L’ÉGALITÉ DES DROITS ENTRE FEMMES ET HOMMES

L’ÉGALITÉ DES DROITS ENTRE FEMMES ET HOMMES

UNE FEUILLE D’AVIS QUI SE DÉMARQUE DES AUTRES

Paru pour la première fois le 17 novembre 1903, Le Nouvelliste valaisan est fondé par Charles Haegler et lié à l’Abbaye de Saint-Maurice. Il fait partie des onze feuilles d’avis qui naissent en Valais entre 1901 et 1910 et, avec la Feuille d’Avis du Valais, – publiée pour la première fois le 28 novembre 1903 – il sera la seule feuille d’avis à survivre aussi longtemps. Les autres meurent à peu près aussi vite qu’elles apparaissent23. Au départ, la feuille d’avis paraît à Saint-Maurice les mardis, jeudis et samedis au prix de 5 centimes le numéro, mais elle possède déjà des correspondants dans tout le canton. À cette époque-là, le Nouvelliste valaisan poursuit trois objectifs clairs : renseigner, instruire et divertir ses lecteurs24.

En 1929, le journal devient quotidien et va accentuer son influence dans la partie francophone du canton pour s’imposer comme le leader en situation de quasi-monopole25, alors que, jusque-là, il n’avait jamais augmenté le nombre de ses parutions. Le passage à la quotidienneté est annoncé en une du dernier numéro de novembre comme suit : C’est à partir de mardi 3 décembre que le « Nouvelliste » arrivera, chaque matin, à nos lecteurs dont le nombre s’est encore accru, ces jours, de façon réjouissante. […] Le « Nouvelliste » quotidien sera servi gratuitement pendant tout le mois de décembre. […] Pas un Valaisan qui n’appréciera à sa juste valeur, cet immense progrès dont le pays tout entier va bénéficier. Mais, contre l’impossible, nul n’est tenu, et les citoyens qui, pour des raisons d’économie ou de temps, ne pourront garder le journal quotidien, continueront de recevoir l’édition semi-quotidienne comme par le passé. […]

Les rédacteurs, en étant les premiers du canton à passer au format quotidien, mettent tout en oeuvre pour que les lecteurs leur restent fidèles malgré le changement, que ce soit en offrant le mois de décembre à chacun ou que ce soit en permettant à ceux qui le désirent de continuer avec l’ancienne formule semi-quotidienne. Les rédacteurs du journal sont donc totalement confiants à l’égard de cette transition et ne doutent pas de la fidélité de leurs lecteurs. L’histoire prouve qu’ils ont eu raison puisque le journal finit par accéder à une situation de quasimonopole dans la partie francophone du canton. Dès 1939, le tirage du journal représente le 46% du total hebdomadaire du canton27. Il a donc réussi à toucher le coeur des lecteur-trice-s valaisan-ne-s. Toutefois, à en croire André Luisier, la Seconde Guerre Mondiale touche de plein fouet le journal et, lorsqu’il reprend le poste de rédacteur en chef en 1949, le nombre d’abonnés est au plus bas et la maladie de Charles Haegler n’arrange pas la situation du journal. André Luisier va mettre tout en oeuvre pour sauver le quotidien et cela va passer par la recherche de nouveaux fonds. Ainsi, avec l’aide de Publicitas, Luisier parvient à acheter un téléscripteur qui permet un lien direct avec l’ATS28 . Il arrive également, grâce à cette aide, à déplacer, dès le début des années 50, le tirage à 22h et non plus à 19h-19h30, puis à 2h du matin dès l’été 1950. Cela lui permet de passer du statut de journal du soir à celui de journal du matin. Outre les investissements financiers et le changement de statut pour le quotidien, Luisier met également en place de nouvelles rédactions dans les villes du canton ainsi que des correspondances dans la Suisse romande, au Palais fédéral et à l’étranger, comme par exemple au Vatican29.

UN JOURNAL POLITIQUEMENT ORIENTÉ

Dans son ouvrage La presse écrite en Valais, Antoine Lugon présente le premier numéro de la feuille d’avis – numéro d’ailleurs absent des archives numérisées – et explique que : Dans son premier éditorial, le nouveau journal se veut rassurant : il n’entend nuire à aucun des organes de presse existants ; il se contentera d’apporter au Valais de l’information et de la publicité. Il ne fera, assure-t-il, pas de politique, se contentant d’être « bon catholique comme tout valaisan qui a le culte de la Patrie ».40 Au-delà de l’aspect catholique très clairement assumé, l’affirmation que le journal n’a pas d’ambition politique nous semble importante à souligner connaissant la suite de son histoire. Nous ne remettons pas en cause cette affirmation qui était probablement correcte au moment de son écriture, mais nous constatons que la ligne du journal évolue. Avec l’arrivée de Luisier à la tête du journal en 1949, la ligne politique est claire. Dans son ouvrage souvenir, l’ancien rédacteur en chef et directeur explique : « Je désirais être une courroie de transmission entre les lecteurs de mon journal et les gens du pouvoir. »41 Or, comme le pouvoir est majoritairement conservateur en Valais, le journal prend presque naturellement cette couleur politique.

D’ailleurs, dès 1968, le journal affiche clairement son orientation politique d’une part à travers l’avis des rédacteurs concernant les objets de votation et d’autre part, à travers la rubrique « Nous suggérons » présente à partir de 1969. Cette rubrique présente un bulletin de vote rempli que les lecteurs sont amenés à reproduire lors de leur passage à l’isoloir42. Le Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais reste le seul journal à avoir fait des suggestions de vote à ses lecteurs. Mais Luisier insiste sur ce point, il s’agit uniquement de suggestions et non pas d’injonctions. Le bulletin représenté en Une du journal avant les votations représente, selon les dires du rédacteur en chef, uniquement la position du Nouvelliste43. Si, en matière de politique, Luisier s’éloigne donc de la volonté de Charles Haegler de faire du Nouvelliste valaisan un journal d’information uniquement, il ne trahira jamais les valeurs catholiques du journal. Très croyant de par sa maman – alors que le goût pour la politique lui vient plutôt de son père –, Luisier accorde une grande importance à la chrétienté qui, pour lui, constitue la base de la civilisation occidentale sans laquelle le monde ne tiendrait pas debout. C’est pourquoi, il tient à ce que le Nouvelliste reste d’inspiration chrétienne et anti-marxiste. Il accorde donc une grande place à l’action chrétienne au sein du journal surtout par peur de tomber dans l’athéisme qui pour lui représente le néant44.

LES RÉDACTEURS EN CHEF ENTRE 1970 ET 1993

Seulement deux personnes se succèdent au poste de rédacteur en chef durant la période qui nous intéresse : André Luisier et Hermann Pellegrini. André Luisier prend la tête du Nouvelliste valaisan en 1949 à l’âge de 25 ans grâce à son père, mais surtout grâce au chanoine Fleury de Saint-Maurice qui siège au Conseil de l’Imprimerie Rhodanique et du Nouvelliste. A ce moment-là, Luisier est censé rester un mois pour venir en aide à son père et au chanoine car Charles Haegler, gravement atteint du cancer des poumons, n’est plus en mesure d’assurer ses fonctions. Après cette période, Luisier souhaite passer ses examens de droit qu’il étudie à Genève. Mais, il ne quittera finalement jamais le journal et en restera le directeur jusqu’en 199445. Également connu pour avoir été président du FC Sion46, Luisier est donc une personnalité notoire du canton durant de nombreuses années. Ignace Carruzzo lui consacre un article dans le DHS, parlant de lui en ces termes : « Très conservateur, il servit, grâce à son puissant réseau de relations politiques, les intérêts du parti démocrate-chrétien valaisan […]. »47.

Le rédacteur en chef faillit donc à la promesse qu’avait faite Charles Haegler dans le premier éditorial de ne pas faire de politique au sein du Nouvelliste. Pour Luisier, la politique conservatrice se place dans la ligne du journal et il engage d’ailleurs ses rédacteurs à cette condition, comme c’est le cas pour Roger Germanier notamment48. Reste que Luisier a permis au journal de maintenir sa situation de quasi-monopole dans le canton du Valais et peut-être que, sans se mêler de politique, le succès n’aurait pas été tel. Mais il ne s’agit que d’une simple hypothèse qu’il est difficile de confirmer ou d’infirmer et Luisier n’a probablement que cherché à évoluer avec son temps. Pellegrini se trouve déjà à la tête de la chronique cinéma depuis quelques années, lorsqu’il succède à Luisier en 1982. Il reprend la direction générale de Rhône Média SA dès 1993. En parallèle de son emploi au Nouvelliste, il est membre de comité directeur de la Société

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Table des matières

INTRODUCTION
ÉTAT DE LA QUESTION
PROBLÉMATIQUE, QUESTIONS DE RECHERCHE ET STRUCTURE DU TRAVAIL
SÉLECTION DES ARTICLES ET MÉTHODOLOGIE
CHAPITRE 1  LE NOUVELLISTE ET FEUILLE D’AVIS DU VALAIS (1968-2005)
1.1. UNE FEUILLE D’AVIS QUI SE DÉMARQUE DES AUTRES
1.2. UN JOURNAL POLITIQUEMENT ORIENTÉ
1.3. LES RÉDACTEURS EN CHEF ENTRE 1970 ET 1993
CHAPITRE 2  LES DROITS POLITIQUES DES FEMMES : DE L’OPPOSITION AU SOUTIEN
2.1. DROIT DE VOTE ET D’ÉLIGIBILITÉ DES VALAISANNES
2.1.1. LA VOTATION FÉDÉRALE DU 1ER FÉVRIER 1959
2.1.2. LA VOTATION CANTONALE DU 12 AVRIL 1970
2.1.3. LA VOTATION FÉDÉRALE DU 7 FÉVRIER 1971
2.2. LA MISE EN PRATIQUE DU DROIT D’ÉLIGIBILITÉ
2.2.1. ENTRE INÉGALITÉ ET ÉGALITÉ : QUEL TRAITEMENT POUR LES ÉLUES ?
2.2.2. CERTAINES ÉLUES PLUS ABORDÉES QUE D’AUTRES
CHAPITRE 3 LA SEXUALITÉ ET LE CORPS DES FEMMES : UN SUJET TABOU
3.1. QUAND L’AVORTEMENT EST UN CRIME
3.1.1. LUTTE CONTRE L’INITIATIVE « DES DÉLAIS » EN 1977
3.1.2. SOUTIEN À L’INITIATIVE « DROIT À LA VIE » EN 1985
3.2. VIVRE UNE SEXUALITÉ LIBÉRÉE EN VALAIS ? LES SUJETS SENSIBLES DU PLANNING FAMILIAL, DE LA CONTRACEPTION ET DE L’ÉDUCATION SEXUELLE
3.2.1. LE DÉBAT AUTOUR DE LA CONTRACEPTION MODERNE
3.2.2. L’ÉDUCATION SEXUELLE : AVEC OU SANS MORALE CHRÉTIENNE ?
CHAPITRE 4 L’ÉGALITÉ DES DROITS ENTRE FEMMES ET HOMMES
4.1. L’ÉGALITÉ ATTEINTE DANS LES ANNÉES 80 ?
4.1.1. L’INITIATIVE « POUR L’ÉGALITÉ DES DROITS ENTRE HOMMES ET FEMMES » EN 1981
4.1.2. LE NOUVEAU DROIT MATRIMONIAL EN 1985
4.2. LA DÉSILLUSION QUI MÈNE À LA GRÈVE DES FEMMES
4.3. L’INSTITUTIONNALISATION DE LA LUTTE FÉMINISTE AVEC LA CRÉATION DU BUREAU DE L’ÉGALITÉ EN 1993
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
SOURCES
SOURCE PRINCIPALE
PUBLICATIONS OFFICIELLES
ARCHIVES TÉLÉVISUELLES
LITTÉRATURE SECONDAIRE
OUVRAGES SUR L’HISTOIRE DES FEMMES EN SUISSE
OUVRAGES SPÉCIALISÉS SUR LE VALAIS
OUVRAGES SUR LA PRESSE
OUVRAGES SUR L’ÉGLISE
OUVRAGES AUTRES
MÉMOIRES DE LICENCE/MASTER
ARTICLES
SITES INTERNET

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