L’ENJEU DE LA TRANSITION AGRICOLE MOLDAVE
Facteurs jouant sur l’apparition des nouvelles structures
Les conséquences de la transition fonctionnelle et structurelle ont été une régression de la production agricole, et une baisse de la demande provoquant un choc excédentaire. En effet l’arrêt des subventions et la libéralisation des prix, alors que les filières non étatiques ne sont pas apparues, ont provoqué un ajustement monopolistique des prix. Le résultat est une augmentation forte des prix à la consommation, aggravée par la situation de rente des entreprises agro-alimentaires. La consommation nationale s’est réduite alors que les débouchés extérieurs se réduisaient également (réduction de la capacité de paiement de l’URSS, concurrence avec des agricultures subventionnées efficaces et de qualité). Nous analyserons plus précisément les impacts dans le contexte de la Moldavie.
l’héritage soviétique
Les études soviétologues ont contribué à démontrer que l’héritage soviétique influence fortement la phase de transition, nous en présenterons les principaux acquis dans la suite. En effet le modèle collectiviste avait des variantes dans les différents pays où il était en place. Les structures n’étaient pas collectives dans l’ensemble du bloc communiste, la Pologne a conservé une agriculture de type paysan. Les réformistes ne peuvent pas effacer le mode d’organisation. Les institutionnalistes montrent que la transition consiste en la combinaison _- d’éléments de l’ancien système et d’éléments du système émergent (F. Simon, 1996).
Le maintien d’un rapport à « l’exploitation privée »
Les géographes ajoutent l’importance de la dégradation du lien avec la paysannerie. Lors de la collectivisation l’agriculture n’avait pas les mêmes structures de production, la collectivisation a rompu l’ancien mode, mais un lien a pu plus ou moins survivre ( M.C. Maurel, Lenormand, 1995). En effet l’exploitation privée survivait sous la forme des lopins et des jardins ouvriers certains auteurs supposent qu’ils peuvent être la base du développement de l’exploitation privée ( V. Kovalenko, 1993)
Le choix politique d’un modèle de développement
La transition agricole relève d’une volonté politique de rompre avec le modèle de production soviétique identifié comme la cause de la crise agricole (cf. partie 1 B), mais pour aller vers quel modèle de production ? Ce choix est reflété par le dispositif légal mis en place. 11 reste le plus souvent implicite ( M.C. Maurel, 1990). Ce choix relève de plusieurs facteurs : – Le rôle que les réformateurs veulent attribuer au secteur agricole dans le système économique. – le rapport de force entre différents groupes d’intérêts, il faut donc s’attarder sur les rapports sociaux à l’œuvre.
Les impacts de la transition « fonctionnelle »
c’est à dire les structures des marchés apparues. Les nouvelles unités de production y sont en effet soumises. En effet si le cadre légal peut favorisé l’apparition d’un modèle de production ou d’un autre, les forces du marché devraient effectuer une sélection des plus compétitives.
Nous avons fait 1 ‘hypothèse que ces facteurs sont aussi valables dans le cas Moldave et ils ont servi de clés d’entrée pour aborder notre problématique. D ‘autre part restait le problème de la façon d’aborder les structures nouvelles : à quel type de structures a-t-on à faire et comment les aborder. ?
L’analyse des nouvelles formes de production
V. Rey (1996) et M. C. Maure1 (1993), proposent une identification des formes qui apparaissent. Elles ne s’appuient pas sur les critères classiques de différenciation tels que les structures, les stratégies.. . . Elles s’appuient sur l’identification d’une combinaison différente des trois facteurs de production principaux (la terre, le capital, le travail). . . En effet ce ne sont pas des types d’unités de production qui apparaissent mais plutôt ce que nous appellerons dans ce rapport des modèles de production.
« L’exploitation en coopération »
Le constat général est que la décollectivisation n’a provoqué qu’une faible apparition des exploitations individuelles, alors que persiste sous des formes jnidiques variées les exploitations de type coopératif (MC Maurel, Economie rurale 2 14-2 15).
L’exploitation en coopération correspond, en fait majoritairement, à des coopératives de production transformées en coopératives de propriétaires. Ces nouvelles structures sont de taille plus réduite du fait d’une redistribution d’une partie des actifs. La privatisation a dissocié l’usage des moyens de production de leur propriété, au sein des coopératives cela signifie que le fait d’être membre ne garantit plus l’emploi. Les interprétations face à ces formes sont diverses. Certains auteurs y voient une forme transitionnelle qui pourrait aboutir à une nouvelle forme coopérative viable en économie de marché, et qui ne s’appuierait pas sur un rapport capitaliste d’exploitation de la force de travail (Lenormand, 1996). Plusieurs points peuvent cependant compromettre leur réussite, le maintien d’habitudes antérieures (détournement, conservation des même relations de pouvoir au sein des entreprises), leur taille importante qui les rendent difficilement gérables. Ainsi d’autres auteurs (Pouliquen, Lhomel,) y voient une résistance des formes antérieures.
L’exploitation individuelle
L’exploitation individuelle, c’est à dire l’entreprise agricole insérée dans le marché, est rare à proprement parler d’après l’ensemble des études. Nous en verrons les causes dans la partie suivante. Cependant apparaissent des associations qui tentent de s’insérer dans le marché. Elles sont créées par des acteurs issus des coopératives. Ils reconstituent des unités de production de taille moyenne à partir des actifs des coopératives, en s’associant sur la base de parenté, de voisinage ou des groupes de confiance mutuelle. Ces associations répondent au besoin de concentrer les moyens de production et de regrouper les forces nécessaires pour franchir les obstacles à la création de nouvelles entreprises. Ces nouveaux entrepreneurs sont le plus souvent issus du groupe des anciens techniciens et des cadres des exploitations collectives qui disposent des connaissances et du patrimoine économique nécessaire.
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Table des matières
INTRODUCTION 1
PARTIE 1: ORIENTATIONS THEORIOUES ET METHODOLOGIE
A -INTÉRÊTDEL%TUDEETPROBLÉMATIQUE
1 – PROBLÉMATIQUE
2-L’ENJEU DE LA TRANSITION AGRICOLE MOLDAVE
l Une république présentant des avantages comparatifs agricoles, spécialisée dans la production agricole
0 Un secteur de production majeur, orienté vers l’exportation
0 Un secteur d’emploi essentiel
4 B-ORIENTATIONSTHÉORIQUES
1 -LATRANSITION:UNPHÉNOMÈNESYSTÉMIQUEETGRADUEL
2 -APPRÉHENDERLATRANSITIONRURALE
3 – DESCONSÉQUENCESMACRO-ÉCONOMIQUES
4-FACTEURSJOUANTSURL’APPARITIONDESNOUVELLESSTRUCTURES
5-L’ANALYSEDESNOUVELLESFORMESDEPRODUCTION
111 – « L’exploitation en coopération »
112 – L’exploitation individuelle
113 – les formes de survie
114 – Les exploitations en société
C-CONCLUSIONSSURLAMÉTHODOLOGIE
l-DÉMARCHEGÉNÉRALE
0 Les axes d’études
l Le niveau d’étude : le village
2 -MÉTHODEDERECHERCHEETLIMITESDE L’ÉTUDE 1.5
2 1 – Collecte des données de terrain
22 – analyse des données de terrain
PARTIE 2 – FILIATION DES UNITÉS DE PRODUCTION
A-SITUATIONPRÉ-COLLECTIVE: UNEAGRICULTUREFAMILIALEORGANISÉE
B-HÉRITAGESOVIETIQUE
1 -SYSTÈMEDEPRODUCTIONENCRISE
PARTIE 3 : ANALYSE DES CONTRAINTES EXTERNES AUX UNITÉS DE PRODUCTION
A -DESCONTRAINTESSOCIO-POLITIQUES
1 – LA TRANSITION EST UN COMPROMIS
2 – UNE TRANSITION STRUCTURELLE PARTIELLE
2.1 – une privatisation partielle
22 – des freins institutionnels l Inexistence de protection juridique
II n’existe aucune structures de soutien B-DESCONTRAINTESÉCONOMIQUES
1 – DÉPENDANCE DES FILIÈRES ÉTATIQUES ET OUVERTURE DU CISEAU DES PRIX
11 – Les exploitants restent dépendants des structures étatiques
12 – Conséquences 0 Approvisionnements en intrants aléatoires 0 Des structures inadaptées
l Délais de paiements
l Ouverture du ciseau des prix
2 – PERTE DE DÉBOUCHÉS ET INSÉCURITÉ Rétrécissement de la demande nationale l Rétrécissement des débouchés extérieurs et insécurité
3 – DES MARCHÉS IMPARFAITS ET SEGMENTÉS, INCOMPLETS
4 – DIFFICULTÉ D’ACCÈS AU CAPITAL : UN SYSTÈME FINANCIER INADAPTÉ AUX STRUCTURES
INDIVIDUELLES
C-CONCLUSIONS
PARTIE 4 : LA VIABILITÉ DES UNITÉS DE PRODUCTION
A -L%VOLUTIONDUSYSTÈMEVILLAGEOIS
1 – LE SYSTÈME VILLAGEOIS SOVIÉTIQUE
2 – LA RUPTURE DU SYSTÈME VILLAGEOIS SOVIÉTIQUE
21 – La déstructuration du kolkhoze
22 -rupture de l’organisation économique et sociale ?
l La disparition des services sociaux
l Des nouveaux acteurs ruraux
l Rupture du cycle d’épargne
B – LA RECOMPOSITION D’UN EQUILIBRE AU NIVEAU DU VILLAGE
1 -CAUSESDEL’APPARITIONDENOUVELLESSTRUCTURES
2 – LESSTRATÉGIESVILLAGEOISESPOURDÉTOURNERLESCONTRARVTESEXTÉRIEURES
2 1- plusieurs modalités d’accès à la terre, restant précaires
22 – L’accès aux moyens de production : moyens techniques et bâtiments
23 – l’accès au système financier
24 – Mise en place de système d’entraide et de location de main d’œuvre
25 – un manque de liquidité 59 3- CONCLUSIONS:LIMITESDESINSTITUTIONSVILLAGEOISES
C – ETUDE DU FONCTIONNEMENT DES EXPLOITATIONS INDIVIDUELLES ET DE LEUR VIABILITÉ ECONOMIQUE CARACTÉRISTIQUESDECHAQUETYPE:DESEXPLOITATIONSDIFFÉRENCIÉES
2 – ANALYSEDESTYPESD’EXPLOITATIONS
1 – petites exploitations polyculture élevage repliées sur l’autoconsommation
2 -Exploitations polycultures élevage moyennes
3 – la spécialisation dans l’élevage laitier
4 – exploitation agricole alliée à des activités extra-agricole à fort revenu
5 – développer ces propres filières et pratiquer le commerce
D- CONCLUSIONS : LIMITES DES INSTITUTIONS VILLAGEOISES
CONCLUSIONS GENERALES
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