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L’écotourisme, un moyen de développement pour la population locale
L’écotourisme constitue une issue indéniable pour la création d’emplois. Il rapporte des retombées socio-économiques pour la région. Les sites touristiques, quant à eux, donnent aux femmes l’occasion de vendre leurs productions artisanales pour compléter leurs revenus.
Du fait des revenus procurés, il favorise une relance économique par l’incitation à l’investissement. Il constitue aussi des attractions des investissements étrangers. Etant gestionnaire de l’activité, la communauté locale y trouve une redistribution de revenus, des devises procurées par les touristes. L’écotourisme améliore les recettes communales et puis gouvernementales provenant d’un tourisme durable dans les aires protégées ou les autres réserves.
L’activité contribue également à l’expansion des autres secteurs : agricoles, pêche, éducation, santé… Elle crée, en outre, de nouvelles activités génératrices de revenus pour la communauté locale, telle la création d’un site de récréation à couleur locale, c’est-à-dire, à menus du style de cuisine locale avec les produits locaux existant…L’activité d’écotourisme engendre l’aménagement et l’embellissement des villages.
Sur le plan social, le développement de l’écotourisme implique un changement du coût de la vie : accroissement du pouvoir d’achat favorisé par les revenus procurés des activités liées à l’écotourisme. L’écotourisme contribue au développement des infrastructures : local d’habitation, infrastructures sanitaires, amélioration des acquis au niveau de la population, création des centres sociaux, création d’emplois. Ainsi, cette activité favorise à l’éducation civique de la population, à son comportement. De même, l’écotourisme accorde une source de connaissances pour la population grâce aux formations offertes par les partenaires, comme exemple : formation en langues étrangères, formation en accueil des touristes, formation à la gestion et à l’épargne des revenus.
Quoiqu’il en soit, le risque d’une disparition progressive du respect de la tradition et des rites locaux est à considérer. De plus, il y a l’imitation des autres civilisations qui peuvent se montrer néfastes pour la localité. L’afflux des étrangers peut causer aussi une insécurité sociale et une rupture familiale par le non respect des traditions. Un impact négatif qui ravage les zones touristiques au nord et nord ouest de Madagascar est actuellement la prolifération de la prostitution. Il en découle ainsi une passivité des jeunes à travailler dans d’autres domaines (exemple : agriculture, pêche…) pour une autre source de revenus rentable durant les saisons où l’écotourisme est un peu reculé, telles les saisons de pluie.
Du point de vue culturel, une bonne marche de l’écotourisme peut contribuer à la préservation des us et coutumes grâce au respect de la tradition. Le changement de comportement peut se présenter comme un avantage s’il se montre comme des points positifs : enrichissement, échanges culturels. L’écotourisme est aussi une issue pour les habitants de Sakatia pour acquérir des formations professionnelles pour les jeunes suivant la technologie. Un changement de mentalité pour la recherche du bien peut ainsi en découler. Mais comme toute activité touristique, si on n’arrive pas à dominer les innovations, un risque de domination de la culture étrangère (perte des valeurs culturelles) peut se créer, de même pour le changement de comportement : proxénétisme, la prostitution, l’alcoolisme, la drogue et le mimétisme (imitation). La forte présence d’étrangers peut former un risque à une incitation à la débauche pour les fainéants. Ce problème est toujours lié à l’habitude d’espérer une ressource de gain sans dépenser d’énergie. Il ne faut pas aussi oublier la prolifération de la pédophilie. Du côté religion, une nuisance peut survenir : croyance, la façon de s’habiller, changement de pensée, comportement, valeurs architecturale et culturelle. Enfin, on peut citer comme un impact négatif les ressentiments et les agressions à l’égard des touristes (phénomène de mendicité, vol…). Mais tous ces points négatifs peuvent être endigués par une conscientisation de la population locale par tout moyen (respect de la tradition, édification des réglementations locales, Dina …)
Bref, ce qui est évident et qu’on ne peut pas nier est que l’écotourisme est un moyen de développement pour la population locale grâce aux revenus et bénéfices qu’elle peut en procurer : création d’emplois, sources de revenus et de savoir-faire, amélioration des recettes communales, expansion des secteurs productifs, développement des infrastructures…
Cette section nous a permis d’affirmer que l’écotourisme est un moyen de conservation de l’environnement et puis un moyen de développement pour la communauté locale. Maintenant, dans une nouvelle section, on va voir de plus près l’écotourisme à Sakatia et les parties prenantes qui sont impliquées
L’écotourisme à Sakatia et les parties prenantes impliquées
La beauté naturelle de Sakatia, un potentiel écotouristique
Les lieux sacrés de Nosy Sakatia
Les trois lieux sacrés de Sakatia sont le pied de tamarinier, le pied de ficus et Ankofiamena. Tous les ans, un zébu est sacrifié pour demander la bénédiction. Les rites des cérémonies se passent le même jour et quelques touristes y assistent. Le chef traditionnel, HAMBA Victor, se trouve à la tête de la cérémonie. Nombreux sont les interdictions ou les fady qui sont encore maintenus et recommandés sur l’île et les habitants y sont encore très respectueux. Ainsi, il est interdit d’y emmener un chien, pratiquer les travaux de champs le mardi, souiller certains endroits. Certaines personnes pensent que du fait que l’île est « propre », il est interdit d’y enterrer des cadavres. Pour se faire pardonner ou pour apaiser la terre, une offrande en zébu et en riz est obligatoire.
Ces fady ont à la fois contribué à la protection de la nature (préservation de la forêt d’Ambohibe, des lieux de pontes des tortues marines) mais constituent dans certains cas un frein au développement de l’île (impossibilité de trouver un emplacement des toilettes, raisons évoquées pour l’échec d’un projet d’apiculture).
Nosy Raty, un endroit légendaire pour les anciens rois
Un circuit d’Antanambe –Nosy Raty dure 5 minutes en mer. Nosy Raty est un cimetière où sont enterrées les dépouilles des rois. Les principales attractions sont les coraux noirs qui n’existent qu’à cet endroit. Ce circuit nécessite la pratique de la plongée pour l’observation des coraux noirs. Il s’agit d’une zone protégée mais pouvant être visitée. On compte y promouvoir la plongée et l’observation des coraux noirs qu’on ne trouve qu’à cet endroit.
Des lignes d’actions ont été identifiées en accompagnement à ces activités telles que la description des coraux et l’élaboration du guide d’observation.
Ambohibé, un grenier des espèces aussi bien fauniques que floristiques
Il s’agit d’un sentier Antanambe / Ambohibe d’une longueur de 450 mètres environ. Le plus haut sommet d’Ambohibe culmine à 160 m. On compte y promouvoir particulièrement un centre d’observation de la faune et de la flore (brookesia, chauve souris)
Préalablement, il faudrait mener des travaux sylvicoles en faveur des essences locales (dégagement, enrichissement), lutter contre la prolifération des bambous, ouvrir et entretenir un sentier d’accès au sommet (suivant un tracé adéquat qui ne profane pas les us et coutumes ainsi que les tabous), dégager un point de vue et une aire de repos au sommet (sur la partie accessible), élaborer un guide de visite et mettre en place des panneaux de signalisation des fady.
Le parc est dénommé communautaire et non pas national pour limiter la gestion au niveau de la CLB et non pas par l’ANGAP.
Le tracé du sentier et des circuits nécessite une considération des lieux sacrés (Ampijoroa, arbre sacré) et la préservation des fady. Les rites traditionnels et ancestraux ont été réalisés avant l’ouverture du site aux visiteurs. La lutte contre la prolifération des bambous doit faire intervenir les droits d’usages et des travaux sylvicoles.
Il est interdit de faire ses besoins naturels à Ambohibe. L’ascension d’Ambohibe ne prend que quinze minutes, si le sentier est bien entretenu. Le circuit ne peut pas durer plusieurs heures et les visiteurs doivent être avisés et prendre leurs précautions au départ.
Andranomatavy, une présence massive de mangroves et un parc à orchidée
Le circuit d’Antanambe / Andranomatavy parcourt une distance de 300 mètres. Les principales attractions touchent particulièrement les orchidées et les mangroves. On compte y développer un centre d’observation et apprentissage de la nature.
Pour cela, un projet d’élaboration d’un guide d’observation et d’explication des mangroves, de mise en place d’un poste d’observation est étudié pour veiller à l’amélioration du parc à orchidées: emplacement, support adéquat, identification, extension.
Antaolantrozona, le lieu de ponte des tortues
Le circuit Antanambe / Antaolantrozona parcourt 2,5 Km à pied. Pour pouvoir observer les tortues en train de pondre, une nuit de camping est prévue. Le site est aussi accessible par bateau.
Au passage, le visiteur traversera l’île avec ses diverses plantations et reboisements. On y développera un centre d’observation nocturne des tortues marines au cours de la ponte.
Pour cela, il faudrait aménager un poste d’observation, élaborer un guide d’observation (période, heure, lieu, comportement à adopter) et veiller à une meilleure organisation des visites et des observations.
Ampasindava, une attraction touristique constituée par la plage
Une attraction touristique est constituée par la plage d’Ampasindava, notons qu’elle est classée comme réserve foncière à vocation touristique. La population de Sakatia refuse la construction d’hôtels 5 étoiles à Ampasindava, car le nombre de touristes sera supérieur au nombre d’habitants de l’île. Elle évoque souvent le respect des tabous car des incidents (tempêtes, par exemple) auraient déjà eu lieu quant à ceux qui ont visité ce site sans dire « haody » à la terre.
La vulnérabilité de Sakatia est donc liée surtout aux activités nautiques. A l’heure actuelle, ces activités ne semblent pas encore très importantes mais elles pourraient se développer très vite dans les années à venir. Afin de permettre une meilleure gestion du site, la mise en place des infrastructures d’accueil et de visites s’avère indispensable telles que les matériels d’informations comme guides, panneaux, brochures, les toilettes, les poubelles, les sentiers et les aires de repos et d’observation.
Si tels sont les atouts naturels qui constituent les potentialités écotouristiques de Sakatia, on va parler maintenant des parties prenantes impliquées au développement de l’écotourisme.
Les parties prenantes, un des piliers pour le développement de l’écotourisme à Sakatia
A Sakatia, plusieurs entités et catégories de personnes (Structures et Organisations sociales) contribuent à la conservation de l’environnement et à la promotion de l’écotourisme. Les autorités à des niveaux plus étendus (Commune, Région, ONG…) y figurent aussi.
Le VOI : Vondron’Olona Ifotony (ou Communauté Locale de Base)
Jadis, l’île de Sakatia était dénommée « îles aux orchidées ». Ce nom était inspiré de sa beauté naturelle et de ses écosystèmes existants. Des années après, le nom Sakatia est attribué à cette belle île. Ce nom venait d’une légende entre un couple qui venait juste de se marier. En outre, grâce à ses ressources naturelles et sa beauté, l’île a passionné un grand nombre de touristes et surtout de migrants. Pourtant, ce fait a engendré des impacts négatifs pour l’île. Par besoin de vivre (besoin en sol, en nourriture…), les habitants de l’île se ruaient vers la dégradation de la nature et en l’occurrence, le défrichement. Les années 94 à 97 ont marqué cet événement désastreux.
C’est cette dégradation incessante et inquiétante pour l’avenir de l’île qui a incité les habitants de Sakatia à créer le Groupement d’Action pour la Sauvegarde de l’Ile Sakatia ou R.A.S.I.S.
Autrefois, RASIS ou le Regroupement d’Actions pour la Sauvegarde de l’Ile Sakatia était une simple association contre la déforestation de ladite île. Consciente de la nécessité de plus de cohésion entre tous les acteurs locaux pour mener les actions de sauvegarde de Sakatia, la communauté a entrepris la démarche de transfert de gestion des ressources sur l’île. Ainsi, est créée, en 2000, la Communauté Locale de Base qui a gardé la dénomination de RASIS. Elle est animée d’une volonté commune de valoriser durablement les ressources, tout en améliorant les conditions de vie de la population locale. Toute la population du Fokontany, qui compte actuellement environ 437 habitants, dont 234 hommes et 203 femmes, devient systématiquement membre de la CLB. Ces individus sont composés de plusieurs ethnies à prédominance Sakalava (≈75%), puis les migrants : Antandroy (≈16%), Antanosy et Antemoro (≈6%), Tsimihety (≈3%).
41,5% de la population vivent de la vente de l’artisanat, 23% travaillent au niveau du secteur hôtelier, 18% sont des pêcheurs et 17% vivent d’autres activités économiques. (Sources : données statistiques C3EDM, SAGE en 2006)
Comme mandat du VOI RASIS, il lui est confié l’aménagement et la préservation des écosystèmes naturels existant à Sakatia. De même, il est le premier gérant de la gestion des ressources naturelles renouvelables par le biais du transfert de gestion (GELOSE).
Les moyens matériels à disposition de R.A.S.I.S sont presque dérisoires par rapport aux actions à mener en matière d’application des textes juridiques pour la gestion des ressources naturelles. L’outil utilisé est le transfert de gestion aux communautés Locales de Base qui sont alors responsabilisées par ces transferts. Mais il est à noter que SAGE vient juste de doter l’île Sakatia d’une pirogue qui aidera la CLB à la bonne marche de ses actions surtout au niveau du contrôle.
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Table des matières
Introduction
Chapitre I : Les dispositifs de développement par l’écotourisme
Section I : L’écotourisme, moyen de conservation et de développement
A/L’écotourisme, un moyen de conservation de l’environnement
B/ L’écotourisme, un moyen de développement pour la population locale
Section II : L’écotourisme à Sakatia et les parties prenantes y impliquées
A/ La beauté naturelle de Sakatia, un potentiel écotouristique
A-1/ Les lieux sacrés de Nosy Sakatia
A-2/ Nosy Raty
A-3/ Ambohibe
A-4/ Andranomatavy
A-5/ Antaolantrozona
A-6/ Ampasindava
B/ Les parties prenantes impliqués, un pilier au développement de l’écotourisme
B-1/ Le VOI
B-2/ La population locale de Sakatia
B-3/ Les autorités traditionnelles
B-4/ Les autorités techniques et autorités administratives
B-5/ Les opérateurs touristiques se trouvant à Sakatia
Chapitre II: Les possibilités d’intégration de ces dispositifs dans les lois
Section I : L’application des outils juridique à Sakatia et les avantages liés à celle-ci
A/ Les différents textes appliqués et son mode d’application
A-1/ Le Dina et les autres textes
a/ Au niveau mondial
b/ Au niveau national
A-2/ Le mode d’application de ces outils juridiques
A-2-1/ Stratégie d’application
A-2-2/ Stratégie de contrôles
a/ PFAD
b/ Les services techniques concernés par le ressource en question
c/ Commune de Nosy Be
d/ Le tribunal
B/ Les avantages liés à l’application des outils juridiques
B-1/ Les outils juridiques, guide de comportement de tous les acteurs
B-2/ Les outils juridiques : outils de protection et de conservation de la nature
a/ Pour le Dina
b/ Pour les autres législations et charte
Section II : Analyse des règlements relatifs à la gouvernance et à la gestion des aires protégées
selon la catégorisation de l’IUCN pour une meilleure conservation de la nature
A/ La catégorisation de l’IUCN
A-1/ Le congrès mondial des Aires protégées à Durban
A-2/ La nouvelle catégorisation de l’IUCN
B/ Application de ces règles de gouvernance pour une fin de conservation
B-1/ L’application à Nosy Sakatia
B-2/ Un parc communautaire
Section III : Les mesures de renforcement de l’application des outils juridiques relatifs à la gestion
des ressources naturelles déjà prises au sein de Sakatia
A/ L’amendement et la mise à jour du Dina de Sakatia appuyé par SAGE
A-1/ Historique de l’amendement
A-2/ Les nouvelles recommandations
B/ La charte de responsabilité de tous les acteurs pour l’application des outils juridiques
CONCLUSION
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE
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