L’enseignement en milieu défavorisé et ses caractéristiques
LE CONTEXTE ET DOMAINE DE RECHERCHE
On s’intéresse à la clientèle scolaire de milieux défavorisés depuis des décennies, car celle-ci est aux prises avec un problème de faible rendement scolaire. Plus que toute autre population de milieux défavorisés, la population d’Haïti est confrontée à un problème de rendement, particulièrement en mathématiques. Selon le Rapport du MENJS (1996), ce problème touche 70 à 80 % de la population des élèves scolarisés au niveau primaire. Lorsqu’on considère plus spécifiquement la situation des élèves de l’ordre primaire en milieux défavorisés, le problème de rendement en mathématiques est encore plus préoccupant. À cet effet, un test de mathématiques a été soumis à un échantillon de 31 écoles de milieux défavorisés pour évaluer la performance des élèves en mathématiques. L’analyse statistique des résultats de la performance n’était pas satisfaisante : la note moyenne était de 47,3 %, soit un score inférieur au seuil de passage utilisé par le MENJS qui est de 50 % (Rapport d’évaluation ED2004 : Juarez et Associates, 2001).
De manière générale, les explications données par les chercheurs pour le faible rendement scolaire en mathématiques chez les élèves haïtiens de milieux défavorisés sont de deux ordres. En effet, Germain (1997) souligne des difficultés d’ordre sociopédagogique liées, d’une part, à la situation socioéconomique et, d’autre part, selon le MENJS (1998), à des difficultés d’ordre psychopédagogique relatives au choix des contenus dispensés, des programmes, des méthodes d’enseignement et des structures organisationnelles. Ajoutons à ces difficultés, celles qui pourraient provenir de la relation entre l’approche pédagogique et les pratiques d’enseignement en classe. C’est d’ailleurs sur cette question que nous nous pencherons ici.
LES CARACTÉRISTIQUES SOCIOÉCONOMIQUES D’HAïTI
Comme nous l’avons mentionné au point précédent, le facteur socioéconomique est un des facteurs ayant une grande incidence sur le rendement scolaire et il serait important de faire l’état de la situation socioéconomique d’Haïti. « Haïti est un pays extrêmement pauvre, les indicateurs sociaux sont alarmants, l’économie est en détresse ». C’est ainsi que commence le document de la Banque mondiale sur la stratégie d’aide à Haïti. Les chiffres qui suivent peuvent en témoigner: une croissance économique inférieure à la production; une population supérieure à la production, soit 530 personnes par kilomètre carré, alors que la densité pour le pays serait de l’ordre de 290 personnes au km2. Le chômage touche environ 70 à 80 % de la population. Par ailleurs, on constate une absence de ressources nécessaires en quantité suffisante pour satisfaire les besoins essentiels de la population (Louis-Jean, 2001). Par exemple, dans le domaine de l’éducation, le taux de scolarisation primaire net est de 65 ¾ et le ratio maître/élève de 33,6 %. De plus, le taux de déperdition scolaire est de 87 ¾ et le taux d’alphabétisation est de 58 % avec un taux de 1,2 % pour la scolarisation du troisième degré.
Du point de vue démographique, le taux d’accroissement de la population actuelle est estimé à 2,3 % par an, ce qui signifie que, annuellement, la population augmente de 200 000 personnes. D’autre part, le taux brut de natalité est à 34,6%, celui de la mortalité à 10,72 %, alors que la mortalité infantile est de 86 % et l’espérance de vie de 52 ans pour les hommes et de 56 ans pour les femmes (Rapport UNICEF, Haïti 2001). L’économie est en détresse avec une population en deçà du seuil de pauvreté (65%) (Rapport PNUD, 1998).
Face à cette situation, le système éducatif haïtien, dans sa globalité, n’est nullement adapté et ne permet pas de résoudre les problèmes de développement. Élitiste et négligent, il ne profite qu’à une minorité qui, très souvent, abandonne le pays. Selon un rapport du MENJS (1995), près d’un million d’enfants ne peuvent fréquenter l’école, soit parce que les établissements n’existent pas ou parce qu’ils sont éloignés de leur résidence. Les besoins scolaires demeurent loin d’être assurés (Rapport de synthèse diagnostic technique du système éducatif haïtien, 1995).
L’enseignement fondamental
En tenant compte du contexte de notre problématique, nous mettrons tout d’abord l’accent sur l’enseignement fondamental, ensuite sur le corps enseignant et enfin sur les programmes d’études et les matières.
Le niveau d’accès à l’école de la population d’âge scolaire demeure l’un des défis majeurs du système éducatif. Moins de 50 % du groupe d’âge scolaire (6-12 ans) se retrouve à l’école (Rapport de synthèse, MENJS, 1995). Selon Webster, Gabriel et Wilfrid (1999, p. 259), chaque année, 68 % d’une génération scolaire ne trouvent pas les moyens de s’inscrire dans une école publique. Parmi ce nombre, on ne trouve que desgens des milieux défavorisés. Sur l’ensemble des 1 156 937 enfants scolarisés au niveau primaire, en 1995, presque 67 % sont contraints de fréquenter une école privée, soit parce que les établissements publics n’existent pas ou qu’ils sont éloignés de leur résidence. Cette situation, constante depuis 1987, illustre l’importance de l’effort des parents pour assurer la scolarité de base à leurs enfants (PNEF, 1997), tâche qui devrait être assurée par l’État haïtien selon les exigences de la Constitution de la République (Article 32-2 Constitution d’Haïti, 1987).
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CHAPITRE I – PROBLÉMATIQUE
1.1 Le contexte et le domaine de recherche
1.2 Les caractéristiques socioéconomiques d’Haïti
1.3 Le système éducatif haïtien : finalité et but
1.3.1 L’enseignement fondamental
1 .3.2 Le corps enseignant
1.3.3 Les programmes d’études, les matières et les pratiques d’enseignement
CHAPITRE II – CADRE CONCEPTUEL
2.1 L’enseignement en milieu défavorisé et ses caractéristiques
2.1.1 Les définitions de milieu défavorisé
2.2 Le rendement scolaire et l’apprentissage des mathématiques
2.3 L’enseignement des mathématiques adapté à l’apprentissage des élèves
en milieux défavorisés
2.4 L’approche pédagogique des enseignants vis-à-vis des mathématiques
et de l’élève
2.4.1 Les conceptions des mathématiques qu’ont les enseignants
2.4.2 Les attitudes et attentes des enseignants
2.4.3 L’enseignant et la motivation des élèves
2.4.4 La formation de l’enseignant
2.4.5 Planification de l’enseignement
2.4.6 Pensées et décisions pendant l’acte d’enseigner
2.4.7 Les valeurs et croyances des enseignants dans l’enseignement des
mathématiques
2.5 Les pratiques d’enseignement
2.5.1 Définition des pratiques d’enseignement
2.5.2 Les meilleures pratiques
2.5.3 Les caractéristiques des interactions dans lesratiques d’enseignement
en salle de classe
2.6 Synthèse
2.7 Le cadre conceptuel retenu
2.7.1 Définition spécifique des concepts composant notre cadre conceptuel
2.8 Objectifs de la recherche
2.8.1 Objectifs opérationnels
CHAPITRE III – MÉTHODE
3.1 Choix de la méthode
3.2. Instruments de cueillette de données
3.2.1 Instrument d’observation
3.2.2 Présentation de la grille d’observation des interactions en classe
3.2.2.1 Principes généraux pour remplir la grille d’interactions en classe
3.2.2.2 Les consignes pour remplir la grille dans le cadre
notre recherche
3.3 Questionnaire
3.3.1 Consignes adoptées pour remplir le questionaire
3.4 Population d’enseignants participant à notre enquête
3.5 Composition et modalité du choix des écoles de l’échantillon
3.5.1 Sélection des classes
3.6.1 Rencontres préliminaires
3.6.2 Rencontres avec les directeurs des écoles ciblées
3.6.3 Mise en place des structures logistiques
3.6.4 Phase pilote pour tester les instruments de recherche
3.7 Traitement des données
CHAPITRE IV – ANALYSE DES DONNÉES
4.1 Présentation des données sociodémographiques
4.2 Données du questionnaire
4.3 Synthèse de l’analyse des données du questionnaire
4.4 Présentation des données de l’observation
4.5 Synthèse des données de l’observation
4.6 Statistiques inférentielles Erreur ! Signet non défini.
CHAPITRE V – INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
5.1 Rappel de l’objectif de la recherche
5.2 Comparaison des profils de l’échantillon à la population d’enseignants
5.3 Approche pédagogique des enseignants
5.4 Pratiques d’enseignement observées en classe
5.5 Explication par les enseignants de ce qu’ils privilégient dans leur
enseignement en classe
5.6 Caractéristiques des interventions en classe et type de formation reçue
5.7 Limites de la recherche
CONCLUSION
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