L’école : cadre historique de la mobilité sociale

Généralités

De toutes les pratiques, l’enseignement est celui qui présente le plus d’importance et le plus de difficultés. Il est souvent remis en question d’une manière fondamentale, surtout dans les pays en voie de développement où le décrochage scolaire (le fait de quitter l’école à cause d’un problème socio-économique ou psychologique, ou tout simplement l’échec scolaire) pose des problèmes d’égalité de chance à cause de la mobilité sociale. On s’accorde à reconnaître qu’il s’agit de mettre à la disposition de l’enfant, citoyen de demain, un instrument suffisamment souple et efficace pour qu’il soit en mesure d’exprimer sa pensée avec une précision et un sens de nuances que la complexité des relations sociales rend de plus en plus nécessaire. En même temps, l’accroissement du niveau scolaire, l’enrichissement des matériels pédagogiques, rendent possible un développement intellectuel. Cette recherche de connaissances présente donc une valeur pratique en même temps éducative que culturelle. Or, l’enseignement au Groupe Scolaire Charles Renel est loin d’atteindre ces objectifs. Bien que les finalités suscitées ne soient pas contestées par les enseignants, des obstacles ne leur permettent pas de les atteindre. L’enseignement revêt toujours plusieurs aspects. Aussi complexes soient-ils, il est tout de même important, de les étudier. D’une part, consciente de divers problèmes que pose l’enseignement à Madagascar, en tant que futur responsable, et d’autre part, dans le but d’apporter des améliorations dans le système éducatif malgache, nous avons décidé d’axer nos recherches sur les problèmes des enseignants.

L’école : cadre historique de la mobilité sociale 

Généralités sur le Groupe Scolaire Charles Renel

Le Groupe Scolaire Charles Renel est le cadre dans lequel notre étude a vu le jour et où nous avons bénéficié de la collaboration de toutes ses composantes, en allant du corps professoral aux élèves, sans oublier la direction. Ayant ainsi contribué à l‘élaboration de ce travail, il nous est apparu logique de débuter par une présentation du personnage de Charles Renel puis une présentation de cet établissement dans ses divers aspects historiquement descriptifs.

Le personnage de Charles Renel

Charles Ulysse Renel est né le 06 mai 1866 à Strasbourg, mort le 09 septembre 1925 à Ambatondrazaka (enterré à Anjanahary avant d’être ramené en France). Il est Docteur agrégé des lettres, professeur au lycée de Bourg Ruanne. En 1898, il est maître de conférences à Besançon et enseigne aussi à Lyon en qualité de professeur adjoint. En 1906, Victor Augagneur, député-maire de Lyon l’a amené à Madagascar en vue d’organiser l’enseignement secondaire. Il devient alors Chef du service de l’enseignement, ensuite Directeur de l’enseignement. C’est un grand voyageur effectuant de fréquentes tournées d’inspection à travers toute l’île. Charles Renel, homme colonial français du début du 20ème siècle est un administrateur, un romancier et un scientifique. Personnage à plusieurs facettes, il a participé pourtant de différentes manières au développement de la Grande Ile, et à la connaissance de sa culture. Trois formes d’écriture sont utilisées dans son œuvre : le journal (carnets de notes de tournées dans plusieurs régions de Madagascar entre 1907 et 1922), le roman (cinq romans), et l’ouvrage scientifique (deux publications sur la religion traditionnelle malgache, et d’autres sur les contes). Par un travail de recoupement tant dans la forme (les genres littéraires) que dans le fond (sources ethnologiques, réflexions et impressions personnelles), nous tenterons de connaître l’individu, son intérêt scientifique pour le culte traditionnel malgache et son approche de celui-ci. Il a été Chef du service de l’enseignement, ensuite Directeur de l’enseignement en 1906 (le deuxième après Deschamps). En tant que Directeur de l’enseignement donc, il est arrivé à Madagascar sous l’autorité du Gouverneur Général Augagneur. Sa fonction l’amènera à voyager dans le pays afin de fonder et, par la suite, de supprimer l’enseignement (école du premier et du second degré et lycées). Il paraissait très clairement que sa fonction n’était pas la seule motivation lui dictant de venir à Madagascar. « J’ai donc fini par où j’aurais dû commencer, et j’ai choisi Madagascar comme champ d’études », (« Ancêtres et Dieux », p.1, 1929).

Ce passage nous montre que Charles Renel est à la fois qualifié d’homme de science et de littérature, de colon et de citoyen malgache. Cette érudition est sensiblement héritée de son père (ingénieur et collectionneur d’estampes et autres objets d’art). Il fut professeur de philologie à la faculté des lettres de Lyon et publia en 1898 sa thèse de doctorat : « L’évolution d’un mythe » (rapprochement d’une légende védique du mythe grec des Discours), et plus tard, des études sur les cultes militaires de Rome (1903), et les religions de la Gaule avant le Christianisme (1905). Selon ses propos, Charles Renel paraissait alors limité dans son analyse globale des faits religieux et frustré des données archéologiques et bibliographiques recueillies lors de ses recherches. C’est alors qu’un travail ethnographique prit sens dans sa nouvelle approche scientifique qui se constituait en une collecte de faits et de pratiques directement observables. Au lieu des trois années de mission initialement prévues à Madagascar, il y restera seize années. Au cours de ses voyages, il notait ce qu’il vivait et ce qu’il voyait : le nom des villages, l’heure d’arrivée, l’architecture de l’habitat, le climat, les paysages et les coutumes. Les menus même de ses déjeuners et dîners y étaient parfois consignés. De cette minutie son restés ses nombreux carnets de notes dont il était toujours muni. Charles Renel était membre titulaire de l’Académie Nationale Malgache, chevalier de la Légion d’honneur, officier d’Anjouan et des Comores, officier de l’Ordre des Suédois de Gustave Waa, chevalier du Mérite agricole.

Si Charles Renel a travaillé de manière scientifique, c’est-à-dire avec une objectivité certaine, dans l’élaboration de ses ouvrages ethnographiques exposant les faits en les décrivant et les analysant, il se « libère » alors par la plume dans ses ouvrages littéraires. S’il était sensible aux paysages, aux décors environnants et à la beauté des gens, comment l’exprimer alors, lui, ce littéraire ? Il a su faire la distinction entre une littérature et une documentation selon une source commune qu’est le journal. D’une part, il transmet son vécu tout au moins sensoriel et subjectif ainsi que les scènes quotidiennes par ses romans, et d’autre part, il contribue scientifiquement à la connaissance des pratiques religieuses traditionnelles malgaches. Charles Renel a toujours été perçu, suivant le mot du Professeur RakotoRatsimamanga, comme « un des rares français des débuts de la colonisation à comprendre les Malgaches ». Directeur de l’Enseignement à Madagascar pendant tout le premier quart de l’ère coloniale, il est aussi l’auteur de plusieurs essais et recueils de contes de Madagascar, et il s’est fait remarquer par sa volonté de contacts avec les leitmotivs du dénigrement systématique : c’est bien le thème innovateur de la « décivilisation » pointant l’idéal rousseauiste, qui caractérise le mieux la représentation de Madagascar au XXème siècle. C’est justement à Charles Renel que le motif doit sa paternité, ainsi que le cycle romanesque qui en a découlé, et rapidement, c’est-à-dire l’importance, pour l’histoire littéraire franco-malgache de ce roman. Pour conclure, Charles Renel fut le premier, en 1923 à camper le personnage de l’Européen qui rêve de retrouver son humanité corrompue par la « civilisation » en se ressourçant à Madagascar, en adhérant à la vie primitive dans les villages malgaches : « le décivilisé ».

Historique du bâtiment

Avant de passer au rappel historique de l’établissement, nous allons faire une brève description de l’école. Le groupe scolaire Charles Renel se situe à l’extrême ouest du centre ville. Elle se trouve dans un endroit calme à part les bruits de voiture, avec beaucoup d’arbres et est entouré de grands bâtiments. Situé pas très loin, à 200 mètres environ, nous avons le boulevard de la mer qui est considéré comme un lieu de promenade, de détente et de rafraîchissement pour les riverains comme pour les visiteurs. Nous pouvons dire qu’elle est située dans un quartier résidentiel. Cet emplacement s’explique par le fait qu’au début, les alentours étaient habités par des colons français. A l’entrée, nous avons devant nous, un bâtiment à étage du CEG (Collège d’Enseignement Général) ; à l’étage, nous avons 16 salles de classes et un bureau ; au rez-de-chaussée, à droite, se trouve la bibliothèque, en face 6 salles de classe, et à gauche un cabinet dentaire et le préau. Derrière ce bâtiment se trouve les toilettes, et les fontaines où les élèves peuvent se rafraîchir. Sur la droite du bâtiment principal, pas très loin du portail, se trouve un bâtiment à étage qui sert de logement ; en haut, c’est celui du directeur et en bas, celui du surveillant général. A côté de ce bâtiment, nous avons l’EPP (Ecole Primaire Publique) et un bureau ; à côté de cette EPP se trouve le préscolaire. Enfin à notre droite, en premier lieu, c’est le terrain de basket-ball que nous avons et juste après ce terrain, nous avons deux classes de CEG. (cf. Annexe, Plan de l’école) L’histoire de l’établissement se déroule en plusieurs étapes : Une école officielle européenne a été créée vers la fin de l’année 1897. Elle a compté seulement une classe, accueillant des Français, des Malgaches, des Comoriens et des Indiens.

En 1905, l’école s’est agrandie d’une classe ; le 22 juillet 1905, une autre enfantine s’est ajoutée aux deux premières. De 1905 à 1918, l’école comprenait toujours 3 classes. En décembre 1918, l’école s’est vue augmentée d’une autre classe, et le 12 avril 1919 une cinquième classe a été créée. En 1920, en début d’année, des cours d’anglais et de gymnastique ont commencé à être dispensés. En 1935, le 19 novembre, le Conseil Municipal de Majunga a décidé de créer un cours supplémentaire pour un enseignement primaire supérieur.

En 1940, cinq classes ont été fonctionnelles, réparties comme suit :
– 1ère classe : cours moyen 2ème année et cours supérieur 1ère année ;
– 2ème classe : cours moyen 1ère année ;
– 3ème classe : cours élémentaire 2ème année ;
– 4ème classe : cours élémentaire 1ère année ;
– 5ème classe : cours préparatoire.

Un cours du soir correspondant au cours supérieur 2ème année a été prodigué chaque soir à raison de 10 heures par semaines. Durant les années 1941, 1942, 1943, le nombre de classes restait stationnaire. Les cours du soir ont continué régulièrement. Le 10 février 1944, une 6ème classe a été ouverte. La répartition des classes s’est alors faite comme suit :
– 1ère classe : cours supérieur 1ère année ;
– 2ème classe : cours moyen 2ème année ;
– 3ème classe : cours moyen 1ère année ;
– 4ème classe : cours élémentaire 2ème année ;
– 5ème classe : cours élémentaire 1ère année ;
– 6ème classe : cours préparatoire.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I – L’école : cadre historique de la mobilité sociale
Chapitre I : Généralités sur le Groupe Scolaire Charles Renel
Chapitre II : Mimétisme et éveil anti-colonial
Chapitre III : Egalité de droits dans la formation d’une élite nationale
PARTIE II – Stratégie et Dévalorisation éducative à Mahajanga
Chapitre IV : Le changement de fonction de la stratégie éducative
Chapitre V : Logique des Discours assistancialistes
Chapitre VI : Education Pour Tous et faits de décrochage
PARTIE III – Prospectives d’une réactualisation : logistique pédagogique et anthropologie de ménage
Chapitre VII : Analyse et réflexions
Chapitre VIII : Exigence d’un renouveau logistique
Chapitre IX : Le détour anthropologique nécessaire
CONCLUSION GENERALE

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