Historique de la formation des instituteurs et des professeurs des écoles à l’enseignement des langues vivantes en France depuis le milieu des années 70
Comme évoqué dans l’introduction, il faudra février 2002 pour que les langues vivantes soient officiellement intégrées dans les programmes de l’école primaire. Et le corollaire de cette officialité : l’enseignement des dites langues vivantes par les professeurs des écoles. De plus, dans le cadre de la loi sur l’éducation « loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République » (BO n°30 du 25/07/2013) figure le « référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation ». Dans ce référentiel apparaissent des compétences communes à tous les professeurs : « utiliser une langue vivante étrangère dans les situations exigées par son métier » avec la déclinaison suivante: « maitriser au moins une langue vivante étrangère au niveau B2 du CECRL (cadre européen commun de référence pour les langues). Ainsi, il est à signaler que parmi les futurs « professeurs et personnels d’éducation » qui sont tous (à l’exception des professeurs des collèges et lycées de langues vivantes) des non-spécialistes en langue vivante, seuls les professeurs des écoles ont le devoir d’enseigner une langue vivante. Dans le milieu des années 70, l’enseignement d’une langue vivante étrangère à destination des futurs instituteurs a disparu des classes normales. Cette disparition est la conséquence paradoxale de l’élévation du niveau de recrutement.
Quand le recrutement se faisait en fin de la classe de 3ème, l’école normale préparait les futurs instituteurs au baccalauréat et assurait l’enseignement d’au moins une langue vivante étrangère. Puis lorsque le recrutement, en 1969, s’est fait au niveau du baccalauréat, puis au niveau Bac + 2 ans en 1979, la formation a eu pour but de former les futurs instituteurs à l’exercice d’un métier.
Il est très probable que les difficultés exprimées par certains enseignants (ils déclarent ne pas avoir le niveau requis pour enseigner une langue vivante, ne pas avoir un accent suffisamment modélisant, de disposer d’un vocabulaire qu’ils jugent trop pauvre, de ne pas avoir les compétences requises et nécessaires et de ne pas être légitimes pour enseigner correctement une langue vivante) proviennent d’une part de cette injonction à enseigner une langue qu’ils ne maîtrisent pas et d’autre part de l’absence ou de la faible formation reçue pour enseigner cette discipline. On peut à cet égard, se demander en quoi les difficultés citées ne constituent-elles pas des freins quant-aux choix d’activités et de leurs mises en œuvre pédagogique ?
Les cadres de référence de l’enseignement des langues vivantes
Le Bulletin Officiel (BO) et le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL)
Les professeurs des écoles, pour enseigner une langue vivante, ont pour cadre les Instructions Officielles du BO spécial n° 11 du 26 novembre 2015 ainsi que le CECRL . Les compétences à travailler citées dans le BO reprennent pour certaines des items du CECRL. Ainsi pour le cycle 2 les compétences sont les suivantes :
– Comprendre à l’oral,
– S’exprimer oralement en continu,
– Prendre part à une conversation,
– Découvrir quelques aspects culturels d’une langue vivante étrangère et régionale.
De plus en préambule de la partie Cycle 2 – Langues vivantes (étrangères ou régionales), le BO annonce le niveau que devront atteindre les élèves : le niveau A1 à l’oral du CECRL. « La langue orale est une priorité. [Par ailleurs], c’est dans ce cycle que se développent, en premier lieu, des comportements indispensables à l’apprentissage d’une langue vivante étrangère ou régionale : curiosité, écoute, attention, mémorisation, confiance en soi » . Par ailleurs, le niveau A1 qui est l’un des échelons du niveau élémentaire, vise à faire de l’élève un usager de la langue, c’est –à-dire que ce dernier soit en capacité d’utiliser la langue vivante dans des situations de communication simples de la vie quotidienne.
Les recommandations et accompagnements proposés par Eduscol
Afin de faire des élèves des usagers de la langue vivante, le document d’accompagnement d’Eduscol intitulé Créer un environnement et un climat propices à l’apprentissage des langues étrangères et régionales et ouvrir aux autres cultures et à la dimension internationale, précise que « la prise de parole, même timide, est encouragée. Une attention particulière est prêtée aux remarques et réponses partielles des élèves. Le professeur est attentif aux signes de découragement. Il crée des situations ludiques, notamment au cycle 2, propices à une expression libre » .
Afin de mettre en œuvre des situations d’apprentissage ludiques, ce même document livre quelques exemples concrets de pratiques d’enseignement : Ainsi « les situations de jeux peuvent être construites comme vecteurs d’apprentissage. Elles sont imaginées par le professeur ou reprises des jeux connus par les élèves (memory, jeu du qui est ce ?, jeu de loto, jeu des sept familles, …) […]. Les jeux sur et avec les sonorités de la langue. Une approche sensible par l’art (musique, théâtre, œuvres picturales) enracine la mémorisation et les acquisitions dans une dimension esthétique » .
Toujours dans ce même document, l’attitude constructive du professeur est encouragée : « pour que l’apprentissage d’une langue étrangère soit aussi une source de plaisir, les élèves sont mis en confiance, travaillent dans un climat serein et détendu. Le professeur adopte une attitude bienveillante et constructive, encourage, félicite, valorise les réussites et reconnait les progrès. Il rassure, fait respecter et respecte la parole de l’élève, est transparent dans ses attentes et les exprime clairement. Il fixe des objectifs accessibles et les adapte en fonction du répondant des élèves » . C’est dans ce climat de confiance que les élèves pourront être en capacité d’accueillir les activités pédagogiques proposées par l’enseignant et accepter par moment de se mettre « danger » lors de certaines situations comme devenir le teacher assistant et animer un temps de jeu.
Par ailleurs, pour favoriser les apprentissages, l’enseignant peut « adopter une approche sensible et multi sensorielle des langues. Le recours à la kinesthésie (appui sur les canaux sensoriels : vue, ouïe, toucher, goût, voire odorat, si l’occasion se présente) permet d’intégrer les émotions à l’apprentissage et de renforcer la mémorisation. Ainsi, mimer et faire mimer, associer le geste à la parole, la couleur à la nature ou à la fonction, le chant au texte, le goût à la recette, l’image au mot, fermer les yeux pour mieux entendre, couper le son pour mieux observer, toucher pour mieux comprendre, frapper pour mieux rythmer, sont autant de moyens de s’appuyer sur les sens pour enrichir la perception, consolider les étapes d’apprentissage, renforcer la mémorisation et créer un environnement perceptif varié. Ainsi, il suffira parfois de faire un geste (rappel kinesthésique) pour aider l’élève à recouvrer les acquis passagèrement oubliés » .
L’état de la recherche sur l’usage des jeux dans l’apprentissage des langues vivantes
Le rôle que peuvent avoir les intelligences multiples
Le paragraphe précédent nous invite à faire un lien avec les intelligences multiples d’Howard Gardner dans l’apprentissage des langues vivantes. Howard Gardner a distingué 7 intelligences. Pour Gardner, une intelligence est comprise comme un potentiel biologique brut. Ainsi chaque individu est doté de ces 7 intelligences mais est naturellement « plus doué » dans certaines d’entre elles. Ces 7 intelligences, une fois combinées, nous permettent de résoudre des problèmes et de répondre aux besoins de notre culture . Les 7 intelligences évoquées par Gardner sont : l’intelligence musicale, l’intelligence kinesthésique, l’intelligence logico mathématique, l’intelligence langagière, l’intelligence spatiale, l’intelligence interpersonnelle et l’intelligence intrapersonnelle . Ainsi, l’enseignant pourra lors de la conception de ces séances d’apprentissage faire le choix de mettre en œuvre l’une ou l’autre des intelligences pour développer celles-ci ou au contraire utiliser une des intelligences privilégiées des élèves pour leur faire acquérir du vocabulaire, une structure langagière, une chanson…
De plus la mise en œuvre ou le développement des intelligences (au service des apprentissages) peuvent être mis en lien avec des outils pédagogiques comme les jeux par exemple.
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Table des matières
Introduction
1. Première partie : L’enseignement des langues vivantes à l’école élémentaire : cadre historique, institutionnel, et l’état de la recherche
1.1. Historique de la formation des instituteurs et des professeurs des écoles à l’enseignement des langues vivantes en France depuis le milieu des années
1.2. Les cadres de référence de l’enseignement des langues vivantes
1.2.1. Le Bulletin Officiel (BO) et le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL)
1.2.2. Les recommandations et accompagnements proposés par Eduscol
1.3 L’état de la recherche sur l’usage des jeux dans l’apprentissage des langues vivantes
1.3.1 Le rôle que peuvent avoir les intelligences multiples
1.3.2 Qu’est-ce que le jeu ?
2. Deuxième partie : Les jeux au service de la langue vivante
2.1. Constat de départ
2.2. Choix des supports pédagogiques
2.3 L’apport des cours de l’Espe (séminaire recherche)
2.4 Les jeux dans les pratiques pédagogiques d’une classe de CE1/CE2
Conclusion
Bibliographie
Annexes