Dakar, capitale du Sénégal, grâce à sa position géographique, son important niveau institutionnel et infrastructurel, est devenue une ville cosmopolite, symbole de l’Afrique, un lieu de brassage de toutes les cultures du continent africain et du monde, une destination touristique, mais aussi une ville stratégique sur le plan politique et géopolitique. L’espace urbain de l’agglomération dakaroise traduit le caractère pluriel et complexe des problèmes posés par la superposition de phénomènes et situations très différenciés.
Son expansion très rapide liée à une urbanisation non contrôlée, induit un certain nombre de dysfonctionnements dont la résolution exige des moyens énormes, souvent hors de portée de l’Etat et des collectivités locales. Ces dysfonctionnements qui se répercutent dans l’ensemble des secteurs socio-économiques constituent un frein au développement urbain.
La concomitance d’une croissance démographique exponentielle et d’une expansion spatiale rapide se traduit souvent par des pressions de natures diverses qui s’exercent à tous les niveaux, notamment sur les équipements collectifs, indispensables au bon fonctionnement de la ville. Ces pressions sont d’autant plus grandes qu’il y a d’une part un déséquilibre dans la répartition spatiale des équipements et d’autre part un important déficit en infrastructures (voirie et réseaux divers…).
Dakar est ainsi confronté à une crise multiforme qui se traduit par une croissance urbaine accélérée, une mauvaise performance enregistrée dans le secteur moderne, ayant pour conséquence le renforcement des activités du secteur informel. L’essor de ce secteur qui, depuis quelques décennies pallie les insuffisances de l’Etat en matière d’offre de services, a transformé les rues en des lieux de travail, en théâtre d’activités diverses entrainant l’anarchie et le chaos dans le paysage urbain. Cette situation induit certaines défaillances comme l’occupation continue de l’espace public se traduisant par l’encombrement des rues qui préoccupe de plus en plus les pouvoirs publics qui se trouvent dans l’incapacité de satisfaire la demande des populations de disposer d’un cadre de vie épanoui. Ce phénomène n’est pas spécifique à Dakar, ni même au Sénégal, c’est l’ensemble des villes des pays en développement qui sont confrontées au phénomène de croissance urbaine.
Problématique
La question de l’encombrement des rues interroge la société africaine dans ses multiples dimensions socio-économiques, culturelles, politiques et environnementales. Dans un contexte de globalisation, la rue s’est renforcée comme lieu d’expérimentation et de construction collective d’alternatives socio-économiques, devenant pour les populations précarisées un rempart contre l’anéantissement social.
Dakar concentre la quasi-totalité du tissu industriel du pays, la totalité des institutions politiques, les plus grands centres commerciaux. Les biens et services n’existent pratiquement pas dans la plupart des localités de l’intérieur du pays et même la vie culturelle semble avoir exclusivement élu domicile à Dakar. La conséquence d’une telle disproportion dans l’allocation des ressources du pays et dans la production des richesses est qu’on assiste à l’émergence d’un nouveau type de citoyen. Ce type de citoyen nouveau se sent exclu du système et est extrêmement frileux et hostile à toute forme d’adhésion aux différentes initiatives prises dans le sens d’une résolution ponctuelle des problèmes.
Dakar a une morphologie symptomatique du dérèglement qui caractérise l’économie sénégalaise et l’aménagement du territoire qui est censé l’accompagner. Dakar fait, en effet, partie de ces capitales qui donnent plutôt l’impression d’être de petites villes ceinturées par de gros villages. L’urbanisation incontrôlée a des origines et des causes diverses, mais ses conséquences restent les mêmes : paupérisation galopante, insécurité chronique, inégalités sociales de plus en plus tranchées, etc.
Il y a incontestablement une disharmonie à la fois démographique, infrastructurelle, sociale et économique au Sénégal et plus manifestement encore à Dakar. Au lieu que l’espace soit domestiqué et contrôlé, c’est l’inverse qui s’est produit : à force de l’occuper de façon spontanée et anarchique, il est devenu un fardeau, une pesanteur qui plombe tous les efforts de développement harmonisé. Le cadre de vie et les infrastructures dans la banlieue dakaroise permettent de se rendre compte de l’étendue du paradoxe vers lequel mène cette urbanisation galopante. Il n’y a quasiment pas d’unité industrielle dans la banlieue et pourtant elle reste la zone la plus peuplée par les jeunes en âge de travailler.
La méthode de collecte des données
Les besoins de la collecte de données pour mieux connaître l’état des productions scientifiques relatives à notre thème de recherche nous ont orientés vers les institutions, structures de recherche et centres de documentation. Il s’agit, entre autres de :
• la bibliothèque du département de Géographie et de la bibliothèque centrale de l’UCAD, de la bibliothèque de l’ESEA ;
• la Direction d’Urbanisme et de l’Architecture ;
• l’ANSD ;
• la Division des Halles et marchés de la ville de Dakar ;
• la Direction générale du PNLE ;
• la Mairie de Gueule Tapée-Fass-Colobane.
L’objectif visé est de recueillir le maximum d’informations auprès d’acteurs capables de nous édifier sur des questions directement liées à notre étude : types d’acteurs, les actions menées, les domaines d’intervention, les attentes et les atouts mais aussi les limites. Les premières sorties ont été sans questionnaire, c’était uniquement pour appréhender les diverses situations, les décrire et les analyser. Nos observations ont été portées sur les équipements et activités à proximité en sillonnant tous les grands axes : rues, allées, carrefours, marchés, trottoirs, lieux de commerce et de transports pour mieux observer les manifestations de la problématique de l’encombrement des rues dans notre zone d’étude. Ainsi, nous nous sommes rendus tour à tour au niveau:
• de la Mairie de Gueule Tapée-Fass-Colobane : les informations ont porté sur des questions liées à la Gestion municipale, aux impacts des activités de la rue sur l’environnement urbain, les différentes politiques et projets mis en œuvre pour améliorer le cadre de vie et les conditions de vie des populations de la commune. Aussi, le poids des activités de la rue sur l’action municipale c’est-à-dire apport en impôts et taxes.
• aux services chargé de l’Urbanisme et de l’Habitat pour avoir une vue sur le développement urbain de la commune à travers l’occupation du sol, les qualités architecturales, la morphologie et les infrastructures etc.
Les informations issues de ces divers entretiens nous ont permis d’identifier les atouts et les contraintes du développement de la commune. En d’autres termes, ces entretiens ont visé à avoir une approche des réalités des acteurs rencontrés ; La collecte de données a été riche en enseignements sur la Commune, de plus en plus de documents administratifs et techniques sont en ligne. L’internet a été un grand apport dans notre recherche documentaire. Nous avons eu l’opportunité de consulter des documents statistiques qui auraient été difficilement accessibles sur place. C’est le cas de l’ANSD, qui publie régulièrement l’ensemble des données statistiques sur son site internet. Par ailleurs, la consultation d’articles et de revues a été une source pertinente de documentation.
Durant notre séjour sur le terrain, l’observation directe nous a permis d’étudier les pratiques des acteurs et d’en garder des traces (photographies, images). Le recours à la photographie est un des outils de la recherche de terrain qui a permis d’illustrer l’observation directe et d’analyser les comportements sociaux.
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Table des matières
Introduction générale
Problématique
Méthodologie de recherche
PREMIERE PARTIE : Gueule Tapée-Fass-Colobane, une commune en mutation
Chapitre I : Profil de la commune de Gueule Tapée-Fass-Colobane
Chapitre II : Situation socio-économique de la commune
DEUXIEME PARTIE : Facteurs de l’encombrement des rues de la Commune de Gueule Tapee-Fass-Colobane
Chapitre I : Les causes de l’encombrement des rues
Chapitre II : Profil des occupants
TROSIEME PARTIE : Impacts et Stratégies contre l’encombrement des rues de la commune de Gueule Tapée-Fass-Colobane
Chapitre I : Les impacts de l’encombrement des rues
Chapitre II : Stratégies de lutte l’encombrement à Gueule Tapée-Fass-Colobane
Conclusion générale
Références bibliographiques
Table des matières
ANNEXE