La dépression est une pathologie fréquente. Le diagnostic et la prise en charge parfois difficiles ont abouti à la création de critères diagnostiques et d’échelle de sévérité. Le médecin généraliste est fréquemment confronté à cette situation. Des outils existent. Nous avons choisi de traiter de l’Echelle de de Dépression de Hamilton, qui est considéré comme un des tests de référence de quantification de la sévérité de l’épisode dépressif caractérisé. Après quelques généralités sur la dépression, nous présenterons cette échelle et rappellerons la place primordiale du médecin généraliste dans sa prise en charge.
LA DEPRESSION
DEFINITIONS
La dépression est définie comme un état de perte d’intérêt pour les activités habituelles ou une tristesse de l’humeur. Il s’agit donc d’un état thymique personnel. Cet état peut avoir des répercussions fortes sur la vie professionnelle,affective et familiale du patient atteint. Terme fréquemment utilisé, il est important de différencier un état de tristesse de l’humeur passager ou adapté à une situation, d’une situation pathologique au retentissement important. Différentes définitions médicales et non-médicales existent. L’épisode dépressif caractérisé est une identité nosologique à part entière qu’il est important de diagnostiquer. La vision de la dépression évolue dans notre société. De nos jours, 85% des patients interrogés la considère comme une maladie, et à ce titre la différencie d’une simple déprime passagère .
Définition du Larousse : État pathologique marqué par une tristesse avec douleur morale, une perte de l’estime de soi, un ralentissement psychomoteur. Comme il est primordial de différencier la pathologie d’un état de déprime ou d’un trait de personnalité, différents critères existent afin de permettre au praticien de poser le diagnostic et proposer le traitement adapté.
Ainsi, l’épisode dépressif majeur (EDM) est défini par l’American Psychiatric Association par l’ensemble des critères suivants :
A. Les symptômes 1 et/ou 2 sont obligatoires et il faut réunir cinq critères ou plus pour une durée supérieure ou égale à deux semaines :
1. Humeur dépressive présente quasiment toute la journée, presque tous les jours, rapportée de façon subjective, ou par les observations de l’entourage.
2. Réduction marquée de l’intérêt ou du plaisir dans toutes, ou presque, les activités, quasiment toute la journée, presque tous les jours.
3. Perte de poids significative en l’absence de régime, ou gain de poids significatif, ou réduction ou augmentation de l’appétit presque tous les jours.
4. Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours.
5.Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (objectivable par l’entourage)
6. Fatigue ou manque d’énergie quasi quotidien.
7. Sentiment d’indignité, ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être délirant), presque tous les jours.
8. Réduction des capacités réflexives ou de concentration, ou indécisions quasi quotidiennes.
9 ; Pensées récurrentes autour de la mort, idéation suicidaire récurrente sans ou avec élaboration d’un plan ou tentative de suicide.
B. La symptomatologie est responsable d’une détresse cliniquement significative ou une détérioration du fonctionnement social, professionnel ou tout autre domaine fonctionnel important.
C. L’épisode n’es pas attribuable aux effets physiologiques d’une substance ou à une autre pathologie médicale.
D. Le trouble n’est pas mieux expliqué par un trouble schizo-affectif, une schizophrénie, un trouble schizophréniforme, un trouble délirant, ou un autre trouble du spectre de la schizophrénie et autres troubles psychotiques spécifiés et non spécifiés.
E. Il n’y a jamais eu d’épisode maniaque ou hypomane.
Le terme Majeur est une traduction de la définition anglo-saxonne, et ne se réfère pas à l’intensité de l’épisode dépressif. On lui préfère parfois la qualification d’épisode dépressif caractérisé. Il y est ainsi remplacé dans la définition selon la CIM-10.
Critères diagnostiques d’un épisode dépressif caractérisé récidivant selon la CIM-10 :
A. L’épisode présente une durée d’au moins deux semaines.
B. Le sujet présente au moins deux des trois symptômes suivants :
1. humeur dépressive à un degré nettement anormal pour le sujet, présente pratiquement toute la journée et presque tous les jours, dans une large mesure non influencée par les circonstances, et persistant pendant au moins deux semaines ;
2. diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour des activités habituellement agréables ;
3. réduction de l’énergie ou augmentation de la fatigabilité.
C. Présence d’au moins un des symptômes suivants pour atteindre un total d’au moins quatre symptômes :
1. perte de la confiance en soi ou de l’estime de soi ;
2. sentiments injustifiés de culpabilité ou culpabilité excessive et inappropriée ;
3. pensées récurrentes de mort ou idées suicidaires récurrentes, ou comportement suicidaire de n’importe quel type ;
4. diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer (signalée par le sujet ou observée par les autres), se manifestant, par exemple, par une indécision ou des hésitations ;
5. modification de l’activité psychomotrice, caractérisée par une agitation ou un ralentissement (signalée ou observés) ;
6. perturbation du sommeil de n’importe quel type ;
7. modification de l’appétit (diminution ou augmentation) avec variation pondérale correspondante .
L’utilisation de ces critères est recommandée lors de la pose du diagnostic par le médecin généraliste .
EPIDEMIOLOGIE
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la dépression dans le monde concerne 350 000 000 de personnes. Elle est la première cause d’incapacité et serait à l’origine de 800 000 décès par an, principalement chez de jeunes adultes. Malheureusement, beaucoup de pays n’ont ni les ressources économiques, ni les structures de santé permettant de la prendre en charge efficacement. Plus de 30000 000 d’européens seraient touchés, pour un coût socioéconomique estimé à près de 100 milliards d’euros En France, la dépression est l’un des troubles psychiatriques les plus répandus. Selon l’enquête de l’INPES de 2005, 8% des français de 15 à 75 ans en ont souffert aux cours des 12 derniers mois, et 19% en souffriront au cours de leur vie.
Elle touche plus souvent les personnes les plus fragiles de notre société. Tout d’abord les plus pauvres : un revenu intérieur à 450 euros par membre du foyer expose à un risque 3.8 fois plus élevé de présenter une dépression par rapport à un revenu compris entre 1200 et 1800 euros par membre du foyer. L’invalidité expose à un risque 12.9 fois supérieur par rapport à l’activité professionnelle, le chômage un risque 4.4 fois supérieur. Le niveau socio-professionnel conditionne également le risque, la prévalence et l’incidence de la dépression diminuant en fonction du niveau d’études. Les diplômés du supérieur sont près de trois fois moins touchés par la dépression que les personnes sans diplôme. L’isolement est également un risque de développer la pathologie : les célibataires et divorcés de 15 à 54 ans ont un risque deux fois supérieur d’être atteint de dépression par rapport à ceux qui ont une vie maritale. Enfin, les personnes atteintes de pathologie chronique (cancer, pathologies cardiovasculaires) sont également plus touchées par la dépression.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. La dépression
1.1 Définitions
1.2 Epidémiologie
1.3 Traitements
1.4 Le risque suicidaire
2. Les tests d’évaluation de la dépression
2.1 L’Echelle de Dépression de Hamilton
2.2 Les autres tests
2.3 La cotation
3. La place du médecin généraliste dans la prise en charge de l’épisode dépressif
MATERIELS ET METHODES
1. Objectif de l’étude
2. Type d’étude
3. Critères d’inclusion
4. Critères d’exclusion
5. Méthodologie
6. Questionnaire
7. Méthodologie statistique et analyse des données
RESULTATS
1. Médecins répondeurs
2. Médecins inclus
2.1 Caractéristiques démographiques
2.2 Mode d’exercice
2.3 Informatisation du cabinet
2.4 Source des connaissances sur la dépression
2.5 Critères diagnostiques utilisés
2.6 La consultation
2.7 Prise en charge médicamenteuse et nonmédicamenteuse
2.8 Connaissance de l’Echelle de Dépression de Hamilton
2.9 Analyse des déterminants de la connaissance de l’Echelle de Dépression de Hamilton
3. Médecins connaissant l’Echelle de Dépression de Hamilton
3.1 Utilisation de l’échelle HDRS
3.2 Durée de réalisation
3.3 Vision des patients
3.4 Points forts et points faibles de l’échelle HDRS
3.5 Décision médicale
3.6 Cotation
4. Médecins utilisant l’HDRS
5. Commentaires libres des médecins
DISCUSSION
1. La population étudiée
2. La dépression
3. Connaissance de l’Echelle de Dépression de Hamilton
4. La vision de l’échelle HDRS par les médecins généralistes
5. L’utilisation de l’HDRS
6. L’impact de l’HDRS sur la prise en charge
7. Cotation et tarification
8. Points forts et limites de l’étude
9. Conclusion et perspectives d’avenir
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES FIGURES ET TABLEAUX
ANNEXES