différents ergomètres
AN:NEXE C. Entraînement pour l’équipe du Québec junior hommes et sénior femmes de vélo de montagne: camp de janvier 2013 .
ANNEXE D. Entraînement pour l’équipe du Québec sénior hommes de vélo de montagne : camp de janvier 2013
ANNEXE E. Entraînement pour l’équipe du Québec junior hommes et femmes, et U23 de vélo de montagne: camp de printemps
ANNEXE F. Entraînement pour l’équipe du Québec sénior hommes et femmes, et U23 de vélo de montagne: camp de printemps
ANNEXE G. Caractéristiques physiologiques de cyclistes « entraînés », « bien entraînés », « élites » et « de niveau mondial
ANNEXE H. Caractéristiques physiologiques des femmes cyclistes de niveau élite mondiale, en fonction de leur spécialité respective
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