L’élevage mobile dans le monde

L’élevage mobile dans le monde

LES TERRITOIRES D’ACTIVITE DES ELEVEURS

Les éleveurs utilisent de manière permanente l’espace de pâturage délimité proche de leur village. Cet espace s’intègre dans ce que l’on a qualifié de « territoire d’attache » et dans les territoires complémentaires des villages environnants où les animaux pâturent les résidus de récolte des cultures pluviales lors de la saison sèche ainsi que dans les parcours de taille modeste qui s’y trouvent encore (collines incultes principalement). Ces espaces sont insuffisants par rapport au nombre d’animaux détenus par les deux communautés d’éleveurs mbororo. C’est pour cela que dans les deux territoires étudiés, tous les éleveurs pratiquent la transhumance. Pour les grandes familles avec beaucoup de têtes de bétail, le cheptel est scindé en deux ou trois troupeaux ou lots. Le lot le moins important constitué des vaches laitières et des bœufs de trait est gardé à proximité des territoires de fixation (ou d’attache) pour contribuer à l’approvisionnement en lait des membres de la famille et labourer les parcelles. Le plus gros du bétail s’en va transhumer sous la garde de jeunes fils ou de bergers salariés. Les ovins accompagnent les bovins en transhumance tandis que les caprins restent dans le territoire attaché au piquet ou sous la garde des enfants en bas âge.
Les éleveurs utilisent au cours de l’année une diversité de territoires proches et éloignés de leur lieu de fixation. Cet ensemble de territoires correspond à ce que l’on a qualifié deterritoire d’activité d’un éleveur ou d’une communauté d’éleveurs. Quels sont ces territoires ? Par qui et comment sont-ils gérés ? Quelles sont les modalités d’accès et d’exploitation de ces territoires ? Avec l’obstruction des pistes de transhumance, comment les éleveurs font-ils pour y accéder ? Les pratiques de transhumances ont-elles évoluées avec la fixation de l’habitat ?

Des territoires gérés par les autorités traditionnelles

Dans le régime juridique foncier actuel, l’Etat est gardien et propriétaire de toutes les terres depuis 1974. Cependant, il n’a pu mener à bien son projet envisagé en 1994 visant à promouvoir une plus grande individualisation de la propriété foncière et une plus grande clarification de la propriété collective. Les dispositions de l’ordonnance n° 74-1 du 6 juillet 1974 relative au régime foncier qui régissent jusqu’à présent le régime foncier et l’exploitation des terres au Cameroun se heurtent à la résistance du droit coutumier traditionnel qu’elles ignorent. Au Nord du Cameroun, il existe dans les faits une prééminence du droit traditionnel sur la législation foncière de l’Etat. C’est pour cela que les espaces de pâturage où les éleveurs vont en transhumance sont coutumièrement gérés par les chefferies et les sarkin saanou y sont omniprésents. Ce sont ces derniers qui accueillent les éleveurs et connaissent leur emplacement au cours de la saison. Les éleveurs leur remettent pour le laamii’do une redevance à chaque installation. Selon l’ancienneté des éleveurs dans les zones de transhumance, les redevances diminuent jusqu’à devenir symboliques dans bien des cas. Lorsqu’ils ne font que passer sur le territoire, les éleveurs ne paient rien pour le pâturage. Et ce, d’autant plus que les éleveurs empruntent de plus en plus les routes nationales pour atteindre les zones de transhumance. Par contre, pour l’installation sur le site de transhumance ils s’acquittent d’une redevance auprès des autorités du lieu, le plus souvent négociée, même s’il existe un taux officiel.
Les éleveurs négocient des taux forfaitaires à 20 000 Fcfa par troupeau. Soit une somme moindre que le taux officiel lorsque le troupeau atteint 30 bovins.

Une place de plus en plus importante de l’information

Avec l’insécurité ambiante et les conflits de plus en plus fréquents sur les pistes et lieux de transhumance, les éleveurs tiennent à s’informer au préalable avant tout départ. La plupart du temps, ils s’informent sur les marchés : « le marché, c’est notre téléphone » a affirmé un éleveur de Laïndé Ngobara.
Mais le téléphone portable (Photos 8 et 9) a fait son entrée dans le mode d’accès à l’information des éleveurs. En effet, depuis deux à trois ans, les prix du téléphone ont largement baissé. Aujourd’hui, on peut se procurer un appareil à 10 000 ou 15 000 Fcfa et les villages disposés le long des principaux axes routiers renferment de nombreuses cabines téléphoniques.
L’usage des téléphones a permis de diminuer considérablement le coût des transports et permis un gain de temps à la fois pour les bergers et pour les propriétaires de bétail. Ces derniers, vivants en ville (Garoua, Ngong et même Yaoundé et Douala), achètent des téléphones portables à leurs bergers ou à ceux qui ont la charge de leurs troupeaux. Ceci évite aux deux parties les déplacements sur les lieux de pâturage ou en ville pour se concerter. Les bergers utilisent ces moyens pour se renseigner sur l’état des pâturages éloignés, et informer leurs patrons sur les lieux où se trouvent les animaux, sur la santé des animaux, les périodes et coûts des vaccinations, leurs besoins, les litiges suite à d’éventuels dégâts occasionnées par le troupeau et les amendes à payer, les prix des animaux pour ceux qui veulent en vendre ou en acheter… Avec ces moyens modernes de communication, les bergers se sentent plus rassurés lorsqu’ils vont en transhumance car ils sont en contact permanent avec leur famille et leur employeur. 28 200 à 500 Fcfa par tête de bétail pour la taxe d’inspection sanitaire vétérinaire et 500 Fcfa par tête de bétail pour la taxe de transhumance.
La visite des lieux de transhumance se fait également plus rapidement grâce aux vélos et surtout aux motocyclettes (Photo 10) dont les prix ont baissé avec l’abondante offre chinoise. Cependant, l’éleveur ne confisque pas l’information. Il la communique aux autres membres du lignage ou de son territoire qui peuvent également obtenir ces renseignements des voyageurs qu’ils rencontrent, mais aussi d’autres éleveurs.

Décision et choix des itinéraires de plus en plus individuels

Les règles qui régissent la fréquence des déplacements et les itinéraires de transhumance n’ont plus de caractère formel. En effet il n’y a plus, comme l’avait observé Boutrais (1977) dans les hautes terres de l’Ouest, une réunion au cours de laquelle est décidée la date de départ en transhumance, la même pour tout le monde dans la communauté. Bien que les aînés soient toujours écoutés et respectés, il n’existe pratiquement plus de code communautaire régissant les stratégies de transhumance. Les décisions stratégiques précises se prennent au niveau de chaque exploitation. Si les grandes périodes de départ ou de retour des transhumances sont bien définies et connues, il n’y a pas de synchronisation collective sur les dates de départ et les lieux de transhumance. En effet, un éleveur peut rendre visite à une connaissance sur un lieu de pâturage et trouvant les animaux de son hôte en bon embonpoint, il peut décider spontanément d’y amener les siens. Les éleveurs jugent également l’état corporel des animaux des autres éleveurs lors de leur retour de la transhumance. Cela peut les convaincre de prendre la même direction l’année suivante.

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Table des matières
Résumé 
Abstract
Liste des tableaux 
Liste des figures
Liste des cartes
Liste des photographies
Liste des encadrés
Liste des annexes
Glossaire des mots vernaculaires utilisés
INTRODUCTION GENERALE
Justification du choix du sujet et presentation de la zone d’etude
Intérêt du choix du sujet
La province du Nord du Cameroun
Une diversité des sols et des végétations
Une diversité agro-écologique
Un flux migratoire continu
Une organisation sociale basée sur des chefferies traditionnelles anciennes
Un système de production dominant à base de coton et de cultures vivrières
Un système d’élevage diversifié en fonction des différentes zones
Des éleveurs mbororo de plus en plus nombreux
Organisation de la thèse
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
1. Cadre contextuel : mutation de l’elevage mobile au 21e siecle
1.1. L’élevage mobile dans le monde
1.1.1. Une activité importante
1.1.2. Une part importante dans de nombreuses économies nationales
1.1.3. Réduction des surfaces pâturables
1.1.4. Les éleveursmbororo sous le joug de plusieurs formes d’insécurité
1.1.5. L’élevage mobile : une activité méprisée et marginalisée
2. Questions, objectifs et hypothèses de recherche
2.1. Question générale
2.2. Objectif général
2.3. Hypothèse générale
3. Cadre conceptuel
3.1. Définition des termes
3.1.1. La mobilité ou nomadisme
3.1.2. La sédentarisation
3.1.3. Les ressources naturelles
3.1.4. Le territoire
3.1.5. Les éleveurs et les agro-éleveurs
3.2. L’analyse géoagronomique
3.2.1. L’analyse géographique
3.2.2. L’analyse agronomique
4. Cadre opérationnel
4.1. Les sites de recherche
4.2. Niveaux de collecte et d’analyse des données
4.2.1. Le niveau de l’exploitation
4.2.2. Le niveau du territoire
4.2.3. Le niveau de la petite région
4.2.4. Le niveau de la région
4.3. Démarches préliminaires dans la collecte des données
4.4. Observations, entrevues et enquêtes
4.5. Suivi du berger et de son troupeau lors de parcours journaliers
4.6. Analyse des données
4.6.1. Analyse des données quantitatives
4.6.2. Analyse des données qualitatives
4.6.3. Cartographie
4.6.4. Modélisation chorématique de l’organisation spatiale des territoires
CHAPITRE II : ORGANISATION ET UTILISATION DES TERRITOIRES
5. Les territoires d’attache affectés aux éleveurs
5.1. Présentation des deux territoires
5.2. Appropriation et exploitation des territoires
5.3. Des territoires organisés autour de l’élevage
5.3.1. Structure et forme de l’habitat
5.4. Des cultures en blocs aux abords des habitations
5.5. Un espace de pâturage délimité pour les éleveurs mbororo et les agriculteurs
5.5.1. Un espace délimité avec l’appui de projets de développement
5.5.2. Des contraintes au respect des zones de pâturages délimitées
5.6. La place de l’arbre dans le territoire et l’alimentation des animaux
5.6.1. Les arbres fruitiers
5.6.2. Les parcs arborés des champs
5.6.3. Les arbres sur l’espace de pâturage
5.6.4. Les herbacées dominantes
6. Les territoires d’activité des éleveurs
6.1. Des territoires gérés par les autorités traditionnelles
6.2. Une place de plus en plus importante de l’information
6.3. Décision et choix des itinéraires de plus en plus individuels
6.4. Une utilisation saisonnière des différents territoires
6.4.1. L’utilisation des territoires d’attache et des villages environnants
6.4.2. Les territoires complémentaires pour la petite transhumance
6.4.3. Les territoires éloignés pour la grande transhumance de saison des pluies
CHAPITRE III : LES ACTIVITES PRODUCTIVES
7. L’élevage au centre du système de production
7.1. Des troupeaux importants
7.2. Une diversité de moyens d’accès au capital bovin
7.2.1. Le don
7.2.2. L’héritage
7.2.3. Gardiennage de bétail contre la cession de jeunes animaux
7.2.4. L’achat d’animaux
7.3. Alimentation et entretien des petits ruminants
7.3.1. La complémentation des animaux
7.3.2. Soins et vaccinations
7.4. Evolution de l’organisation des activités pastorales
7.4.1. Organisation des activités pastorales et gestion du cheptel vif
7.4.2. Le rôle des femmes dans la conduite, l’entretien et la gestion du troupeau
7.4.3. Recours de plus en plus fréquent aux bergers salariés
8. Une agriculture étroitement associée à l’élevage
8.1. De petites superficies cultivées et des moyens de travail limités
8.2. Des cultures peu diversifiées
8.2.1. Le maïs
8.2.2. Le mbayeeri
8.2.3. L’arachide
8.2.4. Le niébé
8.2.5. Le riz
8.3. Les rendements
8.4. Organisation des travaux agricoles
8.5. Utilisation systématique de la fumure organique
8.5.1. Techniques communes de production de fumure organique
8.5.2. Mode de production de fumure organique par type d’exploitation
8.5.3. Destination de la fumure organique produite sur les parcours
8.5.4. Techniques d’enfouissement et entretien des parcelles fumées
8.5.5. Effets de la fumure organique sur les systèmes de cultures
8.5.6. L’utilisation marginale de la fumure minérale
8.5.7. Un bilan céréalier positif
CHAPITRE IV : PERTINENCE ECONOMIQUE ET SOCIALE DE LA FIXATION DES ELEVEURS
9. Résultats économiques
9.1. Les recettes
9.1.1. Recettes diversifiées entre Ndiam Baba et Laïndé Ngobrara
9.1.2. Recettes diversifiées entre les types d’exploitation
9.2. Les dépenses
9.2.1. Des dépenses inégales pour les types d’exploitation
9.3. Bilan économique des éleveurs mbororo à Ndiam Baba et Laïndé Ngobara
9.3.1. Des exploitations performantes
10. Intérêt et enjeux de la sédentarisation
10.1. La sédentarisation : un péril pour les nomades ou un devoir pour les politiques et développeurs
10.1.1. Les défenseurs des minorités en dangers
10.1.2. Les partisans d’une évolution des modes de vie et d’activités  traditionnelles vers le modernisme
10.1.3. La sédentarisation : une évolution en cours
10.2. Intérêts et enjeux de la sédentarisation pour l’Etat, les autorités traditionnelles, les agriculteurs et les éleveurs mbororo
10.2.1. La sédentarisation des éleveurs : une manne pour l’Etat et les autorités traditionnelles
10.2.2. Les avantages tirés par les éleveurs de la sédentarisation
11. Fixation et évolution des conflits et de leurs modes de résolutions
11.1. Les acteurs concernés par les conflits
11.2. Les différents types de conflits fréquemment rencontrés
11.2.1. Le conflit entre les agriculteurs et les éleveurs
11.2.2. Conflits entre les autorités traditionnelles et les éleveurs
11.2.3. Les conflits inter-éleveurs
11.3. Mécanismes de médiation des conflits fréquemment utilisés
11.3.1. La préférence aux règlements à l’amiable
11.3.2. Règlement auprès du chef du village
11.3.3. Les autorités traditionnelles et administratives de moins en moins sollicitées
CHAPITRE V : QUEL AVENIR POUR L’ELEVAGE SEMI-SEDENTARISE
12. Conditions de durabilité des systèmes agro-pastoraux des mbororo
12.1. La durabilité environnementale
12.1.1. Forte pression sur les herbacées et les ligneux
12.1.2. L’exigence du maintien de la mobilité
12.1.3. Fertilité des sols préservée par la valorisation de la fumure animale
12.2. La durabilité sociale
12.2.1. Diversification des échanges entre les éleveurs
12.2.2. Des actions collectives d’éleveurs encore limitées
12.2.3. Création de nouveaux rapports sociaux avec les citadins
12.2.4. Echanges et complémentarités diversifiées avec les agriculteurs
12.2.5. Délitement des liens sociaux et transmissibilité mise à mal
12.3. La durabilité économique
12.3.1. Les atouts des éleveurs pour conserver leurs niveaux de revenus
12.3.2. Les facteurs pouvant remettre en cause les atouts de la diversification
13. Insécurité et changement de pratiques des éleveurs
13.1. Les prises d’otage comme mode d’évolution de l’insécurité en milieu rural
13.2. Des complicités au sein des communautés victimes
13.3. Des conséquences sur la vie et les activités des éleveurs mbororo
13.3.1. Déplacement temporaire des éleveurs mbororo
13.3.2. Tests de bonnes relations de voisinage entre les éleveurs mbororo et les agriculteurs des villages voisins
13.3.3. Changement des modes de conduite des animaux par les Mbororo
13.3.4. Dissociation des activités agricoles et pastorales dans les territoires occpés par les éleveurs Mbororo
13.3.5. Paupérisation et oisiveté de nombreux éleveurs mbororo
13.3.6. Multiplication des besoins et des charges au sein des familles des Mbororo
13.3.7. L’instabilité dans la scolarisation des enfants mbororo
13.4. Les Mbororo impuissants et une réaction mitigée de l’administration camerounaise
CONCLUSION GENERALE
Retour sur la méthode
Discussions
Quelles perspectives pour l’élevage au nord du Cameroun ?
Bibliographie
Annexes

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