L’émergence de la conscience écologique
Au niveau mondial
A l’université de Paris, la professeure Sylvie Brunel, dirigeant le master professionnel mondialisation et développement, s’efforce de découvrir ce qui se trame derrière cette conscientisation et plus spécifiquement autour du terme de « développement durable ». Selon elle, cette expression est conceptuellement floue et peut être employée en fonction des idées et intérêts de chacun. (Brunel, 2012) Malgré tout, d’où est-elle originaire ? En 1983, l’Assemblée générale des Nations Unies a sollicité à la Commission mondiale de l’environnement et du développement de soumettre des stratégies à longue durée en matière d’environnement. C’est donc en l’an 1987 que le concept de développement durable fait son apparition dans la publication du rapport Brundtland, érigé par le Commission des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement et intitulé « Our Common Future ».
On définit alors le développement durable : « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir ». (Admin.ch, s.d.)
En 1990, le concept revient sur le devant de la scène. De nombreux chercheurs et politiciens se sont questionnés sur l’efficacité du développement productiviste (le productivisme étant, selon le (Larousse.fr, s.d.) la « tendance à chercher systématiquement l’amélioration ou l’accroissement de la productivité ») mis en oeuvre par l’industrialisation de la société d’alors et sur les alternatives probables pour lier le développement humain et la conservation de notre environnement. Le concept de développement durable commence ainsi à se conscientiser. Dès 1990, de nombreux individus sont poussés à agir en sa faveur, permettant ainsi l’émergence de nouveaux acteurs axés davantage vers une économie participative (Brunel, 2012) définie comme étant « une approche qui considère l’aspect social de l’économie et l’activité économique comme un moyen permettant de réaliser un projet politique et non comme un débouché sur une accumulation de richesses ».(Ndiaye, 2011) On différencie trois visions du développement durable, qualifiées par l’abréviation dite des « 3M » ; Menaces, Misères et Manques (Brunel, 2012) :
– Les menaces sur la planète, impliquant la déforestation, les préjudices à la biodiversité, la pollution des eaux, de l’air et les modifications climatiques, rentrant dans la rubrique environnementale.
Malgré tout, il parait difficile en tant qu’individus isolés, de provoquer le changement. Heureusement, en termes d’exemples, oeuvrent des personnes luttant pour que le concept perdure et se propage. A l’achèvement de la crise économique provoquée par la guerre froide, les initiatives privées augmentent en luttant ainsi pour des causes environnementales et sociales. Il s’agit notamment des grandes Organisations non gouvernementales (ONG) telles que Greenpeace (lutte contre la pollution et pour la biodiversité), World Wide Fund for Nature communément nommée WWF (initialement pour lutter contre la disparition des animaux), Friends of the Earth (lutte contre la mondialisation économique). Selon Sylvie Brunel et Patrick Matagne, les grandes ONG concernant la protection de l’environnement ont toutes impacté par leurs actions, sur la conscientisation écologique de nombreuses personnes dans le monde (Matagne, 2002).
Selon leur site officiel, en 2015, Greenpeace France comptait environ 170.000 donateurs ! (Greenpeace.org, s.d.) Outre les grandes icônes de la protection de l’environnement, la politique a également beaucoup impacté sur la conscience écologique de la population. En effet, avec une réelle volonté de changement de leur part, grâce notamment aux votations populaires ou encore grâce aux choix dans les orientations politiques, le monde commence de plus en plus à conscientiser l’écologie et le développement durable. Citons par exemple la conférence sur l’environnement et le développement à Rio de Janeiro en 1992, organisée par les Nations Unies. Quatre éléments phares sont ressortis de ces discussions (UN.org., s.d.) :
Au niveau national
La Suisse démontre aussi une volonté de changement de la part des politiques. En 1971 a lieu la première votation traitant du sujet de l’environnement. Le 6 juin de cette année, le peuple suisse a donc voté à 92,7% pour « la protection de l’homme et son milieu naturel contre les atteintes nuisibles et incommodantes ». (Admin.ch, s.d.) En 1992, la Suisse signe les traités de Rio, explicités ci-dessus ainsi que celui de Johannesburg, en 2002. Ce dernier contenait un plan d’action pour le XXIème siècle appelé l’Agenda 21. Ce rapport établit l’intérêt de chaque nation à s’engager, à tenir compte, localement et globalement de la manière dont les entreprises, les gouvernements, les organisations non gouvernementales et chaque secteur de la société pourraient collaborer et répondre aux problèmes environnementaux. Pour démontrer son engagement, la Suisse a inséré deux articles dans la Constitution fédérale : l’article 2 et l’article 73. De plus, tout récemment ont eu lieu les élections fédérales. Là encore, nous pouvons remarquer que la protection de l’environnement est un sujet qui prend de plus en plus d’ampleur en Suisse. Lors de cette élection du Conseil national, les deux partis politiques Verts, luttant pour l’écologie en Suisse, ont gagné 17 sièges au niveau suisse par rapport aux votations de 2015. Les Verts se trouvent ainsi sur la quatrième marche du podium avec un total de 26 sièges sur 200. (RTS Radio Télévision Suisse, s.d.).
Au niveau individuel
Un dernier point à aborder concernant l’émergence de la conscience écologique est celui de l’individu. D’où vient cette envie individuelle de protéger l’environnement et l’avenir de la planète ? Un institut de recherche en gestion parisienne a mené une étude sur le sujet en mai 2017 (Abassi, 2017). Afin de comprendre la démarche écologique, la consommation était un facteur important afin de découvrir ce qui amenait les consommateurs à s’impliquer dans une démarche de consommation écologique plutôt que de continuer sur la voie de consommation traditionnelle. Il a été mis en avant que les connaissances, les intérêts et les croyances de la personne sur l’environnement étaient des facteurs individuels qui guident et influencent la personne dans son comportement en faveur ou non d’une cause. De plus, cette étude estime que les individus sont davantage motivés à s’investir dans des comportements respectueux de l’environnement s’ils considèrent leurs actions comme ayant la capacité de faire bouger les choses. Rentre alors en ligne de compte le sentiment de responsabilité de ce qui les entoure. Le temps, l’argent et la disponibilité des produits, souvent perçus comme des contraintes, jouent également un rôle dans les actions individuelles et risquent de repousser les motivations de ces derniers dans l’optique d’une consommation respectueuse de l’environnement. L’étude démontre que les personnes tendent vers des choix revenants avantageux, même dans le cas où l’individu a conscience de l’impact écologique de son action ou, au contraire, sa non-action. Il est également démontré la façon dont la plupart des citoyens agissent en réponse aux problématiques environnementales selon leur conscience écologique propre.
L’émergence de la conscience écologique chez les jeunes L’éducation à l’écologie commence dès le plus jeune âge. Dans la perspective d’une transition énergétique, les citoyens de demain nécessitent une formation et une éducation aux économies d’énergies. L’éducation au développement durable (EDD) est donc un bon levier pour former de futurs citoyens et citoyennes écologiquement responsables. Elle permet également de développer l’esprit critique et les connaissances des jeunes, leur permettant ainsi de participer à des activités et débats sociaux (Glomeron, Bois, Hugon, & Maguin, 2017, p. 71). Cela nécessite donc de développer chez les jeunes des dispositions à choisir, décider et s’engager (Lange, 2012), correspondant, selon (Circulaire, 2007), cité par (Glomeron, Bois, Hugon, & Maguin, 2017, p. 71) à « éduquer au choix et non […] des choix. » Malgré tout, afin de favoriser cette prise de conscience écologique, l’accent de l’EDD est dirigé sur les pratiques, car selon (Crick, 2007), la véritable citoyenneté ne peut être apprise avec des prescriptions, des ordres, mais avec la pratique. Ainsi, avec l’éducation écocitoyenne, les savoirs donnent sens aux actions et sont une source de motivation afin de les mettre en oeuvre. De plus, selon (Audigier, 2007, p. 31), « c’est en citoyennant que l’on devient citoyen ». La Suisse a pris un engagement concernant le développement durable. En s’inspirant des documents de référence de l’ONU, le Conseil fédéral opta pour privilégier le rôle du système éducatif afin de sensibiliser le peuple suisse.
Ainsi, le politique confie aux Départements cantonaux de l’Instruction publique le mandat d’insérer dans les plans d’études la thématique du développement durable. Ceci, selon la loi sur l’instruction publique, Chap.II « e », entrée en vigueur le 19 mai 2001, dans le but « de rendre chaque élève progressivement conscient de son appartenance au monde qui l’entoure en éveillant en lui le respect d’autrui, l’esprit de solidarité et coopération et l’attachement aux objectifs du développement durable ». (Voegeli, 2009) L’EDD doit être intégrée à tous les niveaux de l’enseignement scolaire. Cependant, malgré ces impulsions, les enseignants éprouvent de nombreuses difficultés au respect de ces instructions officielles (Fortin-Debart & Girault, 2007). Le rôle des enseignants se résume donc à permettre aux élèves d’agir à l’école afin de pouvoir transférer leur savoir à la maison, la famille ayant vraisemblablement plus d’effets sur la pratique des adolescents que les connaissances. (Voegeli, 2009) Cependant, selon (Zelem, 2010, p. 17) le changement est un « moment de la dynamique sociale » qui a pour conséquence de bouleverser les systèmes de valeurs et des univers cognitifs. Les habitudes sont durement ancrées et sont un frein au changement. Afin que ce changement soit conséquent chez la jeune génération, il est important que la société et la famille aient des discours et des pratiques communes. Cette influence commune permet la mise en oeuvre des écogestes au quotidien chez les jeunes : une pratique à la maison peut favoriser une pratique scolaire et vice versa. L’exemplarité de l’adulte, du professeur (de l’éducateur ?), ainsi que la confiance portée encourageront le jeune dans son autonomie de citoyen.
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Table des matières
1 Introduction
1.1 Question de départ
1.2 Mes motivations
1.3 Lien avec le travail social
1.4 Mes objectifs
1.4.1 Objectifs personnels
1.4.2 Objectifs professionnels
1.4.3 Objectifs méthodologiques
2 Cadre conceptuel
2.1 L’écologie
2.1.1 L’émergence de la conscience écologique
2.1.2 Au niveau mondial
2.1.3 Au niveau national
2.1.4 Au niveau individuel
2.1.5 L’émergence de la conscience écologique chez les jeunes
2.1.6 L’écologie : Que faire concrètement ?
2.2 Pratique des travailleurs sociaux
2.2.1 Cadre du travail social
2.2.2 L’éducateur en foyer pour adolescents
2.3 Comparatif et lien entre l’écologie et l’éducation sociale
3 Problématique
3.1 Problématisation
3.2 Question de recherche
3.3 Hypothèses
3.3.1 Première hypothèse
3.3.2 Deuxième hypothèse
3.3.3 Troisième hypothèse
3.3.4 Quatrième hypothèse
4 Démarche méthodologique
4.1 Méthode de récolte de données sélectionnée
4.2 Limites liées à la récolte de données
4.3 Terrain d’enquête et échantillon d’étude
4.4 L’éthique au sein de la recherche
4.5 Déroulement des entretiens
4.6 Méthode de l’analyse des données recueillies
5 Analyse des données
5.1 Première hypothèse
5.1.1 Les valeurs des professionnels
5.1.2 Le sens de l’écologie donné par les professionnels
5.1.3 Les gestes écologiques
5.1.4 La place de l’écologie dans le travail social
5.1.5 Synthèse de l’hypothèse 1
5.2 Deuxième hypothèse
5.2.1 Les projets éducatifs
5.2.2 Les gestes du quotidien // les apprentissages au quotidien
5.2.3 Synthèse de l’hypothèse 2
5.3 Troisième hypothèse
5.3.1 Compatibilité entre travail social et écologie
5.3.2 Comment en faire davantage
5.3.3 Difficultés dans la mise en place d’une démarche écologique
5.3.4 Synthèse de l’hypothèse 3
5.4 Quatrième hypothèse
5.4.1 L’arrivée des gestes écologiques en foyer
5.4.2 L’avis général des professionnels sur l’écologie en foyer
5.4.3 Synthèse de l’hypothèse 4
5.4.4 Synthèse de l’hypothèse 1
5.5 Synthèse de l’analyse et réponse à la question de recherche
6 Partie conclusive
6.1 Bilan du processus d’apprentissage
6.1.1 Bilan méthodologique
6.1.2 Bilan personnel et professionnel
6.2 Evaluation des objectifs personnels
6.3 Limites de la recherche
6.4 Pistes d’actions concrètes
6.5 Conclusion
Bibliographie et Cyberographie
Annexes
A. Formulaire de consentement
B. Grille d’entretien simplifiée
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