Les risques naturels, une rapide définition dans une vision mondiale
Pour parler de l’étude des risques naturels, il est primordial de rappeler de manière claire et précise ce que sont les risques naturels. L’Homme est venu à parler de risques naturels par la fréquence des accidents et catastrophes provoquant des pertes humaines et matérielles considérables. C’est par cette prise de conscience que la notion de risque a vu le jour. Cette notion est le recoupement d’un aléa (processus naturel de différents types) et d’enjeux humains et matériels (présence d’Hommes et d’aménagement), qui s’ils se rencontrent peuvent provoquer ce que l’on appelle une catastrophe naturelle avec des pertes de vies humaines et des pertes matériels importantes. La fréquence et l’intensité sont variables et difficilement gérables, elles sont aujourd’hui encore un problème mondial important à gérer, mais sujettes à de nombreuses études scientifiques. Certaines catastrophes auraient pu être évitées (habitations construites dans des zones à risques en pleine conscience). Rappelons le cas de la tempête Xynthia en février 2010 faisant 29 morts à La Faute Sur Mer, des habitations avaient été construites dans des zones inondables voire en dessous du niveau de la mer. Après jugement le maire de La Faute Sur Mer a été condamné à 4 ans de prison ferme pour avoir signé des permis de construire en zone inondable. Après cette catastrophe le gouvernement a décidé de raser 674 maisons sur cette commune en zone de dangers extrêmes. Une fois cela fait ces zones ne sont donc plus à risques puisque les enjeux sont quasiment nuls. Les Pays-Bas ont construit toute une vie sociale sur la mer (les polders) en pleine conscience, encore un exemple qui permet de voir la mondialisation de ce phénomène (article de V. Prévôt dans l’information géographique : L’urbanisation des Pays-Bas). L’étude des risques dits naturels (naturels mais amplifiés par les activités et la présence de l’Homme) est un sujet complexe, ramifié et actuellement pas assez pris en compte par les populations (non concernées par l’études des risques dans leur vie). De nos jours, on dénombre un nombre important de catastrophes naturelles dans le monde. Les risques majeurs naturels sont élevés, engendrant des dégâts humains, matériels, économiques et environnementaux considérables. Ils sont, dans le monde, non négligeables et en augmentation surtout à partir de 1990 où ils sont en forte expansion (rapport possible avec la chute du mur de Berlin et l’explosion du monde soviétique), comme le montre le graphique suivant
Enseignement et développement durable
En France, les questions liées à l’environnement sont apparues dans l’enseignement français à partir des années 1980 suite aux interrogations et aux recherches de certains scientifiques sur la préservation de la planète (René Dumont, Théodore Monod). L’éducation au développement durable (EDD) trouve alors sa place dans les programmes de l’éducation nationale suite à la circulaire n°2004-110 du 8 juillet 2004. Ses objectifs sont multiples, selon la circulaire de 2007, elle « doit former à une démarche scientifique et prospective, permettant à chaque citoyen d’opérer ses choix et ses engagements en les appuyant sur une réflexion lucide et éclairée. Elle doit également conduire à une réflexion sur les valeurs, à la prise de conscience des responsabilités individuelles et collectives et à la nécessaire solidarité entre les territoires, intra et intergénérationnelle ». L’éducation au développement durable est le point de convergence de nombreuses disciplines de l’enseignement scolaire (pluridisciplinarité). La vision transversale de ces disciplines dans l’éducation au développement durable intègre ce que l’on appelle les « éducation à… ». Suite à la circulaire Fontanet (ministre de l’éducation nationale sous la présidence Georges Pompidou) de 1973 qui instaurait l’obligation d’une éducation sexuelle dans les écoles, de nombreuses « éducation à » sont apparues telles que l’éducation à la citoyenneté, l’éducation à la santé (en rapport à l’éducation sexuelle) ou encore l’éducation aux risques majeurs.
Les services de l’Etat : un premier travail de recherche
Des rendez-vous et des visites ont été indispensables dans ce travail de recherche. Des premiers entretiens avec les services de l’Etat ont permis d’obtenir des informations sur les risques dans ces secteurs d’études. Ainsi les DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer) et préfectures de l’Eure et de la Seine-Maritime ont été à même de répondre auxinterrogations physiques des milieux grâce à leurs différents services sur la gestion des risques. Ces entretiens avec les responsables de ces services ont été la source principale du choix des deux secteurs d’études, ils ont fait naitre des interrogations sur la place des risques naturels en Haute-Normandie. Bien que surpris par cet aspect du sujet, c’est à dire l’éducation aux risques naturels, les personnes interrogées dans ces différents services ont été intéressées par ces questions mais n’ont malheureusement pas été en mesure d’apporter beaucoup d’informations au questionnement posé sur la mise en place d’une éducation. Cependant, ces rencontres ont apportés des informations sur un collège dans l’Eure ayant été touché, dans les années précédentes, par un affaissement d’une zone située sur une marnière dans la cour de récréation où d’importants travaux ont dus être réalisés. Cette ouverture était intéressante, avoir l’avis des enseignants de la commune concernée et surtout l’avis des professeurs du collège auraient été une première approche du sujet, cependant malgré plusieurs tentatives de mise en contact ces recherches n’ont pas abouties. Le plus simple a donc été d’aller directement sur le terrain, à la sortie des écoles afin d’entrer directement en contact avec les responsables d’établissement des différentes écoles du secteur.
La vision de M. LEDUC, acteur majeur dans la comparaison Dieppe/ Sud de l’Eure
M. LEDUC, conseiller pédagogique EPS de la circonscription de Dieppe-Ouest et responsable de la mise en sécurité, a accepté de participer à un entretien afin d’apporter son point de vue sur l’éducation aux risques naturels et d’expliquer les moyens mis en œuvre dans sa circonscription. Cet entretien par son aspect très direct a été un véritable moteur quant à l’orientation de la méthodologie de recherche. En effet, c’est avec surprise que la réponse au questionnement visant à comparer l’éducation aux risques naturels entre la zone de Dieppe et le Sud de l’Eure est apparue franche et « négative ». La circonscription de Dieppe, bien qu’entourée d’un risque d’effondrements des falaises, fonctionne sur un même principe que toutes les autres circonscriptions de la Haute-Normandie. M. LEDUC a en une phrase réouvert ce mémoire à la Haute-Normandie : « en numéro 1, le risque c’est finalement comme dans l’Eure, c’est les marnières ». Les falaises ne sont pas prises en compte dans la vision sécuritaire de la circonscription, seuls les risques d’inondation et d’effondrement des marnières sont considérées dans la mise en sécurité de tous. Comme le dit M. LEDUC, « Les falaise ici elles font parties du paysage ». Ainsi comme dans la plupart des réponses obtenues, le Plan Particulier de Mise en Sureté (PPMS) a été fortement abordé allant jusqu’à parler de son rôle majeur dans l’entrée à une éventuelle culture du risque. Le PPMS apparaît comme l’entrée principale à l’éducation aux risques naturels, mais aussi la solution principale, peu de projets sont mis en place en dehors de ce plan obligatoire à toutes les écoles. Ainsi la comparaison prévue dans cette étude entre la zone de Dieppe et le Sud de l’Eure s’est arrêtée là, ouvrant des perspectives plus larges, géographiquement parlantes, afin de récolter des réponses d’enseignants sur l’ensemble de la Haute-Normandie. Le but a été de comprendre pourquoi la mise en place d’une éducation aux risques naturels semblait compromise, et surtout d’avoir l’avis des enseignants quant à cette mise en place. Sont-ils pour ? Ou plutôt contre ?
Le Plan Particulier de Mise en Sureté, une entrée possible à l’éducation aux risques naturels
Le Plan Particulier de Mise en Sureté, appelé communément PPMS, est l’élément majeur à prendre en compte dans les réponses obtenues au questionnaire. La majeure partie des individus ayant répondus au questionnaire aborde le PPMS pour répondre à la question de l’éducation aux risques naturels. Ce Plan Particulier de Mise en Sureté est devenu obligatoire dans les écoles depuis la circulaire du 29 mai 2002, il a pour but d’entrainer les équipes pédagogiques et les élèves aux bonnes réactions face à un éventuel risque (tempête, inondations, séismes, etc). C’est ce caractère obligatoire qui permet sa mise en place dans l’ensemble des écoles, c’est ainsi qu’il apparaît dans les réponses des enseignants. Pour beaucoup d’entre eux, le PPMS est la principale entrée à une éducation aux risques naturels, cependant les avis sont parfois divergeant. Pour certains, les entrainements liés au PPMS permettent d’aborder une éducation aux risques naturels, ils se basent sur ces exercices 2 à 3 fois dans l’année pour parler des risques naturels, tandis que pour d’autres le PPMS n’est qu’un seul élément, expliquant que la mise en place d’une éducation aux risques naturels ne s’arrêtent pas là. Les enseignants présentant le PPMS comme une des multiples approches possible à l’enseignement des risques naturels développent dans leurs discours des idées nouvelles favorisant la mise en place de cette éducation, nous le verrons dans une prochaine partie dédiée aux avis favorables. A l ‘inverse de nombreux individus ont présenté le PPMS comme étant une approche suffisante et efficace pour éduquer les élèves aux risques naturels, voici quelques réponses :
– « Mise en place des PPMS suffisante »
– « Je réalise les exercices nationaux durant l’année, modalités suffisantes »
Bien souvent ce type de réponse est en corrélation avec un avis contre la mise en place d’une éducation aux risques naturels. Les personnes trouvant que le PPMS est une mise en place suffisante sont contre le fait d’aborder les risques naturels. Elles les abordent par le PPMS qui est obligatoire et n’en font pas une continuité pédagogique : Exemple de réponses:
– « Non je fais déjà une éducation aux gestes de premier secours et on liste les phénomènes possibles lors du PPMS, je suis contre cette éducation. » (Enseignant du cycle 3)
– « En parler avec le PPMS me paraît suffisant au regard des risques auxquels nous sommes potentiellement confrontés, c’est à dire la tempête. »
– « Je suis dubitatif car je vois se multiplier les « éducations à tout » et ne suis pas sûr que cela serve l’intérêt des élèves. Néanmoins, réaliser l’exercice PPMS concernant ces risques permet un minimum en la matière sans demander un volume horaire conséquent. Par contre, la formation manque et la formation EN PRÉSENCE DE FORMATEURS pas devant une application… » (Enseignant du cycle 3)
Cette remarque sur le manque de formation des enseignants apparaît plusieurs fois dans les réponses, elle est à prendre en compte et sera développée dans la partie suivante mettant au jour les contraintes, et le manque d’envie des enseignants sur la mise en place d’une éducation aux risques naturels. Globalement, on peut dire que le PPMS apparaît dans les avis de chacun, il est bien pris en compte par les enseignants. Depuis qu’il est obligatoire dans les écoles, les enseignants ont fini par le prendre en considération, les réponses montrent bien qu’il est inscrit dans les esprits des enseignants, cependant il n’est pas perçu de la même manière et ouvre à des perspectives personnelles sur la question de l’éducation aux risques naturels. Tandis que certains la perçoivent comme indispensable à la mise en place d’une forme de prévention, d’autre la juge inutile, nous allons le voir dans cette nouvelle partie.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. Cadre théorique
1.1 La géographie, une science humaine au cœur de l’étude des risques naturels
1.1.1 L’évolution historique de la géographie
1.1.2 La prise en compte des risques dans la géographie à partir de la fin du 20ème siècle
1.2 Les risques naturels au sein des populations
1.2.1 Les risques naturels, une rapide définition dans une vision mondiale
1.2.2 La prise en compte des risques naturels par les populations
1.3 L’éducation aux risques naturels, une composante de l’éducation au développement durable
1.3.1 Enseignement et développement durable
1.3.2 Les disciplines de l’éducation au développement durable dans l’enseignement français
1.3.3 L’éducation aux risques naturels, une éducation basée sur les mêmes principes
1.4 Les risques naturels dans les programmes officiels
1.4.1 Dans le premier degré
1.4.2 Dans le second degré
2. Problématique, hypothèses et terrains d’étude
2.1 Une problématique sur l’éducation aux risques naturels qui s’appuie sur des hypothèses à vérifier
2.2 Les deux terrains d’étude : la zone de Dieppe et le Sud de l’Eure
3. Choix méthodologique de recherche
3.1 Les services de l’Etat : un premier travail de recherche
3.2 Récolte de données auprès du corps éducatif
3.2.1 Des entretiens riches en informations
3.2.2 Des questionnaires apportant différents point de vue
3.2.3 Méthode d’analyse des 60 questionnaires
4. Analyse des données récoltées
4.1 Informations des services de l’Etat : analyse et sentiments
4.2 La vision de M. LEDUC, acteur majeur dans la comparaison Dieppe/ Sud de l’Eure
4.3 Les différents regards des enseignants sur l’éducation aux risques naturels
4.3.1 Le Plan Particulier de Mise en Sureté, une entrée possible à l’éducation aux risques naturels
4.3.2 Les avis « négatifs » des enseignants sur la mise en place d’une éducation aux risques naturels : les freins, les contraintes, les limites
4.3.3 Les avis « positifs » : Une éducation aux risques naturels utile et envisageable
4.3.4 Les avis concernant l’information aux parents
5. Une vision didactique : des outils pédagogiques pour une éducation aux risques naturels
5.1 Des vidéos, des ouvrages adaptables par les enseignants du cycle 3
5.2 Des documents départementaux et communaux dans une approche didactique adaptée aux élèves
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE, SITOGRAPHIE
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