« En France, l’École ne réussit pas à assumer sa mission de la même manière avec tous les élèves. C’est un pays qui maintient voire creuse les écarts entre les élèves « forts » et les élèves « faibles ». Ce propos est tenu par Marie Toullec-Théry lors de la conférence de consensus sur la différenciation pédagogique en mars 2017. Elle pointe ainsi un reproche récurrent qui est fait à L’École française, celui de ne pas réussir à réduire les inégalités scolaires entre ses élèves. En effet, d’après les résultats de la dernière enquête PISA qui s’est déroulée en 2015, il a été montré que près de 40% des élèves français issus d’un milieu défavorisé étaient en difficulté contre 34% pour le reste des pays de l’OCDE . Une autre enquête, celle de PIRLS qui mesure les performances des élèves en compréhension de l’écrit à la fin du CM1 en France, montre elle aussi les difficultés des élèves. Entre 2016 et 2001, les écoliers français ont régressé de 14 points.
Ces inégalités commencent dès l’entrée en maternelle. En effet, chaque élève qui entre à l’école pour la première fois, arrive avec des représentations et des savoirs propre à lui-même, des savoir qui se seront construits durant la petite enfance en fonction de ses interactions avec le monde extérieur et les différentes sollicitations auxquelles il aura été soumis. Selon ce qu’il sait faire (ou ne pas faire), un enfant sera plus en capacité de rentrer dans les apprentissages qu’un autre. Et plus les élèves avancent dans leur scolarité, plus l’écart entre les élèves « bons » et les élèves « moins bons » se creusent. Or, à la fin de leur scolarité obligatoire, ces élèves sont censés avoir acquis un certain nombre de compétences qui figurent dans le socle commun précisé dans les instructions officielles. On demande donc aux professeurs d’enseigner les mêmes apprentissages à tous leurs élèves alors que chaque élève a son propre rythme pour rentrer dans un apprentissage. C’est ainsi que perdurent les inégalités scolaires.
L’école inclusive
École inclusive : former tous les élèves à devenir de futur citoyen de la société
L’inclusion est une notion qui apparaît dans la loi française avec la loi d’orientation sur l’éducation du 10 juillet 1989. Cette loi pointe la nécessité de favoriser l’intégration scolaire des élèves en situation de handicap. Une autre loi va accentuer ce désir de rendre accessible l’enseignement aux élèves en situation de handicap : La loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées du 11 février 2005. Elle rend obligatoire la scolarisation des enfants présentant une déficience. Depuis, ce terme d’intégration a évolué vers celui d’inclusion. En effet ces deux termes peuvent paraître proche dans leur sens mais ils sont différents dans leur application. C’est encore une autre loi qui vient inscrire cette notion d’école inclusive : la loi de refondation de l’école de la République du 8 juillet 2013.
L’école inclusive peut être définie comme ceci :« Le principe fondamental de l’école inclusive est que l’école ordinaire doit accueillir, de façon aussi ordinaire que possible, tous les jeunes en s’adaptant aux besoins de chacun. » Il est question ici d’inclure tous les élèves. Aussi bien ceux qui possèdent des problèmes de santé, une déficience ou encore des difficultés d’apprentissage. Au contraire de l’intégration, l’inclusion admet que c’est à l’école (que ce soit au niveau architectural en permettant les accès, ou encore au personnel enseignant) de s’adapter à ces élèves que l’on peut qualifier d’élèves à besoin particulier. Ces élèves ne sont pas égaux en terme d’accès aux apprentissages. Suite à des problèmes d’ordre moteur ou mentaux, ces élèves ne peuvent pas rentrer dans les apprentissages comme n’importe quel autre élève lambda. Cependant, l’école a pour soucis de former tous ses élèves à faire partie d’une même société ainsi que de partager une culture commune. Cette finalité de l’école n’est pas réservée qu’aux élèves exempt de handicap, elle vise tous les enfants de la République. Ainsi, les élèves en situation de handicap ont le droit de recevoir un enseignement comme les autres et de participer plus tard à la vie citoyenne. En effet, avoir un handicap ne retire pas les droits et devoirs d’une personne envers la société.
Les avantages de l’école inclusive sont nombreux, autant pour les élèves qui en bénéficient que ceux qui y sont confrontés. Mais il y a aussi des bénéfices sur l’aspect humain ainsi que sur le plan moral et éthique. En effet l’école inclusive permet aux élèves en situation de handicap de grandir parmi les autres enfants et de bénéficier du même environnement. Les élèves en situation de handicap accèdent à un enseignement dit normal mais adapté à leur besoin. Et les élèves en classe avec ces élèves à besoins particuliers sont confrontés à un public différent de celui auquel ils ont l’habitude. Cette confrontation, dès l’école maternelle, peut permettre la prévention des préjugés envers les personnes en situation de handicap et ainsi, aboutir à un regard plus positif sur le handicap.
Les enfants grandissant à travers une scolarisation en milieu ordinaire, apprennent à vivre ensemble, sans prendre en compte leur origine sociale, leur appartenance ethnique ou encore leur handicap. L’école ordinaire au-delà des avantages et bénéfices décrit cidessus, est aussi pertinente pour lutter contre toute forme de discrimination et inciter les élèves « typiques » à être accueillant avec les enfants en situation de handicap.
Distinguer les notions d’inclusion et d’intégration
Quand on parle d’école inclusive on fait la distinction entre l’inclusion et l’intégration. Mais avant d’aboutir à l’école inclusive, la France est passée par plusieurs périodes :
– la première période était ségrégative. Avant les années 1980, les élèves à besoins particuliers étaient pensés comme des élèves « extraordinaires » qui n’avaient pas leur place dans une école ordinaire. Ils étaient ainsi placés dans des écoles spécialement adaptées à leurs besoins « extraordinaires ».
– la seconde période était intégrative. C’est à partir des années 1970 que les élèves en situation de handicap intègrent l’école normale avec pour revendication « le droit à participer plus activement à tous les aspects de la vie sociale. » (Thomazet, 2008). Cependant, même si l’intégration signifie être dans une école ordinaire au milieu des élèves « typiques », ça ne signifie pas forcément que des moyens sont mis à disposition de ces élèves à besoins particuliers pour qu’ils puissent suivre les enseignements comme les autres. Là est la limite de l’intégration : « l’école n’était prête à accueillir que les élèves qui avaient le niveau et le comportement attendu d’un élève ! »(Thomazet, 2008)
– Enfin, suite à ces deux périodes, l’école ordinaire prend le chemin de l’inclusion. Elle accepte et intègre les élèves à besoins particuliers mais surtout, elle met à disposition de ces élèves le matériel et les outils nécessaires à leur entrée dans les apprentissages. Ce n’est donc plus à l’élève de s’adapter à l’école mais c’est bien à l’école de s’adapter à l’élève, sans renoncer aux programmes ni aux missions de l’école. Il faut alors envisager une nouvelle pédagogie qui permet d’enseigner à l’ensemble des élèves malgré leur hétérogénéité, tout en maintenant les exigences attendues des élèves. Cette pédagogie incitera au développement de la conduite de la différenciation pédagogique au sein des classes.
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Table des matières
Introduction
Partie théorique
1- L’école inclusive
1.1) École inclusive : former tous les élèves à devenir de futur citoyen de la société
1.2) Distinguer les notions d’inclusion et d’intégration
1.3) Les élèves à besoins particuliers, définition
2- La différenciation pédagogique
2.1) Définition
2.2) Pourquoi différencier ?
2.2.1) Répondre aux besoins d’élèves aux profils variés
2.2.2) Permettre à chaque élève de maîtriser les connaissances et compétences du socle commun
2.2.3) Lutter contre le décrochage scolaire et prévenir contre l’illettrisme
2.3) Comment différencier sa pédagogie ?
2.3.1) Avec quels élèves ?
2.3.2) Les différentes méthodes de différenciation pédagogique
3- Les difficultés de la mise en œuvre
3.1) La différenciation pédagogique nécessite une bonne maîtrise de sa définition
3.2) Ainsi que d’une bonne gestion de classe
Partie méthodologique
4) Méthodologie
4.1) Le choix du dispositif
4.2) L’entretien semi-directif
4.3) Les conditions de l’entretien
Partie analyse
5) Résultats et analyse
5.1) Les obstacles rencontrés pour différencier
5.2) Les besoins pour pallier les obstacles de mise en œuvre
5.3) Les réponses pour différencier
Conclusion
Bibliographie / Sitographie
Annexes