L’écotourisme, un moyen suggéré pour le développement des parcs naturels forestiers

Dans la mouvance internationale des transformations accélérées que vit l’humanité, la demande touristique est tournée aujourd’hui, entre autres, vers une nature peu ou pas perturbée. Représentant près du tiers de l’activité mondiale, l’industrie touristique méditerranéenne ne cesse de croître depuis le 20e siècle (OMT, 2017) s’étend à des espaces historiquement occupés par des activités qui l’ont précédée tels que l’agriculture ou l’habitat (Khelifa, 2015). À côté du tourisme balnéaire de masse, des formes nouvelles tournées vers les « arrière-pays » ont émergé (Berriane et Aderghal, 2012). Ainsi, le tourisme atteint les espaces naturels et s’ajoute aux conflits d’usages qui s’y déroulent (Picouet et al., 2004). La multifonctionnalité imposée dans ces territoires ne profite pas forcément aux écosystèmes (Dugelay, 1951) qui se trouvent encore plus dégradés (OIBT, 2002) et surexploités (Raffin, 2005). La pression anthropique sur le milieu naturel se caractérise en méditerranée par le fait qu’elle puisse atteindre l’accaparement et la détérioration des territoires forestiers par la population (Aini, 2004). La rivalité entre « l’espace forestier » et les habitants semble être plus accentuée sur la rive sud où les forêts sont particulièrement touchées par la marginalisation économique et les politiques déséquilibrées de développement (Gardin, 2004).

Le Nord tunisien est essentiellement constitué de forêts de montagne, habitées par une population rurale dense, exposée à la « misère et au sous-développement » (Aderghal, 2007) ; le taux de pauvreté atteint dans certaines de ces zones les 45,8 et le taux de chômage peut avoisiner les 30 % (Saadani, 2010). L’appropriation de ces espaces par l’État peut être une des causes qui ont freiné son développement. En effet, le régime forestier mis en place en 1883 (deux ans après la date du traité du Bardo instituant le protectorat français) avec une administration forestière coloniale établie inspirée de la politique française basée sur l’autorité étatique et administrative (qualifié de policier par Morin, 2010). Seule une exploitation coutumière s’y exerçait par les riverains dans ces forêts à l’époque propriété de la dynastie Husseinite. L’aménagement et l’exploitation y ont été établis en 1883 par l’administration forestière française excluant les habitants ; ces espaces demeurent un bien public relevant de l’État, sont gérés par les agents forestiers et la propriété privée forestière non reconnue.

Les années 70 ont été marquées par une prise de conscience environnementale auprès des organismes internationaux avec un changement de paradigme et de nouveaux instruments de conservation. Un réseau national des aires protégées a ainsi été mis en place afin de sauvegarder les écosystèmes uniques ou en péril. Le réseau compte aujourd’hui 44 aires, dont 25 dans des écosystèmes forestiers (DGF, 2011). Ce nouveau statut de l’espace a été vécu par les habitants comme un obstacle supplémentaire, et encore plus rigide, pour les activités productives et de développement économique. La concurrence autour de la ressource naturelle a pris des formes conflictuelles parfois violentes. L’article 221 du code forestier interdisait déjà aux habitants tout prélèvement à but lucratif (DGF, 2011). L’espace forestier est ainsi devenu une scène de lutte entre une pression anthropique forte, de plus en plus  revendicatrice, et un régime forestier conservateur et figé .

L’écotourisme, un moyen suggéré pour le développement des parcs naturels forestiers en Tunisie

Le tourisme : secteur clé du développement (stratégies et conséquences) 

À l’aube de l’indépendance, le pays a connu plusieurs phases de transition économique afin de fonder un système financier autonome et d’initier une politique de développement. Cette politique misait sur des secteurs dynamiques de l’économie tunisienne tels que le tourisme, l’industrie, le textile. En fait, lors de l’indépendance, l’aménagement du territoire était demeuré indispensable pour le pays dans la mesure où la relance économique était difficile suite au détachement financier de la France. Cet aménagement était lié en premier lieu à la planification économique afin de développer la construction nationale. Ainsi un premier plan de planification a été élaboré « Perspectives décennales de développement » en 1961. Celui-ci visait à développer et aménager les villes telles que Tunis. En second lieu, vers les années 1960, l’aménagement s’est détaché de la planification économique par la création d’un service au sein du secrétariat aux travaux publics et à l’habitat dédié à l’aménagement du territoire et à l’urbanisme (Dhaher, 2010). Cette période est caractérisée par la consolidation d’une armature urbaine publique et par un investissement dans des secteurs tels que l’industrialisation et le tourisme ce qui a conduit une réorganisation spatiale afin de privilégier leur développement. En 1969, ce processus se confirme par la création d’un ministère de l’aménagement du territoire et du tourisme (Dhaher, 2010). Ainsi, l’association entre ces deux secteurs présage de l’importance du tourisme dans l’économie du pays et du développement d’un aménagement territorial sectoriel dans des zones bien déterminées dans le pays.

Les premières formes de développement touristique en Tunisie

L’écotourisme demeure une activité touristique et une stratégie de développement d’une offre de ce secteur. Dans cette partie, nous avons réalisé une lecture des travaux portant sur l’écotourisme afin de connaître et d’identifier le secteur touristique. Ceci nous a permis de définir ce secteur qui est devenu un domaine clé dans l’économie tunisienne et de caractériser les offres élaborées. Ceci nous a conduit à admettre que l’écotourisme en tant qu’offre n’est pas à cette heure si développée. Ainsi dans ce chapitre nous essayons de montrer que les choix stratégiques de l’État sont axés sur un développement des offres touristiques de masse dans des régions littorales et que ces choix ont créé par la suite une disparité régionale entre les zones rurales et urbaines. Le tourisme en Tunisie a vu le jour avant même l’indépendance, précisément en 1903 suite à la création d’un comité d’hivernage tunisien qui concurrençait à l’époque Nice, Alger et Le Caire (Bergaoui, 2006). On comptait plus de 100 000 touristes européens en 1929. Mais ce n’est qu’en 1957 que l’activité touristique s’est développée au point de devenir peu à peu l’un des secteurs stratégiques de l’économie nationale d’un pays dont l’économie était auparavant déséquilibrée et déstructurée (Bergaoui, 2006). Ainsi, le tourisme a commencé à se développer d’une manière industrielle.  Pour cette étape, selon les spécialistes du tourisme tunisien tel que Weirget, le secteur touristique tunisien est passé par trois phases : la première période allant de 1957 jusqu’à 1972 a été une phase de décollage, la seconde période de 1972 jusqu’à 2000 a été une phase d’essor de puis une phase de crise s’en est suivie de 2000 jusqu’à aujourd’hui (Weirget, 2012). En 1961, le tourisme figurait dans le premier document de planification économique nationale (les Perspectives décennales 1962-1972). L’État a aménagé les premières zones touristiques : grand Tunis, Hammamet, Sousse-Monastir, Djerba. L’État avait donc misé sur le tourisme balnéaire et joué sur l’image de la Tunisie comme un pays de soleil et de belles plages. Il cherchait à faire venir plus de touristes tout en minimisant le coût de la prestation. Il s’est investi à bâtir des hôtels de moyenne gamme qui englobent toute l’offre touristique : hébergements, loisirs, restaurations, plages privées. En outre, Il y a eu la création de grands organismes touristiques publics : l’office national du tourisme tunisien (ONTT), la société hôtelière touristique tunisienne (SHTT ; Bergaoui, 2006). Durant la phase d’essor, le secteur tunisien a enregistré une croissance de la demande suite à l’investissement des acteurs privés locaux et étrangers : des investisseurs des pays du Golfe et des tour-opérateurs européens. Pendant les années 1980, on a commencé à s’investir aussi dans d’autres types d’hébergement : station touristique intégrée, telle que le port d’El Kantaoui afin de diversifier l’offre en englobant les centres commerciaux, golfe, marina, parc de loisirs. De nouvelles zones touristiques ont été créées dans le sud (Tozeur) et le littoral nord (Bizerte et Tabarka) (Miossec, 1996).

Ainsi en 2000, la Tunisie a accueilli plus de 5 millions de visiteurs alors qu’en 1962 (début du développement touristique), elle en recevait à peine plus de 50 000. D’après la Banque mondiale, la croissance annuelle moyenne au cours de cette période (de l’ordre de 13 %) a été forte et considérable sur une période aussi longue (Banque mondiale, 2002). Les conséquences du développement du secteur touristique ont été vite observées sur l’économie nationale : le tourisme fait partie des principales sources d’entrées de devises avec l’industrie pétrolière. Il a promu l’investissement privé et a instauré un esprit capitaliste. Il a encouragé l’investissement touristique étranger et la création de partenariats commerciaux internationaux. Les zones balnéaires suite à la forte croissance touristique dans ces territoires tels s que Nabeul, Hammamet, Sousse et Djerba. Ces villes, qui n’étaient pour la plupart que de petites stations balnéaires dans les années 1960, sont devenues dans les années 1970-1980, de grands pôles économiques (Weirget, 2012). C’est ainsi que le Sahel tunisien (Sousse, Monastir, Mahdia) a pu accueillir plus de 70 % de la population urbaine dans les années 1980. Ce développement des villes balnéaires et la littoralisation des activités économiques ont marqué l’organisation géographique de l’économie tunisienne (Weirget, 2012).

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1. LE TOURISME : SECTEUR CLE DU DEVELOPPEMENT (STRATEGIES ET CONSEQUENCES)
1. LES PREMIERES FORMES DE DEVELOPPEMENT TOURISTIQUE EN TUNISIE
CHAPITRE 2. LES DISPARITES REGIONALES DES ESPACES RURAUX
1. DES STRATEGIES NATIONALES ENTRE DEVELOPPEMENT ET INVESTISSEMENT
2. L’ESPACE RURAL ENTRE POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT ET GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
CHAPITRE 3. L’ESPACE FORESTIER ENTRE POLITIQUE DE CONSERVATION ET DE DEVELOPPEMENT
1. LA POLITIQUE FORESTIERE EN TUNISIE
2. LA POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE EN TUNISIE : UN APPUI A LA NOUVELLE POLITIQUE FORESTIERE
2.1. L’EMERGENCE D’UNE PRISE DE CONSCIENCE SOCIO-ENVIRONNEMENTALE INTERNATIONALE
2.2 L’EMERGENCE D’UNE POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE NATIONALE
3. LA POPULATION FORESTIERE TUNISIENNE
CHAPITRE 4. LES AIRES PROTEGEES EN TUNISIE : UN ESPACE FORESTIER A VALORISER
1. LA CREATION DES AIRES PROTEGEES
2. L’EVOLUTION DES AIRES PROTEGEES DANS LE MONDE
3. LES DEVELOPPEMENTS DES AIRES PROTEGEES EN TUNISIE
3.1 L’EMERGENCE DES AIRES PROTEGEES EN TUNISIE
3.2 LES AIRES PROTEGEES DE MONTAGNE A VOCATION FORESTIERE
CHAPITRE 5. L’ECOTOURISME POUR DEVELOPPER LES AIRES PROTEGEES
1. LES BIENS ET LES SERVICES ECOSYSTEMIQUES
2 ÉCOTOURISME ET POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT
CHAPITRE 6. LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL : UNE METHODE POUR ANALYSER LA SITUATION DE L’ECOTOURISME DANS LES AIRES PROTEGEES EN TUNISIE
1. ANALYSE TRIANGULAIRE
2. ANALYSE DE LA DURABILITE DES TRAVAUX DE DEVELOPPEMENT DE L’ECOTOURISME
3. ANALYSE DU SYSTEME ECOTOURISTIQUE
3.1. ANALYSE STRUCTURELLE DES INDICATEURS DU SECTEUR : MICMAC
3.1.1. REPERAGE DES RELATIONS DANS LA MATRICE D’ANALYSE STRUCTURELLE
3.1.2. IDENTIFICATION DES VARIABLES CLES DU SECTEUR
3.1.3. SAISIE DES DONNEES ET LOGICIEL UTILISE
3.2 ANALYSE DES STRATEGIES D’ACTEURS : LA METHODE MACTOR
3.2.1. IDENTIFICATION ET CATEGORISATION DES ACTEURS
3.2.2. ANALYSE DES INFLUENCES ENTRE ACTEURS ET EVALUATION LEURS RAPPORTS DE FORCE
3.2.3. POSITIONNEMENT DES ACTEURS PAR RAPPORT AUX OBJECTIFS
3.2.4. SAISIE DES DONNEES ET LOGICIEL UTILISE
CHAPITRE 7. PRESENTATION DES ZONES D’ETUDE : DEUX EXEMPLES D’AIRES PROTEGEES DE MONTAGNE DU NORD-OUEST TUNISIEN
1. PRESENTATION DU PARC ICHKEUL
2. PRESENTATION DU PARC CAP NEGRO-JBEL CHITANA
CONCLUSION

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