L’émergence de la responsabilité sociale de l’entreprise en Algérie : Etat des lieux

L’émergence de la responsabilité sociale de l’entreprise en Algérie : Etat des lieux

La responsabilité sociale de l’entreprise : de la théorie à la pratique

Le thème de la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) connait depuis une trentaine d’années un développement continu. Il se traduit aujourd’hui par une remarquable effervescence, aussi bien dans les recherches universitaires, dans les formations managériales, dans les initiatives internationales (le Global Compact9), que dans les préoccupations managériales des dirigeants d’entreprises. En effet, Drucker (1954)10 considère la RSE comme une partie intégrante du noyau dur des concepts constitutifs du management : « Le management requiert tout autant vision, responsabilité et intégrité que savoir, compétence et aptitude […] car l’entreprise est un organe qui doit assurer sa fonction dans la société». Cependant, Le débat sur la pertinence et l’importance de la RSE ne porte pas sur la nécessité de faire évoluer les droits sociaux ou de prendre en compte la contrainte environnementale, mais renvoie plutôt à la façon d’y parvenir et au rôle des dirigeants dans cette évolution.11 Dans ce chapitre, nous allons tout d’abord nous intéresser à l’émergence de la RSE ainsi qu’aux différents modèles conceptuels s’y rapportant. Par la suite, nous allons nous pencher sur la comparaison des principales théories de la RSE, et sur plusieurs de ses définitions établies à travers le temps, qui nous permettront de mettre en avant les éléments les plus centraux de la RSE. Nous passerons par la suite à l’analyse détaillée de la théorie des parties prenantes (Stakeholder theory), suivi, des référentiels de la RSE et de la norme ISO 26000. Enfin, nous exposerons la mise en oeuvre de la RSE au sein de l’entreprise dans sa vision contemporaine.

Les pères fondateurs de la RSE

Dans son article «The Changing Basis of Economic Responsibility» de 1916 l’économiste américain John Maurice Clarck25 apparait comme le pionnier dans la proposition du passage progressif des responsabilités économiques des dirigeants vers la sphère sociale. Cependant, la paternité du concept moderne de RSE est très largement attribuée à Howard Bowen dans son ouvrage de 1953 intitulé « Social Responsibilities of the Businessman » (Carroll, 1979)26. Même si avant lui, Berle et Means27 évoquèrent déjà une responsabilité de l’entreprise allant au-delà de la simple responsabilité économique à l’égard des actionnaires. En effet, ces auteurs s’inquiétaient de l’autonomisation des dirigeants économiques et préconisaient un plus grand contrôle social de l’entreprise. L’ouvrage de Bowen se situe à l’intersection des démarches de clarification de la responsabilité au coeur du management et de la théorie des organisations, ainsi que la construction d’une éthique économique à l’initiative de la fédération des églises protestantes américaines. Pour Bowen, la RSE représente l’obligation pour les dirigeants de poursuivre les politiques économiques et de prendre des décisions qui sont en cohérence avec les valeurs de la société et c’est ainsi qu’il préconise le recours aux audits sociaux pour évaluer la performance sociale de l’entreprise.

Dans cet ouvrage, Bowen réalise aussi une synthèse de la représentation que les dirigeants d’entreprises américaines de la première moitié du siècle dernier se faisaient de leurs responsabilités sociales. Son analyse, montre que les dirigeants de la première moitié du XXème siècle définissent cette responsabilité en référence à l’idée que le pouvoir économique dont ils disposent renforce leur devoir de gérer leurs affaires d’une manière qui bénéficie à la communauté. Cependant, si les dirigeants étudiés par Bowen sont sensibles à la nécessité d’intégrer dans leurs processus de prise de décision les groupes affectés par les choix des entreprises, en suivant une logique partenariale et non uniquement un objectif de maximisation de profit pour l’actionnaire, ils considèrent toutefois qu’ils doivent rester les ultimes arbitres de la gestion des demandes de ces groupes externes. Ainsi, ils ne sont pas prêts à partager leur pouvoir décisionnel, cela s’explique par leur grande appréhension vis-à-vis des mouvements syndicaux. Ces hommes d’affaires voyaient aussi dans la responsabilité sociale un moyen de « vendre » le capitalisme au citoyen américain.

En Europe : Le concept de RSE change d’importance en traversant l’Atlantique. Certains pensent que tout concept managérial naît aux Etats-Unis nécessite dix à vingt ans pour le voir apparaître en Europe et vingt à trente ans dans les autres pays. Effectivement, le contexte socio-historique européen diffère largement de celui des Etats-Unis. Mais en réalité, la RSE a vu le jour parallèlement dans les deux continents, avec la montée du capitalisme et l’apparition de l’industrialisation. En effet, l’Europe du XIXème siècle en pleine industrialisation sera marquée par le catholicisme social, largement influencé par Frédéric le Play, père du paternalisme catholique, selon qui les classes dirigeantes ont une responsabilité envers les classes dirigées. Le paternalisme européen du XIXème siècle, avait autant le souci de préserver le capitalisme face au socialisme et à la montée du syndicalisme qu’une réelle volonté de la part de certains patrons d’améliorer les conditions de vie des salariés. L’idée d’un rôle social du secteur privé apparaît moins évidente dans les pays latins de l’Europe continentale que dans les pays anglophones. En effet, l’imprégnation religieuse fut moindre et l’Etat providence vient remplacer l’Etat gendarme pour apporter une réponse publique aux conséquences sociales de l’industrialisation. On passe alors « de l’entreprise-providence à l’Etat-providence »45.

Ainsi, Matten et Moon (2008)46 font une distinction entre l’approche explicite américaine de la RSE et l’approche européenne dite implicite où l’Etat a joué un rôle de moteur. La diffusion actuelle dans les pays européens des politiques RSE explicites atteste de la transformation des relations entre Etat, société et entreprise. Le développement de la doctrine de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise s’est effectué tout au long du XXème siècle répondant ainsi à un besoin de légitimation historique du système capitaliste américain et international et d’endiguement47 des idées communistes48. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’idée qui sous-tend la création du système des Nations Unis est l’idée selon laquelle la paix entre les nations ne peut être garantie que par la prospérité économique qui elle-même implique le bien être social, a été à l’origine de la création de l’Organisation des Nations Unies Alors qu’aux Etats-Unis, la RSE reste très libérale et empreinte du caractère religieux protestant, la RSE se développe en Europe d’une façon très institutionnelle. La paternité de la RSE en Europe est attribuée à Jacques Delors, alors qu’il était président de la commission européenne. En 1995, il lance un « Manifeste européen des entreprises contre l’Exclusion sociale ». Cette action entraîne la création de l’European Business Network for Social Cohesion (EBNSC). Depuis 2000, ce réseau est devenu CSR Europe. La discussion sur la RSE va d’abord être abordée sous l’angle de « la lutte contre l’exclusion sociale ». Mais très vite elle va devenir « la contribution des entreprises au développement durable »49.

En Afrique : Depuis la montée en puissance des entreprises multinationales durant les années soixante, les normes et les qualités apparurent comme des critères de différenciation non impératifs mais utiles et fortement favorables à la dynamique interne des entreprises. Ainsi de nombreuses initiatives ont été prise au niveau international avec pour ambition de mettre en place un cadre institutionnel approprié afin de faciliter les processus de normalisation ou de certification. Même si les initiatives véritablement endogènes sont rares en Afrique, il faut reconnaître qu’à la faveur de la mondialisation et des différents cadres internationaux de coopération, l’opérationnalisation des dispositions juridiques en la matière s’est traduite par la promotion de certaines normes et leur harmonisation , en particulier dans le cadre des processus d’intégration régionale. Toutes les fonctions de l’entreprise sont concernées et contribuent, à leur niveau, à une politique globale de responsabilité sociale. Mais, malgré l’importance des questions relatives à la RSE, elles sont encore insuffisamment abordées dans le contexte africain par rapport aux pays développés. L’une des principales raisons est que l’Afrique est pratiquement absente du commerce mondial et ne dispose que de très peu d’entreprises de grande taille.

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Table des matières

Introduction générale
Première partie : Approche théorique et conceptuelle de la recherche : La Responsabilité Sociale de l’entreprise outil de bonne gouvernance
Chapitre 1 : La Responsabilité Sociale de l’Entreprise : de la théorie à la pratique
Introduction
1.1. La construction historique de la responsabilité sociale de l’entreprise
1.2. L’émergence de la notion de Responsabilité sociale de l’entreprise
1.3. Les fondements théoriques de la responsabilité sociale de l’entreprise
1.4. Le processus d’institutionnalisation de la RSE
1.5. La RSE : Vision d’aujourd’hui
Conclusion
Chapitre 2 : La RSE comme élément caractéristique d’une nouvelle gouvernance
Introduction
2.1. La gouvernance de l’entreprise ou Corporate Governance
2.2. Le capital humain comme déterminant de l’évolution de la gouvernance de l’entreprise
2.3. La RSE nouvelle innovation dans la gouvernance de l’entreprise
2.4. Comportements socialement responsables et bonne gouvernance
2.5. Conseil d’administration et bonne gouvernance
Conclusion
Chapitre 3 : L’émergence de la responsabilité sociale de l’entreprise en Algérie : Etat des lieux
Introduction
3.1. Contexte économique, social et environnemental de l’Algérie
3.2. L’Algérie et le développement durable
3.3. La normalisation Algérienne
3.4. Bonnes pratiques d’entreprises
3.5. Les pratiques de « Bonne Gouvernance » en Algérie
3.6. Code de Bonne Gouvernance algérien
3.7. Les facteurs d’adhésion de la RSE au Maroc et en Tunisie
Conclusion
Deuxième partie : Etude empirique de la percéption de la responsabilité sociale de l’entreprise et de la bonne gouvernance par les dirigeants algériens
Chapitre 4 : Méthodologie et analyse de la recherche qualitative
Introduction
4.1. Epistémologie de la recherche
4.2. L’enquête qualitative : La cartographie cognitive
4.3. Présentation et analyse des cartes cognitives
Conclusion
Chapitre 5 : Méthodologie et analyse de la recherche quantitative
Introduction
5.1. Définition du domaine des construits de la perception de la RSE et de la Bonne gouvernance
5.2. Instrument de collecte des données : la méthode de l’enquête par questionnaire
5.3. Analyse descriptif de l’échantillon
5.4. Principes de validation d’une échelle de mesure
5.5. Evaluation de la qualité des instruments de mesure de notre échantillon
5.6. Les choix méthodologiques pour le test des hypothèses
5.7. Le test des hypothèses
Conclusion
Conclusion générale
Références Bibliographiques
Annexe 1 : Questionnaire
Annexe 2 : Liste des entreprises de l’échantillon
Liste des acronymes
Liste des tableaux
Liste des figures

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