L’élevage pastoral au Sénégal et la zone sylvo-pastorale du Ferlo
Matériels et méthodes
La première étape de cette étude, mise à part les recherches bibliographiques, a consisté à établir un bilan des données disponibles sur les bases de données du SIPSA concernant le suivi des ressources naturelles. C’est ainsi que trois indicateurs ont été retenus : biomasse, pluviométrie et feux de brousse. Plusieurs phases ont ensuite suivi : élaboration des diagnostics bio-physiques sur les tendances de l’évolution de ces trois indicateurs sur les deux sites choisis, création d’un guide d’entretien, détermination des échantillons, enquêtes auprès des éleveurs, analyse et discussion des résultats.
Sites d’étude
Les deux sites d’étude sont situés dans la Zone Sylvo Pastorale (ZSP) du Ferlo, zone semidésertique du nord est du Sénégal. Il s’agit de la communauté rurale de Tésséké et du village de Bam, situés respectivement au nord-ouest et au sud-est de la ZPS (cf. Figure 5). Le choix des sites a été fait en fonction de la situation géographique et des précédents travaux effectués sur ces sites par le PPZS.L’élevage pastoral au Sénégal et la zone sylvo pastorale du Ferlo En 2008, le secteur primaire du Sénégal représente 14,7 % du PIB. L’agriculture et l’élevage représentent respectivement 7,4 % et 3,9 % du PIB. L’effectif du bétail est estimé à environ 14 millions de têtes dont 68 % de petits ruminants et 23 % de bovins (ANSD, 2008). Représentant 99 % des effectifs de bovins et 97 % des effectifs de petits ruminants (NISDEL, 2004), les systèmes d’élevage extensifs contribuent très fortement à la croissance du secteur de l’élevage. Par ailleurs, ils fournissent entre 55 % et 75 % des revenus monétaires en zone sylvo-pastorale et 50 % des animaux de boucherie consommés au Sénégal. Ces systèmes sont basés sur la mobilité du bétail à la recherche de pâturages et de points d’eau (Ancey et Monas, 2005).La ZSP abrite une bonne partie du cheptel sénégalais et contribue à plus de 60 % de l’offre pour satisfaire la consommation de viande (CILSS, 2009). Elle s’étend de la vallée du fleuve Sénégal jusqu’aux franges du bassin arachidier sur plus de 60 000 km², soit environ un tiers de la superficie du pays (Wane et al., 2006). Cette région supporte des steppes dominées par des graminées annuelles (Aristida sp., Brachiaria sp., Cenchrus sp.) parsemées de ligneux épineux (Acacia sp., Balanites aegyptiaca) typiques du domaine Sahélo-soudanien. La pluviométrie montre un gradient nord-sud allant de moins de 200mm au nord à environ 500mm au sud par an et une importante variabilité spatio-temporelle des précipitations. Les sols sont de type dunaire sablo-limoneux à l’Ouest et argilolimoneux gravillonnaire sur cuirasse à l’Est. Cette zone abrite un important cheptel de ruminants conduit selon le mode d’élevage extensif des éleveurs transhumants. Ces mouvements de troupeaux sont organisés autour d’un maillage de plusieurs dizaines de forages pastoraux profonds. L’agriculture, associée ou non à l’élevage, est marginale au nord mais se développe rapidement au sud en réponse à la saturation du bassin arachidier au sud (Diouf et al., 2005). Les pasteurs constituent la principale composante socio-économique de la région et la majorité d’entre eux sont des Peuls. Le système d’élevage pratiqué est du type extensif pur ; fondé sur la mobilité des troupeaux ou transhumance pour la recherche d’eau et de pâturages (CSE, 2002). Cette zone est également caractérisée par une faible occupation humaine et un niveau d’équipement faible comparé aux autres zones (André et Müller, 2008).
La communauté rurale de Téssékré
La communauté rurale de Téssékré est située au centre du Ferlo Nord dans la réserve sylvopastorale des six forages, au sein du département de Linguère et au niveau de la région de Louga. C’est un site très étudié par le PPZS et relativement proche d’un gros marché régional de regroupement et d’échange du bétail, le marché de Dahra. Comme toutes les communautés rurales, elle a été crée en 1972 mais a pris ses responsabilités qu’en 1996 avec la loi n°96-07 du 22 mars 1996. D’une superficie de 2025 km², elle est constituée de trois forages construits dans les années 50 par le pouvoir colonial : les forages de Vendou Tingoli, Amali et Téssékré. Chaque forage dessert une aire d’environ 15 km de rayon (Wane et al., 2006).
En 2005, la communauté rurale compte 11 153 habitants selon le recensement de 2005 pour le recouvrement des taxes rurales et d’après le secrétaire administratif de la communauté rurale, il y aurait entre 5000 et 6000 habitants à Vendou, entre 4000 et 5000 à Téssékré et entre 1000 et 2000 à Amali (Lô I., communication personnelle, juin, 2010, Téssékré). Le PPZS a recensé 580 campements en 2008 dont 316 à Vendou, 168 à Téssékré et 96 à Amali. La population est constituée à 95% de Peuls, 4% de Wolofs et 1% de Maures. Le sol est composé essentiellement de sols sableux (75%) mais aussi sablo-argileux (20%) et de quelques poches de latérite (5%).
L’agriculture est pratiquée par environ 5% de la population et occupe près de 10 % de la superficie de la communauté (PNIR, 2002). La végétation est de type steppe arbustive (Touré et al., 2004). Le cheptel a été estimé dans le PNIR à 15 400 bovins, 39 100 ovins, 8000 caprins, 400 équins et 1900 asins mais ces chiffres ne sont certainement pas à prendre comme une réalité compte tenu de la réticence des populations locales à communiquer le nombre d’animaux qu’ils possèdent.
Le village de Bam
Le village de Bam est situé au sud-est de la ZSP, au sein de la communauté rurale d’Oudoulaye, au niveau du département de Ranérou et de la région de Matam. C’est un site qui a déjà fait l’objet d’une étude économique par le PPZS, qui est relativement enclavé et dont la vie est organisée autour de puits pastoraux privés (Wane et al., 2010). Les limites du site d’étude de Bam ont été dessinées arbitrairement dans ce travail de façon à ce que la superficie du site corresponde à peu près à celle du site de Téssékré. La végétation est de type steppe arborée (Touré et al., 2004). Téssékré est une zone de départ en transhumance tandis que Bam est davantage une zone d’accueil.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. Présentation du projet SISPA et des indicateurs étudiés
1.1. Le projet SIPSA
1.2. Indicateurs étudiés
1.2.1. Pluviométrie
1.2.2. Biomasse
1.2.3. Feux de brousse
2. Matériels et méthodes
2.1. Sites d’étude
2.1.1. L’élevage pastoral au Sénégal et la zone sylvo-pastorale du Ferlo
2.1.2. La communauté rurale de Téssékré
2.1.3. Le village de Bam
2.2. Diagnostics bio-physiques
2.2.1. Evolution de la pluviométrie
2.2.2. Evolution de la biomasse
2.2.3. Evolution des feux de brousse
2.3. Guide d’entretien
2.4. Échantillonnage
3. Résultats
3.1. Préalables
3.2. Pluviométrie
3.3. Strate herbacée
3.4. Strate arborée
3.5. Feux de brousse
4. Discussion
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
ANNEXE 1 : Guide d’entretien
ANNEXE 2 : Liste des 14 thématiques du SIPSA
ANNEXE 3 : Echantillons
ANNEXE 4 : Résultats
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