L’enfant au centre de l’environnement social scolaire

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L’amenagement de l’espace à la taille de l’enfant

L’espace scolaire existe en référence à un sujet : l’élève ; qui perçoit l’environnement autour de lui. Mais l’espace existe aussi par ce qui le structure et en modifie la perception. Les meubles et les outils d’apprentissage participent ainsi la création de l’espace scolaire.
L’aménagement des espaces doit être adapté à la taille de l’enfant et doit favoriser l’exploration et le jeu. Allier la liberté de jeu avec un environnement propice à la découverte et à la création, permet aux enfants de réaliser des actions qui durent dans le temps. Le matériel mis à disposition des élèves doit être suffisamment riche en possibilités d’exploration afin d’engendrer des apprentissages.
L’aménagement de l’espace doit solliciter le développement de l’autonomie des enfants. L’espace doit permettre aux élèves d’accéder librement au matériel et aux jeux ; les conditions d’aménagement doivent ainsi permettre d’acquérir une autonomie croissante. Pour ce faire, le matériel doit avoir une place identifiable par l’élève qui saura où le trouver et où le ranger.
De la même façon, le mobilier scolaire joue un rôle important dans le développement de cette autonomie. Les interrupteurs, les poignées de porte, les rampes d’escalier vont être des éléments qui amènent l’élève à conquérir son autonomie : tout ce qui constitue l’aménagement des espaces dans lequel l’élève va évoluer stimulera ses sens.
Nous pouvons souligner la question des fenêtres qui, dans la plupart des classes, se situent à la hauteur des yeux des adultes. Que perçoit alors l’enfant de cet espace ? Il en est de même pour les espaces extérieurs. En effet, le portail et les clôtures participent à l’ambiance générale de la cour. Du point de vue des enfants, cet espace peut être perçu comme un lieu fermé ou comme un lieu de liberté et de découverte.
Depuis une cinquantaine d’années, l’aménagement scolaire évolue vers du matériel scolaire et des tables individuelles adaptés à l’enfant. Selon l’âge des enfants, le matériel aura des tailles différentes : nous ne retrouverons pas en maternelle le même mobilier qui sera utilisé en cycle 3. Cette échelle de mesure évolutive démontre que la croissance corporelle de l’enfant se répercute sur sa perception de l’espace.
Dans leurs travaux6, Alain Legendre, Anne-Marie Fontaine et Josette Serres, chargés de recherche au CNRS, conçoivent l’espace scolaire comme un environnement dans lequel interagissent trois composantes : les enfants (la taille du groupe et l’âge des enfants), les adultes (le nombre et leur positionnement), et les ressources matérielles (l’intérêt et la disposition). Ainsi, toute modification d’une composante entraîne des changements au niveau des deux autres. Les éléments constitutifs de l’aménagement de l’espace classe devront être adaptés pour une bonne adéquation.

La configuration traditionnelle de la classe de CM1

Dans le cadre du Master 2, je me suis rendue en stage une journée par semaine, pendant dix semaines, dans une classe de CM1 de l’école élémentaire d’application Musset (16ème arrondissement). Durant cette période, j’ai eu l’occasion d’observer les pratiques d’enseignement du professeur, ainsi que les aménagements de l’espace qui avaient été mis en place.
Ce premier terrain d’observation ne m’a pas particulièrement questionné au premier abord : les tables étant disposées frontalement au tableau, en trois rangées. C’est lors de la troisième semaine d’observation que la problématique de la gestion de l’espace m’est apparue. En effet, en arrivant dans la classe, l’aménagement de l’espace ayant été modifié, j’ai commencé à réfléchir et interroger l’enseignante sur l’importance de la gestion de l’espace-classe.
L’emplacement du bureau de l’enseignant dans la classe joue un rôle particulier. Il sert principalement à accueillir les outils et les documents de l’enseignant et permet à ce dernier de corriger les travaux des élèves. Le bureau est placé sur un côté de la salle : il n’est pas central et ne s’inscrit pas dans une position magistrale. Sa position témoigne donc d’un autre fonctionnement de la classe.
La disposition de la classe n’est pas neutre. Il ne suffit pas de changer l’aménagement de la classe pour changer les pratiques pédagogiques, mais la disposition de la classe y joue un rôle. La classe doit être réfléchie comme un espace modulable en fonction des différents moments de la journée, de la semaine, ou de l’année. En début d’année scolaire, l’aménagement traditionnel de l’espace rectangulaire avec un tableau au mur a été mis en place pour centrer l’espace sur le maître et répondre à une nécessité de surveillance. Dans un second temps, l’enseignant est alors passé à une autre disposition afin de favoriser les échanges entre les élèves et le travail en groupe. La disposition traditionnelle a permis au professeur d’apprendre à connaître les différents élèves de la classe. Cet aménagement était mis en parallèle avec des travaux de groupe qui avaient lieu à l’extérieur de l’espace de la classe.

Travailler autrement : des espaces specifiques de travail

La classe se décompose en plusieurs espaces. Nous retrouvons un ordinateur en accès autonome et libre au fond de la classe, un coin bibliothèque et un coin DVD. Les élèves peuvent emprunter les livres et les DVD à tour de rôle. Laisser les élèves travailler de façon autonome et utiliser le matériel de la classe permet de les responsabiliser tout en proposant des modalités de travail différentes. Au fond de la classe, un meuble a été aménagé afin de créer un coin de « vie » pour le projet jardin de classe. Cet espace a été réaménagé et enrichit toutes les semaines en fonction de sur quoi travaillaient les élèves. Ce coin jardin permet alors
à l’enseignant de proposer un travail de différenciation, par exemple lorsqu’un élève a terminé son travail avant le reste de la classe. Ces espaces permettent de répondre à un aménagement efficace mais qui joue aussi un rôle principal dans l’autonomie des élèves.
L’importance du travail en dehors de l’espace classe était primordial pour cet enseignant. Le projet jardin s’y prêtait particulièrement du fait du rapport à l’extérieur qu’il nécessitait. Il a permis de montrer aux élèves que les apprentissages ne s’effectuaient pas seulement entre les quatre murs de la classe, mais que l’on pouvait aussi travailler et apprendre dans la cour, dans le potager de l’école, dans la rue.

La configuration specifique de la classe de maternelle

Lors de la seconde période du Master 2, j’ai effectué un deuxième stage filé, de dix semaines, dans une classe de Petite et Grande Section de l’école maternelle Ampère du dix-septième arrondissement. J’ai ainsi pu mêler les observations que j’avais effectuées en école élémentaire à celles effectuées lors de ce stage.
Tout d’abord, en école maternelle, les parents occupent une place différente au sein de l’école en accompagnant les enfants au sein de la classe et en venant les récupérer le soir. La loi de la Refondation de l’Ecole a ainsi créé un cycle unique pour l’école maternelle et nous retrouvons dans les programmes de l’Education Nationale l’intégration des parents dans le premier point « Une école qui accueille les enfants et leurs parents », qui souligne l’accueil quotidien dans la salle de classe comme moyen de sécuriser l’enfant.
Une gestion spatiale des parents a ainsi été mise en place. Les parents peuvent accompagner leur enfant à partir de 8h20 dans la classe, rester jusqu’à 8h30 à l’intérieur de l’espace classe, et agir avec les enfants en jouant avec eux, en lisant une histoire… La sortie s’effectue à partir de 16h20. La maîtresse appelle un par un les élèves pour sortir et les parents attendent devant la porte extérieure à la classe sur la terrasse. La gestion spatiale des parents induit alors un mode de fonctionnement différent en école maternelle.

Plan de la classe de maternelle et circulation des parents

Une particularité à laquelle a du faire face l’enseignant de cette classe est la gestion du double niveau Petite et Grande Section. En effet, les besoins des enfants de ces deux âges ne sont pas les mêmes et ne nécessitent pas les mêmes aménagements. L’enseignant a pris le parti de séparer la classe en deux espaces distincts à l’aide d’un meuble bas qui permet aux élèves de voir le professeur, de n’importe quel endroit où ils se trouvent. Ces espaces sont dédiés d’une part aux élèves de Petite Section, et de l’autre à ceux de Grande Section. Le mobilier n’est pas le même pour les deux niveaux : les tables et les chaises sont adaptées à la taille de chacunes des tranches d’âge. Néanmoins, ces deux espaces étant différenciés les élèves circulent librement au sein de la classe et peuvent occuper l’espace comme ils le souhaitent. Cette gestion spatiale de l’espace permet à l’enseignant de donner un travail à un groupe, les laissant ainsi travailler en autonomie, tout en pouvant les observer de l’autre partie de la classe. Les coins participent à la libre circulation des élèves dans l’espace. Le coin-regroupement étant intégré du côté des élèves de Petite Section induit un partage de l’espace entre les deux niveaux. De plus, les coins-jeux disposés à différents endroits de la classe, participent à mélanger et à favoriser la coopération entre les deux niveaux.

Configuration specifique de l’ecole Saint-Merri Renard

En réfléchissant autour de la problématique de l’architecture scolaire, une école parisienne est apparue essentielle à observer : l’école primaire publique Saint-Merri Renard. J’ai contacté le directeur de l’établissement pour demander la possibilité d’y effectuer un temps d’observation. Ce dernier m’a tout de suite répondu positivement. J’ai donc été reçue un mercredi matin à dix heures. Durant deux heures, le directeur de l’école m’a fait visiter les locaux : les salles de classe, les différentes cours de récréation, la salle d’art plastique, le gymnase, la terrasse… Après cette visite, le responsable de l’établissement a accepté de répondre à des questions que j’avais préparées. Je n’ai pas eu l’autorisation d’observer le fonctionnement d’une classe en m’intégrant au groupe. Mes analyses sont donc subjectives, en grande partie guidées par les réponses qu’a pu m’apporter le directeur, et par l’observation sommaire que j’ai pu effectuer.
L’école primaire publique Saint-Merri Renard a été conçue en 1972 par les architectes Alain Gamard, Daniel Lombard et Edouard-Marc Roux, au même moment que le chantier voisin du Centre Pompidou. Cette école a remplacé celle qui a été détruite pour construire le trou de Beaubourg.
Le projet a été réalisé en collaboration avec des professionnels de l’éducation dans le but de construire une école fonctionnelle favorisant les apprentissages. L’école se veut ouverte sur l’extérieur avec de grandes baies vitrées soutenant l’idée d’une transparence des savoirs. Dans le programme de construction du projet, une piscine, un gymnase et des bains municipaux ont été intégrés. On parle ainsi de multi-équipements. L’école bénéficie de ce fait de structures qui permettent aux enseignants d’enseigner dans des conditions de travail optimales. Nous pouvons noter la proximité du centre Pompidou qui facilite l’accès à la culture des élèves.
La particularité de cette école réside en son fonctionnement par plateaux d’enseignement. Le méso-espace de la classe n’existe plus : trois classes se font face et se partagent un unique espace. Les classes ne sont pas séparées par des cloisons. On parle alors d’une école à aires ouvertes, qui a pour vocation une ouverture du monde scolaire sur la vie quotidienne des enfants : le quartier, les familles, la vie sociale… Les plateaux d’enseignement regroupent plusieurs niveaux dans un même espace. Au deuxième étage, on retrouve les classes de CE2, CM1, et CM2 ; au troisième étage se mêlent les classes de Grande Section, CP et CE1 ; et au quatrième étage les classes de Petite Section et de Moyenne Section se partagent l’espace.

Le bâtiment comme outil de travail

Le terme d’« école différente » a été employé par le directeur dès le début de notre discussion. La spécificité que possède cet établissement est d’être utilisé comme un outil de travail : l’espace est mobilisé comme un outil d’enseignement. En effet, la particularité architecturale du bâtiment s’inscrit de l’enseignement des professeurs jusqu’au projet d’école.
La question fondamentale que je me suis posée lors de cette visite a été la suivante : comment les enseignants s’organisent-ils pour faire classe ? Comment se servir de cet espace atypique de travail pour favoriser les apprentissages des élèves ?
Tout d’abord, l’importance du travail d’équipe est inscrit dans le projet d’école. Ce travail d’équipe fédère les enseignements au sein d’un cycle et garantit une continuité éducative. Le directeur de l’école a en effet souligné à de nombreuses reprises que le travail en groupe de l’équipe pédagogique était mis en avant et primordial pour une bonne cohabitation. Par exemple, si un enseignant d’un plateau décidait d’évaluer ses élèves, il faudrait que les enseignants placés à proximité favorisent des activités pédagogiques calmes. De plus, le travail inter-cycle est largement mis en place pour favoriser les apprentissages des élèves. Ainsi, j’ai pu observer lors de ma visite les trois classes de CE1 en train de réaliser un travail commun. Les élèves des différentes classes étaient répartis comme ils le souhaitaient dans l’espace. La notion de classe n’existe plus. La communication entre les différents membres de l’équipe pédagogique est le pilier qui fait cohabiter plusieurs classes au sein d’un même espace.
Les spécificités spatiales de ce bâtiment permettent aussi de travailler l’autonomie à travers une liberté de circulation des élèves. L’autonomie des enfants représente un des aspects les plus frappant à la vie de l’école. Les déplacements des élèves s’effectuent de façon fluide et autonome, malgré l’effectif important et l’espace restreint des couloirs de circulation. En effet, le décloisonnement des espaces permet aux élèves et aux enseignants d’être vus et de voir en permanence ce qu’il se passe, ce qui induit un sentiment de sécurité et de confiance qui favorise une responsabilisation des élèves.
En dernier lieu, nous pouvons citer le projet d’aménagement du toit-terrasse qui est en cours. Aujourd’hui cette toiture est inutilisée. Néanmoins un budget participatif a été voté afin de repenser cet espace et pour le mettre à disposition des apprentissages en créant un jardin pédagogique. Ce projet a pour ambition de créer un verger, des serres, des outils de compostage et de récupération d’eau en sollicitant les élèves pour les plantations, l’entretien, et l’observation. Mettre en place ces espaces permettra ainsi aux élèves de découvrir une nouvelle forme de travail. Nous pouvons noter la présence de tables de travail, qui seront intégrées au milieu de ce jardin, offrant de véritables espaces de travail et soulignant la légitimité pédagogique de ce lieu.

L’adaptation de l’ecole aux besoins educatifs

Les méthodes pédagogiques n’ont de cesse d’évoluer, les besoins éducatifs d’aujourd’hui sont ainsi différents de ceux d’hier. L’espace scolaire doit pouvoir s’adapter à la taille des groupes d’élèves et aux méthodes actuelles. En construisant une école, il faut chercher à accompagner ces changements.
Comme le souligne Bruno Marchand12, la défonctionnalisation de l’espace scolaire constitue un point essentiel. Etant par définition un lieu public, le bâtiment scolaire est conçu pour servir à des usages multiples dans le cadre scolaire. La défonctionnalisation permet d’annuler la spécificité d’un espace : les espaces scolaires doivent être assez souples pour s’adapter à de nouvelles méthodes pédagogiques. La défonctionnalisation est une modalité ancienne puisque « chez les Grecs, l’espace est pratique avant d’être un lieu ». La défonctionnalisation permet alors une flexibilité qui ouvre à une variété de situations d’apprentissages.
La réversibilité constitue la deuxième modalité essentielle pour construire un nouvel espace scolaire. Sous le terme de réversibilité de l’espace est sous-entendu la possibilité de changer la fonction d’un espace sans toucher à son ensemble. Des espaces souples et modulables permettront aux professeurs d’inscrire de nombreuses activités au sein d’un même espace.
Lors de mon stage effectué dans l’école l’école élémentaire Musset, j’ai pu observer la mise en place d’activités différentes au sein d’un même espace : le gymnase de l’école. Ce gymnase a permis d’accueillir des temps de regroupement, des activités de jeux collectifs en Education Physique et Sportive, et des Activités Pédagogiques Complémentaires. Cet espace pouvait aussi être occupé le temps du midi quand il pleuvait et que les élèves ne se rendaient pas dans la cour de récréation. Le gymnase de l’école étant assez vaste et peu meublé, il permet aux professeurs de s’approprier le lieu et de l’aménager pour chaque nouvelle situation pédagogique.

Une ecole qui peut se transformer dans le temps ?

L’espace scolaire se doit de se transformer sans cesse : les équipes changent, les pratiques et les projets pédagogiques se développent et les effectifs des élèves évoluent. La croissance des villes n’a néanmoins pas toujours été prévue lors la conception des écoles. Des classes conçues pour accueillir vingt-cinq élèves réunissent aujourd’hui plus de trente élèves.
Recevoir plus d’élèves implique de disposer d’espace disponible à l’intérieur ou autour du bâtiment. Pour imaginer des extensions il faudrait que l’école puisse garder sa lisibilité et sa fluidité initiale de fonctionnement. Ce sont alors des anticipations qui pourraient être prises en compte dès le projet initial de construction : permettre des transformations dans le futur pour les usagers du bâtiment en fonction de leurs besoins.
La Kingsmead Primary School, à Northwich au Royaume-Uni, est une école qui a été pensée par les architectes comme étant une école qui pourra s’étendre avec le temps et en fonction des besoins qu’elle rencontrera. Sa structure porteuse en bois permet une flexibilité des espaces. En effet, les espaces peuvent évoluer grâce à des parois coulissantes, en permettant ainsi des espaces plus vastes ou plus restreints en fonction des situations d’apprentissages voulues par le personnel enseignant.

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Table des matières

Introduction
1. L’enfant en tant qu’individu au coeur de l’architecture scolaire
1.1. Les besoins de l’enfant
1.2. L’espace scolaire à la taille de l’enfant
1.3. La récréativité de l’espace
2. L’enfant au sein de la communaute d’enfants de l’espace classe
2.1. La configuration traditionnelle de la classe de CM1
2.2. La configuration spécifique de la classe de maternelle
2.3. La configuration spécifique de l’école Saint-Merri Renard
3. L’enfant au centre de l’environnement social scolaire
3.1. La prise en compte des flux
3.2. L’adaptation de l’école aux besoins éducatifs
3.3. L’école comme équipement public communal
Conclusion
Bibliographie

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