Des paysages très variés
Madagascar est un vaste pays. C’est la quatrième plus grande île du monde avec une superficie de 587000km², il est étiré du nord au sud à une longueur de 1600km. Ce qui lui confère des caractéristiques microclimatiques et écologiques diversifiés. Les différentes régions de Madagascar correspondent alors à des paysages particuliers en fonction de la pluviométrie, de la température et de l’écosystème. Cette diversité de paysage peut jouer pour attirer les touristes dans le pays. On peut diviser la Grande île en différentes régions qui reflètent de cette diversité de paysage. Par exemple, Christie et Crompton (2003) ont divisé le pays en 5 groupes de régions touristiques :
• Les Territoires Centraux : constitués par les régions des hauts plateaux comprennent Antananarivo, Antsirabe, Fianarantsoa. Les territoires centraux se caractérisent par les sites de rizières de montagne en terrasse, les hautes montagnes dont le massif volcanique de l’Andringitra ;
• La côte des Îles Vierges dans le nord ouest : comprend les villes de Nosy Be, Antalaha, Sambava. Elle se caractérise par ses lagons, ses baies et ses criques avec la magnifique baie d’Antsiranana et Nosy Be, principale destination de tourisme balnéaire, souvent décrite comme la seconde plus belle après Rio de Janeiro ;
• La Côte du Capricorne vers le sud et l’ouest : avec la région de Toliara, Ifaty, Isalo, Morondava, se caractérise par ses profondeurs sous marines et ses immenses récifs de corail ;
• La Côte des Contrastes dans le sud-est : avec la région de Taolagnaro et ses environs, est une combinaison de forêt tropicale et de savane semi-aride. Elle se caractérise également par ses montagnes et son littoral présente le plus beau découpage côtier de Madagascar ;
• La Côte de Bois de Rose à l’est : avec Toamasina et ses environs, est composée à 70% de forêt primaire présentant les plants de vanille et des criques intérieures qui étaient des repaires de pirates. La vue des baleines et les plages vierges sont aussi des facteurs déterminant la destination côte est de Madagascar. (Christie et Crompton, 2003, p.15-16)
Un potentiel écotouristique
Madagascar offre une grande variété de destination écotouristique à travers son réseau d’Aires Protégées (48 Aires Protégées). Ces Aires Protégées représentent les différents écosystèmes uniques présents dans chaque région. D’une superficie totale de 1200000ha, la moitié de cette surface protégée peut recevoir la visite des écotouristes. En outre, il y a également 16 parcs nationaux, le reste partagé entre Réserves Naturelles Intégrales et Réserves Spéciales, pour la réception des écotouristes. Ces Parcs et Réserves recouvrent 17103km² soit 3% du territoire national et se répartissent sur toute l’île. (ONE, Rapport sur l’état de l’environnement à Madagascar, p.133). Le Plan de Gestion du Réseau National des Aires Protégées (Plan GRAP) classe les différentes AP en fonction des mesures de conservation, mais aussi en fonction du potentiel écotouristique. Le dernier classement est basé sur le volume de visiteurs, ou l’intérêt potentiel écotouristique, c’est-à-dire la diversité et la qualité des attractions offertes, et l’accessibilité du site. (PNUD, sept.2002, p.19-21)
• Le Réseau d’Aires Protégées : les AP phares sont les AP les plus visitées à l’heure actuelle. On a par exemple le Parc National d’Andasibe-Mantadia avec sa forêt dense humide et surtout ses Indri chanteurs, le Parc National d’Isalo très accessible sur la RN7 avec son massif de grès uniforme, le Parc National de Ranomafana avec sa forêt humide de moyenne montagne et ses lémuriens, le Parc National de la Montagne d’Ambre, le Réserve Spécial de l’Ankarana avec ses tsingy, formation karstique montant un relief très accidenté sous la forme des pointes, et la caverne aux crocodiles, le Parc National des Tsingy du Bemaraha avec ses tsingy grandioses et sa flore spectaculaire, site classé Patrimoine Mondial Naturel par l’UNESCO. Il y a ensuite d’autres AP dont le nombre de visiteurs s’accroît de manière non négligeable : le Parc National d’Ankarafantsika avec sa forêt dense sèche, le Parc National d’Andringitra avec son massif propice aux randonnées montagneuses, la Réserve Spéciale de Nosy Mangabe au large de Maroantsetsa et Masoala où me fameux Aye-aye peut être observé, le Parc National de Marojejy avec sa forêt humide étagée de basse à haute altitude.
• Les réserves privées : Il existe également des réserves privées. Certaines d’entre elles connaissent des fréquentations touristiques mais, en matière de gestion durable de la biodiversité, ces sites privés ne suivent pas souvent les normes de conservation internationale. Parmi les plus importantes on a la réserve de Berenty à proximité d’Amboasary, vers Fort-Dauphin, où un musée ethnographique particulièrement intéressant et instructif présente la culture Tandroy, la réserve Kaleta non loin de la précédente et inspirée de celle-ci, le jardin botanique d’Antsokay à quelque kilomètre de Toliara qui permet une découverte de la flore caractéristique du sud malgache, la forêt de Mandena,…
• Les stations forestières : Certains sites d’intérêt biologique présentent aussi un potentiel écotouristique important. C’est notamment le cas de certaines stations forestières sur lesquelles la Direction Générale des Eaux et Forêt a mené des actions pour appuyer le développement de l’écotourisme, citons la station forestière d’Andavakimenarana et d’Ambila Lemaitso (1416ha) dans le fivondronanana de Brickaville avec les forêts sur sables blancs et sur dunes et la forêt dense humide sur sol marécageux, la forêt de Vohibola en Pays Zafimaniry composée de forêt dense humide de moyenne altitude, la forêt de Belomotse ou forêt des Sept Lacs dans le sud de Madagascar où s’étend la forêt épineuse du sud et les forêts galeries le long des piscines naturelles.
L’emploi
La création d’emploi et la valorisation des ressources humaines locales sont aussi les retombées bénéfiques de l’industrie du tourisme. La production touristique ainsi que les activités liées au tourisme sont génératrices d’emplois. Au total, 890 emplois directs liés à l’hôtellerie et la restauration et 179 emplois dans les entreprises de voyage et d’animation touristique ont été généré par ce secteur pour l’année 2006. (Données statistiques sur le tourisme, MCT). On peut ainsi dire que le tourisme agit positivement sur le taux de chômage à Madagascar. En effet, vu que le tourisme fait appel à de nombreuses branches de l’économie, les emplois crées par les activités touristiques sont diversifiés.
• L’emploi direct dans l’hôtellerie : c’est celui crée par la fonction d’hébergement touristique
• L’emploi direct dans les activités annexes est stimulé par les dépenses de touristes dans les activités annexes à l’hôtellerie, telles que la restauration, les activités récréatives, les services de proximité…
• L’emploi indirect concerne les activités impulsées par le secteur touristique, telles que l’agriculture, l’artisanat, l’industrie, le commerce, les transports,…
• L’emploi lié à la période d’investissement dans le tourisme. Il s’agit des emplois crées dans le secteur du bâtiment et des biens d’équipement pendant la phase de construction hôtelière.
D’après le Ministère de la Culture et du Tourisme, les emplois générés dans l’hôtellerie et la restauration s’estiment à quelques 22500 emplois et 5600 dans les établissements de voyage et d’animations touristiques pour cette année 2007. Ces estimations ne prennent pas en compte l’emploi généré par le tourisme dans l’agriculture, la pêche, l’agro-industrie, et les industries de transformation, dans le transport, et autres prestations de services rattachées au tourisme et le secteur de l’artisanat. La création d’emploi dans le tourisme est estimée avoir augmenté de 8% par an ces dernières années. Le rapport chambre-employé est estimé à 1/1,3 à 1,6 dans les hôtels trois étoiles, mais semblerait être plus proche de1/2,0 dans les hôtels balnéaires de plus grande catégorie.
La prise en compte de l’environnement dans le développement touristique
Madagascar a compris l’importance de mettre en œuvre un ensemble cohérent d’actions visant à assurer la protection des ressources naturelles essentielles pour le développement durable de la nation. Ceci a mené à l’adoption du Plan National d’Action Environnemental(PNAE) dans les débuts des années 90. La PNAE a reçu force légale par la loi 90-033 du 21 décembre 1990 adoptant la Charte de l’environnement et le PNE. (Plan GRAP, p.8). En effet, le problème est de rechercher l’équilibre entre les objectifs économiques et la préservation de ces ressources touristiques non renouvelables. L’article 3 du Charte de l’environnement indique que l’environnement est devenu une préoccupation majeure de l’Etat. La 3ème axe de politique de l’environnement est de « réhabiliter, conserver et gérer le patrimoine malgache de biodiversité qui est unique au monde et a y appuyer le développement d’un tourisme original écologique en
– Créant et gérant des aires protégées et développant les zones périphériques sur le plan économique ;
– Réhabilitant et en protégeant partout le milieu naturel ;
– Coordonnant conservation et tourisme divers (de découverte, de pêche et de chasse, de santé, balnéaire, etc.). » (Charte de l’environnement, p.23)
Cette 3ème axe montre la volonté de l’Etat a lié le développement du tourisme et la conservation de l’environnement. Le concept de tourisme durable consiste en un challenge et vise à développer la capacité touristique ainsi que la qualité des produits touristiques sans pour autant affecter l’environnement qui en constitue le cadre indispensable. (Kutay dans cahier espace). Il est nécessaire d’insérer l’environnement dans l’activité touristique, notamment parce que il est l’élément moteur du tourisme. En effet, les ressources touristiques sont essentiellement constituées par les composantes de l’environnement. Or l’activité touristique cause des dommages directs ou induits sur l’environnement. Pour assurer la continuité dans le temps de son développement, les actions du tourisme doivent alors être compatibles avec l’environnement. Ceci doit être une préoccupation majeure depuis l’implantation des établissements jusqu’à la création de produits. Pour Kripendorf (1982, cité par Rindra Rakotozafy, p.*) l’évolution du tourisme peut être caractérisée par le passage d’un tourisme de masse standardisé vers un tourisme plus diversifié et plus alternatif qui ne se concentre pas uniquement sur l’aspect économique mais insiste sur un environnement intact et préservé. L’ONE, dans la formulation d’une politique de DTCE a examiné les conditions d’un développement touristique durable et a mis en évidence le besoin d’une application renforcée de certains principes que sont :
• La participation à la base des populations locales
• Une attention au renouvellement des ressources et des systèmes d’exploitation traditionnels
• Le principe pollueur-payeur. (ONE, dans « formulation d’une politique de DTCE, p.*)
La notion de DTCE (Développement Touristique Compatible avec l’Environnement) stipule que le développement du tourisme ne doit pas altérer sa ressource principale, c’est pourquoi le développement touristique doit être en harmonie avec les richesses et la fragilité de l’environnement. Selon le Ministère du Tourisme malagasy, l’écotourisme est le meilleur moyen d’arriver à un développement durable et profitable du tourisme.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 LE CAPITAL TOURISTIQUE MALGACHE, UNE OPPORTUNITE POUR LE DEVELOPPEMENT
1. LE CAPITAL TOURISTIQUE MALGACHE
2. LE PROFIL DES VISITEURS
3. LES RETOMBEES ECONOMIQUES DU TOURISME
4. LES MESURES PRISES PAR LE GOUVERNEMENT MALGACHE POUR LE DEVELOPPEMENT DU SECTEUR TOURISME
5. LES IMPACTS NEGATIFS D’UN DEVELOPPEMENT INCONTROLE DU TOURISME
CHAPITRE 2 L’ECOTOURISME, UN TOURISME COMPATIBLE AVEC L’ENVIRONNEMENT POUR LA DURABILITE DU SECTEUR-CAS DE MADAGASCAR
1. LA PRISE EN COMPTE DE L’ENVIRONNEMENT DANS LE DEVELOPPEMENT TOURISTIQUE
2. LE CONCEPT DE L’ECOTOURISME
3. L’ECOTOURISME A MADAGASCAR
4. L’ECOTOURISME ET LA CONSERVATION DES RESSOURCES NATURELLES
5. LES EFFETS PERVERS ET LES PROBLEMES DE L’ECOTOURISME
CHAPITRE 3 PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS POUR LE DEVELOPPEMENT ECOTOURISTIQUE
1. PERSPECTIVES
2. RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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