L’émigration et ses conséquences dans la communauté rurale de Bokidiawé

On parle d’émigration lorsqu’une personne ou un groupe de personnes quitte son pays d’origine pour s’établir de manière temporaire ou définitive dans un autre pays. L’histoire de l’émigration de la CR de Bokidiawé, aire géographique correspondant au Nguénar dans la nouvelle région de Matam, est très ancienne. La première partie de l’étude sera consacrée à la présentation du cadre physique et humain de la CR. Au plan physique, le relief est généralement plat avec la présence de quelques collines éparses qui surplombent des vallées fertiles. Les sols varient selon leur situation par rapport au fleuve. La CR de Bokidiawé est constituée de deux unités de relief : le oualo au nord, est le domaine des crues du fleuve Sénégal ; et le diéri au sud qui est le celui des vallées mortes (tiali). Ces deux unités sont séparées par une zone intermédiaire (fondé). Le climat de type sahélien confère à la CR un milieu naturel diversifié, et un environnement écologique riche.

Par ailleurs, le climat sahélien est influencé par le désert mauritanien avec des moyennes de 16 à 30 °C en saison froide et 35 à 45°C en saison chaude. Ces rigueurs climatiques rendent la vie difficile pour la vie humaine, animale et même végétales. Dans les années 70, l’instauration progressive d’un nouveau régime climatique de plus en plus aride et la désertification qui l’accompagnait avaient eu de graves conséquences en particulier dans le domaine de l’économie pastorale et l’agriculture en zone sèche (à pluviométrie faible entre 300 et 600 mm). Dés le XVI siècle, cette aire géographique a connu la domination des Peul païens sur les Halpoular, avant que ces derniers ne se révoltent et proclament à la suite d’une « guerre sainte » dénommée la révolution torodo, l’Etat théocratique musulman en 1776 sous la conduite de Souleymane Baal. En parvenant à assimiler les apports de différentes ethnies (Sérère, Wolof, Maure, et Soninké), les Halpoular  réussirent à s’imposer et à régner en maitres absolus, chassant ainsi tous ceux qui refusaient ce fait.

Avec l’arrivée des européens et jusqu’aux XIX siècle, la traite négriére, par la généralisation de la violence, des désordres dans la vie politique et économique des sociétés, obligeait les populations à chercher refuge vers le Mali. Ainsi la population émigrait afin d’échapper à des calamités, à des persécutions, à la misère etc. En 2006 la CR compte 53 871 habitants composés majoritairement de Halpoular, suivis de Sarakolé concentré dans le chef lieu de CR, et des Wolof dans le village de Thiéhel. La population est fortement attachée à la communauté et au terroir. Les différentes ethnies que compte la CR sont très organisées et hiérarchisées. L’âge, le sexe et la caste détermine la place et rôle de chacun dans les sociétés villageoises. Le taux de scolarisation brut est estimé à environ 80 % avec une évolution considérable pour les filles. La particularité de la CR est la place centrale qu’occupe l’école coranique dans l’éducation.

PROBLEMATIQUE

La CR de Bokidiawé est un aire géographique localisé dans le Nord Est du pays, dans une partie de la moyenne vallée correspondant au ‘Nguénar’. Elle est limitée au Nord par la République de Mauritanie, au Sud par la CR de Nabadji, à l’Ouest par la CR de Dabia. La CR de Bokidiawé qui est née de la reforme de l’administration locale de 1972 institué par la loi 72-02 du 1 Février 1972, a une superficie de 595,7 km2.

Le fleuve Sénégal constitue le principal cours d’eau de la CR avec le défluent le Diamel. L’installation des villages aux abords du fleuve Sénégal, espace appelé «le Dande Maayo » les met dans une situation de quasi enclavement. En outre, nous avons la plus forte concentration de populations le long de la route nationale II et un cordon de village dans le ‘diéri’ qui est le domaine des « tiali ».

Du point de vue administratif, la CR de Bokidiawé se trouve dans la région de Matam et compte 37 villages réunissant une population de 53 871 habitants d’après la dernière étude réalisée sur la situation économique et sociale de la région de Matam (ANDS ,2006). Elle est composée de Halpoular, Wolof, et de Soninké. La population est à 99 % musulmane et compte une minorité chrétienne constituée surtout de fonctionnaires ou de migrants des pays voisins.

Les communautés villageoises se caractérisent par une organisation et une hiérarchisation sociale rigides. La naissance, l’âge, et le sexe sont les critères qui déterminent la place et le rôle de chaque membre à l’intérieur de sa communauté. L’élevage comme mode d’exploitation des ressources naturelles n’est pas pris en compte dans les aménagements des périmètres irrigués villageois. Ainsi il n’est pas rare de voir des conflits entre éleveurs, agriculteurs et pécheurs qui vivaient en harmonie avant les aménagements hydro agricole. Le walo est constitué de sols argileux et lourds submergée en période de crue par du fleuve Sénégal. La pêche est pratiquée par les « soubalbé » dans tous les villages qui se trouvent le long du fleuve Sénégal et ses affluents et sert de moyen de subsistance aux populations. C’est une activité qui fait partie de leur mode de vie. Avec la gestion contrôlée du débit du fleuve suite à la construction du barrage de Manantali et de Diama, les pécheurs rencontrent beaucoup de problèmes dont la rareté des poissons.

La vente des poissons des pêcheurs se fait directement dans les villages du diéri ou indirectement dans les marchés villageois.

En outre la Société Nationale d’Aménagement et d’Exploitation du Delta et des vallées du fleuve Sénégal et de la Falémé (SAED) et le Projet de Développement Agricole dans le Département de Matam (PRODAM) constituent deux institutions phares de développement intervenant largement dans le secteur hydro-agricole par l’aménagement des périmètres irrigués pour la culture du riz dans la vallée du fleuve Sénégal et des périmètres villageois pour la culture des légumes. Cependant le système agro-pastoral largement dépendant des conditions climatiques connait des problèmes liés à la baisse significative du niveau des précipitations annuelles avec les deux grandes périodes de sécheresses : celles de 1969-1974 et de 1983-1985. En effet les conséquences d’une longue sécheresse et la surexploitation du milieu par la déforestation avec la coupe massive des arbres ont entrainé un processus cumulatif de destruction des systèmes agro-pastoraux, engendrant la détérioration des conditions de vie des populations. L’accès à la terre étant difficile pour certains, la monétarisation de l’économie et une baisse notoire de la pluviométrie au début des années 70 déclenchèrent une émigration qui prend très vite une ampleur considérable.

Présentation des traits physiques

le Relief

Le relief de la CR est plat, moins de 100 m d’altitude, avec quelques affleurements de cuirasses façonnés par l’induration ferrugineuse et l’érosion différentielle dans l’Est. La CR est constitué de vastes surfaces planes avec quelques dunes de sable et de petites buttes dans la partie exondée et un relief plus élevé dans le diéri. Le Oualo est le domaine de vastes plaines alluviales situées le long du fleuve. La confluence du fleuve Sénégal-Diamel sur 20 km est caractérisée par une pente moyenne de 3 cm/km ; les berges sont bien développées et les cuvettes y sont très plates ; le lit mineur est en général assez stable. La confluence Sénégal et Diamel sur 20 km et les berges sont bien développées et les cuvettes de sont très plats et le lit mineur très stable. Les caractéristiques du relief jouent un rôle important sur la répartition des paysages dans la CR. Cette platitude permet à l’harmattan d’occasionner des tempêtes de sables durant toute la saison sèche.

les sols

Les sols sont le résultat des transformations de la partie superficielle de la lithosphère, surtout sous l’effet du milieu bioclimatique. Dans le ‘walo’ et le “djiedjingol’’, zone intermédiaire, nous avons les sols “deck“, appelés faux “hollaldé’’ qui sont des sols riches en matières organiques avec 30 à 50 % d’argile. Ces sols sont favorables aux cultures de mais, mil, sorgho et niébé représentant 31% du potentiel irrigable. Au nord de la CR, le walo, se trouvent les sols ‘deck’ appelés aussi ‘hollaldé’. Ces sols alimentés par l’eau du fleuve Sénégal, le Diamel et certains marigots, sont très riches en matières organiques mais difficiles à travailler du fait de leurs compacité (argileux à 75%). Les cultures introduites dans le walo tels que la riziculture et le maraichage y sont pratiqués. Ces sols représentent 36% du potentiel irrigable. Dans la zone intermédiaire entre le diéri et le walo se situe les “fonde” formées de bourrelets de berge, nous avons les sols limoneux qui ont une teneur en argile située entre 10% et 30% pour environ 70% de sable.

Les sols sont plus adaptés à la culture maraichère comme celles de tomates, gombo et oignons. Les « fonde  » représentent 33% du potentiel irrigable. Le zone du ‘diéri’ qui se situe au sud de la CR est dominée par 80% de sols dior sablonneux fragiles et fortement lessivés en raison de leur texture qui laissent passer facilement l’eau. Sur ces sols pauvres en matières organiques et en argile est pratiqué la culture du mil et des pastèques en saison des pluies uniquement.

Hydrographique 

Sur le plan hydrographique, le fleuve Sénégal traverse la CR sur plus de 20 km au Nord et Nord Est de la CR. Le Diamel qui est un affluent du fleuve Sénégal traverse la zone de transition entre le diéri et le walo. On note la présence d’un nombre important de marigots et des mares temporaires dans la CR dont les plus importants: wendou gabou au sud de Dondou, bélal au sud de Nguidjilogne, wendou guirdji au nord de Doumga Ouro Alpha.

Nos enquêtes nous ont permis de constater que les villages du « dande maayo » sont en générale situés sur les rives concaves du fleuve Sénégal et de l’affluent Diamel qui reculent suite à l’érosion de ces dernières. Pendant l’hivernage c’est par pans entiers que les berges concaves s’effondrent. Sur les rives convexes du fleuve Sénégal et de Diamel se trouvent les « pale » cultivés par les villageois. Le bourrelet recule selon que l’on se situe du fleuve ou des marigots (baltude)  a cause de l’érosion hydrique du aux crues. Durant la période des hautes crues l’eau des  » baltude  » rejoignent celle des « kolade » .

Les eaux souterraines sont très abondantes. La nappe phréatique est atteinte entre 25 m dans le walo à 70 m dans le diéri. On y installe les puits. Les nappes de l’océan et du continentale terminal se trouve entre 100 m et 200 m et pour du maëstrichtien dont la profondeur 300 m. Les forages sont installés dans le nappe maëstrichtien.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA COMMUNAUTE RURALE DE BOKIDIAWE
Chap. I- La Présentation du cadre physique, humain et l’étude économique de la CR
I-1 Présentation des traits physiques
I-2 la Population
Chap. II-Etude Economique de la CR de Bokidiawé
II-1 les Activités primaires
II-2 le Secteur secondaire
II-3 le Secteur tertiaire
II-4 Les Institutions et les partenaires au développement
DEUXIEME PARTIE : L’EMIGRATION DANS LA COMMUNAUTE RURALE
Chap. I : Nature et forme d’émigration.
I-1 Nature de l’émigration
I-2 les formes d’émigration.
I -3 : le déroulement de l’émigration
Chap. II : les causes de l’émigration et son organisation.
II-1 les causes structurelles
II-2 les causes conjoncturelles
II -3 :l’organisation et les transferts monétaires
II- 3-1 : les réseaux migratoires
II-3-2 : les transferts monétaires
TROISIEME PARTIE : LES CONSEQUENCES DE L’EMIGRATION
Chap. I : les conséquences de la migration pour la CR et les lieux d’accueil.
I-1 : les conséquences de l’émigration pour la CR
I-2 : les conséquences de l’émigration dans les pays d’accueil.
Chap. II : Politique de rentabilisation de l’émigration
II-1 : Analyse des structures et conventions relatives à la migration
II-2 : la dynamique organisationnelle
CONCLUSION
ANNEXE

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