La notion de patrimoine
Définition
D’après Le grand Robert de la langue française, le mot « patrimoine » signifie en premier lieu « biens de famille, biens que l’on a hérités de ses ascendants. » Cette définition, qui restreint le patrimoine au cercle familiale, est directement issue de l’étymologie du mot : en latin patrimonium signifie « héritage du père », on retrouve d’ailleurs la racine pater. Par extension et par usage, l’acception du mot s’est élargie. Ainsi le dictionnaire propose-t-il en quatrième définition : « ensemble des richesses culturelles accumulées par une société, une nation, une région, et qui sont valorisées par la communauté » . Cette seconde définition est plus proche de la notion telle que nous l’entendons ici. D’abord elle sous-entend que le patrimoine est propre à un groupe social. De plus, elle le suppose comme un ensemble varié témoignant de la richesse et de la diversité culturelle d’une société. Enfin elle instaure la notion de valorisation, essentielle pour comprendre ce qu’on appelle « patrimoine ». En effet pour qu’il y ait patrimoine, il faut une reconnaissance de la part de la société de ses héritages en tant que richesses caractéristiques de sa culture, c’est ainsi qu’ils acquièrent une valeur patrimoniale.
Il faut toutefois faire une distinction entre héritage et patrimoine. Pour J. Le Goff, l’héritage peut se refuser et se diviser, en revanche le patrimoine ne peut se refuser car il est une part de la société. Il est également indivisible et possède cette caractéristique de pouvoir être possédé à la fois individuellement (l’individu s’y retrouve) et collectivement (caractéristique d’un groupe) . Le patrimoine, une fois reconnu et accepté comme tel par la société, possède une valeur que ne possède pas l’héritage et qui oblige le citoyen et la société à le conserver et le valoriser.
Les métiers du patrimoine sont nombreux, divisés en trois grands domaines : l’étude des objets, leur protection et conservation, la valorisation. Ce n’est qu’à travers ces trois champs d’action que le mot « patrimoine » prend tout son sens, à savoir un objet d’étude ouvrant la porte sur la compréhension d’une culture partagée, défendue et promue par un groupe de personnes.
Historique
L’histoire du patrimoine trouve ses origines dans les reliques saintes. Il s’agit en effet d’une forme d’objets patrimoniaux, conservées et exposées en tant d’objets témoignant d’une histoire commune . Mais la véritable prise de conscience de l’intérêt que présentent des objets matériels pour la connaissance du passé a lieu lors de la Révolution. Alors que sont confisqués les biens de l’Église et de l’Ancien Régime, la question de leur sort se pose et les premiers musées apparaissent, comme celui du Louvres ouvert en 1793. En outre, les institutions françaises créent dans les années 1790 l’inventaire, outil essentiel pour le référencement et la protection du patrimoine à charge de l’État. Ces dispositions interviennent alors que les débordements révolutionnaires tendent à vouloir faire disparaitre tout signe de l’Ancien Régime, au détriment des aspects historiques et artistiques des objets. L’abbé Grégoire apparait dans comme une figure de proue dans cette lutte contre le vandalisme, se battant au nom de l’histoire de l’art, de l’instruction et d’un patrimoine commun .
Tout au long du XIXe s. la notion de patrimoine s’est renforcée et élargie pour dépasser le cercle des objets d’art. Ce siècle est celui des monuments historiques, terme inventé à la fin du XVIIIe s. Sous l’influence de grands penseurs comme Victor Hugo, Prosper Mérimée ou encore Jules Michelet, la France renoue avec son patrimoine bâti, en particulier médiéval. Les raisons de cette prise de conscience sont multiples : intérêt pour l’art ancien, urbanisation croissante destructrice , mais aussi volonté d’aller chercher une histoire commune profondément enfouie alors que l’idée de Nation républicaine peine à s’imposer. L’architecte Eugène Viollet-le-Duc se fait l’artisan de cette attention en restaurant de nombreux monuments médiévaux emblématiques comme Notre-Dame de Paris, le Mont-Saint-Michel, Carcassonne. Il y a apporte un regard nouveau sur sa discipline et affirme que la restauration sert à « retrouver et suivre la pensée qui a présidé à l’exécution de l’œuvre » .
Les enjeux du patrimoine local
Définir le terme de patrimoine local est difficile, sans doute parce que le mot « local » correspond à des réalités très différentes selon les individus. Il désigne en effet est une perception subjective du monde. Le local désigne d’abord un environnement géographiquement proche, non diffus. Par extension, « local » désigne ce dont on se sent proche géographiquement, c’està-dire ce qui est à proximité de nous, séparé par une faible distance. Cette définition est déjà sujette à discussion : certains évaluent le local comme leur village ou de quelques villages, tandis que d’autres pensent le local comme une région ou un pays. De plus, la proximité dépend de l’échelle à laquelle on se situe : à l’échelle de la planète, Marseille et Lille sont très proches, mais à l’échelle de la France, ces deux villes sont fort éloignées.
Par ailleurs, le terme de « local » peut aussi signifier « proche de » d’un point de vue sentimentale : c’est ce dont on se sent proche. En ce qui concerne le passé et ses traces, ce sens est tout à fait pertinent, l’histoire locale étant une histoire dont on se sent proche, une histoire que l’on partage. Là encore, cet attachement est personnel, il dépend du vécu est de la sensibilité de chacun.
Le patrimoine local est donc tous deux à la fois, il désigne les traces du passé proches géographiquement et sentimentalement d’un groupe de personnes. C’est le patrimoine au sein duquel on trouve une ressemblance avec la personne que l’on est. Cette notion est primordiale lorsqu’on travail sur le patrimoine local. En effet c’est ce sentiment d’appartenance à une histoire qui permet de comprendre l’importance qu’à pris le patrimoine local dans notre société et les enjeux qu’il suppose.
En outre, le patrimoine local est d’abord un enjeu économique et touristique fort. Depuis les années 1980, la gestion du patrimoine a été décentralisée est occupe une part importante des compétences des collectivités locales. Outre l’aspect historique et civique que représentent la conservation et la valorisation du patrimoine, les communes, départements et régions voient aussi dans ce travail un enjeu économique fort : le développement touristique et la l’attractivité de leur terroir. C’est un moyen de palier le déclin des activités économiques ou le faible attrait touristique de certains territoires .
Cependant, le patrimoine local est aussi un enjeu identitaire fort pour la société. Cet aspect est nettement plus important que le précédent, il explique l’engouement des populations pour leur passé, mais aussi les dérives possibles. A l’heure de la mondialisation, des moyens de communications instantanées, alors que le monde entier parait accessible, les populations cherchent leurs racines dans leur environnement de plus en plus proche. Patrimoine et identité sont donc liés, comme l’explique J. Le Goff : d’un côté « le besoin de reconnaitre, de défendre et de faire fructifier un ou des héritages communs, […] le patrimoine » et de l’autre « celui de définir, de vivre, de maintenir et d’affirmer une personnalité commune, […] l’identité ». Ainsi l’histoire et ses héritages permettent de retrouver son identité. On comprend alors que le patrimoine local est le vecteur permettant d’accéder à cette histoire à laquelle s’enracine notre personnalité. Si ce n’est pas l’unique raison – la curiosité du monde, l’attrait du beau en sont d’autres – de l’explosion des actions culturelles vouées au patrimoine local (associations, journées du patrimoine, réglementations, etc.), c’est sans doute la plus ancrées dans les mœurs. Mais les dérives sont aisées, parce qu’il est facile de falsifier la mémoire pour rendre son passé plus prestigieux, mais aussi parce que cette recherche d’identité peut conduire à une lecture égocentrée du monde où l’autre est différent, sources de passions et de luttes. Ces passions entraînent les territoires à se refermer sur eux-mêmes en se proclamant meilleurs, selon des échelles toujours plus petites, et ainsi empêchent d’entrevoir les liens tissés entre eux .
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Table des matières
Introduction
1. Cadre de l’étude
1.1. La notion de patrimoine
1.1.1. Définition
1.1.2. Historique
1.1.3. Les enjeux du patrimoine local
1.2. Le patrimoine local à l’école primaire
1.2.1. Enjeux éducatifs
1.2.2. Programmes et textes officiels
1.3. Problématique
2. Méthodologie
2.1. Acquisition des données
2.1.1. Questionnaire
2.1.2. Diffusion
2.2. Exploitation des résultats
2.2.1. Corpus de données
2.2.2. Analyses quantitatives
2.2.3. Analyses qualitatives
2.2.4. Dépouillement des données
3. Résultats
3.1. Observations générales
3.1.1. Participation
3.1.2. Réponses au questionnaire
3.1.2.1. Profil des enseignants
3.1.2.2. Les projets
3.1.2.3. Les élèves
3.1.2.4. Les écoles
3.1.2.5. Les enseignants et leurs conceptions
3.2. Analyses croisées
3.2.1. Influence de l’expérience
3.2.2. Influence de l’implantation géographique
3.3. Synthèse et discussions
3.3.1. Synthèse des résultats
3.3.2. Quelques éléments de réflexion
Conclusion
Bibliographie
Table des illustrations
Annexes
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