Les équipements d’infrastructure
La voirie : Le réseau routier à Malika se caractérise par la présence de voies larges, parfois bitumées, s’étendant sur de longues distances et structurant la trame urbaine. Vu l’irrégularité de l’occupation du sol dans certains quartiers d’habitat, il existe aussi des voies étroites et sinueuses rendant difficiles certains types de déplacements. On peut classer le réseau de voirie à Malika en quatre types :
La voirie primaire : La route qui traverse la commune d’arrondissement sur toute son étendue, du sud ouest au nord est, est le prolongement de la route des Niayes et constitue la liaison intra urbaine qui relie Malika aux autres localités (Keur Massar, Yeumbeul). D’une longueur de 1,662 km et d’une emprise de 9 m, elle est bitumée sur une largeur de chaussée de 6,5 m. Actuellement elle est la seule voie empruntée par les voitures de transport qui assurent la desserte quotidienne vers Dakar – ville. Avec le développement de l’urbanisation, la commune a bénéficié de la mise en place d’infrastructures avec la construction d’une nouvelle route bitumée reliant les quartiers de la partie nord et le site de pèlerinage de Nguediaga. Enfin il existe une route bitumée qui part de l’entrée de la commune vers la cité Sonatel. Mais elle se trouve en état de dégradation avancée du fait de la vétusté de cet ouvrage qui depuis sa construction n’a subi ni entretien ni amélioration.
La voirie secondaire : Elle correspond à des tracés de voies recouvertes de latérites et permet la circulation entre les quartiers, entre les îlots d’habitation. Elle est surtout présente dans les quartiers d’habitat planifié de la cité Sonatel et dans les quartiers lotis de la partie nord. Dans la zone d’habitat traditionnel, la rue reliant la route principale et la grande mosquée a été recouverte de latérite pour les besoins des travaux de rénovation de la mosquée et pour la circulation de voitures. La voirie secondaire permet ainsi l’accès de véhicules notamment les camions de ramassage des ordures mais avec le temps la latérite est progressivement recouverte de sables et cet ensablement risque de la réduire en une piste difficilement carrossable. Egalement le profilage médiocre de certains d’entre elles fait que l’écoulement des eaux de pluies pendant l’hivernage détruit les couches.
La voirie tertiaire : Il s’agit de voies sablonneuses situées dans le noyau et les extensions du village traditionnel. D’un linéaire parfois long, elle présente des emprises de 9 m et assure la desserte entre les îlots d’habitation dans ces quartiers. Avec un alignement régulier donnant l’impression d’un tracé officiel, l’élargissement de ces voies a été entrepris par les habitants du village qui avaient senti la nécessité de préserver la voirie et par delà d’anticiper sur toute possibilité d’intervention visant à résorber l’habitat spontané.
Voies piétonnes : Ces types de voies sont de simples ruelles étroites, sinueuses, impraticables pour les automobiles et débouchant parfois sur des impasses. Elles sont aussi des raccourcis qui traversent les îlots d’habitations et permettent l’accès aux maisons et espaces publics de voisinage.
L’alimentation en eau : L’alimentation en eau potable se fait par le branchement au réseau d’adduction de la SDE. 84% de la population qui ont répondu à l’enquête disposent d’un branchement. Dans les quartiers spontanés, par contre l’adduction en eau potable fait cruellement défaut. L’alimentation en eau est assurée par les bornes fontaines (5% des ménages) et les puits ou les pompes manuelles (15% des ménages).
L’électrification : L’électrification n’est pas effective. Les zones qui disposent d’un éclairage public connaissent de récurrents dysfonctionnements notamment le long de la route principale. Ici les lampes restent des jours sans être allumées. Ceci pose des problèmes de sécurité. Les ménages raccordés au réseau d’électrification s’élèvent à 86,2%. Dans cette proportion il faut signaler les familles situées dans les quartiers impropres à l’habitat qui usent de branchements clandestins pour s’approvisionner parfois sur de longues distances. Cet approvisionnement se fait au moyen de fils électriques enfouis dans le sol, mais qui jaillissent toujours après. Cette dispersion des fils à même le sol et le long des routes posent de graves dangers pour les populations, les enfants surtout.
Le réseau téléphonique : Le téléphone existe dans tous les ménages à travers l’appareil portable détenu au moins par deux membres de la famille. Avec cet outil, plus accessible et plus à portée, le réseau téléphonique est présent partout. Viennent s’y ajouter la communication par internet à travers le cyber café et même par abonnement direct, mais à un niveau pour l’instant faible, dans certaines maisons.
Espaces résidentiel
L’hétérogénéité fonctionnelle entre la zone lotie et celle non lotie est la caractéristique fondamentale de l’espace résidentiel. Désignant l’habitat au sens large du terme, l’espace résidentiel à Malika est marqué par la coupure qui existe entre les quartiers structurés et les quartiers non structurés. Avec un fort taux de centralité, les quartiers Malika nord et cité Sonatel sont les plus équipés de Malika. Si on y ajoute Malika sur mer qui, malgré un fort taux de centralité, se présente comme un pôle urbain émergent avec comme avantage une disponibilité d’espaces, le tout constitue les quartiers structurés. La cité sonatel en est l’exemple unique d’habitat de type planifié. C’est une cité entièrement construite par une coopérative d’habitat qui a entrepris une planification urbaine à travers un lotissement, une viabilisation, la construction de la parcelle d’habitation et la réservation de zones pour les équipements nécessaires. Depuis sa création en 1996, la dynamique de l’équipement s’est poursuivie avec la construction d’une mosquée, d’une chapelle, d’une école et l’édification en cours d’un poste de santé. Ses réserves de terres disponibles prévoient la construction d’un marché et d’un centre artisanal. La route y joue aussi un rôle de polarisateur des échanges commerciaux et ses abords sont parsemés d’équipements marchands. On y trouve ainsi des boutiques, des restaurants, une pharmacie… On remarque donc que son fort taux de centralité s’explique par sa capacité de fournir la quasi-totalité des services qu’il faut à sa population. Le lotissement effectué dans la partie nord de Malika est le fait des autorités coutumières détentrices de ces réserves foncières. L’opération se réduit à un morcellement. Les équipements ont par la suite suivi à un rythme modéré. L’électrification est achevée mais l’adduction d’eau n’est pas encore effective dans les maisons proches de la mer. La planification urbaine fait partiellement défaut ; car malgré une importante disponibilité des terres aucune zone n’est affectée à la mise en place d’équipements. Il faut rappeler ainsi que ce lotissement à été effectué dans un contexte d’urbanisation rapide et de pression sur l’espace, contexte favorable à la spéculation foncière. Les autres quartiers non structurés se répartissent entre le noyau villageois et ses extensions et dans les interstices de celui-ci. Ils se caractérisent par une irrégularité dans l’occupation du sol et un faible niveau d’équipements. Le taux de centralité y est faible et varie de 4,24% à 0,18%. On y distingue cependant deux catégories : les quartiers spontanés pourvus de services urbains essentiels et les quartiers spontanés précaires dépourvus de services urbains fondamentaux. Les premiers profitent des avantages offerts par la route principale qui les traverse et la précarité y est favorablement atténuée. Le noyau villageois à travers la présence d’équipements cultuels exerce une certaine attraction. La centralité y est d’ordre religieux à travers la présence de la grande mosquée et le cimetière. Ces deux équipements exercent leur influence sur toute l’étendue de la commune. Le cimetière y est le seul équipement de référence pour toute la communauté musulmane. S’y ajoute la place publique située près de la grande mosquée, fortement sollicitée pour l’organisation de manifestations religieuses. Avec tous ces éléments Malika garde une fonction symbolique. Il essaie de préserver ses valeurs traditionnelles devant la modernité urbaine qui s’impose avec l’extension rapide induite par la croissance démographique et spatiale et entretenue par un apport venant de l’extérieur. Les quartiers installés dans des zones insalubres manquent de tout. Ils sont obligés d’avoir recours aux autres quartiers pour la satisfaction de leurs besoins urbains. Situés au niveau des zones marécageuses, ils prolifèrent dans les espaces maraîchers et présentent des risques potentiels d’inondations. Il en est certains qui ont une proximité avec la décharge de Mbeubeussé ; ce qui est fortement nuisible à la santé des populations.
Migration et croissance spatiale
Malika a été longtemps une destination de la migration. La dynamique des réseaux de parenté a facilité l’accueil de nouveaux migrants. D’autres migrants ruraux sont venus aussi s’installer dans le village à la recherche d’un emploi agricole et peu de citadins à l’époque villageoise, jusqu’à la fin des années 80 sont venus habiter Malika. Mais la localité a grandi rapidement à travers l’afflux massif de citadins rejetés dans la périphérie de l’agglomération dakaroise. Progressivement la communauté originelle est devenue minoritaire. Elle se trouve aujourd’hui localisée surtout dans le noyau du second site et ses alentours. Leur croît naturel jusqu’ici faible pèse moins sur la dynamique démographique très marquée par la migration rapide lors de ces dernières années. L’importance de la communauté allochtone s’est traduite par une expansion de l’habitat. L’unité d’habitation s’est élargie par des concessions accolées au noyau mais avec la migration on note surtout l’occupation d’espaces laissés vides, l’aménagement de vastes terrains nus ou la transformation des champs agricoles en parcelles d’habitation. La croissance démographique est donc synonyme d’expansion spatiale. La traduction de ce phénomène est la création de nouveaux quartiers à coté de ceux existants.
Enjeu foncier
Les ethnies Wolof et Peul notamment les familles Gadiaga, Sène, Kébé et Sow sont les autochtones villageois propriétaires des terres. Ils ont de tout temps administré le village en s’occupant de la gestion foncière. Ainsi, le foncier urbain malikois, malgré la multiplicité des acteurs qui le régissent aujourd’hui reste marqué par la prééminence de ses propriétaires détenteurs. C’est dire que le passage du village à la ville n’entame en rien la compétence des autorités coutumières sur la gestion de leur patrimoine foncier, car ils détiennent toujours les droits d’usage et d’affectation du sol. Ceux-ci ne demeurent cependant pas exclusifs. La situation, pour peu qu’on le constate, a évolué et on assiste à une gestion partagée entre les autorités municipales, religieuses et traditionnelles, même si les niveaux de responsabilité des uns et des autres sont inégaux et connaissent des contradictions et des distorsions. Ce qu’on observe ici c’est la continuité du mode de gestion traditionnelle en dépit des prérogatives et compétences définies par la loi et dévolues aux autorités officielles. Le statut d’occupation des terrains d’habitation est à cet égard révélateur. Selon Diallo19, 39% des terrains sont obtenus au travers d’une attestation coutumière et 21% sont le fait des occupations irrégulières. Seuls 40% des terrains disposent d’un titre foncier et correspondent au domaine de l’habitat planifié de la cité Sonatel ; ces proportions illustrent le fait que près de 2/3 des implantations humaines sont donc faites en dehors des normes urbaines. L’analyse de la situation foncière nécessite un rappel historique indispensable pour comprendre la situation actuelle dans la commune. L’histoire du foncier à Malika peut être scindée en trois étapes depuis l’époque villageoise jusqu’à nos jours. D’abord, les débuts d’extension sont marqués à la fois par le déplacement des membres des familles fondatrices qui quittaient le site originel et s’installaient dans un périmètre proche. Ensuite l’arrivée des premiers migrants justifie un besoin d’extension. L’activité agricole permettait à cette population de survivre et était plus tournée vers l’autosuffisance alimentaire qu’à la spéculation commerciale. Les revenus monétaires occupaient ainsi une moindre place dans le dispositif des chefs de ménage. La disposition d’une parcelle, pour ceux qui en demandaient, se faisait donc à titre gratuit résultant d’une autorisation conditionnelle. Il était prescrit un délai d’occupation et de mise en valeur qui avait pour but d’attirer l’installation. Il arrivait rarement des cas où ce délai arrivait à expiration. La conséquence est que la parcelle était retirée à son attributaire. Par ailleurs, les premiers arrivants sont, pour la plupart, des membres des familles fondatrices et cela n’a fait que faciliter leur accès à la terre. Les migrants mêlés à la population autochtone ont dès leur arrivée autorisation de défricher un espace qui leur convient pour construire une maison et cultiver un champ. La cession de la terre a donc pendant longtemps été gratuite. Mais l’avènement d’un petit nombre de citadins dès les années 80 et au début des années 90 changea la donne. Ces nouveaux habitants motivés par le souci de constituer un capital foncier et aidés par les effets de la crise agricole échangent contre argent de vastes champs et des espaces vides appartenant aux villageois. C’est le début de la marchandisation de la terre qui prendra une ampleur avec l’explosion démographique dans un contexte d’urbanisation. Le milieu des années 90 a vu l’avènement de la commune d’arrondissement de Malika. Au plan foncier il est marqué par deux opérations de lotissement d’envergure, l’une au sud en 1996 et l’autre au nord en 1998. Si le premier lotissement a permis la construction d’une cité dans l’aire comprise dans la zone du poste de récepteur de la Sonatel, le second est édifié sur les réserves foncières de la communauté villageoise. Il fut entrepris et mis en œuvre par les membres de cette communauté qui visaient un objectif particulier. Le lotissement et le produit de la vente des parcelles au nord devraient permettre la réhabilitation de la grande mosquée du village traditionnel et de sa place publique ainsi que la construction d’une école. Au delà de cet objectif général, l’enjeu non moins exprimé qui sous tendait cette opération était la poursuite du processus d’extension du village vers cette partie à cheval entre le village ancien et celui actuel ; ce faisant les autochtones voulaient d’exercer un contrôle territorial sur leur domaine. Ainsi, les parcelles étaient cédées en priorité aux fils du terroir afin de leur donner l’occasion d’accéder au logement. Cependant, des acquéreurs venant de l’extérieur, en particulier des citadins ont acheté une part importante de ces terrains. L’épuisement de ces réserves n’a pourtant pas enrayé la spéculation foncière, celle-ci continue actuellement dans les terres jadis destinées à l’agriculture. En effet, la rapide urbanisation s’accompagne aujourd’hui de la transformation du foncier agricole, mais cette fois ci la vente n’est pas organisée comme dans le cas du morcellement des parcelles au nord. Il s’agit désormais de l’initiative individuelle de propriétaires d’espaces maraîchers qui cèdent leur champ à des candidats aux terrains à bâtir. Des maisons surgissent inconvenablement à côté des champs de cultures à une cadence rapide. Ce type de construction sur des espaces impropres à l’habitat est très visible au centre ouest, dans l’espace compris derrière le cimetière.
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Table des matières
Introduction générale
Méthodologie d’approche
Première partie : Malika, un village traditionnel sur le littoral nord est de Dakar
1.1. Site et situation
1.1.1. Climat et pluviométrie
1.1.2. La végétation
1.1.3. L’hydrographie
1.2. Population et dynamiques sociétales
1.2.1 Structures de la population
1.2.1.1. Répartition de la population selon l’origine
1.2.1.2. Répartition de la population selon le sexe et l’âge
1.2.1.3. Répartition de la population selon l’ethnie et la religion
1.2.1.4. Le niveau d’instruction des chefs de ménage
1.2.2. L’organisation sociale
1.2.2.1. Types et formes d’associations
1.2.2.2. La vie communautaire à Malika
1.3. Organisation administrative et moderne et gestion de la commune d’arrondissement
1.3.1. Organisation administrative de la commune d’arrondissement
1.3.2. Etude sectorielle des équipements
1.3.2.1. Les équipements de superstructure
1.3.2.2. Les équipements d’infrastructure
1.3.3. Espaces et centralité : accès aux services fondamentaux
1.3.3.1 Espace administratif
1.3.3.2. Espaces commerciaux
1.3.3.3. Espace résidentiel
1.3.3.4. Le rapport au centre ville : ce qui manque et qui nécessite le déplacement
1.3.3.5. Espace touristique
1.3.3.6. Le lac Wouye : site classé
1.3.3.7. Les zones à vocation agricole
1.3.3.8. La décharge de Mbeubeuss
1.3.3.9. La bande de filaos
1.3.3.10. Nguédiaga : site religieux
Conclusion partielle
Deuxième partie : Processus d’urbanisation de Malika
2.1. Le processus d’extension de Malika : du village traditionnel à la commune d’arrondissement
2.1.1. Le village traditionnel : Historique de peuplement et évolution
2.1.2. Migration et croissance spatiale
2.1.3. Les étapes de la croissance spatiale
2.2. Les enjeux de l’urbanisation et les logiques citadines
2.2.1. Enjeu foncier
2.2.2. Enjeu économique
2.2.3. Enjeu environnemental
2.2.4. Enjeu socioculturel
2.2.5 Enjeu de gouvernance
2.3. Synthèse des problèmes urbains
2.3.1 Problème des limites administratives
2.3.2. L’évolution démographique
2.3.3. L’économie et l’emploi
2.3.4. Le degré d’équipement
2.3.5. L’organisation de l’espace
2.3.6. La gestion de l’écosystème
Conclusion partielle
Troisième partie : Perspectives d’aménagement
3.1. Une vision partagée de la ville
3.1.1. Les orientations du PDU horizon 2025 pour le pôle Malika – Keur Massar
3.1.2. Les besoins les plus urgents selon les préoccupations émises des populations
3.2. Le plan stratégique
3.2.1. L’ambition
3.2.2. Les quartiers du noyau traditionnel et ses extensions
3.2.3. Le quartier loti de la cité Sonatel
3.2.4. Les quartiers spontanés irréguliers et ceux réguliers d’extension urbaine au nord
3.3. Les programmes prioritaires
3.3.1. Axes d’intervention prioritaires
3.3.2. Les équipements à créer
3.3.2.1. Les infrastructures
3.3.2.2 Les équipements de superstructures
Conclusion partielle
Conclusion générale
Bibliographie
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