L’éducation de la mère
Nous avons déjà, dans la première partie, mis en évidence le rôle prépondérant de la femme dans le développement. De nombreux pays ont pris conscience de cette vérité et s’emploient de plus en plus à associer plus activement les femmes à l’activité économique. En effet, les femmes jouent un rôle sur le plan économique plus important qu’on ne le reconnait généralement : elles assurent plus de la moitié de la production alimentaire du tiers monde et même davantage en Afrique, elles représentent un quart de la main d’œuvre industrielle dans les pays en développement, accomplissent la plus grande partie des tâches ménagères et familiales. Cependant leur contribution a été la plupart du temps, largement sous estimée. Leur influence sur l’activité économique peut s’observer à tous les niveaux, que ce soit en matière d’éducation, de santé et de planning familial ou de vulgarisation agricole… Ainsi, la scolarisation et la formation des femmes peuvent non seulement contribuer à une évolution des mentalités, une amélioration de l’état sanitaire des populations mais aussi et surtout à un développement plus harmonieux des sociétés. En matière d’éducation, le rôle de la mère est donc prépondérant quant à la décision de scolariser ou non un enfant. Une famille dont les parents, et plus spécialement la mère, n’ont pas été à l’école sera moins encline à scolariser ses propres enfants, et inversement. C’est ce phénomène que nous introduirons dans notre modèle.
Les dépenses d’éducation sur la période 1975 – 1985
Nous avons donc décidé de conserver la démarche utilisée par Eicher et Orivel afin de l’employer sur la période 75 – 85. Mais la comparaison des deux études n’est peut être pas conseillée étant donné les légères différences qui apparaissant dans les indicateurs utilisés. Ainsi, faute d’autres données disponibles, nous faisons le classement par rapport aux dépenses d’éducation et de santé, dépenses exprimées par rapport au PIB. Le classement selon le revenu est fait en revanche d’après la même variable, le PNB. On peut néanmoins considérer que l’évolution des dépenses d’éducation est sensiblement la même que celle des dépenses de santé. De plus, étant donné les nombreuses données manquantes, l’évolution globale ne sera présentée que pour les pays ayant toutes les données nécessaires sur la période 75-85. Voici présentés ci-dessous, les résultats obtenus pour l’échantillon de pays choisi. Dans le tableau 4 suivant sont présentés, pour chaque pays, les rangs de classement selon le PNB puis selon les dépenses d’éducation et de santé dans le PIB pour les trois années d’étude 1975, 1980, et 1985. Grâce à ces différents classements, on est en mesure d’opérer le même regroupement entre pays faisant un effort faible, ceux à l’effort moyen et ceux à l’effort élevé (résultats présentés dans le tableau 5).
Les dépenses scolaires
Le taux d’activité est un indicateur qui permet de mesurer le niveau de participation de la population en âge de travailler dans la vie économique d’un pays à une période bien déterminée. En d’autres termes, il fournit la quantité de travail potentiel auquel l’économie pourrait s’appuyer pour son développement à court ou à moyen terme. Le taux d’activité est défini par la proportion des individus en âge de travailler pourvus d’emploi (actifs occupés) ou en recherchant un emploi (chômeur) sur l’ensemble de la population. La recommandation du BIT définit l’âge de travail entre 15 à 64 ans. Pour tenir compte des spécificités socio-économiques sur marché du travail, cette recommandation laisse des possibilités à chaque pays de définir une tranche d’âge permettant une analyse complète et réaliste, toute en veillant à la comparaison internationale des données. Ainsi, pour le cas de Madagascar, compte tenu de la forte participation des enfants dans les activités familiales et de l’importance du secteur informel, l’âge minimum retenu est de 6ans. Cela dans le but de respecter l’approche par production du facteur travail, en se basant sur la notion de production au sens de la comptabilité nationale. En aucun cas, cette approche n’incite pas à légitimer le travail des enfants, mais tout simplement pour mieux apprécier la réalité. Néanmoins, des résultats relatifs à la tranche d’âge de 15 à 64 ans sont fournis dans ce rapport. Un chômeur est défini au sens du BIT comme un individu en âge de travailler dépourvu d’emploi, à la recherche activement du travail et disponible à travailler dans un délai relativement court. Le taux d’activité à Madagascar est de 64,6% en 2005. Il s’élève à plus de 88% si l’on considère la tranche d’âge de 15 à 64 ans. Le taux d’activité des enfants de 6 à 14 ans est loin d’être négligeable et atteint 20%. De l’autre côté, près de deux tiers des personnes âgées (65 ans et plus) veulent encore participer aux activités économiques. C’est dans la province de Toliara que le taux est le plus élevé. Presque sept individus sur dix y veulent ou veulent s’insérer sur le sur le marché du travail. Par contre dans la province d’Antsiranana, cette proportion ne dépasse pas 59%. Quatre régions se démarquent des autres régions par un niveau relativement élevé du taux d’activité : 77% pour Androy, 73% pour Ihorombe et 72% pour Vakinankaratra. Le taux d’activité est le plus faible dans la région de Diana avec seulement 52% de la population en âge de travailler .La volonté d’insertion sur le marché du travail est plus importante en milieu rural qu’en milieu urbain. Les taux d’activité y sont respectivement de 67% et 58%. Dans les milieux ruraux de la région d’Androy, il atteint presque 80%. Par contre, dans les centres urbains de la région de Diana, il n’est que de l’ordre de 47%. Globalement, si le taux d’activité des hommes est supérieur à celui des femmes, la différence n’est pas très significative. En effet, le taux d’activité est de 66% chez les hommes contre 64% chez les femmes. L’écart s’avère le plus important dans la province de Toliara : 72% chez les hommes et 68% chez les femmes. Dans la province d’Antsiranana, les taux d’activité sont presque identiques pour les deux sexes. Si on pousse l’analyse au niveau des régions, un point mérite d’être souligné. Les régions de Sava, Vatovavy Fitovinany et, dans une moindre mesure, celles d’Analanjirofo et d’Atsinanana sont caractérisées par un niveau d’insertion sur le marché du travail plus élevé des femmes par rapport à celui des hommes. Le niveau de vie est un facteur déterminant du comportement d’un individu vis –à-cis du marché du travail. Le taux d’activité augmente au fur et à mesure qu’on se déplace des groupes des plus pauvres des plus riches. Il s’élève à 62% chez les individus du premier quintile de consommation (les plus pauvres) et atteint plus de 66% chez les individus du cinquième quintile(les plus riches). Mais, cette situation n’est valable qu’en milieu rural. En milieu urbain, le taux d’activité ne diffère pas entre les pauvres et les riches.
Sous-emploi
La notion de sous-emploi a été conçue pour apprécier l’utilisation non optimale de la capacité du travail. Elle vient compléter la notion de chômage, qui est largement insuffisant pour analyser les distorsions sur le marché du travail surtout dans les pays en développement. Le sous-emploi concerne les actifs occupés qui ne peuvent pas maximiser la productivité de leur travail suite à des différentes contraintes liées à des problèmes économiques structurelles (rigidité sur la mobilité du travail sur le salaire), à des problèmes conjoncturels (mauvaise conjoncture économique) ou à des problèmes administratifs. Tel qu’il est recommandé par le BIT4 , on considère deux formes différentes de sousemploi : le sous-emploi lié à la durée du travail et les situations d’emploi inadéquat. Un individu est concerné par le sous-emploi lié à la durée du travail s’il travaille effectivement moins de l’horaire normal de travail, cherche activement un emploi supplémentaire et est disponible à exercer un emploi supplémentaire. Pour cette enquête, le volume de 35heures de travail par semaine a été retenu du fait que l’horaire légal du travail est de 40heures par semaine. Le taux de sous-emploi lié à la durée du travail est la proportion d’actifs occupés en situation de sous-emploi lié à la durée du travail sur l’ensemble des actifs occupés. Un individu est en situation d’emploi inadéquat s’il ne peut pas optimiser la productivité de son travail suite à des contraintes autres que la durée effective du travail telles que le faible niveau de rémunération, les mauvaises conditions matérielles, l’inadéquation formation-emploi, la difficulté d’accès au lieu du travail, etc. Pour cette enquête, on définit un individu en situation d’emploi inadéquat comme celui qui touche moins du salaire horaire minimum légal en vigueur pendant la période de l’enquete, qui cherche activement un emploi supplémentaire et est disponible à exercer un emploi supplémentaire. Le taux de situations d’emploi inadéquat est la proportion des actifs occupés en situation d’emploi inadéquat sur l’ensemble des actifs occupés.
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Table des matières
PARTIE 1 : L’EDUCATION, UN DES ELEMENTS INCONTOURNABLES DU DEVELOPPEMENT
Chapitre I : La contribution de l’éducation à la croissance
A) Le cadre théorique
1) La théorie du capital humain et la théorie du facteur résiduel
2) Les nouvelles théories
3) Le modèle de Norman Hicks
.Présentation du modèle
.Résultats
B) Le modèle Econométrique
1) Méthodologie adoptée
Chapitre II : Les déterminants de la scolarisation
A) Le cadre théorique
1) L’éducation de la mère
2) L’urbanisation et le problème du chômage
3) L’allocation des ressources publiques à l’éducation
a) L’enquête statistique de l’UNESCO
b) Les dépenses d’éducation sur la période 1975 – 1985
Chapitre III : Une stratégie de développement à moyen terme du secteur de l’éducation à Madagascar
– Le contexte du développement économique et les problèmes d’efficience
– Considérations sur l’équité
PARTIE 2 : LA SITUATION ECONOMIQUE DE MADAGASCAR EN GENERAL ET EN PARTICULIER, LE MARCHE DE TRAVAIL
Chapitre I : Aspect général de l’éducation à Madagascar
A) Niveau d’instruction de la population
B) Alphabétisation
C) La population scolaire actuelle
D) Les rendements scolaires
E) Les dépenses scolaires
Chapitre II : Situation globale de l’emploi à Madagascar
A) Les dépenses scolaires
B) Motifs de non recherche d’emploi
C) Caractéristique sociodémographiques de la population active
D) Taux de chômage
E) Structure de l’emploi
F) Revenus salariaux
G) Sous-emploi
H) Sous-emploi lié à la durée du travail
I) Situations d’emploi inadéquat
Chapitre III : L’état des lieux de l’enseignement technique et professionnel, cas du LTP Toamasina
CONCLUSION
Annexe
Bibliographie
Liste des tableaux
Liste des Schémas
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