L’élément féminin et le personnage de Huis clos

L’élément féminin et le personnage de Huis clos

Perspectives et Définitions

Nous avons pour objectif dans ce chapitre, et cela avant de passer à « l’autopsie » de notre corpus, Huis clos et Les Mains sales, de faire l’état de la question de notre sujet de recherche s’intitulant : Analyse des modalités de présence de l’élément féminin dans deux pièces de Sartre : Huis clos et Les Mains sales. Dans un premier temps, nous devons impérativement définir cet « élément féminin » qui peut avoir différentes définitions dans les différents domaines des sciences humaines et sociales car le féminin sature l’espace public et les discours. La littérature, la psychanalyse, la psychologie, la peinture et le cinéma en ont fait leur sujet principal. Mais ces représentations artistiques et symboliques du féminin révèlent le nouvel ordre moral que les femmes doivent affronter car derrière l’apparente libération des moeurs et des propos, ce qui se joue actuellement c’est bien la dangereuse perpétuation d’une forme d’essentialisation du féminin, c’est-à-dire, permettre à l’élément féminin de se mettre au même niveau que l’homme. Nous allons dans un second temps, réunir les principaux travaux et analyses consacrés aux pièces de Jean-Paul Sartre, Huis clos et Les Mains Sales, notamment. A cet égard, des chercheurs et des spécialistes de Sartre comme Françoise Bagot, Thomas Bishop, Marc Buffat, Annie Cohen-Solal, Michel Contat, Ingrid Galster, Michel Kail et Michel Rybalka, ont mené et publié des travaux de recherches, des commentaires et des réflexions sur la production théâtrale sartrienne. Nous tenons à préciser que notre regard s’orientera essentiellement vers les travaux consacrés aux deux pièces citées ci-dessus, objet de notre recherche.

L’ÉLÉMENT FÉMININ DANS LA LITTÉRATURE 

Le féminin occupe une place très importante dans les oeuvres littéraires et en particulier, dans les écrits féministes. Autrement dit, une littérature qui parle de la femme, qui a été écrite par des femmes, qui est destinée à un public de femmes, qui est lu par des femmes ou qui sert la cause des femmes. A cet égard, nous constatons que dans la littérature traditionnelle ou contemporaine, l’élément féminin renvoie souvent au personnage féminin, cet être sexué, la partenaire à jamais de l’homme. Les images véhiculées par la littérature évoquent souvent la quête d’un idéal féminin, mais les attributs divers et parfois contradictoires à travers lesquels la femme apparaît contribuent à faire d’elle un personnage inférieur à l’homme, différent et faible ; une énigme qui la rende insaisissable. « Etre femme, dit Kierkegaard, est quelque chose de si étrange, de si mélangé, de si compliqué, qu’aucun prédicat n’arrive à l’exprimer et que les multiples prédicats qu’on voudrait employer se contrediraient de telle manière que seule une femme peut les supporter.3″ La littérature féministe constitue ainsi une catégorie de la production littéraire du XXè siècle définie par un sujet-objet dynamique : « La femme dans un processus historique d’émancipation

En d’autres termes, l’élément féminin (la femme), vit dans une époque où la liberté et l’émancipation sont le produit de son combat perpétuel. Néanmoins, nous rencontrons dans la plupart des récits littéraires des figures emblématiques de la mère, de la soeur et de l’épouse qui incarne la femme sensuelle, objet de désir et d’amour physique, une figure sexuelle aux yeux de l’homme. « La femme est pour l’homme une partenaire sexuelle, une reproductrice, un objet érotique, une Autre à travers laquelle il se cherche lui-même.5″ Sans vouloir généraliser, la mère, caractérise le rapport avec l’enfant, nous songeons au mythe d’Oedipe où cette relation mère-fils représente l’inceste et le tragique.

Le féminin de l’homme 

A partir des travaux de Jung, sur l’article de l’amour et son interprétation, qui a pris des jeunes femmes et des jeunes hommes comme sujets à étudier, à analyser, (nous précisons que ces sujets sont des personnes malheureuses en amour qui sont incapables de préserver l’amour qui les unit à leurs compagnons) ; à ce sujet: « L’inconscient des parents, et en particulier de la mère, continue d’être actif dans l’inconscient de l’individu bien au-delà de l’enfance. Simultanément à la rencontre avec l’autre en soi, la rencontre avec l’autre à l’extérieur de soi peut avoir lieu, permettant la désintrication des contenus mortifères et le dégagement du sentiment. »26 En d’autres termes, nous comprenons que l’homme (le mâle) peut avoir l’autre (la femme) en lui, cette part féminine qui se dégage de lui, cet autre qui existe en soi et qui se manifeste dans des situations, des épisodes pathétiques de l’existence. (Le fait de pleurer revient à cette part féminine.) Nous pouvons, ainsi, dire la même chose de la femme, ce féminin maternel qui peut être destructeur. Nous nous référons toutefois, à la problématique du « double » ainsi qu’à l’articulation du masculin et du féminin. Nous pouvons par ailleurs citer le mythe de Tirésias dans le cycle de Thèbes et le rôle qu’il a joué en devenant une femme après avoir tué deux serpents qui s’accouplaient. Le fait que Tirésias ait été successivement homme et femme, se mue au niveau de la structure, au niveau de l’organisation topique, en nos deux polarités côté homme /côté femme (réceptivité, intuition, le féminin psychique de l‘auteur).

A la manière du Yin et du Yang des chinois, l’homme peut être confronté à une bipolarité sexuée, qu’on ne doit pas confondre avec la bisexualité27, ce qui peut justifier des caractéristiques physiques et morales. A titre d’exemple, nous pensons aux hommes qui se travestissent ou qui adoptent une gestuelle féminine, « marcher en mettant la poitrine en avant ». Ainsi, nous pouvons nous appuyer sur cette bipolarité sexuée qui gère le monde pour donner une interprétation à l’attitude des personnages sartriens, Hugo, Hoederer, Olga, Jessica, Estelle et Inès notamment. En outre, l’homme continue toujours à nouer une relation avec le féminin, qui est sa mère, au niveau de son être et de son inconscient. Nous avons déjà vu que depuis la nuit des temps, la femme est considérée comme « l’Autre » pour l’homme. Dans le langage psychanalytique, cet « Autre » peut désigner le blanc, couleur symbolisant l’énergie féminine, le manque, attachés aussi, surtout chez Freud, à la féminité et au sexe féminin, ce que l’homme « virile » a du mal à reconnaître et à tolérer en lui ; ce sont des traits qu’il dévalorise, son côté inférieur que Jung qualifie de négatif et qui pourtant s’impose toujours à lui directement ou indirectement dans ses rêves28 ou par ses comportements, paroles et agissements.

Autour de Huis clos et des Mains sales 

Au lendemain de la Libération, Jean-Paul Sartre apparaît comme un des écrivains majeurs de la Résistance. Moins en raison des quelques articles qu’il a donnés à la presse clandestine que par les deux pièces de théâtre, Huis clos et Les Mains sales, qui ont défrayé la chronique littéraire en 1944 et 1948. Plusieurs études sous formes de livres, d’analyses, de commentaires et de thèses sur Huis clos et les Mains sales de Jean-Paul Sartre, forment cette partie consacrée aux études menées sur la production théâtrale sartrienne en général et sur Huis clos et Les Mains sales en particulier et cela depuis les années 70 à nos jours, du moins pour les travaux que nous avions pu réunir. Nous voulons montrer à travers cette partie comment les pièces de Sartre ont été l’objet de curiosité et de recherche pour nombre de critiques, d’enseignants et de chercheurs, notamment ceux du CNRS. Ces études ouvrent chacune une perspective critique différente et essentielle à la compréhension de Huis clos et des Mains sales. En respectant l’ordre chronologique de la création de ces pièces, nous commencerons d’abord par Huis clos (1944) et ses approches critiques signées : Thomas Bishop en 1975 et Ingrid Galster en 2001, ensuite, nous dresserons la liste des auteurs qui se sont intéressés de près aux Mains sales (1948), notamment, Françoise Bagot et Michel Kail en 1985, Marc Buffat en 1991 et Jean Labesse en 1997.

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Table des matières

Introduction
Chapitre I : Perspectives et définitions
1.L’Elément Féminin est ses domaines d’investigation
1.1. L’élément féminin dans la littérature
1.2. L’élément féminin : le point de vue psychanalytique
Le féminin de l’homme
Caractéristiques de l’anima
2.Autour de Huis clos et des Mains sales
2.1. Huis clos et ses critiques
Thomas Bishop lit Huis clos aujourd’hui
Ingrid Galster et l’accueil de Huis clos
2.2. Les Mains sales, une pièce commentée
Bagot et Kail expliquent Les Mains sales
b. Marc Buffat commente Les Mains sales
Jean Labesse étudie Les Mains sales
Synthèse
Chapitre II : L’élément féminin et le personnage de Huis clos
1.Inès, un élément féminin ou masculin
2.Un triangle actantiel
2.1. Le couple Inès – Estelle
2.2. Le couple Estelle – Garcin
L’élément féminin, un symbole de l’enfer
De l’élément féminin au bourreau : la lâcheté mise en évidence
Chapitre III : L’élément féminin et le personnage des Mains sales
1.Hugo, un personnage central
1.1. L’étiquette du personnage
1.2. Du signifiant au signifié
2.De la femme de coeur à la femme de tête
De l’élément féminin à la force agissante
Chapitre IV : De l’élément féminin à l’objet du décor
1.L’objet dans Huis clos
1.1. La statue de Barbedienne
1.2. D’un classement textuel de l’objet
2.L’objet dans Les Mains sales
2.1. De la porte fermée à la porte ouverte
2.2. La porte, un objet utilitaire
Chapitre V : Pour une interprétation de l’élément féminin
1.Jean-Paul Sartre et son personnage féminin
2.L’élément féminin et la sexualité
3.De la misogynie dans Huis clos et Les Mains sales
Conclusion
Bibliographie
Annexes
Mots-clés
Résumé du mémoire
1) En français
2) En anglais

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