L’engraissement à l’herbe

L’engraissement à l’herbe

Dans le contexte actuel, l’élevage subit de nombreuses critiques de la part des consommateurs. Ces dernières années nous avons pu constater une évolution des mœurs vers un questionnement sur alimentation des animaux. Cette interrogation se pose également sur les pratiques d’élevage. Il n’y a que très peu de citoyens français qui ne se questionnent pas par rapport à l’impact de l’élevage sur l’environnement, le bien être animal, les risques sanitaires et les enjeux socio-économiques. L’institut de l’élevage a réalisé une étude dans le projet CASDAR Accept pour recenser les attentes des français sur le bien-être animal. Cette étude démontre que 2% sont « anti-élevage », 3% sont « sans avis », un peu plus de 10% « recherche de la compétitivité pour l’élevage français dans une économie de marché », et un quart sont « antisystème intensif » mais pas contre l’élevage en production standard. (Les 10 % de personnes interrogées restant ne sont pas statistiquement classés dans un groupe) Les éleveurs devront donc viser à améliorer leur système de production de viande afin de mieux répondre aux demandes de la société qui se veut de plus en plus exigeante. La finition des animaux s’effectue avec des rations à base d’ensilage de maïs, de céréales et d’aliments du commerce.L’utilisation de ces pâturages comme aliment de croissance et de finition des femelles, avec un cahier des charges de reconnaissance des qualités, peut avoir de nombreux intérêts pour la valorisation des produits. Une herbe de qualité, pâturée ou récoltée, en forte proportion dans la ration donne de la viande de qualité en influant sur les paramètres suivants : la couleur de gras, la teneur en omégas 3… De plus, en terme d’image, pour le consommateur, la vache qui vit au milieu des prés est « heureuse » et bénéficie d’un bien être animal optimum. Ce savoir-faire pourrait être valorisé auprès du consommateur et rémunérateur pour l’éleveur.

Contexte local (Sud Creuse) :
Les agriculteurs du sud creusois disposent d’importantes surfaces en herbe (80% de la SAU), naturelles ou temporaires qui sont valorisées par le cheptel reproducteur. Moins de 10 % des produits sont finis sur le sud du département de la Creuse, les broutards sont exportés en maigre vers l’Italie ou l’Espagne en grande majorité.

L’objectif de ce stage est de développer un modèle de production à base d’herbe, qui pourrait, répondre à la demande de la société, s’adapter aux conditions pédoclimatiques de la région et permet aux agriculteurs de valoriser leur production .

Le GDA d’Aubusson:

Le Groupement de Développement Agricole (GDA) d’Aubusson fait partie d’une des 4 antennes décentralisées de la chambre d’agriculture de la Creuse. Ce groupement a pour but d’être plus proche des exploitants pour les conseils et les services que peut proposer la chambre d’agriculture. Cette antenne regroupe deux GDA, celui d’Aubusson qui est associé à celui d’Auzances. On retrouve entre 6 et 9 conseillers agricoles ainsi qu’une secrétaire par antenne. Celle d’Aubusson dispose de deux conseillers permanents et d’une secrétaire à mi-temps. Celle-ci est l’unique employée du GDA puisque les conseillers sont salariés de la chambre d’agriculture. Les deux conseillers du GDA, Pascal Devars et Pascal Fleurat sont spécialisés dans des domaines précis qui sont respectivement, la nutrition animale, les fourrages et les productions végétales pour l’un, et l’installation des jeunes agriculteurs, la transmission des exploitations et le conseil en entreprise pour l’autre. Pour informer au mieux leurs adhérents, les GDA reçoivent également l’aide d’autres conseillers spécialisés de la Chambre d’Agriculture qui rencontrent les agriculteurs en rendez-vous dans les différentes antennes du département. Sur celle d’Aubusson, les conseillers proposent également des formations régulières sur des thèmes variés en lien avec le contexte agricole et économique du moment. Ces formations permettent aux agriculteurs d’avoir une autre approche, de se perfectionner et de répondre aux problématiques de leur exploitation. Grâce à leur cotisation au GDA, les adhérents bénéficient de l’envoi de 11 horizon Agricole (1/ mois sauf en Août) qui est une revue agricole éditée par la Chambre d’agriculture. Leur cotisation peut également leur permettre de bénéficier de réductions sur les différentes prestations qui leur sont proposées par la Chambre d’agriculture Les cotisations au GDA se font par l’intermédiaire de GVA de secteur (Aubusson, Crocq, Bellegarde, Felletin, St agnant près Crocq et Vallière). Le tarif des cotisations varie en fonction des GVA, ceux-ci reversent au GDA 65€/adhérent en individuel et 90€/ adhérent en société .

La couleur de la viande et du gras :

Pour le consommateur la couleur de la viande est souvent associée à une garantie de qualité, une viande trop foncée sera considérée comme « non fraiche ». A contrario ; une viande de couleur vive sera préférée par la majorité des consommateurs. Plusieurs paramètres influencent la couleur de la viande, ils sont principalement liés au travail post mortem et l’âge de l’animal. Le premier facteur qui est responsable de la couleur de la viande est l’évolution du pH de l’animal après l’abattage. Normalement on passe d’un pH près de la neutralité à un pH des muscles à environ 5,5 à 5,7 dans les 24 à 48 après la mort de l’animal, ce qui donne une viande rouge vive. Pour certain animaux la chute du pH se limite à 6, dans ce cas on obtient des viandes « sombre ». Ce phénomène est dû à un manque de réserve en glycogène (sucre) avant la mort de l’animal. Il faut également faire attention au stress avant abatage pour ne pas accentuer la consommation de glycogène. L’âge de l’animal est là encore important, plus l’animal sera vieux plus la couleur de sa viande sera rouge vive car la pigmentation de la viande augmente avec l’âge. Cette pigmentation évolue principalement dans les 2 premières années de la vie de l’animal par la concentration des myoglobines dans les muscles, après deux ans, la coloration ralentie. La teneur en antioxydants naturels, de type vitamine E peut intervenir sur la stabilité de la couleur de la viande. Une carence en vitamine E peut créer une pigmentation plus fragile et moins stable dans le temps. Elle est liée à une sous alimentation, car la vitamine E est stockée dans les tissus adipeux. Un régime à base d’herbe est plus riche en vitamine E qu’une ration à l’auge à base de fourrages conservés ou céréales. La couleur du gras dépend de la ration de l’animal en période de finition, une ration composée d’aliments type conservés type le maïs ou des céréales, donne un gras de couleur marbre. On aurait pu penser que le maïs avec sa couleur jaune donnait un gras de même couleur. En fait la couleur jaune résulte d’une longue alimentation à l’herbe ou d’un engraissement à base d’herbe. Cette couleur est liée à une présence de b carotènes dans l’herbe qui induit une pigmentation jaune du gras.

La santé :

La viande est souvent critiquée pour l’impact qu’elle peut avoir sur notre santé, en particulier pour sa teneur en lipides. Mais la viande reste pour autant un des aliments les plus riches en macronutriments (protéines, lipides, glucides…) et en micronutriments (vitamines et minéraux) qui en font une référence pour la nutrition humaine. Cette source de nutriment permet, pour 100g de viande, de couvrir 15% des besoins journaliers, dont 30 % des besoins en ZINC et 15% en sélénium. La vitamine que l’on retrouve exclusivement dans les produits d’origine animale est la vitamine B12. La viande peut, à elle seule, couvrir l’ensemble des besoins journaliers en B12.

Type de sol
Les sols du secteur du GDA d’Aubusson évoluent sur un substrat granitique. En raison du relief, leur potentiel est très hétérogène. En général ce sont des sols légers avec de faible potentiel de rendement. L’herbe est la culture qui s’adapte le mieux à ce type de sols (rendement moyenne de 8 T MS). Le faible taux de parcelles labourables limite les possibilités d’implanter les cultures dans de bonnes conditions.

Présentation de l’expérimentation
Cette expérimentation a pour but de vérifier la faisabilité d’engraisser des jeunes animaux à l’herbe. C’est la troisième année que cet essai est en place sur l’exploitation du GAEC LAFORGE. Les animaux sont conduits avec une alimentation à base d’herbe durant la période d’engraissement, sauf les trois dernières semaines (phase de finition) ils reçoivent une ration à base de fourrage et de céréales produites sur l’exploitation avec un complémentaire azoté. Durant la dernière phase, les besoins en énergie sont plus importants pour permettre la mise du gras de couverture. C’est pourquoi l’utilisation de céréales est recommandée durant cette période.

Présentation de la parcelle
Les génisses pâturent une parcelle de 3,5 ha en prairie permanente sur sol sablo-limoneux. La flore de la prairie est composée de Ray-grass anglais, de pâturin et trèfle blanc. La parcelle ne présentant pas d’hydromophie particulière, permet de supporter un pâturage précoce au printemps. Le pâturage tournant est utilisé pour la gestion de l’herbe. C’est pourquoi, la parcelle est découpée en 5 paddocks pâturés, dans l’ordre de numérotation. La clôture électrique est utilisée pour diviser la parcelle en 5. Le paddock numéro 5 peut-être destiné à la fauche lorsque les stocks d’herbe sur pied représentent 15 jours d’avance. La parcelle dispose de 2 points d’abreuvement et de haies réparties sur les cinq paddocks .

Discussion:

Une marque ?

Après avoir discuté avec les différents acteurs de la filière (éleveurs et acheteurs), nous avons conclu qu’en l’état d’avancement du projet, la création d’une marque est prématurée. En effet au sein du groupe d’agriculteurs, seule une partie du groupe maitrise la production, les autres ont plutôt une volonté de produire des animaux finis à l’herbe. Pour créer une marque, il faut être en capacité d’approvisionner la filière toute l’année, avec une qualité de viande constante. De plus, de nos jours, le consommateur dispose d’un grand nombre de marques. Actuellement, il nous parait opportun de travailler en priorité sur le mode de production et d’accompagner les éleveurs dans ce domaine.

Conclusion:

L’analyse de trois études relatives à la demande de la société en matière de qualité de viande permet d’affirmer que la finition d’animaux à l’herbe remplit les critères de cette dernière. En effet l’animal en plein air est synonyme de bien-être, l’herbe est un aliment naturel donc garant de qualité pour le consommateur, cette image à très court terme pourra être valorisé auprès du consommateur. Conscient de ce potentiel le groupe d’agriculteurs exprime une forte volonté de répondre à cette opportunité. Chacun d’entre eux souhaite se former et développer ce mode de finition au sein de son système d’exploitation. Actuellement, le frein se situe au niveau de l’ensemble de la filière qui souhaite plutôt intégrer ce type de produit dans leurs débouchés sans apporter une plus-value à l’éleveur, tout en considérant que l’éleveur dégage une marge supplémentaire par le faible coût de production.

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Table des matières

INTRODUCTION
PRESENTATION DE L’ENTREPRISE
La chambre d’agriculture
Le GDA d’Aubusson
RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE
Les attentes de la société
Les attentes des agriculteurs
L’engraissement d’animaux à l’herbe vérifie-t-il les attentes de la société et des éleveurs ?
L’engraissement à l’herbe de nos jours ?
5 scénarios pour le Massif Central
Le plan pour le Massif Central
LA METHODE D’ENGRAISSEMENT D’ANIMAUX A L’HERBE EST-ELLE LA MIEUX ADAPTEE POUR LES
AGRICULTEURS DU GDA D’AUBUSSON ?
Contexte pédoclimatique
Le Climat 15
Type de sol
Les acteurs de la filière locale
Quelle plus-value peut apporter l’engraissement à l’herbe dans un système ?
EXPERIMENTATION REALISEE
Présentation de l’expérimentation
Présentation de l’exploitation
Présentation de la parcelle
Conduite des animaux
Gestion du pâturage
Méthode de gestion
La phase de prévision
La phase de conduite
Les connaissances incontournables
Mécanismes de la pousse de l’herbe
La somme des températures, facteur important du pâturage
Evolution de la pousse de l’herbe
RESULTATS
Croissances des animaux
DISCUSSION 
Une marque ?
L’avenir du groupe d’agriculteurs
CONCLUSION

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