Depuis mon enfance, j’étais connue sous le nom de : « Ministre de l’Environnement». J’aimais beaucoup m’occuper des plantes de notre petit jardin. Je participais avec des ONG (Organisations non Gouvernementales) à nettoyer les forêts, les plages et les rues… C’est la raison pour laquelle mon choix s’est orienté, dès mes études secondaires, vers les sciences expérimentales. Le contact avec l’environnement naturel revêtait pour moi une signification profonde qui reposait sur deux phénomènes majeurs, à savoir : les problèmes environnementaux et l’urbanisation ; ces deux derniers ne cessaient d’afficher une hausse considérable affectant le Pays des Cèdres malgré qu’il fût toujours dénommé « Loubnan al akhdar» ou « Le Liban Verdoyant».
Contexte socio-économique au Liban
Un système d’éducation est toujours en liaison avec les réalités démographiques, politiques et économiques.
Le Liban est un pays du sud-ouest de l’Asie, sur la côte Est du bassin méditerranéen. Sa surface est de 10452 km2, avec 4 millions d’habitants dont 3200000 de nationalité Libanaise avec un taux de croissance de 1,2%. Ce pays jouit de plusieurs aspects qui lui donnent une position très remarquable dans le monde entier : géographiquement, il jouit d’une très grande importance commerciale et touristique. Du point de vue démographique, sa diversité culturelle (18 confessions et sectes) fait de lui un pays carrefour entre les différentes civilisations arabes et occidentales (surtout arabe, francophone et anglo-saxonne) (Frayha, 2001).
Depuis 1943, l’année de l’indépendance, l’économie Libanaise était basée sur le commerce, le tourisme et le secteur bancaire, qui en total encadrent 65,1% de la main d’œuvre et des cadres (25, 9% pour l’industrie et 9% pour l’agriculture). En ce qui concerne l’enseignement, les statistiques du CRDP (Centre de Recherche et de Développement Pédagogique) montrent que le tiers des libanais est (étudiants, élèves, enseignants et fonctionnaires) directement concerné par le système éducatif (35,7%). (Frayha, 2001).
Survol de l’Historique de la politique éducative dans le Liban indépendant
La politique éducative au Liban a connu plusieurs étapes.
L’année 1946 marque un premier pas vers une politique éducative au Liban. En cette année, le premier décret fut promulgué ayant pour objectif d’organiser les examens officiels. Il a fallu attendre jusqu’à l’année 1968 pour que les premières modifications officielles aient lieu. La première réforme, qui a introduit une véritable politique éducative, a pris forme après les accords de Taef* en 1989, accords dont le souci premier était qui de mettre fin à la guerre civile au Liban. En 1994, le gouvernement Libanais a fait paraître un plan de réforme de L’enseignement, préparant les travaux des commissions spécialisées dont la tâche sera de définir les objectifs de l’enseignement, son contenu et ses visions pour l’avenir. En 1995, et d’après le plan établi, paraît La restructuration du système éducatif qui prit le nom de « Nouvel Organigramme de l’enseignement au Liban ». Entre 1995 et 1997, les nouveaux curricula ont fait leur apparition.
*Taef : C’est une ville en Arabie Saoudite où ont lieu les rencontres entre les différentes parties politiques Libanaises ; il en résulta un accord dont le but était de mettre fin à la Guerre Civile Libanaise en instaurant les piliers d’une nouvelle Entente entre libanais.
Cette politique a également mis le point sur la nécessité de prendre en considération, dans le cadre des programmes, les apprenants à besoins spéciaux parmi lesquels les surdoués.
En 1993, le Ministère de l’Enseignement Professionnel et Technique a décidé, de son côté, de promouvoir un plan parallèle visant à diriger cet enseignement vers « un développement global de l’enseignement technique et professionnel répondant aux besoins de l’avenir, aux demandes du marché et à la structure économique au Liban». A l’image de l’enseignement général, ce plan insistait sur les relations existant entre les deux filières, enseignement technique et enseignement général, en mettant également l’accent sur l’enseignement supérieur.
Le CRDP note en février 2001, que l’enseignement a toujours été marqué par des lacunes que le projet de réforme devait combler (CRDP, 2000), notamment :
· La différence de désignation des classes entre les secteurs officiels et privés.
· La situation du cycle complémentaire, lié parfois aux lycées, c’est-à-dire au cycle secondaire, et parfois aux écoles primaires, ce qui pose un problème grave au niveau de la formation et du recrutement des enseignants),
· Les difficultés de passage d’une filière à une autre (de celle générale à celle technique) ou d’une orientation (section) à une autre (dans la même filière d’enseignement).
Les rapports officiels sur l’enseignement technique et professionnel ont signalé (Rapport du CRDP Fév., 2001) que cet enseignement présentait plusieurs points faibles (Frayha, 2001), parmi lesquels nous citons : Manque de souplesse permettant le passage de l’enseignement technique à l’enseignement général et vice-versa. A ce point, s’ajoute l’absence de système d’unités d’enseignement qui pourraient faciliter ce passage. Absence d’unités d’ « orientation scolaire » dans l’enseignement professionnel (de même que pour l’enseignement général) et la facilité d’obtenir des autorisations pour la création d’écoles techniques privées, vu l’indigence du système d’évaluation suite auquel sont délivrés les permis à ce genre d’institut. Absence de coordination entre cet enseignement et les besoins du marché du travail.
En ce qui concerne le système éducatif au Liban, le même rapport du CRDP (étant toutefois le responsable de la préparation des programmes et de leur évaluation) a mis le point sur le fait que ce système affichait une faiblesse au niveau de deux points : à savoir l’activité et l’efficacité. Le projet non final de l’évaluation, lancé récemment en (2006), dans le but d’instaurer une nouvelle stratégie nationale de l’éducation et de l’enseignement au Liban « préparé par le LAES (Lebanese Association for Education) » et à la demande du Ministère de l’Enseignement, a réussi à détecter plusieurs points faibles (LAES, 2006) dont les suivants:
Un système éducatif qui ne propose pas de solutions pour l’enseignement spécialisé est considéré inefficace et mal adapté aux besoins des étudiants. L’absence d’un système uni au cycle secondaire entre l’enseignement général et l’enseignement technique et entre les branches de chaque filière, risque d’augmenter l’iniquité de ce système éducatif et empêche les étudiants de choisir librement. Bien que la dernière opération de réforme des programmes (1997-2000) ait été très importante, surtout au niveau de sa méthodologie, de sa programmation et de sa définition d’éléments des programmes d’enseignement, est restée elle, temporelle et s’est révélée incapable de créer « un dynamisme indépendamment du système politique » dont le but est de contribuer à la sauvegarde des programmes et leur évaluation continue. L’incohérence existant entre les objectifs généraux et les objectifs d’apprentissage (compétences) au niveau des fins de cycles, tels que définis par le Ministère ; ceci se répercutant au niveau du contenu des manuels scolaires, et au niveau de plusieurs problèmes dus à la langue utilisée dans l’enseignement des sciences et des mathématiques. L’absence d’un comité indépendant d’évaluation des manuels scolaires (écoles officielles et privées) conformément aux critères scientifiques et pédagogiques.
Problèmes majeurs rencontrés au niveau de la formation des enseignants (absence de formation au niveau primaire et complémentaire, insuffisance et discontinuité de formation au niveau secondaire).
L’agriculture et l’enseignement scientifique au Liban : quels problèmes ?
Le rapport commun du ministère des affaires sociales et de l’U.N.D.P (United Nation and Development Program) a signalé que 80% du revenu national libanais revient au commerce, aux affaires bancaires et au tourisme, ce qui pousse les libanais à quitter l’agriculture et à se refugier dans les villes (surtout à Beyrouth), et qui a comme conséquence, la centralisation des activités économiques dans la capitale et ses proches banlieues. Cette situation augmente le taux de chômage, surtout chez les jeunes, et élargit la différence de développement et de revenus personnels entre les villes et les régions rurales. Vient s’ajouter à ce rapport, le rapport provisoire du C.D.R (Conseil du Développement et de la Reconstruction) (CDR, SDATEL, 2002), qui a indiqué en septembre 2002, que la surface agricole utile (SAU) aux exploitations recensées dans le pays constitue 24% environ du territoire libanais. Ces surfaces sont inégalement réparties sur les Mohafazat (l’équivalent des régions en France) ainsi qu’au niveau des Caza (équivalent des départements) de la même région [Mont-Liban 13% (min), Liban Nord 31% (max)]. Les terres non cultivées constituent un pourcentage de 12% du total de la surface du Liban. Ce même rapport indique (résultats du recensement de 1999) que le nombre d’exploitants et travailleurs agricoles s’élève à 194829, ce qui marquait une nette augmentation par rapport aux effectifs découlant des recensements de 1961 et 1970 (+ 36%). Parmi ceux-ci, on peut compter 7% de femmes, 22% de personnes de plus de 65 ans, 20% de personnes de moins de 34 ans dont 2,5 % de moins de 25ans. A propos du niveau de formation scolaire : 16% sont analphabètes, 32% ont fait des études primaires, 28% sont capables de lire, 15% ayant atteint le niveau secondaire, et 10% le stade universitaire (la majorité se dirige vers le professionnel et technique). Nous citons ces pourcentages en nous basant sur le rapport de la F.A.O (Food and agriculture organisation), qui a mis au point l’étude sur le rôle du savoirfaire agricole relatif au taux de SAU (CDR, SDATEL, 2002).
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Table des matières
INTRODUCTION GÉNÉRALE
PARTIE I : CONTEXTE DE LA RECHERCHE
1. Contexte socio-économique au Liban
1 – 1. Survol de l’Historique de la politique éducative dans le Liban indépendant
1 – 2. L’agriculture et l’enseignement scientifique au Liban : quels problèmes ?
2. Contexte historique du curriculum libanais de l’enseignement général
2 – 1. Les programmes des années 1946 et 1968
2 – 2. Les programmes actuels de 1997
3. Enseignement technique agricole
3 – 1. 3-1. Introduction
3 – 2. Les enjeux de l’enseignement technique agricole
3 – 3. L’enseignement agricole en France
3 – 4. L’enseignement agricole au Liban
3.4.1. Introduction
3.4.2. Brève perspective historique
3.4.3. Les obstacles rencontrés par l’enseignement agricole Libanais
3.4.4. En conclusion
L’enseignement de la photosynthèse au Liban : Quelles missions éducatives ? Quelles mises en œuvre ?
Contribution pour une analyse curriculaire.
PARTIE II : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
1. Le curriculum prescrit, potentiel, réel : Les fondements de la réforme curriculaire
1 – 1. Introduction
1 – 2. Caractérisation d’un curriculum
1 – 3. Quelles compréhensions pour le curriculum ?
2. Pédagogie par objectifs, transposition didactique et pratiques sociales de référence (PSR)
2 – 1. Introduction
2 – 2. Pédagogie par objectifs
2 – 3. Transposition didactique
2 – 4. La notion de PSR et les compétences
3. Le choix de l’enseignement de la photosynthèse et son importance à pour une
éducation a l’environnement et au développement durable
3 – 1. Introduction
3 – 2. Pourquoi la photosynthèse ? Recherches en didactique concernant le concept de la photosynthèse comme processus de la nutrition des plantes
3.2.1. Bref historique de la découverte de la photosynthèse
3.2.2. Quelques obstacles à la construction du concept de la photosynthèse
L’enseignement de la photosynthèse au Liban : Quelles missions éducatives ? Quelles mises en œuvre ?
Contribution pour une analyse curriculaire.
3.2.3. D’autres recherches en didactique concernant la difficulté de l’enseignement
de la photosynthèse comme processus de nutrition des plantes
3.2.4. Recherches scientifiques concernant le mécanisme de déroulement de la
photosynthèse
3.2.5. Recherches sur la photosynthèse concernant l’environnement
3.2.6. Recherche concernant la relation de la photosynthèse avec l’économie,
l’éthique et la société
3.2.7. Conclusion
PARTIE III : PROBLÉMATIQUE, QUESTIONS DE LA RECHERCHE ET MÉTHODOLOGIE
1. Introduction
2. Problématique
3. Questions de recherche
4. Méthodologie
4 – 1. Construction du corpus
4.1.1. Les documents des curricula de l’enseignement général et de l’enseignement
technique agricole
4.1.2. Les entretiens
4.1.3. Le questionnaire présenté aux enseignants
4 – 2. Les participants sollicités pour l’étude
4 – 3. Traitement de données
4.3.1. La démarche analytique du contenu suivant
4.3.2. Une démarche comparative
L’enseignement de la photosynthèse au Liban : Quelles missions éducatives ? Quelles mises en œuvre ?
Contribution pour une analyse curriculaire.
PARTIE IV : LES PRINCIPAUX RÉSULTATS DE LA RECHERCHE
1. Analyse du curriculum de l’enseignement général et de l’enseignement technique
agricole
1 – 1. Analyse du curriculum de l’enseignement général
1.1.1. Introduction
1.1.2. Analyse du curriculum prescrit (ou formel) de l’enseignement général
1.1.3. Analyse du curriculum produit
1 – 2. Analyse du curriculum de l’enseignement technique agricole
1.2.1. Analyse du curriculum prescrit : curriculum de l’enseignement technique
agricole
1.2.2. Analyse du curriculum produit de l’enseignement technique agricole : Les activités
2. Analyse des finalités des curricula
2 – 1. Introduction
2 – 2. Analyse des finalités des curricula des deux filières à partir des entretiens
2 – 3. En Conclusion
3. Représentations des enseignants
3 – 1. Introduction
3 – 2. Présentation des résultats de l’échantillon
3 – 3. Analyse des résultats de l’échantillon
4. En conclusion
L’enseignement de la photosynthèse au Liban : Quelles missions éducatives ? Quelles mises en œuvre ?
Contribution pour une analyse curriculaire
CONCLUSION
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