L’emploi au sein de l’économie de l’information
LE CONTEXTE DE L’ECONOMIE DE L’INFORMATION ET L’EMPLOI
Les années quatre-vingt-dix se sont caractérisées par plusieurs faits qui ont bouleversé beaucoup de domaines. Dans le monde entier, nous assistons à de nouveaux concepts, de nouvelles idées, voire des révolutions touchant plusieurs domaines : révolution numérique, révolution informationnelle, postindustrielle, la troisième révolution industrielle. Le terme « révolution » désigne un changement radical, résultant de l’introduction des technologies de l’information et de la communication qui ne se présentent pas seulement comme de nouvelles technologies, mais comme des voies pour de nouveaux modes de vie.
Durant la révolution industrielle, qui a duré plus de deux siècles, l’invention de la machine à vapeur et les autres innovations techniques ont été à l’origine de l’apparition des modes de production industrielle. De ce fait, le capitalisme ainsi que le déplacement de l’emploi agricole vers l’emploi industriel, où l’industrie devenait l’activité principale et productive remplaçant l’agriculture, ont stimulé l’agrandissement des villes autour des manufactures (des usines), l’accroissement du libéralisme et le développement des pays industrialisés à la fin du 19ème siècle. Au début du 20e siècle, plusieurs changements ont été mis en ligne, notamment avec le développement de la bureautique, des entreprises financières et non industrielles et l’intervention de l’État. Ces changements ont favorisé l’expansion du secteur des services et la tertiarisation de l’emploi.
Néanmoins, avec l’avènement des nouvelles inventions, durant et après la guerre mondiale, et en particulier l’ordinateur et le transistor, on a assisté à l’ère de l’automatisation et l’utilisation des nouvelles technologies. En revanche, l’impact de ces dernières n’a eu son effet qu’après les années quatre-vingt-dix. Les changements induits au cours de ces années ont été la conséquence de plusieurs éléments préalables, tels que les inventions, l’amélioration de l’enseignement et le niveau de vie et la tertiarisation des activités. Ce qui a donné naissance à la société de l’information dénommée aussi la société numérique ou bien la société du savoir. À ce moment-là de nouveaux termes ont été introduits dans le dictionnaire : la société de l’information, le numérique, l’économie de savoir, les autoroutes de l’information, les nouvelles technologies de l’information et de communication, ainsi de suite. En plus d’autres vocables existants déjà, mais dont le sens a évolué du fait des TIC. Quelles significations donnerait-on à ces termes ? À quel niveau les utilise-t-on ? Notre réponse à ces interrogations élucidera la portée sémantique des vocables en question. En premier lieu, nous définirons les concepts opératoires puis nous aborderons le concept de « la nouvelle économie» (l’économie de l’information) pour décrire ses composantes, les aspects et les changements qui lui sont liés et enfin nous analyserons la place de l’emploi au sein de cette économie.
L’innovation radicale
C’est est une innovation impliquant une rupture. Le manuel d’Oslo la détermine comme une innovation ayant un impact significatif sur le marché. Elle correspond à l’introduction d’une technologie générique qui affecte l’organisation du travail et la productivité dans un grand nombre d’activités aussi bien du point de vue de l’entreprise qui l’a introduite que du point de vue de marché qui l’a reçue1. L’impact de ces innovations est en mesure, par exemple, de modifier la structure du marché, créer de nouveaux marchés ou rendre les produits existants désuets, Christeman (1997). Schumpeter (1942) la considère comme une source de destruction créatrice (un changement qualitatif) qui incessamment révolutionne la donne à l’intérieur de la structure économique en détruisant continuellement ses éléments vieillis en créant d’autres éléments neufs. Par ailleurs, Réal définit les innovations radicales par d’autres caractéristiques : Elle catalyse l’expression de besoins radicalement nouveaux, transforme à plus ou moins à long terme le mode de vie d’une partie importante de la population, elle apparait en général au sein d’une grappe technologique et elle produit des effets d’entrainement (impact directs positifs sur d’autres branches d’activité) et l’apparition d’un ou de plusieurs secteurs industriels nouveaux2.
L’innovation radicale est l’introduction d’un produit ou procédé réellement nouveau. Pratiquement, c’est impossible qu’une innovation radicale puisse être la conséquence des efforts d’une amélioration d’une technologie existante. Une innovation radicale est par définition un décollage capable à initier un chemin vers une nouvelle technologie. Bien que l’initiative d’adopter des innovations radicales tende pour être plus grande si la trajectoire précédente établie s’approche de sa fin, ceci peut être introduit dans n’importe quel point de temps et réduit le cycle de vie des produits ou procédé substitués. Il y a aussi des innovations radicales qui peuvent générer toute une nouvelle industrie, la télévision par exemple, n’a pas seulement une industrie manufacturière, mais aussi des services de programmation et de mass média qui à leur tour deviennent la raison de l’apparition de l’industrie de publicité. Dans ce sens, des importantes innovations radicales tendent vers la transformation de la structure de la matrice entrées sorties, ajoutant de nouvelles colonnes et nouvelles lignes1. Cohen et Levinthal, 1989, estiment que les innovations incrémentales arrivent après l’apparition des innovations radicales, pour Perez et Freeman, c’est les innovations progressives après leur fin qui cause l’introduction des innovations radicales.
L’innovation incrémentale (progressive)
L’innovation incrémentale2 ou progressive est un changement progressif découlant d’une innovation radicale qui permet d’améliorer une technologie afin de l’adapter aux spécificités des secteurs et des marchés qui vont l’adopter. Elle concerne l’introduction par l’entreprise d’équipement et composantes intérieures qu’elle n’aurait pas mis au point elle-même. Elles jouent néanmoins un rôle important dans l’augmentation du stock de connaissances d’une entreprise et de ces capacités à développer de nouveaux produits ou procédé (Cohen et Levinthal, 1989). Perez (1986) définit l’innovation incrémentale par des améliorations successives sur les produits et les procédés existants. Ces types d’innovations peuvent augmenter la productivité, changer dans les produits pour aboutir à une meilleure qualité, réduire les coûts, par exemple c’est possible que les microprocesseurs peuvent devenir plus petits, plus puissants et plus rapides dans l’utilisation, etc. Cependant, la succession des améliorations peut aboutir à ces limites. Typiquement, le rythme de l’introduction des changements au début s’accélère au fur et au mesure que les paramètres de la trajectoire sont clairement identifiés et recommence à ralentir quand les retombées diminuées commencent à se rencontrer. L’effet de ces deux types d’innovation sur l’emploi dépend de leur impact sur la production et le marché. Dans ce cadre, les innovations radicales ont une portée élargie sur l’emploi que les innovations incrémentales. Il y a une certaine complémentarité entre les deux types d’innovations.
Les formes de l’information au cours des dernières années
Au cours des dernières années, l’information revêt une importance majeure dans l’économie et elle prend différentes formes, elle peut être une marchandise ou une ressource (matière première). Bien que la nature de l’information comme bien ou matière première soit différente. En premier lieu, l’information est une marchandise ou un bien dont les producteurs sont des chercheurs, inventeurs, créateurs, écrivains, journalistes et les consommateurs sont nombreux. Cette marchandise est utilisée d’une façon différente ce qui peut changer la nature et son utilité dépend de la personne ou l’entreprise qui la consomme. Ainsi l’information implique des coûts fixes de production, mais les coûts variables sont réduits 1(Bertrand Bellon, p309). D’après Serrie Nicolas, (2005) l’information en tant que bien informationnel qui intéresse l’économiste est un bien numérisable et donc transférable ayant une valeur pour le consommateur. L’information est en outre un bien public « L’information est un bien public c’est-àdire que l’usage de ce bien par un agent n’empêche pas l’usage par d’autres agents », il y a donc une possibilité d’une consommation collective, mais puisqu’il faut utiliser un support pour transmettre l’information, celle-ci peut être privatisé plus ou moins en fonction de certains critères : exclusion et indivisibilité. En plus des caractéristiques comme marchandise l’information est une source ou matière première, car comme le signale Bellon, « l’information en tant que ressource intervient dans le processus de production, conjointement au travail, au capital, aux technologies, aux compétences et à l’entreprenariat »
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Table des matières
Dédicace
Remerciement
Table de matière
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des encadrés
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : Le contexte de l’économie de l’information et l’emploi
Introduction
Section 1 : définition des concepts opératoires
1-1-L’ innovation
1-1-1-La définition de l’innovation
1-1-2-Les formes des innovations
1-1-2-1-La classification selon la nature
1-1-2-2-Typologie selon le degré d’innovation
1-1-2-3-Le système national d’innovation
1-2-la société de l’information
1-2-1-Genèse de la société de l’information
1-2-2-La société de l’information
1-2-3-L’ information
1-2-3-1-Définition
1-2-3-2-Les formes de l’information au cours des dernières années
1-3-Les autoroutes de l’information
1-4-Les technologies de l’information et de communication
1-4-1-La révolution des NTIC une continuité de la révolution industrielle
1-4-2-La révolution des TIC
Section 2: la nouvelle économie
2-1-Le nouveau paradigme techno-économique
2-2-Les changements institutionnels dans le secteur des télécommunications
2-2-1-Fondements théoriques
2-2-1-1-La théorie de l’évolution
2-2-1-2-Le courant néo schumpétérien
2-2-2-Les raisons des changements institutionnels des télécommunications
2-2-2-1-L’expansion des marchés de télécommunication et la rigidité des institutions
2-2-2-2-La qualité des services de télécommunications
2-2-3-Les expériences des pays dans les changements institutionnels des télécommunications
2-3-la définition et les aspects de la nouvelle économie
2-3-1-Définition
2-3-2-Les composantes et aspects de la nouvelle économie
2-3-2-1-Une forte utilisation des TIC
2-3-2-2-Logiciels, standards et procédures
2-3-2-3-Les services liées à L’Internet
2-3-2-4-Une économie fondée sur les entreprises innovatrices et les changements dans les organisations
2-4-La nouvelle économie et l’ancienne économie
2-5- Le contexte de la nouvelle économie
2-5-1-Les transformations économiques des années quatre vingt dix
2-5-1-1-Les nouveaux secteurs
2-5-1-2-Au niveau des organisations
2-5-3-Le paradoxe de Solow et la nouvelle économie
2-5-4- La fracture numérique
Section 3 : L’emploi au sein de l’économie de l’information
3-1-Les changements quantitatifs
3-2-Les changements de structure d’emploi
3-2-1-Des événements marquant la période de la révolution industrielle
3-2-1-1-L’exode rural
3-2-1-2-Le développement du secteur de l’industrie textile
3-2-1-3-Le déclin de l’industrie textile au profit de l’industrie métallurgique
3-2-3- les transformations de l’emploi
3-3-La tertiarisation
3-3-1-Les cols blancs.
3-3-2-Les services apparus au cours de l’ère des nouvelles technologies
3-4-Les changements organisationnels et l’évolution des qualifications et des compétences
3-4-1-Une nouvelle organisation de travail
3-4-2-Les nouveaux types d’emplois
3-4-2-1-La modernisation des fonctions traditionnelles
3-4-2-2-Les nouveaux métiers
Conclusion
CHAPITRE2 : Les considérations théoriques de la relation technologie emploi et leurs évidence empirique
Introduction
Section I : Vision globale des analyses traditionnelles du lien technologie emploi et leurs développements contemporains
1-1-Aspects théoriques des effets du changement technologique sur l’emploi
1-2- Le lien technologie emploi : division des économistes
1-3-La théorie de compensation
1-3-1-La théorie de compensation : l’avis des économistes
1-3-2-Les mécanismes de compensation
1-3-3-Les vérifications empiriques et les critiques de la théorie
Section II : les nouvelles théories analysant L’impact des technologies sur l’emploi : entre considérations théoriques et vérifications empiriques
2-1-Les impacts diversifiés du changement technologique sur l’emploi
2-1-1- innovation de procédé et l’innovation de produit
2-1-2- L’impact du progrès technologique sur l’emploi au secteur des Services
2-1-3-Les études empiriques
2-2-Schumpeter et les néo-schumpétériens
2-2-1- Le processus de la destruction créatrice
2-2 -2- Le courant néo-schumpétérien : le renouveau de l’analyse de Schumpeter
2-3-Les études empiriques macroéconomiques
Section III : L’impact des nouvelles technologies sur la structure et acteurs du marché du travail
3-1-La thèse du biais technologique
3-1-1-Historique
3-1-2- définition
3-1-2-La littérature théorique du biais technologique
3-3-3-Les études empiriques
3-2-L’ impact du progrès technologique sur les rémunérations
3-3 Les autoroutes de l’information et l’appariement dans le marché du travail
3-3-1-La théorie de l’information et les marchés électroniques du travail
3-3-2-La technologie d’appariement
3-3-3-L’ internet et le marché du travail.
3-3-4-Les études empiriques
Conclusion
CHAPITRE 3 : L’entrée de l’Algérie dans la société de l’information et son impact sur l’emploi
Section I: les changements institutionnels du secteur des télécommunications
1-1-Les politiques liés aux télécommunications avant 2000
1-1-1-La période coloniale
1-1-2- La période entre les années 60 et 2000
1-2-Les changements institutionnels et réglementaires du secteur des télécommunications après 2000
1-2-1-La création de L’ARPT
1-2-2-La libéralisation du secteur des télécommunications
1-2-3-L’impact des réformes
1-3-Les changements liés à la formation et les organismes des technologies de l’information et de communication
1-3-1-La politique de formation TIC et changements des infrastructures
1-3-2-Les autres organismes liés aux technologies en Algérie
Section II : La situation de la société de l’information en Algérie
2-1-La téléphonie fixe, une lente évolution
2-2-La téléphonie mobile une expansion considérable
2-3-L’Internet, une opportunité pour entrer à la société de l’information
Section III : L’emploi dans le contexte de la société de l’information
3-1-La situation du marché du travail
3-2-Les nouvelles technologies et l’emploi en Algérie
3-2-1-La place des services de télécommunication dans l’économie et l’emploi en Algérie 128
3-2-2- Les métiers des TIC, leur répartition et leur formation
3-2-2-1- Les métiers des TIC
3-2-2-2-Les capacités de formation dans les TIC
3-3-L’internet et l’intermédiation dans le marché du travail
3-3-1-Les canaux classiques du marché du travail
3-3-2-Les marchés numériques du travail en Algérie
3-3-3-Le recrutement en ligne et sa répartition
Conclusion
CHAPITRE 4 : Le rôle des autoroutes de l’information dans la création de l’emploi, étude empirique
Introduction
Section I : Présentation des moyens de mesure du secteur des TIC
1-1-Les indicateurs fondamentaux pour le secteur des TIC de l’étude empirique
1-2-Mesure des emplois crées dans les secteurs utilisateurs des TIC en Afrique
1-3-Présentation de l’étude empirique
1-3-1-Présentation générale
1-3-2-La première étape ou l’enquête auprès des entreprises des TIC
1-3-3-La deuxième étape ou la deuxième enquête
Section II : Présentation de la première enquête
2-1-Méthodologie de l’enquête
2-1-1-Le déroulement de l’enquête
2-1-2-L’élaboration du questionnaire
2-1-3-La méthode d’assemblage des informations
2-1-4-L’échantillonnage
2-2-Dépouillement et méthodes d’analyse des données
2-2-1- Présentation des éléments de l’enquête
2-2-2-L’outil de l’étude
2-2-3-L’analyse de données et les résultats
2-2-3-1-Les résultats descriptifs
2-2-3-2-L’analyse des résultats
Section III : l’étude du rôle des autoroutes de l’information dans la création de l’emploi à partir de l’utilisation
3-1- L’enquête : objectifs et méthodologie
3-1-1- Objectifs principaux de l’enquête
3-1-2- Repères méthodologiques
3-1-3-Choix de l’échantillon
3-2- Le questionnaire
3-3- Les premières appréciations
3-4-Description de l’échantillon de l’étude
3-4-1-L’âge des entreprises enquêtés
3-4-2- La répartition des entreprises de notre échantillon selon le secteur d’activité
3-4-3-Répartition selon le nombre d’effectif employés des entreprises enquêtées
3-4-5-La répartition selon le statut juridique des entreprises répondus
3-4-6-La répartition par localisation des entreprises enquêtées
3-5-L’appropriation des TIC par les entreprises enquêtées, la productivité et l’emploi
3-5-1- L’appropriation des TIC par l’entreprise
3-5-2-La productivité de l’entreprise
3-5-3-L’emploi dans l’entreprise
3-6-L’analyse des résultats
Conclusion
CONCLUSION GENERALE
Bibliographie
Annexes
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