L’EDUCATION INTERCULTURELLE VIA LES CYCLES REPERE EN ATELIER THEATRE

L’enseignement de la culture dans la didactique des langues

     Au début, il s’agissait de faire acquérir à l’élève étranger la compétence culturelle du natif.On estimait encore qu’une culture était supérieure à une autre. L’approche se basait surtout sur la culture livresque ou savante, exemple : les élèves devaient apprendre la littérature française pour percer la manière de penser des Français.L’approche communicative a apporté des changements considérables à cette démarche. Elle a permis de privilégier la culture comportementale ou quotidienne pour accéder à la communication ordinaire, dans les situations de la vie courante.Les échanges linguistiques devaient donc être insérés dans un contexte permettant d’identifier toutes les composantes d’une situation de communication : le rapport social entre les locuteurs, leur relation affective, les buts de la communication. Ce renouveau traduit la reconnaissance d’une pluralité des cultures, pluralité des systèmes ayant tous la même dignité. Puis, ce sont nos sociétés elles-mêmes qui ont connu des transformations. Les immigrations ne cessaient d’augmenter faisant ainsi de nos sociétés, des sociétés multiculturelles. Pour gérer l’hétérogénéité, trois modèles ont vu le jour : le modèle assimilationniste, le modèle intégrationniste, le modèle appelé tantôt multiculturel ou pluriculturel, tantôt interculturel:
-L’assimilationnisme : on tend au monoculturel, le groupe minoritaire est englobé dans la société d’accueil en abandonnant toute volonté de distinction et en acceptant en totalité les modes de vie et les valeurs du groupes dominant.
-L’intégrationnisme vise la sauvegarde de chaque identité ethnico culturelle.
-Le multiculturalisme est une tentative de dépassement des deux positions mentionnées précédemment
-Le multiculturalisme reconnaît juste la pluralité des cultures en présence alors que l’interculturel vise une négociation et une médiation des espaces communs. A l’origine de l’interculturel, c’était pour valoriser la culture des groupes minoritaires, mais ceux-cise sont isolés de plus en plus.
Après cet échec, la problématique de l’interculturel s’est donc décentrée,elle portera désormais au rapport à autrui ; pour Martine Abdallah Pretceille « les cultures n’existent pas en dehors des individus qui les portent et les actualisent. Ainsi, en focalisant l’analyse sur la culture, on occulte paradoxalement le rapport à autrui ». A partir de ce constat, une nouvelle démarche a été mise en place mettant l’emphase sur l’interaction, c’est-à-dire que le processus d’échange doit permettre aux deux interlocuteurs de s’influencer réciproquement, de se métisser mutuellement, et aussi sur l’intersubjectivité. L’interculturel sollicite deux sujets. Il s’agit désormais de reconnaître à l’Autre son statut de Sujet, en acceptant la réciprocité éventuelle de son regard chosifiant » L’objectif a donc été reformulé, à savoir développer un sentiment de relativité de ses propres certitudes, qui aide l’élève à supporter l’ambigüité de situations et de concepts appartenant à une culture différente. Comme nous l’avons dit plus haut, notre société est multiculturelle. Tous les univers socialisateurs même ceux qui, de prime abord, paraissentcomme homogènes, sont foncièrement pluriels, divers et hétérogènes. Par récurrence,l’ « école » est un lieumulticulturel. Une gestion de la diversité doit se faire, et nous, professeurs de langue avons un rôle important sur ce point, d’après Philippe Blanchet : « L’enseignement-apprentissage des langues et cultures se donne pour mission, au-delà de l’objet langue-culture lui-même, de participer à une éducation générale qui promeut le respect mutuel par la compréhension mutuelle. »

INTERCULTURALITE ET CYCLES REPERE

      Abdallah- Pretceille dit que le fondement de toute méthodologie interculturelle réside dans une perspective interactionniste construite à partir du moi et de l’autre. C’est ce qu’elle nomme le « processus du miroir ». Ainsi, il s’agit d’une approche participative : cela consiste à prendre part, c’est une démarche ou tentative faite pour donner un rôle aux individus dans la prise de décision.Donc les jeunes ne constituent pas la cible de notre travail, mais les ressources sur lesquelles nous comptons car ils vont créer ensemble, une création entre les différentes identités culturelles, une création interculturelle. Notre défi consiste donc à encourager les individus à prendre le contrôle de leurs propres actes, et donc à leur donner le pouvoir d’agir. Interculturalité et théâtre ont déjà fait l’objet d’étude scientifique. On peut citer trois méthodes pour y parvenir, les deux premières se réfèrent plutôt à la pratique et la dernière à une théorie :
-Eugenio Barba, s’intéressait à la technique des acteurs. Ses écrits portes sur « l’anthropologie théâtrale» en tant que science du théâtre et surtout de l’acteur. A travers une recherche transculturelle, elle propose des principes universaux qui régissent le comportement pré-expressif de l’être humain en situation de représentation organisée.
-Peter Brook : pour lui la rencontre interculturelle est celle de différents points de vue, exprimés par les acteurs à travers leur jeu, leur permettant d’explorer leur propre vérité, libérée des stéréotypes. Ce qui intéresse Brook c’est de créer des liens entre l’être humain et entre les cultures pour dépasser la fragmentation du monde. Dans ce sens pour Peter Brook, le théâtre est un espace de rencontre des cultures et des personnes à travers l’unité psychique de l’être humain
-Patrice Parvis, présente une théorie comme un modèle de production théâtrale qui rendrait compte du contact interculturel à travers le processus d’adaptation d’un texte dramatique.
Pour notre projet, nous allons montrer qu’à travers les Cycles Repère nous pouvons accéder à une éducation interculturelle au théâtre. En effet, les cycles vont faciliter l’accèsaux valeurs culturelles des élèves, qui engendreront une vraie rencontre interculturelle. Ce sera un espace de création qui se construira de l’individuel au collectif, du réel à l’imaginaire, de l’invisible au visible dans le processus de création. Il s’agit de la mise en place d’un système complexe de relations et de liens qui s’établissent entre les participants. Le spectacle se construit ainsi non seulement à partir des caractéristiques de l’espace, mais également grâce à l’imaginaire de chaque participant. Ce faisant, les valeurs culturelles et les visions du monde de chacun viennent investir l’espace de création et peuvent se refléter à travers les personnages, les situations et les histoires qui composeront le spectacle final.Pour y arriver, ils devront apprendre à respecter l’altérité que ce soit dans le processus ou dans la création elle-même.

Conclusion générale

       Ce mémoire de fin d’étude a eu pour objectif de répondre à la question « La mise en œuvre de l’éducation interculturelle est-elle possible avec les cycles REPERE ? ». Pour conclure, nous commencerons par l’analyse des hypothèses qui ont été proposées pour guider ce mémoire. Pour la première hypothèse les cycles REPERE propose un espace de rencontre entre les élèves, une vraie rencontre entre leurs valeurs culturelles. A partir des ressources, l’imaginaire et l’interprétation de la réalité des apprenants ont conduit aux premières pistes des valeurs culturelles des élèves. Chaque participant vient proposer au groupe son interprétation et sa vision de différents thèmes qui vont s’harmoniser avec la vision collective ou s’en différencier. L’étape d’exploration dans un espace ludique (les improvisations) permet d’identifier cette vision sur les différents thèmes ou sujets proposés par l’écrivain scénique. Nous procédons ainsi, dans un premier temps, par accumulation des valeurs culturelles identifiées dans les ressources proposées. Ensuite ce matériel doit être évalué par thèmes et organisé dans un espace scénique. Enfin, l’écrivain scénique doit relier le tout selon le mode narratif du texte et du spectacle. En somme, c’est l’écrivain scénique qui définit les stratégies de création pour passer du réel à l’imaginaire de l’espace dramatique. Le monde invisible des valeurs culturelles devient ainsi visible dans les ressources sensibles proposées par l’acteur et dynamisées dans la création. La création de la pièce est la création d’un espace intermédiaire entre les acteursparticipants et leurs valeurs culturelles. C’est un espace où les cultures peuvent être activées, exprimées, mises en scène et transformées dans la dynamique théâtrale. Dans les improvisations exploratoires nous cherchons un espace imaginaire qui doit être concrétisé à travers une scénographie et la délimitation d’un espace scénique, permettant ainsi la création d’un espace dramatique. Celui-ci est en effet le produit des ressources sensibles proposées par les acteurs et qui engagent une interprétation de la réalité en fonction de leurs valeurs culturelles. La création de cet espace imaginaire ne laisse donc pas de côté le principe de réalité ni l’interprétation que les créateurs en font. Le processus a donc permis la découverte des valeurs dans un premier temps, puis ces dernières ont été dynamisées pour construire une histoire. La création de la pièce a entrainé une conscience des enjeux de la discrimination sous quelques formes (puisque chacun a sa valeur à défendre). La pièce montre des interrogations internes et profondes qui prouvent que les élèves se sont questionnés sur eux-mêmes. D’ailleurs, l’évolution de l’histoire en témoigne.Les conflits se sont résolus grâce aux changements cognitif et affectif de chaque personnage, vu que l’histoire est le reflet de la réalité, ils ont fait de même pour faire avancer le projet. Par les cycles REPERE, les élèves ont du faire un retour sur soi, ils ont appris à écouter, à respecter, à collaborer. Toutes les étapes pour l’accès à une éducation interculturelle ont été effectuées, à savoir la découverte des altérités constitutives de la pluralité, la prise de conscience de caractère « normal » de la diversité la connaissance et la reconnaissance de l’autre, source de changement. La deuxième hypothèse a également été confirmée : une éducation interculturelle n’a pas besoin d’avoir une classe avec des nationalités différentes, une éducation est faite pour tous, on peut parler d’interculturalité même entre deux personnes de la même famille puisque chacun a sa propre culture, nous avons défini la notion de culture de nos jours, elle fait référence à l’identité et le relativisme culturel, la culture est donc personnelle et elle est relative suivant les situations qui se présentent. Nous avons établi que chacun a son identité culturelle et ses valeurs propres. Pour l’éducation interculturelle également, si elle ne s’intéressait à ses débuts qu’à la sauvegarde d’une culture des groupes minoritaires, elle s’est décentrée au rapport à autrui.Une classe même composée d’élèves de même nationalité est donc loin d’être homogène, et harmoniser les relations dans cette classe est possible grâce à l’éducation interculturelle. L’éducation interculturelle a besoin de plus d’ouverture d’esprit et un atelier théâtre lui est favorable plus qu’un cours classique. Ceci a été largement prouvé, le théâtre étant un lieu d’expression corporelle et verbale. D’autant plus que dans l’expérimentation, nous avons eu des élèves créateurs, qui ont jouie de leur imagination. L’éducation interculturelle que nous avons accomplie a été basée sur les valeurs culturelles des participants et pour y accéder nous devons avoir un espace de liberté, d’écoute et de confiance. Nous avons vu qu’elle ne pouvait être établie s’il n’y pas la découverte des altérités constitutives de la pluralité, la prise de conscience de caractère « normal » de la diversité la connaissance et la reconnaissance de l’autre, source de changement, tous ceci n’a été possible qu’en atelier d’expression et de création, ici le théâtre. Les résultats vont au-delà des compétences interculturelles, sur le plan linguistique, les élèves ont bénéficié d’un bain linguistique : lors des discussions, de la création. A l’issue de l’expérimentation, ils ont été meilleurs en production orale et en production écrite. L’éducation interculturelle n’est pas concrète comme avec toutes les matières à apprendre, c’est une notion à acquérir, un mode de vie et de pensée qu’on doit apprendre à appliquer, des comportements à ajuster. Ce n’est donc pas une mince affaire. La question est de savoir si on a assez de passion pour notre métier pour assurernotre devoirjusque-là. Certes, il y a d’autres moyens qui sont peut-être moins contraignants pour réaliser l’éducation interculturelle mais seul un espace interculturel le permet, nous avons tout fait pour que l’atelier du théâtre en soi un, c’est un état d’esprit qu’on doit chercher, l’environnement doit y être favorable. Mais en plus de nos projets, nous avons pu développer la créativité, leur éducation, leur propre personne Sans avoir la prétention de dire qu’on peut changer quelqu’un, nous espérons avoir touché un sens de l’autre, savoir qu’ils ne sont pas le centre du monde, qu’il y a d’autres regards, d’autres vérités. Et avoir un regard pluraliste. Dans le contexte actuel marqué par l’intolérance et l’incompréhension, l’éducation interculturelle est plus que nécessaire et l’école par le biais des activités parascolaires représente un cadre propice à la mise en œuvre de cette perspective.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : CADRAGE THEORIQUE
Chapitre I : Langue et culture : les changements des perspectives suivant l’évolution des acceptions
Chapitre II : L’éducation interculturelle
Chapitre III : Les outils didactiques à mettre en œuvre
Chapitre IV : Le théâtre
Chapitre V : Interculturalité et les cycles REPERE
DEUXIEME PARTIE : L’EXPERIMENTATION
Chapitre I :Cadre de l’expérimentation
Chapitre II : Démarches méthodologiques
Chapitre III : Description de l’atelier
Chapitre IV : Description de la mise en œuvre, les cycles REPERE
TROISIEME PARTIE : RESULTATS, BILAN ET PERSPECTIVES
Chapitre I: Les résultats
Chapitre II : Bilan et perspectives
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE

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