Leishmaniose et immunité adaptative

Leishmaniose et immunité adaptative

Les leishmanioses

La leishmaniose cutanée est une des maladies parasitaires les plus anciennes; les premiers écrits dans l’Ancien Monde datent de la plus haute antiquité, comme ceux transcrits sur des objets du septième siècle avant J-C, appartenant à Ashurbanipal, roi d’Assyrie (ancienne région du nord de l’Irak). Elle fut décrite au dixième siècle par des médecins arabes sous l’appellation de blessure de « Balkh » du nom d’une ville du nord de l’Afghanistan. Puis et à travers l’histoire, elle a reçu les noms des différentes régions du monde où elle fut découverte (Cox, 2002). La première description des formes cutanées et cutanéo-muqueuses du Nouveau Monde est celle de missionnaires religieux espagnols, faite au seizième siècle à partir de la manifestation de la maladie andine (Bolivie, Colombie, Équateur et Pérou) (Cox, 2002). L’agent causal fut mis en évidence pour la première fois en 1885 par David Cunningham dans une lésion cutanée puis en 1898 par Peter Borovsky. Ce dernier décrivit le parasite comme un protozoaire, son travail publié ne fut pas reconnu à l’échelle mondiale (Cox, 2002). La leishmaniose viscérale s’est probablement manifestée beaucoup plus tard car il n’en est pas fait mention avant les années 1823 alors que d’autres maladies causant le même degré de sévérité étaient déjà suffisamment documentées (Cox, 2002). En 1824, une maladie causant fièvre et cachexie et résistant à la quinine fut observée au Bengale (Cox, 2002). Une maladie semblable survenue en Inde fut relatée sous le nom de kala-azar (fièvre noire), car provoquant un noircissement de la peau des patients, puis de fièvre de Dum-Dum en raison de son apparition pour la première fois dans cette région (située près de Calcutta). Durant l’époque où cette maladie n’était pas encore connue, les signes cliniques d’anémies et de splénomégalies étaient attribués à une combinaison d’ankylostomiase, de béribéri (carence profonde en vitamine B1) et de malaria. William Boog Leishman(1900) et Charles Donovan(1903) furent les premiers à découvrir indépendamment le parasite dans des frottis de rate de patients atteints de kala-azar. Donovan se rendit compte que la forme cutanée (bouton d’Orient) était due à ce même pathogène. En 1903, Ronald Ross donna à ce dernier le nom définitif de L. donovani en leur honneur et la forme amastigote du parasite est communément appelée «corps de Leishman» (Euzeby, 1984). En 1904, Rogers décrivit des formes flagellées à partir d’une culture in vitro de sang citraté (Dana, 1972). La même année, la leishmaniose viscérale fut décrite en Tunisie par Cathoire puis en 1907 par Nicolle en Egypte et en Grèce et en 1911 par Lemaire en Algérie et par Carlos Chagas en Amérique. Ce dernier découvrit dans la forêt amazonienne brésilienne des enfants présentant des splénomégalies et fut amené à penser qu’il était en présence de  » kalaazar. L’agent étiologique fut nommé L. chagasi. En 1913, Migone rapporta la présence de la leishmaniose viscérale dans le continent américain (Akhoundi et al., 2016). En 1908, Charles Nicolle considéra le parasite, présent dans les pays du bassin méditerranéen et où il touche particulièrement les enfants, comme différent de L. donovani et lui donna le nom de L. infantum (Nozais et al.,1996). Il démontra au cours de cette même année, l’innoculabilité de L. infantum au chien et rapporta avec Comte la première observation en Tunisie de la leishmaniose générale chez cet animal (Nelson et Guillermo-Couto, 2003). C’est en 1913 que Pringault signala la présence de la leishmaniose canine en Europe en observant un cas à Marseille (Euzeby, 1994). La relation entre le phlébotome comme vecteur et la maladie fut établie à l’Institut Pasteur d’Algérie, expérimentalement et sur leurs propres personnes, par les frères Edmond et Etienne Sergent et leurs collaborateurs. Des broyats de spécimens de P. papatasi furent appliqués sur des scarifications cutanées et deux mois plus tard, l’un d’entre-eux présenta une lésion caractéristique de « clou de Biskra » avec présence de nombreuses formes amastigotes de Leishmania. Ces auteurs rapportèrent ainsi en 1921 les preuves de la transmission vectorielle de la leishmaniose cutanée (Théodoridès, 1997). La transmission par piqûre fut confirmée pour le kala-azar par Knowles et al. (1924), pour la leishmaniose canine par Parrot et al. (1930) et pour la leishmaniose cutanée par Adler et Ber (1941).

Evolution du parasite chez l’hôte invertébré

Les formes amastigotes, présentes dans les macrophages du vertébré infecté, sont prélevées lors du repas sanguin du phlébotome. Une fois dans le mésentéron, les macrophages sont digérés mais les parasites résistent à la digestion en se protégeant derrière un réseau de chitine, appelé matrice péritrophique. Ce réseau est contenu dans une poche de protéines et glycoprotéines produites par l’insecte (Schlein, 1993). Les amastigotes se différencient en promastigotes procycliques qui se multiplient activement (Walters et al., 1993) (Figure 5). A ce stade, les parasites ont une forme ovoïde et un flagelle court ce qui les rend faiblement mobiles. Deux jours après l’infection, les procycliques deviennent plus allongés et plus mobiles et sont alors dits promastigotes nectomonades (Gossage et al., 2003) (Figure 5). Ces formes, non-prolifératives et très mobiles, sécrètent de la chitinase pour la dégradation de la chitine composant la matrice péritrophique (Schlein et al., 1991). Les parasites migrent ensuite jusqu’à la partie antérieure du mésentéron avant de s’attacher aux cellules épithéliales de la paroi intestinale. L’adhérence des parasites est fondamentale, elle leur évite d’être évacués avec les déchets du repas sanguin (Bates, 2007). Ce mécanisme se fait principalement par l’intermédiaire des LPG, glycoprotéines majeures à la surface des promastigotes, qui se lient aux lectines présentes sur la surface intestinale de l’insecte (Kamhawi et al., 2004). Sept jours après le repas sanguin, les nectomonades adoptent la forme leptomonade (Figure 5) et se répliquent à nouveau, entamant la métacyclogenèse qui donne lieu à la formation des promastigotes métacycliques, formes infectieuses pour l’hôte vertébré (Sacks, 1989; Bates, 1994) (Figure 5). Durant ce processus, la membrane du corps cellulaire des parasites s’épaissit par dédoublement des LPG à leur surface, diminuant ainsi leur adhérence aux lectines de la paroi intestinale et leur permettant de migrer vers la valve stomodéale (jonction entre l’intestin moyen et l’intestin antérieur). Ils sécrètent à ce niveau un gel appelé PSG qui est composé de fPPG (Rogers et al., 2002). L’accumulation des parasites et du PSG causent une obstruction provoquant l’ouverture de la valve stomodéale et obligeant l’insecte à régurgiter les parasites lors du prochain repas sanguin. Une autre forme du parasite appelée haptomonade (Figure 5) a été rapportée mais son origine et sa fonction ne sont pas totalement élucidées. Il s’agit d’une forme élargie, non-motile et qui semble faciliter la génération et le maintien du PSG (Bates, 1994).

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Table des matières

Résume
Liste des abréviations et acronymes
Liste des tableaux
Liste des figures
INTRODUCTION
Introduction
CHAPITRE I REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1. Les leishmanioses
1.1. Historique
1.2. Agent étiologique
1.2.1. Position systématique
1.2.2. Caractères morphologiques
1.2.3. Caractères moléculaires
1.2.3.1. ADN nucléaire
1.2.3.2. ADN kinétoplastique
1.2.4. Nutrition
1.2.5. Cycle biologique
1.2.5.1. Evolution du parasite chez l’hôte invertébré
1.2.5.2. Evolution du parasite chez l’hôte vertébré
1.2.5.2.1. Inoculation du parasite et adhésion
1.2.5.2.2. Phagocytose et survie des Leishmania
1.3. Vecteur
1.3.1. Position systématique des phlébotomes selon Dolmatova et Demina (1971
1.3.2. Morphologie
1.3.2.1. Tête
1.3.2.2. Thorax
1.3.2.3. Abdomen
1.3.3. Biologie
1.3.4. Accouplement
1.3.5. Régime alimentaire
1.3.6. Composition de la salive
1.3.7. Habitat et activité
1.3.8. Fréquence saisonnière
1.4. Réservoirs
1.5. Situation épidémiologique
2. Leishmaniose et immunité adaptative
3. Diagnostic de la leishmaniose viscérale
3.1. Diagnostic non spécifique
3.1.1. Aspect clinique
3.1.2. Anomalies hématologiques
3.1.3. Syndrome inflammatoire
3.1.4. Dysprotidémie (ou dysproteinémie
3.1.5. Anomalies hépatiques et rénales
3.2. Diagnostic spécifique
3.2.1. Méthodes directes
3.2.1.1. Examen microscopique direct
3.2.1.2. Examen direct après culture
3.2.1.3. Mise en évidence des leishmanies à partir du vecteur
3.2.2. Méthodes indirectes (Méthodes sérologiques
4. Identification des Leishmania
4.1. Analyse biochimique des isoenzymes (zymodèmes
4.2. PCR séquençage
4.3. Spectrométrie de masse de type MALDI-TOF
5. Co-infection Leishmania /VIH
6. Prévention et lutte contre la leishmaniose viscérale
CHAPITRE II POPULATION ET METHODES
1. Hypothèse et objectifs du travail
1.1. Hypothèse de travail
1.2. Objectifs de l’étude
2. Population étudiée
3. Méthodologie
3.1. Types d’étude
3.2. Plan de travail
3.2.1. Prélèvements et préparation des échantillons étudiés
3.2.1.1. Ponction de moelle osseuse
3.2.1.2. Confection de frottis de moelle osseuse
3.2.1.3. Préparation de la poudre de moelle osseuse
3.2.1.4. Prélèvement sanguin
3.2.2. Diagnostic
3.2.2.1. Examen parasitologique direct
3.2.2.2. Examens sérologiques
3.2.2.2.1. Test de diagnostic rapide par immunochromatographie
3.2.2.2.2. Immunofluorescence indirecte
3.2.2.2.3. Western blot
3.2.3. Evaluation des performances du TDR
3.2.3.1. Immunochromatographie
3.2.3.2. ELISA
3.2.4. Etude moléculaire et phylogénétique
3.2.4.1. Extraction de l’ADN total
3.2.4.1.1. Extraction de l’ADN total à partir des sérums
3.2.4.1.2. Extraction de l’ADN total à partir de la poudre de moelle osseuse
3.2.4.2. PCR en temps réel
3.2.4.3. PCR standard
3.2.4.4. Identification génomique du parasite
3.2.5. Etude entomologique
3.2.5.1. Région d’origine des phlébotomes
3.2.5.2. Technique de piégeage des phlébotomes
3.2.5.3. Traitement et diagnose des phlébotomes
3.2.5.4. Détection du parasite par PCR en temps réel
3.2.6. Recueil des données et méthodologie statistique
3.2.7. Tests d’évaluation des performances des techniques utilisées
CHAPITRE III RESULTATS
1. Diagnostic de la leishmaniose viscérale
1.1. Diagnostic spécifique
1.1.1. Myélogramme
1.1.2. Test de diagnostic rapide par immunochromatographie
1.1.3. Confirmation diagnostic de la LV
1.1.4. Evaluation des performances du TDR
1.1.4.1. Immunochromatographie
1.1.4.2. ELISA
1.1.5. Diagnostic moléculaire
1.2. Délai de diagnostic
1. 3. Diagnostic aspécifique
1.3.1. Données cliniques
1.3.2. Données biologiques
1.3.2.1. Hémogramme
1.3.2.2. Syndrome inflammatoire
1.3.3. Syndrome d’activation macrophagique
2. Profil épidémiologique des cas de LV recensés
2.1. Répartition des cas selon le lieu de résidence
2.2. Répartition des cas selon l’âge et le sexe
2.3. Répartition des cas selon le groupe sanguin
2.4. Répartition des cas selon le niveau socio-économique
2.5. Répartition saisonnière des cas
2.6. Répartition annuelle des cas
2.7. Répartition des cas selon le motif d’hospitalisation
2.8. Données thérapeutiques et évolutives
3. Détection et identification du parasite
4. Résultats entomologiques
4.1. Identification des phlébotomes capturés
4.1.1. Phlebotomus perniciosus
4.1.2. Phlebotomus longicuspis
4.1.3. Phlebotomus perfiliewi
4.1.4. Phlebotomus papatasi
4.1.5. Sergentomyia minuta
4.2. Abondance relative des espèces identifiées
4.3. Résultat de la recherche de leishmanies à partir du vecteur
CHAPITRE IV DISCUSSION
Discussion
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Conclusion et perspectives
Références bibliographiques
Annexes

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