L’éducation à l’environnement et le développement de l’enfant
L’éducation à l’environnement et le développement de l’enfant
En contact direct avec la nature on en prend plein le corps, plein les sens, plein l’émotion et l’intelligence… Chacun s’émerveille de chercher, goûter, jouer, sentir, écouter, raconter, décrire, faire, fabriquer, expérimenter, expliquer… » (Pineau, 2001, p. 125). L’environnement, un milieu d’expériences· A l’extérieur, l’enfant fait l’apprentissage de l’aventure et de l’autonomie (Espinassous, 2015, p. 100). Il exerce son courage et prend confiance en lui. Il peut exercer son imagination par la création à l’aide d’éléments trouvés dans son environnement (boue, caillou, bâtons…) (Danks, 2006, pp. 16-17). Grâce à l’exploration et aux expériences positives dans la nature, l’enfant développe une relation affectueuse et respectueuse envers elle. De plus, la nature permettra à l’enfant de stimuler sa motricité, ses sens, son imagination et sa créativité (Wauquiez, 2008, p. 24). Les situations extérieures rendent possible à l’enfant de construire des réponses différentes selon les conditions. Par exemple, chaque fois qu’il grimpe dans un arbre, ses mouvements sont adaptés, car ils sont tous différents (Espinassous, 2015, p. 112). Il pourra réaliser des expériences telles que celles du silence et des cycles des saisons (Wauquiez, 2008, p. 24). L’environnement stimule la curiosité de l’enfant qui développera des habiletés d’observation et prendra conscience de ce qui l’entoure (Sauvé & Dansereau, 2001, p. 26). L’apprentissage intégral· L’éducation à l’environnement est composée de trois dimensions d’apprentissage. Premièrement : le cœur en éveillant la relation de l’enfant avec son environnement. Deuxièmement : les mains en fréquentant et expérimentant au quotidien son environnement. Pour finir : la tête qui lui permet de réfléchir à ses comportements. Cet apprentissage intégral vient de Pestalozzi. Pour lui, observer un arbre veut dire en faire l’expérience avec tous ses sens et non regarder des photos. L’expérience stimule l’enfant dans son développement tant émotionnel, social, moteur, cognitif que communicatif. Il faut expérimenter à l’aide des 5 sens pour ensuite intégrer (Wauquiez, 2008, pp. 31-32). 14 Les bénéfices de la nature sur l’enfant· Des études ont démontré les bénéfices de la nature sur l’enfant. Tout d’abord, le fait qu’à l’extérieur l’enfant peut se trouver hors du champ de vision de l’adulte lui procure un sentiment de liberté et favorise son action autonome. Ce lieu permet à l’enfant de se sentir en sécurité tout en vivant des aventures. Ensuite, l’expérience vécue extra-muros entraîne l’orientation. Les études ont montré également une meilleure capacité de concentration et de meilleurs comportements sociaux. La confiance en eux s’accroît, et de ce fait, ils sont plus extravertis et plus communicatifs. Leur motricité se développe plus rapidement, leurs idées sont également plus vairées. Enfin, des professionnels ont observé que les enfants devenaient plus robustes, car ils étaient moins malades et moins longtemps (Wauquiez, 2008, pp. 40-49). La nature apporte un effet bénéfique sur la santé physique, mentale et sociale. En effet, une recherche a montré que la présence de plantes à l’intérieur améliore certaines capacités cognitives et amène une plus grande créativité. De plus, cultiver un jardin sensibilise les enfants à la consommation de fruits et de légumes. La nature semble également favoriser les relations d’entraide (Shankland, 2012, pp. 56-57). Elle permet de compenser les effets de la vie actuelle faite de technologie, de précipitations et d’abondance en offrant un lieu de découvertes à l’enfant (Centre départemental de documentation pédagogique (Hauts-de-Seine), 1996, p. 27). 2.2.3 La mise en place d’un projet environnemental en UAPE Un outil d’intervention en éducation en environnement est ressorti à plusieurs reprises dans mes recherches. Il s’agit de la pédagogie de projet. J’ai donc décidé de le développer ci-dessous dans l’optique d’aider les éducateurs de l’enfance désirant se lancer dans cette démarche. Le rôle d’un projet· Cette stratégie d’apprentissage est appropriée à l’éducation à l’environnement car elle vise la transformation des réalités. Les projets sont réalisés par les enfants, ceux-ci développent leur autonomie et leurs compétences (coopération, gestion, recherche, résolution de problèmes). Cela permet aux enfants d’accroître leurs connaissances en cherchant des informations et en expérimentant en équipe. Ils apprennent alors à s’entraider, à communiquer, à négocier et à décider tous ensemble (Sauvé & Dansereau, 2001, p. 118). Le projet s’appuie sur le milieu de l’enfant et débouche sur une action concrète. Les enfants s’engagent et deviennent responsables envers leur environnement (Charron, Charron, & Robin, 2006, p. 65). L’objectif du point de vue de l’enfant est de se familiariser avec les processus démocratiques, d’imaginer des propositions, d’en débattre, de prendre position et de stimuler autour d’eux des attitudes plus respectueuses de l’environnement (Charron, Charron, & Robin, 2006, p. 67). Louis Espinassous s’est également investi dans la pédagogie de projet comme un grand nombre d’éducateurs à l’environnement. Il rappelle cependant de ne pas oublier la sécurité des enfants, les chansons et les jeux. Il faut à la fois utiliser la pédagogie active et le cours théorique. L’éducation se fait par l’alternance des deux (Espinassous, 2015, p. 60). 15 Les différents projets· Une multitude de projets existe. Partant des schémas de recherche d’informations, il y a des projets techniques tel que la construction d’une boite à compost ou d’une éolienne miniature, des projets de communication, par exemple un journal mural, jusqu’aux idées artistiques comme une exposition ou une pièce de théâtre (Sauvé & Dansereau, 2001, p. 118). On compte aussi différentes formes de sorties. Des institutions en organisent par tous les temps. D’autres amènent la nature dans la structure ou ont mis en place un jardin à l’extérieur. Certaines sortent quotidiennement dans la nature et d’autres régulièrement (une fois par mois). Elles peuvent également proposer des activités irrégulières en nature tels que la visite d’une ferme ou une semaine avec le thème de la forêt. Pour réaliser une éducation à l’environnement valable, la nature doit intégrer le quotidien d’une structure. Un grand nombre d’éléments que nous réalisons à l’intérieur peuvent avoir lieu à l’extérieur (Wauquiez, 2008, pp. 28-30). Des propositions de moments hétéroclites en nature peuvent se traduire par du jeu libre, des activités dirigées comme des jeux de rôle ou des histoires ou des rituels en groupe, comme un cercle final (Wauquiez, 2008, pp. 61-69). Diverses approches peuvent être exploitées durant les activités. Il semble judicieux d’en intégrer le plus grand nombre dans la démarche d’éducation à l’environnement pour favoriser un développement global de l’enfant. Première approche : le cognitif, qui concerne l’acquisition de connaissances. Par exemple, découvrir l’importance de la lumière pour les plantes. Deuxième approche : le sensoriel, qui consiste à utiliser les sens pour connaître les caractéristiques du milieu de vie. Troisième approche : l’affectif, qui permet à l’enfant de créer une relation avec son environnement pour agir favorablement. Quatrième approche : le pragmatisme, qui développe des habiletés dans la résolution de problèmes par un savoir-faire environnemental. Cinquième approche : le spiritualisme, pour arriver à un rapport spirituel avec la nature (Sauvé & Dansereau, 2001, p. 162). Enfin, par rapport au processus d’apprentissage, différentes formes peuvent s’appliquer à l’éducation à l’environnement. L’approche expérientielle, c’est-à-dire apprendre avec des situations concrètes. L’approche coopérative où l’apprentissage se construit avec les autres. La démarche critique, elle saisit les aspects à apprécier et ceux à améliorer en amenant du changement. Pour finir, l’aspect réflexif par lequel il s’agit de réfléchir à l’action entreprise (Sauvé & Dansereau, 2001, p. 162). Le co·mmencement Premièrement, il s’agit de redécouvrir son milieu de vie en explorant son quartier/village à travers des itinéraires, des jeux ou des enquêtes (Sauvé & Dansereau, 2001, p. 16). 16 Voici quelques exemples de thèmes possibles pour démarrer une éducation à l’environnement : l’eau (problèmes de pollution et demande toujours plus élevée), le bruit (nuisance sonore) et les ordures (gaspillage, recyclage) (Giordan, 1992, p. 17). Ou encore le cycle des saisons et les éléments (eau, terre, air et feu) sont des idées de thèmes pour des projets
Cadre théorique et/ou contexte professionnel
Je développe ci-dessous les éléments nécessaires à la bonne compréhension de mon travail à savoir l’environnement, l’éducation à l’environnement, l’écologie, le rôle de l’EDE et l’UAPE. 1.3.1 L’environnement J’ai débuté mon travail en me référant, premièrement, à un bref historique du terme afin de connaître les différentes significations qu’on lui a données au cours du temps. L’environnement était, au départ, considéré comme un synonyme d’environ ou de contour. Depuis les années 1970, l’environnement définit tous les éléments ayant une influence sur la santé incluant les aires et les eaux. Il devient donc un objet fragile à protéger (Fressoz, Graber, Locher, & Quenet, 2014, p.36). C’est évidemment la définition plus actuelle qui m’intéresse dans ce travail, c’est-à-dire celle qui parle d’un environnement qu’il faut protéger. En effet, je compte donner des pistes pour sensibiliser les enfants à la nature. Afin d’approfondir la notion plus actuelle, je souhaite vous présenter une définition de l’environnement de deux types, l’une sociale et l’autre juridique. La notion d’environnement d’origine sociale distingue deux types d’écosystème : les êtres vivants et le contexte de vie qui sont en interaction (la modification de l’un entraîne la modification de l’autre). L’environnement désigne alors « l’ensemble des écosystèmes naturels et des cycles biochimiques permettant le développement des espèces végétales, animales et humaines. » (Lascoumes, 2012, p.11). 4 La définition juridique a été formulée dans la loi Barnier en 1995 : « Les espaces, ressources et milieux naturels, les sites et paysages, la qualité de l’air, les espèces animales et végétales, la diversité et les équilibres biologiques auxquels ils participent font partie du patrimoine commun de la nation. » (Lascoumes, 2012, p.11- 12). La définition sociale permet de se rendre compte de ce que l’environnement englobe, la définition juridique y rajoute la notion de patrimoine commun, ce qui signifie que l’environnement appartient à tous et qu’il est de ce fait, le devoir de chacun de le protéger. 1.3.2 L’éducation à l’environnement Tout d’abord, je vous propose de découvrir l’introduction de cette notion : « L’éducation à l’Environnement prend racine au XIXe siècle dans les mouvements de protection de la nature. » (Ziaka, Robichon, & Souchon, 2002, p.14). Après cette brève explication concernant l’éducation à l’environnement, je trouve important de faire le lien avec les enfants qui sont les principaux intéressés. Je me pose notamment cette question : Est-ce que cette éducation les concerne ? Voici, une réponse à mon interrogation selon Henri Poglio : « L’éducation est une affaire permanente, continue. La formation en alternance est indispensable à l’actualisation des savoirs et l’âge du bénéficiaire importe peu. Surtout, dans le domaine de l’environnement ! » (Poglio, 2007, p.55-56). Les enfants sont bel et bien concernés par cette éducation même s’ils n’en sont pas les seuls acteurs. Mais pourquoi leur parler d’environnement ? L’Education à l’Environnement pourrait contribuer à former des citoyens responsables dans leurs comportements individuels et collectifs, confiants dans la valeur de l’action citoyenne et capable d’agir à tous les niveaux du local au global. […] Agir non seulement pour l’environnement, pour une gestion rationnelle et raisonnée des ressources, pour un respect de la nature, mais aussi fondamentalement pour le respect de l’Homme et pour notre propre survie en tant qu’espèce humaine, sur laquelle pèsent des menaces de plus en plus lourdes. (Ziaka, Robichon, & Souchon, 2002, p.26-27) En complément, je trouve pertinent de vous partager cette phrase venant de L’Emile de Jean-Jacques Rousseau : « Les hommes étant tous égaux, leur vocation commune est l’état d’hommes […] Peu importe à quoi l’on destine mon élève : vivre dans le monde est le métier que je veux lui apprendre. » (Poglio, 2007, p.55-56). L’auteur Henri Poglio nous commente de manière remarquable cette citation : La force de cette déclaration réside dans l’affirmation que l’éducation à l’environnement ne saurait être une discipline ou un cours marginal, mais bien une matière fondamentale, qui forme son bénéficiaire à la responsabilité. La nécessité d’une éducation à l’environnement s’explique à la fois parce qu’il s’agit d’une préoccupation contemporaine mais aussi parce que certains savoirs relatifs à l’environnement sont désormais stabilisés et donc transmissibles. (Poglio, 2007, p.55-56) 5 Pourquoi cette envie de protéger l’environnement et de mettre en place une éducation à ce sujet ? D’un point de vue de personnel, je considère que depuis l’arrivée de l’ère industrielle, la société se base principalement sur l’argent. Les individus qui la constituent ont oublié peu à peu leur appartenance et leur besoin vis-à-vis de la nature. Je trouve primordial que les enfants prennent conscience de cette dépendance pour survivre. Certaines générations ont presque oublié que c’est la nature qui nous nourrit. Si on ne fait pas attention à elle, plus rien ne poussera. Si nous ne maintenons pas un équilibre en modérant notre impact nous nous nuisons à nous-même. J’ai le sentiment que l’Homme se sent au-dessus de la nature est délaisse la gestion de ses ressources. Ainsi, je trouve qu’un des rôles essentiels de l’EDE est de sensibiliser les enfants aux problèmes environnementaux et d’éviter de les culpabiliser en proposant des idées concrètes et positives sur ce qu’il est possible de mettre en place pour protéger la nature. 1.3.3 L’écologie En choisissant comme thème, l’éducation à l’environnement, je pense notamment à la protection de l’environnement. Or, comment protéger l’environnement sans parler de l’écologie ? Je trouve donc nécessaire de définir ce terme dans ce chapitre pour mieux comprendre le lien qui unit ces deux notions. En effet, sensibiliser l’enfant à l’écologie me semble un élément prépondérant dans la pratique professionnelle de l’EDE afin d’approfondir l’éducation à l’environnement. Or, qu’est-ce que l’écologie ? Commençons par une explication de l’origine de cette notion : L’écologie fait partie de la biologie (Courchamp, 2009, p.12). « Etymologiquement « science de l’habitat », l’écologie est une science apparue à la fin du siècle dernier en Allemagne, dont l’objet est d’étudier les relations qui existent entre les êtres vivants et leur milieu, ainsi qu’entre les êtres vivants eux-mêmes. » (Vaquette, 2002, p.38). Cette citation nous permet de poser les bases de l’existence de l’écologie. Nous pouvons ici l’approfondir avec une définition actuelle : L’écologie est définie officiellement comme la science qui étudie les relations des êtres vivants avec leur environnement ainsi que les implications de ces relations sur leur distribution et leur abondance. […] En résumé, l’écologie cherche où se trouvent les organismes vivants, combien il y en a, et pourquoi.
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Table des matières
1 Introduction
1.1 Cadre de recherche
1.1.1 Illustration
1.1.2 Thématique traitée
1.1.3 Intérêt présenté par la recherche
1.2 Problématique
1.2.1 Question de départ
1.2.2 Précisions, limites posées à la recherche
1.2.3 Objectifs de la recherche
1.3 Cadre théorique et/ou contexte professionnel
1.3.1 L’environnement
1.3.2 L’éducation à l’environnement
1.3.3 L’écologie
1.3.4 Le rôle de l’EDE
1.3.5 L’UAPE
1.4 Cadre d’analyse
1.4.1 Terrain de recherche et échantillon retenu
1.4.2 Méthodes de recherche
1.4.3 Méthodes de recueil des données et résultats de l’enquête effectuée
2 Développement
2.1 Introduction et annonce des grandes parties du développement
2.2 Présentation des données
2.2.1 A la rencontre de l’éducation à l’environnement
2.2.2 L’éducation à l’environnement et le développement de l’enfant
2.2.3 La mise en place d’un projet environnemental en UAPE
2.2.4 Les freins et les ressources
2.2.5 La posture professionnelle de l’EDE pratiquant une telle éducation
3 Conclusion
3.1 Résumé et synthèse des données traitées
3.2 Analyse et discussion des résultats obtenus
3.3 Limites du travail
3.4 Perspectives et pistes d’action professionnelle
3.5 Remarques finales
4 Table des références
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