Cet essai est constitué de trois sections : une introduction, un article scientifique et une conclusion. L’introduction aborde différents thèmes qui permettent de mieux situer l’article scientifique dans son contexte théorique. Tout d’abord, l’effet de supériorité de l’émotion sera expliqué à travers la présentation de différentes études examinant la mémoire pour des histoires et des images. De plus, les structures cérébrales possiblement impliquées dans la performance mnésique seront abordées. Ensuite, l’impact du stress sur la mémoire sera démontré à travers différentes études examinant la mémoire pour des stimuli neutres et émotionnels. L’étude actuelle s’intéressera aux événements potentiellement traumatiques et leur impact sur la mémoire. L’agression sexuelle a été sélectionnée comme événement potentiellement traumatique. Une définition de l’agression sexuelle sera présentée, ainsi que certaines statistiques sur la prévalence de ce type d’ événement. De plus, certaines études sur la mémoire épisodique verbale des survivantsl d’agression sexuelle seront présentées. Ensuite, les liens entre le niveau de cortisol, la performance mnésique et l’agression sexuelle seront abordés à travers la présentation d’études sur le niveau de cortisol de base des survivants d’agression sexuelle et sur le lien entre les niveaux de cortisol et la mémoire chez des contrôles.
L’effet de supériorité de l’émotion
Les émotions sont reconnues comme ayant un impact sur le fonctionnement mnésique (Kulas, Conger, & Smolin, 2003). L’effet de supériorité de l’émotion démontre que les événements ayant une intensité émotionnelle élevée sont associés à un meilleur rappel que les événements qui ne sont pas émotionnels (Kensinger, 2009; Kensinger & Schacter, 2008; Reisberg & Heuer, 2004; van Giezen, Arensman, Spinhoven, & Wolters, 2005). Les stimuli négatifs sont rappelés avec plus de précision et de détails que les stimuli positifs (Kensinger, 2007, 2009). Les stimuli positifs ne seraient pas associés à un rappel plus détaillé que les stimuli neutres (Kensinger, 2009). Certains chercheurs ont investigué l’effet de supériorité de l’émotion en utilisant des histoires (Cahill & McGaugh, 1995; Christianson & Lo ftus , 1987; Heuer & Reisberg, 1990) tandis que d’autres ont utilisé des images (Bradley, Greenwald, Petry, & Lang, 1992; Ochsner, 2000). À notre connaissance, les stimuli positifs ont été moins utilisés dans les études sur le trauma et l’effet de supériorité de l’émotion.
En lien avec l’effet de supériorité de l’émotion, les histoires émotionnelles sont associées à une meilleure performance mnésique que les histoires neutres. Par exemple, Cahill et McGaugh (1995) ont administré une tâche de mémoire à des participants à propos d’un extrait vidéo émotionnel ou neutre qu’ils venaient de regarder. Deux semaines plus tard, la performance mnésique des participants ayant regardé la version émotionnelle de l ‘histoire était meilleure en comparaison à celle des participants ayant regardé la version neutre. Ainsi, le contenu émotionnel d’une histoire augmente la performance mnésique. D’autres études démontrent également l’effet de supériorité de l’émotion en utilisant des histoires (Christianson & Loftus, 1987; Heuer & Reisberg, 1990).
Certaines études ont aussi observé l’effet de supériorité de l’émotion en utilisant des images. Dans une étude d’Ochsner (2000), des images de différentes valences (négative, positive et neutre) et de différents niveaux d’intensité émotionnelle ont été présentées à des participants. Les images négatives étaient associées à un meilleur rappel deux semaines plus tard en comparaison aux images neutres et positives. Les images ayant une intensité émotionnelle moyenne et élevée étaient aussi associées à un meilleur rappel que celles ayant une intensité émotionnelle faible. Une autre étude a également démontré que le niveau d’intensité émotionnelle a un impact sur le rappel d’images et que cet effet se maintient dans le temps. Dans une étude de Bradley et al. (1992), les images ayant une intensité émotionnelle élevée étaient associées à une meilleure performance mnésique que celles ayant une intensité émotionnelle faible immédiatement après la présentation des images et un an plus tard. Ainsi, ces études démontrent que l’intensité émotionnelle facilite la rétention en mémoire, et ce, à long terme.
L’effet de supériorité de l’émotion a donc été démontré avec différentes tâches de mémoire incluant des images et des histoires. Ces études démontrent que l’information émotionnelle est associée à un effet bénéfique sur la mémoire. Les connaissances sur les structures cérébrales impliquées dans le traitement de l’information neutre et émotionnelle peuvent aider à comprendre la divergence entre le rappel de ces deux types de matériel. La prochaine section présentera les structures cérébrales possiblement impliquées dans la performance mnésique pour des contenus neutres et émotionnels.
Les structures cérébrales possiblement impliquées dans la mémoire
Certaines structures cérébrales seraient impliquées dans la mémoire pour du matériel neutre et négatif. Les hippocampes seraient impliqués dans le traitement des stimuli neutres et négatifs (Kensinger, 2007). Plusieurs structures cérébrales seraient également impliquées de façon spécifique dans le traitement des stimuli émotionnels. Les structures cérébrales les plus impliquées dans le traitement des émotions seraient les amygdales et le cortex orbito-frontal (Cahill & McGaugh, 1998; Kensinger, 2007, 2009). Les amygdales entreraient en interaction avec les hippocampes pendant l’encodage de matériel émotionnel (Kensinger, 2007). L’ activation de ces structures cérébrales pendant l’encodage d’expériences émotionnelles serait associée à une performance mnésique résultant en une plus grande précision (Kensinger, 2007).
Certaines études ont investigué l’association entre l’activité de structures cérébrales spécifiques et la mémoire pour des stimuli émotionnels. Une étude de Cahill et al. (1996) a démontré que les amygdales sont activées pendant l’encodage de matériel émotionnel. La tomographie par émission de positons a été employée afin d’évaluer l’activité cérébrale des participants pendant qu’ils regardaient deux vidéos, une neutre et une négative. Une tâche de rappel libre a été administrée trois semaines plus tard. Les sections comportant du contenu émotionnel étaient associées à une meilleure performance mnésique que celles neutres, ce qui concorde avec l’ effet de supériorité de l’ émotion. Une corrélation positive était observée entre le nombre de sections rappelées comportant du contenu émotionnel et l’ activité du côté droit de l’ amygdale pendant l’ encodage. Ces résultats ont également été observés dans d’autres études (par exemple, dans une étude d’Hamann, Ely, Grafton, et Kilts (1999), une corrélation positive était observée entre l’ activité de l’ amygdale pendant la phase d’ encodage et la performance mnésique pour des images émotionnelles positives et négatives). Ces résultats démontrent l’implication des amygdales dans l’ effet de supériorité de l’ émotion. Plusieurs études sur l’ effet de supériorité de l’ émotion ont démontré l’impact du contenu du matériel à mémoriser, particulièrement en ce qui concerne son intensité émotionnelle. L’intensité émotionnelle peut être définie comme étant à quel degré une situation suscite des émotions (Paz-Alonso, Larson, Castelli, AIley, & Goodman, 2009).
L’intensité émotionnelle peut être mesurée subjectivement sur une échelle ordinale avec des chiffres allant de 1 à 9, 1 étant le moins intense émotionnellement, 5 étant d’une intensité émotionnelle moyenne et 9 étant le plus intense émotionnellement. L’intensité émotionnelle peut être perçue comme définissant l’ état d’un individu et l’impact de cet état sur la mémoire a été examiné dans des études impliquant l’induction de stress. Dans la prochaine section, nous allons présenter des études dans lesquelles les chercheurs ont induit un stress pour mesurer son impact sur la performance mnésique pour des stimuli neutres et émotionnels.
L’impact du stress sur la mémoire pour des stimuli neutres et émotionnels
L’axe hypothalamo-pituito-surrénalien (hypothalamic-pituitary-adrenal axis) est déclenché lorsque les individus analysent des stimuli comme étant stressants (Centre d’études sur le stress humain, 2007; Meewisse, Reitsma, De Vries, Gersons, & Olff, 2007). La corticotropine (corticotropin-releasing hormone, CRH) est sécrétée par l’hypothalamus suite à son activation par les amygdales (Centre d’études sur le stress humain, 2007; Meewisse et al., 2007; Ravindran & Stein, 2009). Ensuite, la glande pituitaire, activée par la CRH, sécrète l’hormone adrénocorticotrope (adrenocorticotropin hormone, ACTH). L’ACTH est transportée jusqu’aux glandes surrénales. Les hormones de stress comme le cortisol, l’adrénaline et la noradrénaline, sont libérées par les glandes surrénales. Le cortisol est impliqué dans plusieurs fonctions, notamment la résistance aux infections et le fonctionnement mnésique (Jones & Moller, 2011). Suite à la libération des hormones de stress, le corps est prêt à réagir à la situation stressante en luttant contre elle ou en l’évitant (Centre d’études sur le stress humain, 2007). Ainsi, le stress est associé à la libération de cortisol chez l’humain et le cortisol est un indicateur de stress. Les amygdales sont impliquées dans la réponse initiale aux situations stressantes (Van Marle, Hermans, Qin, & Femandez, 2010).
De plus, une étude de Van Marle et al. (2010) a démontré que les amygdales de femmes ayant participé à une procédure d’induction de stress continuait à être activées tout de suite après la période de stress aigu. Selon Van Marle et al., l’activation des amygdales après l’induction de stress pourrait être associée à un état d’hypervigilance possiblement lié avec le fonctionnement mnésique. Ainsi, l’axe hypothalamo-pituito surrénalien est déclenché en réponse à des stimuli stressants et implique différentes structures cérébrales dont certaines des plus importantes sont les amygdales. L’activation de l’axe hypothalamo pituito-surrénalien joue un rôle adaptatif face aux modifications qui peuvent survenir dans l’environnement (Lupien, Fiocco, Wan, Maheu, Lord, Schramek, & Thanh Tu, 2005). Toutefois, certaines psychopathologies peuvent être associées à un dysfonctionnement de l’axe hypothalamo-pituito-surrénalien, notamment l’ état de stress post-traumatique (ÉSPT) (Ravindran & Stein, 2009).
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Table des matières
Introduction
L’effet de supériorité de l’émotion
Les structures cérébrales possiblement impliquées dans la mémoire
L’impact du stress sur la mémoire pour des stimuli neutres et émotionnels
L’agression sexuelle
L’agression sexuelle et la mémoire épisodique verbale
L’agression sexuelle, la mémoire et le niveau de cortisoL
Hypothèses
Article scientifique
Abstract
The Emotion Superiority Effect
The Impact of Stress on Memory for Neutral and Emotional Stimuli
Sexual Abuse and Verbal Episodic Memory
Sexual Abuse, Memory and Cortisol Level
Hypotheses
Method
Design & overview of study
Participants
Material
Memory task
Saliva sample
Questionnaires
S tate-Trai t Anxiety Inventory
Clinician-Administered PTSD Scale for DSM-IV
Life Events Checklist
Impact of Event Scale-Revised
Early-Trauma Inventory-Short Form
Anxiety Disorders Interview Schedule for DSM-IV-Lifetime version (ADISIV-L)
Procedure
Results
Characteristics of participants
Memory task
Cortisol measure
Discussion
References
Footnotes
Table 1
Table 2
Figure 1
Appendix A : Analyses when car accident survivors were excluded
Appendix B: Analyses when age was equated between groups
Conclusion
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